Prévention du charbon dans les exploitations agricoles françaises

4.2 Prévention dans les exploitations agricoles

La prévention du charbon chez l’homme et chez l’animal repose sur des mesures de lutte contre la maladie appliquées au bétail. Il faut une élimination sans risque des carcasses d’animaux charbonneux et vacciner les troupeaux à risque. La méthode d’élimination la plus efficace est l’incinération effectuée de telle sorte qu’on obtienne une stérilisation thermique du sol sous-jacent (40).

La vaccination des animaux et la surveillance des troupeaux de bovins permettra de réduire les cas humains d’anthrax (18,41). Après 1950, de nombreux pays avaient initié la vaccination de masse des bovins et le nombre de cas avait diminué. Au fil des ans, en France, la vaccination est devenue moins fréquente.

Actuellement, la vaccination des bovins est utilisée en majorité lors de résurgence et moins en prévention de nouveaux épisodes. Cette vaccination animale se fait par injection et une forme orale favoriserait la vaccination des bovins dans les exploitations (42).

En connaissant la répartition des « champs maudits », on identifie les cheptels pâturant sur les terres susceptibles d’être contaminées et l’on vaccine les bêtes. Tout cheptel pratiquant la transhumance devrait être vacciné contre le charbon.

La vaccination humaine n’est pas disponible en France. Aux Etats-Unis, le vaccin présente de nombreux effets secondaires et son utilisation est réservée à une population très restreinte (certains personnels militaires, personnels de laboratoires utilisant fréquemment des échantillons de Bacillus anthracis). Elle n’est en aucun cas indiqué pour les exploitants et ouvriers agricoles.

Les mesures collectives de prévention repose sur l’hygiène générale de l’élevage. Le nettoyage et la désinfection des locaux et des matériels doivent utiliser des désinfectants autorisés.

Les risques liés au charbon, l’hygiène, les mesures collectives et individuelles de prévention doivent être expliqués aux salariés.

Dans les exploitations, des moyens appropriés sont à mettre en place (12) :

  •  Eau potable, savon, moyens d’essuyage à usage unique (essuie-tout en papier…) et trousse de première urgence (contenu défini avec le médecin du travail)
  •  Armoires-vestiaires distinctes (vêtements de ville/vêtements de travail), pour éviter la contamination des effets personnels.
  •  Vêtements de travail et équipements de protection individuelle : appropriées, en bon état, propres et bien entretenus.

Les sources de contamination doivent étre réduites :

  • Déjections animales : éviter l’utilisation de jets d’eau à très forte pression, porter des gants et des bottes,
  • Mise bas, manipulation de cadavres ou de déchets animaux : porter des gants étanches.

En cas d’infection, des mesures de lutte contre le charbon sont mises en place :

  •  Surveillance du cheptel,
  •  Isolement des animaux malades,
  •  Désinfection des locaux d’élevage, des effluents contaminés,
  •  Interdiction de la vente et de la consommation de lait cru ou de fromage frais provenant de ces exploitations,
  •  Toute mise à mort des animaux malades avec des effusions de sang est interdite).

La première législation sur le risque de charbon professionnel date de 1913 (Décret du 1er octobre 1913 portant règlement d’administration publique en ce qui concerne les mesures particulières d’hygiène applicables dans les établissements dont le personnel est exposé à l’infection charbonneuse : Journal Officiel du 12 octobre 1913).

Ce décret oblige l’employeur à fournir des équipements de protection adaptés, d’informer les salariés par une affiche sur le lieu de travail et de nommer un médecin pour la prise en charge des lésions suspectes.

Depuis 1938, le charbon est reconnu au titre des maladies professionnelles du Régime Général (tableau 18) et depuis 1955 pour le Régime agricole (tableau 4). La liste des travaux est limitative et concerne les travaux susceptibles de mettre les travailleurs en contact avec des animaux atteints d’infection charbonneuse ou leurs cadavres, ainsi que les chargements, déchargement ou transport de marchandises susceptibles d’avoir été souillées par des animaux infectés ou leurs débris.

Pour l’application du décret n° 94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection des travailleurs contre les risques résultant de leur exposition à des agents biologiques (articles R. 231-60 à R. 231-65-3 du Code du travail) Bacillus anthracis est classé dans le groupe 3 de la liste des agents biologiques pathogènes fixée par l’arrêté du 18 février 1994 modifié.

En laboratoire, l’agent du charbon doit donc être manipulé en niveau de confinement 3, conformément aux prescriptions de l’arrêté du 13 août 1996 (fixant les mesures techniques de prévention, notamment de confinement, à mettre en œuvre dans les industries et les laboratoires de recherche et d’enseignement où les travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des agents biologiques pathogènes).

4.3 Rôle du médecin du travail en milieu agricole

Lors de la découverte d’un cas humain d’anthrax, le médecin du travail intervient à différents moments de l’épisode. Ses actions sont diversifiées :

  •  Intérêt de se mettre en relation avec la DDASS et la DSV.
  •  Informer, former les salariés et les exploitants agricoles sur la maladie du charbon et sur les zoonoses. Il faut insister sur les moyens de préventions collectives et individuelles, sur les réglementations concernant l’abattage.
  •  Visites médicales des salariés à la demande du médecin du travail (examen clinique, consultations spécialisées si nécessaire, rappel sur la prévention des zoonoses et l’abattage).
  •  Visite de pré-reprise et/ou visite de reprise du salarié malade : examen médical, déclaration AT/MP à conseiller si non faite.
  •  Intervention avec le conseiller en prévention sur l’exploitation pour évaluer les dangers et les risques, réactualiser le document unique. Ils délimitent, avec l’aide de la DSV, les terres susceptibles d’être contaminées par les spores afin d’éviter de nouvelles contaminations animales et humaines.
  •  Le médecin du travail prend ainsi contact avec l’exploitant, échange avec lui sur les événements passés et en déduit le retentissement psychologique.

Lors de la découverte d’un cas animal d’anthrax :

  •  Intérêt de se mettre en relation avec la DSV.
  •  Informer, former les salariés et les exploitants agricoles sur la maladie du charbon et sur les zoonoses. Il faut insister sur les moyens de préventions collectives et individuelles, sur les réglementations concernant l’abattage.
  •  Visites médicales des salariés à la demande du médecin du travail (examen clinique, consultation spécialisée si nécessaire, rappel sur la prévention des zoonoses et l’abattage).
  •  Intervention avec le conseiller en prévention sur l’exploitation pour évaluer les dangers et les risques, réactualiser le document unique. Ils délimitent, avec l’aide de la DSV, les terres susceptibles d’être contaminées par les spores afin d’éviter de nouvelles contaminations animales et humaines.
  •  Le médecin du travail prend ainsi contact avec l’exploitant, échange avec lui sur les événements passés et en déduit le retentissement psychologique.

Son action complète l’intervention des équipes vétérinaires et de Santé publique, du conseiller en prévention, des services hospitaliers et du médecin traitant.

Le médecin du travail a un rôle de conseiller, d’informateur. Il suit le personnel agricole en luttant contre les accidents de travail et les maladies professionnelles.

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