Les déterminants de l’épargne en RDC de 1960 à 2020

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET GESTION - DEPARTEMENT D’ECONOMIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licence - NOVEMBRE 2022
🎓 Auteur·trice·s
AGANZE MASHEKA Ashile
AGANZE MASHEKA Ashile

Les déterminants de l’épargne en RDC sont analysés sur la période de 1960 à 2020, révélant des taux d’épargne remarquablement bas par rapport à d’autres pays émergents et leur influence sur l’investissement et la croissance économique. Cette étude offre des perspectives cruciales pour les politiques économiques.


Ce mémoire analyse les déterminants de l’épargne en République Démocratique du Congo de 1960 à 2020, en mettant en lumière les faibles taux d’épargne comparés à d’autres pays émergents et leur impact sur l’investissement et la croissance économique.


Université de Lubumbashi

Faculté des sciences économiques et gestion

Département d’économie

Licence en sciences économiques et de gestion

Option : Économie monétaire

Mémoire présenté et défendu en vue de l’obtention du grade de licence

Les déterminants de l’épargne en RDC, une analyse macroéconomique de 1960 à 2020

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Aganze Masheka Ashile

Dirigé par : Dr Mumba Jacques

Novembre 2022

0. Introduction générale

La notion de l’épargne fait partie des notions fondamentales de l’économie, car elle constitue l’un des moyens efficaces du financement de l’investissement par l’intermédiaire des banques, or là où on investit efficacement on crée de la valeur et on accumule du capital et ainsi on peut s’attendre à la croissance. Ce pourquoi comprendre les déterminants de l’épargne est fondamentale pour des nombreuses questions économiques (lissage de la consommation dans le temps, investissement, décisions de politique monétaire, etc.).

Phénomène observé

Nous avons observé qu’à ce jour, Le système financier en RDC est relativement petit, largement dominé par les Banques et très concentré. Le total des actifs financiers s’élève à 24,7% du PIB (2021) et les actifs des banques composent 97%. Il y a 15 banques réparties en trois Types : locales (4), panafricaines (9) et internationales (2).

Environ 90% des crédits sont Localisés dans deux des 26 provinces, Kinshasa et Haut-Katanga. Le financement de l’économie par le secteur bancaire est très faible. La RDC figure parmi les 10 pays du monde au plus faible ratio crédit/PIB soit près de 7,5% à fin 2020 contre une moyenne mondiale de 147,6%.

Il faudrait souligner que l’épargne est gérée par le système Bancaire dont la mission principale reste de collecter l’épargne et octroyer le crédit. Le taux d’épargne détermine la vitesse de croissance du stock du capital productif1

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Source : Tristan Mansesa Épargne et bien être en RDC,2013.

En RDC, Le taux d’épargne est très faible comparativement aux pays émergents, soit une moyenne de 9,66% du PIB avec un écart type de 5,44%. Le taux d’épargne le plus élevé est de l’ordre de 27,54% du PIB réalisé en 1996. Alors que Singapour a une moyenne de 41,94% et un écart type de 8,79.

Il est suivi par la Chine qui enregistre une moyenne de 38,23% du PIB avec un écart type de 6,77% du PIB. Ces deux pays ont un taux d’épargne maximum supérieur à 50% du PIB, soit 53% pour Singapour et 52,65 % pour la Chine. Ce qui montre une forte préférence pour le futur dans ces deux pays.

La Corée du Sud vient juste après la Chine avec un taux d’épargne moyen de 30,23% du PIB avec un écart type de l’ordre de 6,42% du PIB, un taux d’épargne maximum de 38,52% du PIB et un minimum de 14,93. La République Sud Africaine a une moyenne de 23,88% du PIB avec un écart type de 5,6% du PIB, un taux d’épargne maximum de l’ordre de 37,89% du PIB et a réalisé le taux le plus faible de l’ordre de 17,24% du PIB.

Enfin, vient l’Inde avec une moyenne de 22,22% du PIB et un écart type de 4,85% du PIB. Le taux le plus élevé de l’Inde est de l’ordre de 34,13% du PIB avec un minimum de 15,41% du PIB. Les taux d’épargne minimum de chaque pays émergent est supérieur à la moyenne de la RDC pour la période 1970 à 2009.La RDC a donc une forte préférence pour le présent.

Question de départ

Notre observation telle qu’agencée ci haut a suscitée dans notre esprit une question majeure et c’est cette dernière qui a été à l’origine de ce travail, cette question est donc :« Quelles sont les causes du niveau d’épargne en RDC » ?

Hypothèse de départ

A l’heure actuelle, on estime que seule 10 % de l’épargne (près de 1,5 milliards de dollars) de la population congolaise dépose auprès des institutions financières leur épargne, c’est-à-dire qu’environ 90 % de l’épargne est conservée « sous le matelas » dans les foyers dans le cadre de l’épargne intérieure il faudrait aussi dire que cette dernière est secondée par l’épargne extérieure vue qu’elle est vraiment faible En conséquence, une part considérable de l’épargne est mise à l’écart du circuit économique et n’est pas disponible pour les investissements des entreprises de production privée , ce qui constitue un choc sur l’investissement domestique2 .

Revue de littérature

Pour cette thématique, plusieurs chercheurs ont tenté avant nous cette aventure d’expliquer les déterminants de l’épargne et ils avaient aboutis à certaines conclusions. Comme la démarche l’exige, en cette partie du travail scientifique nous avons l’obligation de sélectionner quelques travaux que nous trouvons indispensable envie de dire leur conclusion empirique pour qu’à la fin nous puissions voir ce que nous allons apporter comme nouveauté à la science. Ainsi :

En Australie, l’étude réalisée par Thorne et Cropp en (2009) intitulé Épargner demain : Les habitudes d’épargne et de dépenses des Australiens a révélé que le taux de croissance du revenu, les termes de l’échange, le taux d’intérêt réel et le taux d’imposition sont les principaux déterminants de l’épargne des ménages.

Dans une étude sur les déterminants de l’épargne des ménages en Chine utilisant les données en panel, Yuji et Wan (2006) ont trouvés que le taux de croissance du revenu, le taux d’intérêt réel et le taux d’inflation impactent sur le niveau d’épargne.

Au Pakistan, le revenu, le taux de croissance économique et le taux d’intérêt réel ont un impact significatif et positif sur l’épargne de ménages, alors que le taux d’inflation exerce un impact négatif (Moshin et alii, 2006).

En Philippines le revenu, l’éducation, le taux d’inflation, la croissance démographique sont des variables qui affectent significativement l’épargne des ménages (Barsales et Mapa, 2003).

En République Démocratique du Congo, dans une étude sur le comportement de l’épargne en RDC, Mansesa (2010) a spécifié et estimé un modèle linéaire général il a révélé que le revenu par habitant, le taux d’intérêt nominal et le taux de change sont les principaux déterminants de l’épargne en RDC. Le taux d’inflation et le taux de croissance du PIB ne sont pas significatifs.

Théories explicatives du sujet

La théorie économique n’est pas restée unanime face l’épargne car elle constitue l’une des thématiques Les plus importantes de cette science, comme nous le savons c’est en cette partie du travail qu’il faudrait montrer le fondement théorique de ce sujet, Ainsi dit, chaque école avait sa conception de l’épargne.

Pour les classiques Les auteurs classiques, ils considèrent que la propension à épargner dépend du taux d’intérêt : si le taux d’intérêt augmente, alors les ménages ont tout intérêt à épargner car laisser leur argent dormir sur un compte est rémunérateur. Les ménages diminuent donc leur consommation pour épargner et ainsi maintenir leur patrimoine. C’est ce que l’on appelle : l’effet de substitution3 .

A l’inverse, si le taux d’intérêt augmente, l’agent sait qu’il pourra avoir d’avantage d’argent dans le futur car il a des placements. Il va donc davantage chercher à consommer. C’est ce que l’on appelle : l’effet revenu.

De son côté, John Stuart Mill montre que l’accroissement de l’épargne conduit les individus à augmenter leur capital ; mais pour cela, il faut que le taux d’intérêt soit avantageux puisque l’attente d’un investissement futur peut être longue4.

Keynes montre que l’investissement est créateur d’épargne : si l’Etat décide de faire des travaux, il passe commande auprès d’entreprises qui investissent dans les biens d’équipements nécessaires ; de cette façon, l’activité s’accroit, tout comme les revenus, ce qui entraîne l’augmentation de l’épargne et de la consommation (puisque l’épargne suit le niveau de revenu, plus l’investissement de départ est important, plus l’épargne augmente)5 .

Knut Wicksell considère l’existence de plusieurs taux d’intérêt. Il définit un premier taux, le taux d’intérêt naturel, que l’on peut assimiler au taux de profit qui est instable et dépend largement de la conjoncture économique. Il définit ensuite un taux d’intérêt monétaire qui dépend des comportements bancaires d’octroi de crédit et de la politique monétaire pratiquée par la banque centrale. Si taux d’intérêt naturel est supérieur au taux d’intérêt monétaire, la rentabilité du capital s’améliore par rapport au coût du crédit ce qui génère un effet de levier favorable à l’investissement qui engendre un besoin d’épargne pour être financé. Ici, c’est l’investissement qui est à l’origine de l’épargne.

La théorie du cycle de vie, initialement formulée par Ando-Modigliani [1963] et Modigliani-Brumberg (1954) se situe, comme la théorie du revenu permanent, dans la tradition néoclassique de l’affectation inter temporelle des revenus. Elle se réfère donc également à la rationalité du consommateur, qui adopte un comportement prospectif d’optimisation. Néanmoins, l’approche est ici plus directement macroéconomique : au niveau agrégé, la théorie du cycle de vie affirme que le taux d’épargne moyen des ménages dépend avant tout des variables démographiques.

Milton Friedman revient sur les prémisses de la théorie keynésienne et la notion de revenu réel. Il considère en effet qu’il faut considérer le revenu courant, qui se divise en deux parties : un revenu transitoire et un revenu permanent. Le revenu transitoire est un revenu aléatoire (primes, etc.) qui n’influencerait pas la consommation des individus.

Le revenu permanent est une anticipation par les consommateurs des revenus provenant à la fois de leur travail et de la richesse accumulée. Le revenu permanent est un revenu inter temporel. Dans la théorie de Milton Friedman, les ménages consommeraient une part constante de leur revenu permanent. La fonction de consommation serait proportionnelle au revenu permanent, la propension à consommer et le taux d’épargne constants Cette dernière propriété interroge sur les explications des comportements d’épargne 6

Problématique

Au vu du phénomène observé qui nous a étalé la situation de l’épargne en RDC depuis son indépendance jusqu’à 2020, ce qui suscite en nous une question majeure autours de la quelle vas se concentrer notre travail, il s’agit donc de :« Quels sont les déterminants du niveau de l’épargne en RDC » ?

Hypothèses

Les éléments qui déterminent le niveau de l’épargne en RDC sont les suivantes :

H1 : Une inflation permanente qui détermine négativement le niveau de l’épargne en RDC, et qui en soit perturbe les anticipations des agents économiques.

H2 : Faiblesse des revenus des agents économiques qui ne permettent même pas de subvenir à leurs besoins existentiels.

H3 : Taux d’intérêts qui ne permettent pas de se prémunir contre l’inflation. Celle-ci érode la valeur de l’épargne en monnaie nationale déposée auprès des intermédiaires.

H4 : l’épargne extérieure notamment l’aide publique au développement et l’investissements directs étrangers qui déterminent possiblement le niveau d’épargne à travers l’entrée massive de capitaux étrangers.

Méthode et technique de recherche

1. Méthode

La méthode étant la démarche à suivre pour parvenir à une fin escomptée ou à un résultat attendu, cela fait à ce que dans le cadre de Notre travail nous avons faits recours à la méthode économétrique toute en restant dans une approche hypothético-déductive de Karl Popper vu que c’est l’approche recommandée en macroéconomie, ainsi elle consistera à :

Formuler les hypothèses des recherches ou soit les réponses provisoires qui avaient pour source la revue de littérature théorique ou soit empirique ou enfin notre bon sens suivant l’observation réalisée,

Confronter ces hypothèses aux réalités du terrain ou soit prendre ces réponses provisoires retenues les quantifier et le traiter au travers un modèle économétrique en vue de trouver des résultats chiffrés ou quantifiés pour apporter notre appréciation sur base des lois économétriques.

Enfin la validation ou le rejet des hypothèses tout en faisant une discussion scientifique qui vas consister à comparer nos résultats à ceux d’autres chercheurs qui ont tentés cette aventure avant nous.

2. Technique

Dans le cadre de notre travail nous allons utiliser la technique documentaire alors que Selon Grawitz M.7, la technique documentaire consiste en une fouille systématique de tout ce qui est écrit ayant une liaison avec le domaine de recherche. Il s’agit des ouvrages, des mémoires, des rapports, et des notes de cours ainsi que des sites web, etc. c’est à dire aller dans la bibliothèque pour nous référer aux travaux de nos prédécesseurs et chercher tout ce qui sera nécessaire dans la rédaction d’une littérature digne d’un scientifique et qui contribuera au bon déroulement de notre travail.

Délimitation du sujet

Naturellement une étude scientifique sérieuse doit avoir un cadre spatio-temporel dans lequel devra graviter les investissements du chercheur. C’est ainsi que dans l’élaboration du présent travail, il nous est capital de définir le cadre spatio-temporel limitatif pouvant nous permettre de mieux cerner les causes qui déterminent l’épargne.

Délimitation spatiale

Il importe de souligner que notre étude couvrira l’espace de la République démocratique du Congo dans son ensemble pour analyser l’évolution de l’épargne et regarder les différents éléments qui déterminent son niveau.

Délimitation temporelle

Le présent travail posera ses repères temporels sur la période allant de 1960, qui marque l’indépendance et la liberté dans la gestion après le départ du colon jusqu’en 2020, une longue période pour mieux cerner l’évolution et donner notre point de vue partant des éléments qui viendront du terrain.

Subdivision du travail

Hormis l’introduction et la conclusion générale, notre travail est subdivisé en trois chapitres Libellés comme suit :

  • Le premier chapitre portera sur analyse conceptuelle et présentation du champ empirique ;
  • Le deuxième chapitre sera consacré au l’analyse théorique et empirique de l’épargne ;
  • Le troisième chapitre nous éclaira.

________________________

1 [Note de bas de page manquante dans l’original]

2 Introduction de la première Journée Internationale de l’Épargne en République Démocratique du Congo article publié en 2011 par Bertrand Mignot de la maison d’édition KfW Bankengruppe

3 L’effet de substitution en économie, de même que l’effet revenu, résulte de l’arbitrage d’un agent économique, selon son coût d’opportunité, entre deux situations. Cette notion a été mis sur pied par Alfred Marshall

4 Déterminants de l’épargne, consommation, revenus article par le magazine mondepolitique.fr

5 La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt, et de la monnaie, 1936

6 [Note de bas de page manquante dans l’original]

7 Grawitz, Z.: Méthodes des sciences sociales, 4ème éd. Dalloz, Paris, 1979, p.571

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