La crise des périodiques, Modes de communication scientifique

La crise des périodiques – Chapitre 1.
Ce premier court chapitre a pour objectif la description de la situation qui a encouragé le développement de nouveaux modes de communication scientifique.
La “crise des périodiques” est causée par l’augmentation impressionante des prix des périodiques. Ce phénomène est, nous le verrons dans la suite de ce travail, un des facteurs qui est à l’origine de l’apparition de nouveaux modèles de communication scientifique et d’initiatives les encourageant.
A l’origine de cette crise qui affecte l’ensemble de la communication scientifique, se trouve une augmentation sans précédent du prix des abonnements aux périodiques, principalement en sciences, technique et médecine (STM). L’Association of Research Libraries (ARL) indique qu’entre 1986 et 1997, le prix de ces périodiques a augmenté de 169 % pour aboutir à un coût d’abonnement annuel moyen variant de 5 000 $ à 20 000 $ [Webster 1999]. En France, entre 1980 et 1999, c’est une augmentation de plus de 500 % qui a été observée pour le coût moyen des abonnements aux revues de médecine et pharmacie, et environ 400 % pour les sciences, 300 % pour le droit, l’économie et la gestion et 200 % pour les lettres et les sciences humaines [Chartron 2004, p. 15]. Ce phénomène est encore accru par le désabonnement, réaction première des bibliothèques face aux prix trop élevés, que les éditeurs compensent en augmentant leurs tarifs [Chartron 2000].
Les causes de l’augmentation première sont diverses. Duane Webster, dans sa participation à la 65ème conférence de l’International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA) en août 1999 pointe du doigt quatre causes principales à la crise des périodiques STM : le déséquilibre et l’imperfection2 du marché, la place croissante des éditeurs commerciaux, le renforcement des éditeurs STM et la prolifération des titres [Webster 1999].
Si les éditeurs commerciaux se sont trouvés impliqués dans la communication scientifique c’est en partie parce la publication en STM est complexe, parce qu’ils ont su proposer des produits pratiques, une distribution dans les temps et de la crédibilité aux universités [Webster 1999]. Mais aussi parce que la crise financière des années 1980 et l’idéologie de privatisation ont poussé les acteurs tels que universités et sociétés savantes à céder leurs revues aux éditeurs commerciaux privés [Dassetto 2004, p. 14]. Ces éditeurs se sont concentrés, au fil de rachats, en quelques grands groupe financiers internationaux comme Reed Elsevier, Wolters Kluwer, Wiley, soumis aux investissements de leurs actionnaires et aux lois du marché [Chartron 2004, p.15]. Ces grands groupes sont tout à fait à même d’augmenter les prix comme ils l’entendent [Roucoux 2004a, p.75]. Il appartient ensuite aux bibliothèques de faire ce qu’elles peuvent avec les budgets qu’elles ont. Le désabonnement est en général la solution qui s’impose.

2 Imparfait parce que caractérisé par deux logiques opposées, d’un côté les éditeurs commerciaux imposent leurs prix, de l’autre, les scientifiques ne vendent pas leurs résultats, ils les mettent à disposition contre une reconnaissance du travail accompli [Webster 1999].

La question vient alors de savoir quelles revues il faut garder. Quelles sont celles dont les chercheurs, les étudiants et les professeurs ne peuvent se passer ? L’Institute for Scientific Information (ISI) a mis au point un outil pour répondre à cette question. A partir du Science Citation Index, on calcule l’impact factor ou facteur d’impact des revues c’est­à­dire la fréquence avec laquelle l’article “moyen” d’une revue donnée a été cité durant une année donnée dans les articles dépouillés [Dassetto 2004, pp. 13­14]. Les revues à facteur d’impact élevé sont les revues les plus indispensables, celles dans lesquelles l’information de pointe est contenue et celles, donc, qui sont les plus nécessaires au public des bibliothèques. L’impact factor permet la définition d’un groupe de périodiques desquels une bibliothèque ne peut se passer, sous peine de priver son public d’informations vitales : les core journals.
Ces revues sont aussi, par la force des choses, les plus prestigieuses, celles dans lesquelles il est bon d’être publié car l’évaluation du travail d’un chercheur est basée sur les répercussions de sa recherche; un bon chercheur est un chercheur cité. Ici, également, nous nous trouvons face à un cercle vicieux : les articles publiés dans les core journals sont les plus lus, donc les plus cités. Ce qui ne fait qu’augmenter l’impact factor du périodique qui, dès lors, est plus lu. De plus, l’impact factor introduit des changements dans la manière de publier des scientifiques. Les articles vont être mentionnés avec plus d’auteurs qu’il n’en ont réellement et ces auteurs ne vont pas hésiter à s’auto­citer pour faire croire à un impact plus grand de leur article.
Les périodiques ont, comme rôle principal (particulièrement en STM) celui d’assurer la validité des résultats et la qualité de la recherche via le peer review, ils permettent également d’établir la propriété intellectuelle d’une découverte [Roucoux 2004a, p. 76].
Le peer review ou arbitrage par les pairs est l’épreuve obligatoire par laquelle passe un article avant d’être publié dans une grande revue. Une fois proposé, l’article est évalué par ce comité de scientifiques spécialisés dans le domaine de la revue. Celui­ci va accepter, refuser ou suggérer des modifications à apporter à l’article avant de le publier. Ce processus est le garant de la qualité des articles et donc du périodique. Il va influencer plus d’une chose, parmi lesquelles on peut citer la carrière des auteurs des articles et le financement de la recherche. Pourtant, les quelques études menées sur ce processus, rarement remis en cause par ceux qui y participent, ne prouvent pas son efficacité. De plus, une idée nouvelle exprimée dans un article pourrait très bien ne pas être publiée car remettant en cause les connaissances et idées jusque là considérées comme “justes” et dont les membres du comité scientifique peuvent se considérer comme les gardiens. Dans cette optique, l’arbitrage par les pairs apparaît comme un frein possible à l’innovation et à la diffusion d’idées nouvelles, tout en restant une garantie de qualité des articles [Roucoux 2004a, pp. 76­78].
En réponse à cette situation, l’Open Access prône l’accès gratuit pour tous à l’information scientifique, présentée sous format numérique et accessible via le réseau internet [http://www.earlham.edu/~peters/fos/overview.htm]. Cette proposition de solution à la crise qui mine l’information scientifique peut prendre différentes formes et poursuivre différents objectifs. Elle est encouragée par des projets fédérateurs qui encourage la diffusion et l’amélioration de la diffusion de l’information via ces nouveaux modèles de communication scientifique. Ces deux points forment la suite et la partie principale de ce travail.
Lire le mémoire complet ==> (Réflexions sur quelques nouveaux modèles de communication scientifique)
Diplôme d’études spécialisées (D.E.S.) en sciences et technologies de l’information
Université Libre de Bruxelles – Faculté de Philosophie et Lettres Section Infodoc

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Réflexions sur quelques nouveaux modèles de communication scientifique
Université 🏫: Université Libre de Bruxelles - Faculté de Philosophie et Lettres Section Infodoc
Auteur·trice·s 🎓:
Jessica Schmitz

Jessica Schmitz
Année de soutenance 📅: Diplôme d’études spécialisées (D.E.S.) en sciences et technologies de l’information - 2003-2005
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