La prévention bucco-dentaire chez la femme enceinte

La prévention bucco-dentaire chez la femme enceinte
6 La prévention bucco-dentaire chez la femme enceinte

6.1 Les recommandations actuelles

Une grande campagne de prévention a été lancée par la HAS pour la lutte contre la carie dentaire.

La HAS recommande 2 consultations chez le chirurgien-dentiste au cours de la grossesse : « Chez la femme enceinte, le groupe de travail recommande un examen clinique systématique, à la recherche de signes de maladie parodontale, dès le début de la grossesse et un examen dans les 6 mois qui suivent celui-ci (accord professionnel). La fréquence de ces examens en cours de grossesse est à adapter en fonction de l’atteinte parodontale (accord professionnel).

  • * Au cours de l’entretien médical du 4e mois de grossesse, la HAS recommande que la problématique de la santé bucco-dentaire de la mère et de l’enfant soit abordée.
  • * Au 4e mois également, un examen bucco-dentaire systématique de prévention réalisé par un chirurgien-dentiste est recommandé dans le cadre du suivi de grossesse. » (8)

Ces recommandations récentes devraient être connues des professionnels de l’obstétrique et de l’odontologie afin qu’ils puissent les mettre en pratique.

6.2 Les différents acteurs

6.2.1 Les professionnels de l’odontologie

Ces professionnels, par leur formation, sont disposés à dépister les pathologies de la cavité buccale dont les caries et les maladies parodontales et à les soigner. Lors de la consultation avec la femme enceinte ils pourront discuter avec elle de son mode de vie, de son alimentation, lui donner des conseils d’hygiène personnalisés, effectuer un examen de sa cavité buccale afin de diagnostiquer le risque parodontal ou carieux et mettre en place une prophylaxie adaptée.

Ils pourront également en profiter pour les sensibiliser sur l’importance de la future hygiène bucco-dentaire de l’enfant et d’être vigilante quant à la transmission possible de bactéries entre elle et son enfant. Le chirurgien-dentiste pourra alors leur apporter une prévention personnalisée.

Les chirurgiens-dentistes sont les acteurs principaux de la prévention, cependant ils ne voient qu’une partie des femmes enceintes. Nous avons pu voir que les femmes consultaient moins pendant leur grossesse, et celles qui consultent sont souvent celles qui sont déjà bien informées.

Se pose le problème de toutes les autres femmes enceintes qui bien souvent n’ont jamais vu un dentiste même avant leur grossesse.

6.2.2 Les professionnels de l’obstétrique

Sages-femmes, obstétriciens, gynécologues et médecins généralistes sont des acteurs majeurs dans la prévention de la santé bucco-dentaire chez la femme enceinte. Le suivi régulier des parturientes offre des occasions répétées de les inciter à faire suivre ou contrôler leur état bucco-dentaire. De plus, ils sont à même de les sensibiliser par des questions sur leur état bucco-dentaire (fréquence de brossage, saignements gingivaux, dernière consultation chez un dentiste, …).

Cependant cette prévention nécessite une sensibilisation des professionnels de l’obstétrique quant aux problèmes de santé bucco-dentaire.

Présentation de l’étude :

7 Objectifs

Objectifs principaux : évaluer les niveaux de connaissances et de prévention en santé bucco-dentaire au cours de la grossesse auprès d’une population de sages-femmes. Apprécier l’intérêt d’une plaquette d’information à destination des sages-femmes, comme support de sensibilisation aux questions de prévention en santé bucco-dentaire.

Objectif secondaire : vérifier l’abord favorable de la population de sages-femmes comme « personne ressource » à la mise en œuvre de campagnes de prévention en santé bucco-dentaire auprès des femmes enceintes.

8 Population et Méthodes

Schéma et déroulement de l’étude

Il s’agit d’une étude descriptive sur la base de deux questionnaires auto-remplis et d’une plaquette d’information, réalisés spécifiquement pour cette étude.

L’étude s’est déroulée du 7 septembre 2011 au 2 novembre 2011.

Elle a été conduite auprès de sages-femmes de la maternité du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux, de sages-femmes libérales et de sages-femmes de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) de la ville de Bordeaux.

Nous n’avons adopté aucun critère de sélection : toutes les sages-femmes ayant accepté de répondre à l’enquête ont été retenues.

Pour les sages-femmes travaillant au CHU, nous nous sommes directement rendus sur leur lieu de travail pour leur demander de participer à notre étude. L’étude impliquait de remplir le premier questionnaire, puis de lire la plaquette d’information et enfin de remplir le deuxième et dernier questionnaire ; l’ensemble du processus se déroulant pour chaque personne enquêtée au cours d’une même journée.

Pour les sages-femmes de PMI et les sages-femmes libérales, toutes les sages-femmes exerçant dans Bordeaux et la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB) ont été sollicitées. La demande de participation à l’étude a été faite par téléphone. Une fois l’accord obtenu, nous nous sommes rendus sur leur lieu de travail pour leur faire remplir les questionnaires.

Pour les sages-femmes de PMI, une procédure particulière a été mise en place: leur numéro de téléphone direct ne pouvant nous être communiqué, notre intermédiaire a été la Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion (MDSI) dont elles dépendaient.

Devant le très faible nombre de retours, nous avons contacté la sage-femme coordinatrice de PMI afin de saisir l’opportunité d’une session générale de travail des sages-femmes de PMI pour présenter notre étude, ce qui a pu se faire. Les sages-femmes ont rempli les questionnaires et nous les ont remis directement au décours de la session.

Nous avons tenu à être sur place lors de la remise des questionnaires. Le premier questionnaire devait être rempli avant la lecture de la plaquette et la sage-femme sollicitée ne devait avoir aucune information complémentaire.

En effet, nous ne voulions pas qu’il puisse y avoir de communications entre sages-femmes ou qu’elles puissent se renseigner sur le sujet avant de répondre au premier questionnaire, ce qui aurait pu être le cas en laissant les questionnaires en libre service sur le lieu de travail.

Cette méthode nous a permis de récupérer les questionnaires en suivant et d’avoir un taux de réponse proche de 100%. Nous nous tenions à l’écart pendant que les sages-femmes remplissaient les questionnaires.

Nous avons émis l’hypothèse qu’il pouvait exister des différences entre les sages- femmes faisant du suivi de grossesse de manière régulière et le reste de la population des sages-femmes.

Nous avons donc comparé deux groupes au sein de nos populations : les sages femmes faisant du suivi de grossesse au quotidien (groupe d’intérêt constitué des sages femmes libérales, de PMI et en poste fixe de consultation au CHU) au reste de la population étudiée. Nous avons recherché des différences sur des critères que nous citerons dans notre partie résultats.

La procédure d’enquête adoptée au CHU de Bordeaux nous a permis de récupérer exactement le nombre de questionnaires remis auprès des sages-femmes du CHU, soit 62 questionnaires.

Quarante-trois sages-femmes libérales ont été contactées :

  • * Sept ont répondu directement : 5 ont accepté, 2 ont refusé (« ne se sentait pas concerné » et « manque de temps »).
  • * Un message vocal a été laissé à 36 d’entre elles : 19 n’ont pas rappelé ; les 17 qui ont rappelé ont toutes accepté.
  • * En tout, 22 sages femmes libérales ont participé à notre étude.

Pour les sages-femmes de PMI, seulement 2 d’entre elles nous avaient contactées suite à nos appels. Pour les autres, la médiation par la sage-femme coordinatrice nous a permis de récolter la majorité des questionnaires lors de leur session mensuelle de travail, soit 16 questionnaires. En tout, la totalité des sages-femmes de PMI ont participé à l’étude, soit 18 questionnaires.

Au total, notre population a concerné 102 sages-femmes, toutes modalités d’exercices confondues.

Les sages-femmes ont disposés de deux questionnaires Structure des questionnaires

Le premier questionnaire est composé de 15 questions regroupant des questions d’ordre général (notamment sur les modalités d’exercice et de formation) :

  • * modalité d’exercice,
  • * ville initiale de formation professionnelle,
  • * nombre d’années d’exercice,
  • * possession d’un poste fixe à la maternité,
  • * enseignement concernant la santé bucco-dentaire et des questions spécifiques concernant les connaissances et la prévention :
  • * lien réciproque entre grossesse et état bucco-dentaire,
  • * possibilité de soins bucco-dentaires pendant la grossesse,
  • * plainte(s) des patientes,
  • * utilité d’un dépistage bucco-dentaire,
  • * orientation de la femme enceinte chez un dentiste,
  • * conseils d’hygiènes bucco-dentaires donnés,
  • * sources d’informations concernant ce domaine,
  • * souhait d’avoir des informations complémentaires

Puis nous les avons interrogées sur leur opinion quant à la possibilité d’être une personne ressource. Par « personne ressource », on entend : personne acceptant d’être un relais de messages de prévention, n’appartenant pas nécessairement à son domaine de compétence professionnel et à laquelle il est possible de se référer pour aborder ces questions.

L’objectif de ce premier questionnaire a été d’évaluer les connaissances mais aussi la place occupée par la prévention concernant les maladies bucco-dentaires chez la femme enceinte dans la pratique professionnelle des sages-femmes interrogées (voir Annexe 1).

Le deuxième questionnaire était distribué et rempli après que les sages-femmes aient consulté la plaquette d’information. Il est composé de 8 questions portant sur la pertinence des informations données par la plaquette, son apport de nouvelles connaissances et l’intérêt de son utilité dans la pratique courante.

Les sages-femmes pouvaient également apporter des suggestions d’amélioration de la plaquette. A nouveau, la question de la sollicitation en tant que « personne ressource » est posée, ainsi que le souhait de disposer d’informations supplémentaires sur le domaine.

L’objectif de ce deuxième questionnaire était d’évaluer cette plaquette d’information, notamment sur l’intérêt potentiel de sa diffusion comme support de messages de prévention à destination des sages-femmes. (voir Annexe 2).

Structure de la plaquette d’information

Elle a été élaborée à l’attention des sages-femmes. Nous avons intégré dans un premier temps des notions de base sur les modifications physiopathologiques de l’état bucco- dentaire au cours de la grossesse (modifications hormonales et alimentaires, gingivite, parodontite et carie) ; puis, sur les effets des maladies parodontales sur la grossesse (accouchement prématuré, hypotrophie et prééclampsie).

Nous avons ensuite exposé les différents traitements bucco-dentaires possibles (périodes de soins, anesthésie, radiographie etc.) ; enfin, nous avons insisté sur l’importance du rôle de la sage-femme dans la prévention en santé bucco-dentaire.

Analyses statistiques

Les données ont été saisies avec le logiciel Excel dans un premier temps puis transposées dans le logiciel Epi Info version 3.5.3 pour l’analyse des données. Pour nos deux groupes comparés, nous avons utilisé le test du Chi2 (pour un effectif théorique inférieur ou égal à 5) et le Fisher exact (pour un effectif théorique inférieur à 3).

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