L’évolution du suivi de la grossesse chez l’adolescente depuis 1998

3.2.3.L’évolution du suivi de la grossesse chez l’adolescente depuis 1998

Notre troisième hypothèse est que le suivi des grossesses est plus précoce dans notre étude qu’en 1998.

* Le suivi de la grossesse

– La première consultation

Le rapport de 1998 préconise le développement de réseaux entre les structures pluridisciplinaires existantes (équipes de terrain, réseaux associatifs, services de PMI, services hospitalier et socio-éducatifs) pour permettre d’identifier les adolescentes enceintes le plus tôt possible et de les diriger vers une structure pour la prise en charge précoce de leur grossesse.

En effet en 1998 la majorité des adolescentes sont peu ou insuffisamment suivies selon les recommandations de la HAS [36]. En 1998, 40% des adolescentes enceintes sont suivies à la maternité à partir du 3ème trimestre et 18,3% n’ont aucun suivi. Une évolution significative a eu lieu entre 1998 et 2010 montrant une augmentation de la première consultationau 2ème trimestre qui est passée de 30,4% à 55,6%, une diminution de la première consultation au 3ème trimestre (40,0% à 29,5%) ainsi qu’une diminution des grossesses non suivies passant de 16,6% à 8,3%.

Cette évolution montre une nette amélioration du suivi avant le 3ème trimestre à la maternité. Le rapport de 1998 semble avoir eu un impact positif sur le suivi plus précoce à la maternité car il y a 18% de femmes en moins qui consultent seulement au 3ème trimestre même s’il existe une baisse de 6% pour la première consultation au 1er trimestre. Le fait de consulter avant le 3ème trimestre dans la maternité d’accouchement permet d’avoir tous les éléments nécessaires pour prendre en charge de façon optimale la mère et le fœtus lors de l’accouchement (situation sociale et familiale, antécédents médicaux et pathologies de la grossesse). Cependant le terme du premier contact à la maternité ne nous indique pas le terme de la première consultation de grossesse ni de la régularité du suivi antérieur s’il a été initié hors de la maternité.

Malheureusement ces critères n’ont pas été étudiés en 1998. Nous avons tout de même trouvé intéressant de connaitre la présence d’un suivi avant la maternité pour évaluer de façon plus précise le suivi de la grossesse chez les adolescentes. Seuls 4,1% des dossiers ne possèdent pas cette information, nous pouvons donc exploiter les données. La moitié des adolescentes consultent pour la première fois au deuxième trimestre, 33,7% au 1er trimestre et 15% au troisième trimestre ce qui reste une proportion non négligeable.

– Une déclaration de grossesse tardive

Le retard à la première consultation chez les adolescentes entraine un faible pourcentage de déclaration de grossesse avant 15 SA de l’ordre de 32,5%. 53,8% effectuent leur déclaration après 15 SA et 11,2% ne déclarent pas leur grossesse avant l’accouchement. D’après la caisse nationale des allocations familiales [24], dans les années 2000, 12 % des grossesses précoces sont déclarées tardivement.

Ce chiffre est très bas comparé à celui que nous retrouvons dans la maternité d’étude (65%), il peut être expliqué par l’importance de la population migrante et de la précarité dans laquelle se trouve la population de notre maternité d’étude. Ceci traduit ainsi l’aggravation de la précarité sociale pour la mère et une plus grande vulnérabilité sur le plan médical pour l’enfant.

Ces chiffres montrent l’effort qu’il reste à faire concernant l’information auprès des adolescentes sur l’importance de faire suivre leur grossesse le plus précocement possible et de l’intérêt de la déclaration de grossesse pour accéder aux aides financières disponibles pendant la grossesse.

En dehors de ce manque d’information, le facteur entrainant un suivi tardif est la découverte tardive de la grossesse par l’adolescente illustré par la fréquence des dénis de grossesses mais aussi par la peur de la réaction négative des parents et de l’entourage [51].

– Le lieu et le professionnel de la première consultation

Pour leur première consultation les adolescentes se rendent par ordre décroissant : en PMI où elles sont vues par une sage-femme ou un médecin, en ville où elles vont consulter un gynécologue ou un médecin généraliste et en maternité où la consultation est faite par une sage-femme ou un médecin. Dans une plus petite proportion nous retrouvons les urgences, une autre maternité que la maternité d’accouchement, le planning familial ou un autre pays.

Les différents lieux de consultation confirment l’importance de développer des réseaux pour qu’une communication puisse être faite au mieux entre ces structures. Les deux lieux de consultations les plus utilisés par les adolescentes sont la PMI et les cabinets des médecins généralistes ou gynécologues. Ce sont donc dans ces lieux que le dépistage des problèmes sociaux, familiaux, obstétricaux doit être fait et que la prévention des complications est effectuée.

* Après la première consultation

– La qualité du suivi

En ce qui concerne le suivi de la grossesse à la maternité, le nombre moyen d’échographies est égal à 3 et est stable depuis 1998. Nous avons étudié des critères supplémentaires concernant le suivi qui n’avait pas été pris en compte en 1998. Le nombre moyen de consultations systématiques à la maternité se situe entre 3 et 5 pour la moitié des adolescentes et est inférieur à 3 pour 40% d’entre elles. Ce dernier chiffre montre un suivi trop tardif à la maternité d’accouchement sachant que 22,6% des patientes ne sont pas venues à un rendez-vous ou plus.

Par contre nous observons que la moitié des adolescentes ont consulté aux urgences deux fois ou plus. Le service des urgences prend une place importante pour les adolescentes et doit donc être l’occasion de refaire le point sur le suivi et la situation psycho-sociale car dans 22,6% des cas ces jeunes femmes ne respectent pas la régularité du suivi.

– La prise en charge multidisciplinaire

Durant la grossesse nous avons aussi essayé d’évaluer l’intervention des professionnels de santé auprès des adolescentes. Que ce soit une sage-femme ou un médecin, seul 45% des adolescentes sont suivies par le même professionnel au cours de la grossesse.

Ce chiffre rejoint les propositions faitespar le rapport de 1998 concernant la prise en charge pluridisciplinaire car il est nécessaire qu’une personne la coordonne. Cette personne est le professionnel médical référent car son rôle est de dépister les problèmes médico- psychologiques et sociaux de la femme enceinte.

Ce chiffre n’est pas très important mais encore une fois, l’absence de cet item dans le rapport de 1998 ne nous permet pas de juger de l’évolution. Cependant ce chiffre est biaisé par le fait qu’une partie des adolescentes commence son suivi dans le dernier trimestre de la grossesse et n’a parfois qu’une consultation systématique dans la maternité d’accouchement.

Notre troisième hypothèse est confirmée puisque nous observons plus de femmes consultant avant le 3ème trimestre dans la maternité d’accouchement mais cette amélioration du suivi précoce n’est pas aussi satisfaisante qu’il y parait car très peu d’adolescentes déclarent leur grossesse avant 15SA.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’adolescence et la grossesse dans l’histoire
Université 🏫: Université Paris Descartes - Faculté de Médecine de Paris - Ecole De Sages-Femmes De Baudelocque
Auteur·trice·s 🎓:
Amandine FILOU

Amandine FILOU
Année de soutenance 📅: Mémoire pour obtenir le Diplôme d’Etat de Sage-Femme - 2010- 2011
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