Le concept de l’épargne en RDC est analysé à travers les déterminants macroéconomiques de 1960 à 2020, révélant des taux d’épargne faibles en comparaison avec d’autres pays émergents. Cette étude met en évidence les implications de ces taux sur l’investissement et la croissance économique nationale.
CHAPITRE I : ANALYSE CONCEPTUELLE ET PRÉSENTATION DU CHAMPS EMPIRIQUE
L’épargne étant la partie du revenu mis à l’écart pour répondre efficacement à un imprévu qui peut subvenir à n’importe quel moment de la vie, elle mérite alors d’être étudié avec vigueur et sérieux car elle représente la réserve pour un ménage, une capacité à s’auto financer pour une entreprise et la différence positive entre ressources et emploi pour un Etat. La science économique n’est pas restée unanime face à la problématique de l’épargne, elle l’a examinée en long et en large, ce pourquoi ce chapitre aura pour but principal de détailler l’épargne et ses déterminants et voir comment le génie de l’économie par le biais de ces savants l’a théorisée et faite d’elle l’une des thématiques importantes de l’économie.
Section 1 :
DE L’ANALYSE DU CONCEPT ÉPARGNE
DEFINITION
Définir l’épargne n’est pas l’objet de ce travail, néanmoins nous allons passer en revue quelques définitions en vue d’avoir un même entendement. La première définition est celle de Keynes, pour qui l’épargne est l’excédent du revenu disponible sur la consommation (Keynes, 1936). Elle peut être conçue également comme la fraction du revenu qui n’est pas dépensée par l’achat des biens et services (BEGG ET ALI, 2005).
L’épargne peut représenter la fraction de revenus thésaurisée, placée, voire investie dans le but de disposer d’un pouvoir d’achat plus important dans le futur (BAREL ET ALI,1997). Pour BURBIDGE ET DAVIES, (1999), l’épargne d’un ménage est la différence entre ses actifs et ses dettes. Enfin, BOSWORTH, BURTLESS ET SABELHAUS (1991) ont, défini l’épargne comme étant la différence à deux points dans le temps de la richesse d’une famille.8
Faisant la synthèse de toutes ces définitions nous ressortir l’épargne comme étant une mise en réserve d’une partie du revenu disponible pour répondre efficacement à un besoin futur (achat d’un immobilier, d’une voiture, faire étudier son enfant à l’étranger), ou soit répondre à un aléa de la vie qui relève de l’imprévu c’est-à-dire pour motif de précaution (incendie, accident, financer sa retraite). Nous remarquons qu’épargner un acte de bravoure qui nécessite une renonciation à son revenu et qui doit être récompensée par le taux d’intérêt.
CLASSIFICATION DE L’EPARGNE
Pour un pays, l’épargne totale disponible est égale à la somme de l’épargne intérieure et de l’épargne étrangère.
EPARGNE INTERIEURE
L’épargne intérieure est ventilée en deux à savoir épargne gouvernementale ou du secteur public et épargne intérieure privée (l’épargne des ménages et l’épargne des entreprises).
1.1 Epargne publique
L’épargne publique est une épargne constituée par l’Etat, c’est-à-dire le gouvernement et les entités décentralisées. Elle est essentiellement constituée de l’épargne budgétaire qui résulte de tout surplus de recettes publiques sur la consommation publique ; laquelle se définit comme les dépenses gouvernementales courantes auxquelles s’ajoutent les dépenses d’investissements en équipement militaire (Malcolm G, 1990).
Dans le cas contraire où il y a un déficit budgétaire, l’Etat désépargne ou encore emprunte l’épargne privée. Au cas où l’épargne privée ne parvient pas à financer le déficit budgétaire, l’Etat recourt à l’épargne étrangère. A notre avis, le recours à l’épargne étrangère n’est pas toujours une bonne chose dans la mesure où les détenteurs de cette épargne influencent son affectation parfois à des fins autres que celles qui avaient suscitées le besoin d’un financement.
1.2 Epargne des ménages
L’épargne des ménages correspond à la part de leurs revenus qui n’est pas destinée à la consommation immédiate. Cette épargne peut être placée auprès d’une institution financière ou thésaurisée, c’est-à-dire conservée par l’épargnant et non réintroduite dans le circuit économique qui l’avait générée.
La structure de l’épargne des ménages dans les pays en développement a tendance à être irrégulière, avec de fréquents mouvements de balancier entre épargne et désépargne, et avec une préférence pour les instruments d’épargne très liquides et accessibles (Deaton, 1990).
1.2.1 Epargne libre et individuelle
Celle-ci est subdivisée en deux catégories qui sont l’épargne spontanée » ou volontaire et l’épargne contractuelle.
A. Epargne spontanée ou volontaire
A.1. Epargne réelle
Les agents économiques détiennent des actifs réels pour se prémunir contre des aléas du futur. Les actifs détenus par les ménages sont entre autre les stocks des marchandises comme les céréales, les matériaux de construction ou le cheptel, qui sont acquis comme richesses et souvent achetés ou vendus afin de préserver les habitudes de consommation.
Le choix d’actifs non financiers comme instruments d’épargne dépend de divers facteurs. Certains actifs comme le cheptel, les bijoux, etc. ont une valeur symbolique ou servent d’indicateurs du statut et ou de la richesse. Le choix peut aussi résulter d’une décision de placement raisonnée dans un contexte combinant risque élevé, environnement financier incertain et difficulté d’accès aux instruments financiers adéquats (CNUCED, 2007).9
A.2. Epargne financière
L’épargne financière est une épargne placée auprès d’une institution financière. Celle-ci peut être une institution formelle (une banque par exemple), informelle (le cas des tontines ou gardes fonds) ou d’une institution semi-formelle (institution de micro finance). On retrouve également dans cette catégorie les actions et les obligations. L’existence de ces éléments permet le bon fonctionnement du marché financier. Ce type d’épargne n’existe pas en RDC. L’incitation à épargner va permettre l’augmentation du taux d’épargne en RDC et par là le bon fonctionnement du marché financier.
A.3. Epargne thésaurisée
Dans le sens commun, la thésaurisation peut désigner une accumulation d’actifs accompagnée de leur retrait des circuits de l’économie. De manière spécifique, elle décrit une accumulation de la monnaie hors du système financier.
La thésaurisation peut se faire en monnaie nationale ou en devises. Il y a thésaurisation en devises si la monnaie nationale est instable. Ainsi, les agents économiques vont détenir des devises pour conserver leur pouvoir d’achat. Pour le cas de la RDC, les agents économiques utilisent le plus souvent le dollar américain pour conserver leur pouvoir d’achat. Ainsi, on parle de l’effet dollarisation parce que le dollar se substitue à la monnaie nationale. Ceci traduit la loi de « Gresham à rebours ». Lorsque la monnaie nationale est relativement stable, la thésaurisation se fait généralement en monnaie locale. La thésaurisation est stérile tandis que l’épargne est productive car celui qui épargne permet à d’autres d’investir.
Il y a plusieurs causes qui font que les agents économiques thésaurisent, parmi lesquelles on peut citer : la méfiance de certains agents économiques vis-à-vis des institutions financières, le manque d’informations des populations vis-à-vis des instruments d’épargne et les habitudes des agents économiques qui préfèrent garder l’argent chez eux au lieu de le placer auprès d’une institution financière.
B. Epargne contractuelle
Dans cette forme d’épargne se classent les assurances. Le système d’assurance permet aux ménages assurés de se sentir à l’abri de certains imprévus notamment en ce qui concerne l’assurance-maladie, l’assurance-vie, … Il y a également le système de sécurité sociale pour ce qui concerne l’épargne retraite.
Il sied de noter à ce niveau que ces instruments ne sont pas très développés en RDC et au Bas-Congo, notre champ d’étude. Le montant des indemnités de retraités est tellement insignifiant que les ménages ne se fient pas trop à cette forme d’épargne. Si une catégorie d’agents pratique cette forme d’épargne c’est parce qu’ils sont quelque peu forcés à payer d’autant que le retrait se fait à la source.
1.3 Epargne des entreprises
L’épargne brute des entreprises correspond à leur capacité d’autofinancement, c’est-à-dire à leur bénéfice net après impôt à laquelle s’ajoute l’amortissement (sommes mises de côté pour reconstituer le capital technique). Cette épargne dépend de l’évolution de la rentabilité des entreprises.10
La plupart des pays en développement sont caractérisés par un dualisme économique, notamment par la coexistence des secteurs formel et informel. Seulement un petit nombre d’entreprises dans ces pays évoluent dans le secteur formel de l’économie tandis qu’un grand nombre d’entreprises évoluent dans le secteur informel. Les entreprises du secteur informel comptent beaucoup sur leurs bénéfices non distribués pour financer non seulement leur fonds de roulement, mais aussi leurs nouveaux investissements car l’accès aux services financiers adéquats s’avère difficile (CNUCED, 2007).
2. ÉPARGNE EXTÉRIEURE
L’épargne étrangère vient en secours de l’épargne intérieure dans le cas où cette dernière n’arrive pas à satisfaire les besoins de l’économie. L’épargne étrangère prend deux formes essentielles à savoir l’épargne officielle étrangère (aide publique au développement) et l’épargne étrangère privée que l’on peut ventiler en deux éléments. Le premier élément est l’emprunt commercial ou consolidation de la dette. Les emprunteurs des pays en développement, les pouvoirs publics inclus, acceptent de rembourser les prêts (le principal et les intérêts y afférents) conformément aux échéances fixées. Le deuxième élément c’est l’investissement direct étranger qui représente une dotation en capital.
2.1. Aide publique au développement (APD)
D’après Severino, l’aide publique au développement est une dépense publique au bénéfice des pays ou territoires en développement, ayant pour intention le développement et qui est accompagnée de conditions financières favorables (Kako, 2011). Elle constitue un instrument de redistribution régionale de ressources publiques.
2.2. Investissements de portefeuille
Les investissements de portefeuille comprennent la participation aux capitaux propres des entreprises étrangères, l’achat des obligations de résidents étrangers et les prêts bancaires.
2.3. Investissement direct étranger
Contrairement aux investissements de portefeuille qui n’entraînent pas un contrôle sur l’activité financée, l’investissement direct étranger (IDE) implique une influence de l’investisseur. Selon l’OCDE, l’IDE est une activité par laquelle un investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans la gestion d’une entité résidant dans un autre pays.
Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement nouvelle ou, plus généralement, à modifier le statut de propriété des entreprises existantes (par le biais de fusions et d’acquisitions). Sont également considérés comme investissements directs étrangers, d’autres types de transactions financières entre des entreprises apparentées, notamment le réinvestissement des bénéfices de l’entreprise ayant obtenu l’IDE, ou d’autres transferts en capital ».
Le niveau minimum à partir duquel le contrôle est effectif, a été défini par le FMI à 10% des actions ordinaires ou des droits de vote de l’entreprise. Lorsque le chiffre est inférieur à 10%, il s’agit d’investissements de portefeuille11
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8 [Note originale non formatée] ↑
9 Rapport annuel de la CNUCED. ↑
10 Dictionnaire d’économie et de sciences sociales – édition 97 J.-Y Capul, O Garnier Hatier Initial 9 Janvier 1998 ↑
11 [Note originale non formatée] ↑