Définition et typologie des démarches événementielles

Chapitre II :

Politiques culturelles et événementielles : définition, contexte et enjeux

2.2 La démarche événementielle en question

2.2.1 Définition et typologie des démarches événementielles

La notion d’événement présente un double sens, il s’agit tout d’abord de « quelque chose qui arrive » et d’un « élément qui a de l’importance ». Ces éléments d’information très sommaires laissent cependant la possibilité de comprendre les fondements de la notion d’événement.

Les deux bases de l’événement impliquent donc une existence de fait sur un laps de temps donné et qui relève d’un certain attrait, cristallisant l’attention sur lui d’une manière ou d’une autre.

Le terme d’événement peut donc être résumé en tant qu’objet ponctuel attrayant et marquant. Les potentialités à ce propos sont donc grandes dans la mesure ou l’événementiel culturel est donc susceptible, par définition, de marquer les esprits et d’être un élément attrayant même ponctuellement.

Les déclinaisons en fonction des aspects durables semblent donc pouvoir s’esquisser. L’événement n’est pas en soit suffisant pour comprendre l’étendue de ce que l’intitulé de la sous partie laisse présager. En ce sens, une définition empirique de l’événementiel culturel est à travailler.

Pour cela, un ensemble de monographies sociologiques notamment développées par Claude Vauclare pourront servir de base à l’étude. Ces travaux se basent sur un ensemble de dix grands événements culturels à l’image de la fête des Lumières de Lyon ou de Lille 2004.

L’ensemble de ces observations ont amené à définir l’événementiel culturel en cinq points principaux qui ne partent pas d’une définition théorique mais sont le résultat de caractéristiques semblables dans l’ensemble des observations sur les lieux de « culture événementielle ».

Afin de rendre plus empirique la définition d’un événement culturel, un parallèle entre les observations de Vauclare et la situation actuelle de Béthune 2011 sera dressé pour chaque élément de définition.

Ainsi, le premier élément actant de la nature d’un événement culturel est, par définition, la présence de l’art en tant que sujet principal d’organisation. La place de la création est donc centrale et est constitutive de l’événement culturel.

La dimension artistique peut se lire de deux manières, à la fois concernant un événement centré sur la question artistique (musique, beaux-arts, théâtre…) ou utilisant la création comme exploitation de formes nouvelles d’art ou d’une certaine thématique qui sert de support à une rencontre entre les arts et les visions d’un même thème.

La définition de culture s’entend donc dans son aspect factuel et matériel, notamment au regard de son rapport à l’art et à la création qu’elle quelle soit. Dans le cadre de Béthune 2011, une grande place est laissée à l’art visuel dans un aspect didactique et participatif.

L’événement « capitale régionale de la culture » pour 2011 est emprunt de cette dimension d’art contemporain très tourné vers l’aspect visuel et sensoriel. Ainsi, l’identité créative et artistique concernant cet événement particulier est clairement définie. Pour qu’il y ait événement, il faut qu’il y ait public.

En effet, l’événement culturel se doit d’être une proposition artistique à destination de deux formes de spectateurs. Traditionnellement, les premiers individus touchés par les événements culturels sont les amateurs sensibles à la démarche événementielle ou sensibles au sujet traité par le rendez-vous culturel.

En premier lieu, le public touché est donc un public averti qui fait la démarche de participer à l’événement. Néanmoins, l’aspect médiatique de ce genre de rencontre permet également sa diffusion au sein de réseaux qui peuvent être plus ou moins éloignés de la sphère d’influence première.

De ce fait, le second public touché le sera indirectement et potentiellement vecteur d’élargissement du public dit premier. La présence d’un récepteur au message événementiel est donc la seconde caractéristique notable.

En effet, deux types de publics sont observables dans les rangs des spectateurs de Béthune 2011. Une minorité de personnes font le déplacement par attrait voire par passion pour l’art contemporain ou la présence de tel ou tel artiste dans les galeries.

Cependant, la majorité des spectateurs se déplacent suite à la forte médiatisation qu’a connu l’événement, se définissant eux-mêmes comme curieux et venant au final renforcer le nombre de spectateurs total.

Le principe d’identité est également important et le fait que nombre de grands événements culturels portent le nom de la ville dans laquelle il se déroule n’est pas un hasard. Le lieu est le troisième facteur déterminant d’un événement culturel.

Pour exister et se matérialiser, l’événement culturel doit investir un territoire et s’investir au sein d’espaces qui ne lui sont pas forcement dédiés. L’exemple de l’événement culturel actuel qu’est Béthune 2011 se situe tout à fait dans cette dynamique.

En effet, les quatre lieux majeurs d’exposition sont respectivement un ancien garage automobile (Le Garage), un ancien entrepôt de la société EDF, l’ancienne antenne béthunoise de la Banque de France (Lab-Labanque) et même une ancienne chapelle reconvertie en lieu d’exposition (Chapelle Saint Pry).

De plus, de nombreux événements dans le cadre de la programmation investissent des lieux publics (la rue, le port de plaisance, la Grand Place de Béthune…), certains lycées de la région voire parfois le domicile de certain riverains volontaires.

La démarche « SMOB », scène mobile en campagne fait se déplacer la programmation culturelle au sein même des lieux ruraux quelques peu reculés des deux agglomérations centrales que sont Béthune et Bruay-la-Buissière.

Le rapport entre l’investissement sur le territoire et la matérialisation de l’événement dans l’espace public est tout à fait observable dans ce cas particulier. L’événementiel est par nature concentré sur un laps de temps déterminé.

C’est là la quatrième caractéristique de l’événement culturel : présenter une temporalité qui la diffère par ailleurs des autres rendez-vous culturels comme les expositions permanentes des musées. L’événement construit donc sa propre unité de temps relativement notamment à sa programmation culturelle.

On parle donc d’un objet temporellement finit avec un début et une fin, facilitant par ailleurs son assimilation en tant que moment culturel éphémère et lui conférant de fait une nature particulière.

La programmation de Béthune 2011 s’articule en trois saisons durant lesquelles les propositions artistiques ponctuelles ou plus en longueur se succèdent.

La programmation totale se déroule donc très officiellement du 2 avril 2011 au 31 décembre 2011 selon une articulation fermement définie. Le lieu est un principe d’identité fort, la notion de temps l’est également.

En effet, un événement dont on sait qu’il est ponctuel ne créera pas la même réaction ni la même forme d’intérêt chez le spectateur. Enfin, et relativement à l’interprétation précédente, la notion de rareté achève de caractériser l’événement culturel.

La définition de l’événement comme un temps donné voire non renouvelable, rend cohérente la définition globale de l’événement culturel et qui souligne encore une fois la notion de temporalité.

Un certain paradoxe existe cependant dans la mesure ou bon nombre d’événements culturels cherchent à s’implanter dans la durée notamment dans le cadre d’une répétition annuelle.

C’est ainsi que Béthune fut choisie en tant que capitale régionale de la culture à la suite de Valenciennes et avant Dunkerque dans le cadre d’une nomination tous les quatre ans.

Un événement culturel est donc une proposition artistique envers un public confirmé ou pas, rattaché à un territoire lui conférant une certaine identité et s’inscrivant dans une temporalité précise faisant de l’événement un objet culturel rare et éphémère. Une certaine typologie des événements culturels est également proposée par l’auteur, il convient d’en noter quelques éléments afin de terminer et d’en définir la notion.

Claude Vauclare développe l’idée d’un triple type d’événement culturel : le « grand événement » emblématique unique dans sa proposition, très populaire et à dimension nationale voire internationale ; l’événement « thématique » qui consiste en une proposition artistique à destination d’un public spécialisé et créant une institution de référence sur un thème particulier ; enfin, un événement « mis en scène sur un lieu » très territorialisé et mêlant différentes formes d’art autour d’une thématique locale.

La définition de l’événementiel culturel est un préalable à la définition encore plus précise d’un événementiel culturel qui se voudrait inscrit dans la durabilité.

La réflexion à ce sujet est à mener à deux niveaux : la durabilité immédiate au regard des principes du développement durable et la durabilité au long terme dans une vision prospective et pérenne des externalités de l’événement.

Le premier axe de durabilité proposé serait de considérer l’événement dans ses impacts relativement aux axes du développement durable. Inscrire un événement dans la durabilité c’est aussi réfléchir aux articulations possibles immédiatement à l’image des démarches entreprises dans le cadre d’un Agenda 21.

La limitation de l’emprunte écologique de l’événement (tri des déchets, transport doux, économie d’énergie…), la réflexion en terme social (accessibilité, qualité de l’emploi, démocratisation de l’offre…), en terme économique (commerce local, aménagement de long terme dans le cadre de l’événement, marketing territorial…) et enfin en fonction du pilier culturel (diversité des propositions, adéquation aux cultures locales, partages des influences et des visions…).

En ce sens, l’écriture d’une forme d’Agenda 21 type de l’événement culturel durable et responsable pourrait être un moyen efficace pour renforcer la « durabilité immédiate » de l’événement.

Enfin, la vision plus prospective s’impose également pour ce genre de politique culturelle. En effet, le management et la création d’externalités durables, respectant les principes du développement durable restent un enjeu fondamental dans l’établissement d’un événement culturel emprunt de durabilité.

Ainsi, la connaissance et la mise en perspective des impacts territoriaux du milieu culturel est une suite logique à la démarche entreprise et fera par ailleurs l’objet de réflexions plus poussées dans le dernier chapitre du mémoire de recherche.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Politiques culturelles et durabilité : Introduction au management de projet culturel et durable
Université 🏫: Université d'Artois - UFR EGASS (Economie, Gestion Administration et Sciences Sociales)
Auteur·trice·s 🎓:
Romain Plichon

Romain Plichon
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 2 Professionnel, Développement des Territoires, Aménagement, Environnement - 2010/2011
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