Le concept de choix résidentiel

Nous adoptons la définition de Frankauser et Ansel (2016, cité par Houssemand et al., 2018 : 2) selon laquelle le choix résidentiel c’est la décision d’un individu8 d’habiter ici ou ailleurs. Il n’est pas sans importance si nous reprenons les propos de Catherine Bonvalet et Françoise Dureau (2000 :1) qui soutiennent que « les individus disposent au cours de leur vie d’un minimum de liberté d’action et de lucidité dans leur pratiques résidentielles.

Les stratégies résidentielles déployées par les habitants témoignent de leurs choix en matière de logement (Bonvalet et Dureau, 2000), selon leur capacité à mobiliser des ressources économiques et sociales mais aussi selon leurs trajectoires individuelles et leurs aspirations en termes de mode d’installation. Jean-Yves Authier et al. (Cité par Rérat, 2016) est encore plus explicite en apportant cette précision selon laquelle « le choix résidentiel apparait […] comme étant socialement constitué, l’individu décidant en fonction des habitudes, normes et valeurs qu’il a intériorisées.

Pierre Rérat (2016) a approfondi la question en ce sens. Il importe de le citer :

Le choix résidentiel dépend des besoins et préférence des ménages dans le cadre d’une gamme limitée d’options définies par les opportunités et contraintes du marché immobilier (disponibilité

8 Le processus de décision dans le cadre du choix résidentiel peut résulter aussi de l’arbitrage de plusieurs individus membres du ménage concernés par le déménagement.

des logements dans un contexte résidentiel donné, niveau des prix, etc.) et par les ressources et restrictions liées aux ménages eux-mêmes. Ces dernières peuvent être de nature objective (revenu ou fortune disponible, localisation des lieux de travail, etc.) mais également subjective (les schèmes de la perception et de l’action induits par l’appartenance à une classe sociale, un genre, etc.

L’une des dimensions de la notion de choix résidentiel nous intéresse en particulier, elle constitue l’un des aspects dont nous comptons étudier sur notre terrain de recherche. N’empêche qu’on passera en revue les deux autres dimensions du choix résidentiel.

Profil

La propension à déménager de chaque individu est différente selon ses caractéristiques. Rérat (2016) soutient qu’elle est généralement supérieure à la moyenne chez les jeunes adultes, les célibataires et les divorcés (par rapport aux personnes mariées ou veuves), les personnes vivant seules et des couples non mariés (par rapport aux couples mariés en particulier avec enfants), les locataires (par rapport au propriétaire) et les personnes hautement qualifiées.

L’attractivité d’un contexte résidentiel est variable. En d’autres termes, chaque contexte territorial se caractérise par un potentiel d’accueil spécifique plus ou moins attractif pour certaines catégories de la population. L’âge peut avoir des implications dans la migration des individus par exemple.

Maureen Gurtner (2013 : 18, citant Rérat, 2010 :50-51) avance que d’autres caractéristiques liées au profil comme la taille du ménage, les évènements, le cycle de vie, les changements de composition et de taille des familles influent sur la mobilité résidentielle. Le statut socio-économique et l’origine nationale, le type de ménage permettent également d’expliquer la mobilité résidentielle.

Trajectoires

Etudier les trajectoires permet de replacer le choix résidentiel dans le parcours ou l’histoire de vie, car une suite de positions résidentielles n’est pas le fait du hasard mais s’enchaine selon un ordre intelligible (Heinz et al., 2009 cité par Maureen, 2013 :19).

La question de trajectoires prend en compte le type de domicile, la trajectoire géographique, la trajectoire résidentielle, l’aire de prospection ainsi que les projets résidentiels. Pour le type de domicile, s’agit-il d’un domicile principal, secondaire ou autre. La trajectoire géographique signifie la localisation des différents domiciles que l’individu a connus au cours de sa vie.

Quant à la trajectoire résidentielle, elle fait référence à toutes les autres caractéristiques des logements occupés par un individu ainsi que leur succession. L’aire de prospection est l’ensemble des localisations résidentielles qui, par rapport au domicile actuel, paraissent acceptables ou désirables et les projets résidentiels envisagés pour l’avenir.

Motivations résidentielles

En effet, les motivations résidentielles constituent des préférences révélées ou de fait. Le géographe Pierre Rérat (2012) évoque deux logiques relatives aux motivations : la logique de valorisation ou de distinction et la logique pragmatique. Par rapport à la première logique la vie urbaine est mise en valeur, alors que la seconde insiste sur les aspects utilitaires et pratiques de la vie en ville.

Etudier les motivations résidentielles des individus ou des ménages permet de comprendre les décisions, les préférences spatiales des individus en ce qui a trait au choix résidentiel. Comme motifs de déménagement, les ménages peuvent se trouver dans une réalité de perte de logement (fin de bail, etc.).

Le déménagement peut être lié à un changement dans la structure du ménage (création ou dissolution) ou dans la taille du ménage (réduction ou croissance) ou encore dans la vie professionnelle. L’individu ou le ménage cherche surtout à améliorer sa situation résidentielle et sa qualité de vie.

Voilà ce que dit Gurtner Maureen (2001 :20) :

Dans leurs décisions de déménager, les ménages tiennent compte d’une multiplicité de facteurs. Il y a trois types de mouvements : premièrement, les mouvements forcés, provoqués par la perte du logement (fin de bail, etc.). Deuxièmement, les mouvements induits par un changement dans la structure du ménage (création ou dissolution) ou dans la taille du ménage (réduction ou croissance) ou encore dans la vie professionnelle : nouvel emploi, début d’une formation, etc.).

Mais, de plus en plus, des nouvelles formes de mobilités réversibles comme la birésidentialité ou la pendularité à longue distance permettent de réduire l’importance de ces changements et de contourner un mouvement résidentiel. Finalement, il y a les mouvements d’ajustement, lorsque le ménage cherche à améliorer sa situation résidentielle et sa qualité de vie.

Trois catégories de raisons peuvent mener à un tel ajustement : les caractéristiques du logement (taille, agencement, coût, statut d’occupation), les caractéristiques du quartier (services, cadre de vie, tranquillité, composition sociale) et l’accessibilité par rapport au lieu de travail, aux commerces, aux établissements scolaires, à la famille et aux amis.

La qualité, subjective et objective, d’un quartier affecte la décision de mobilité des couples, par exemple le fait de vivre dans un quartier qu’un des deux conjoints apprécie réduit la probabilité d’un déménagement et cela d’autant plus si c’est la femme qui l’apprécie.

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8 Le processus de décision dans le cadre du choix résidentiel peut résulter aussi de l’arbitrage de plusieurs individus membres du ménage concernés par le déménagement.

Pour citer ce mémoire et trouver toutes ses pages
Université 🏫: Université d'État d'Haïti - École normale supérieure - Département des Sciences Sociales/Géographie
Auteur·trice·s 🎓:
Wilguens PHARIUS

Wilguens PHARIUS
Année de soutenance 📅: En vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Normales en Sciences Sociales/Géographie - 2021
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