La santé psychologique et physique et l’obésité chez les jeunes

La santé psychologique et physique et l’obésité chez les jeunes

2.2.4 L’état de santé psychologique et physique et la prise de médicaments

Outre la génétique, les problèmes endocriniens et hormonaux, les conditions thyroïdiennes et le métabolisme, il y a d’autres facteurs médicaux dont il faut tenir compte qui peuvent causer l’obésité.

Selon Sharma et al. (2005), des problèmes psychologiques comme l’anxiété ou la dépression peuvent amener une personne à être moins sportive et à consommer davantage de calories. Il en est de même pour des problèmes physiques comme l’arthrose ou l’apnée du sommeil, qui peuvent amener une personne à pratiquer moins d’activité physique.

Aussi selon ces médecins, certains médicaments peuvent diminuer le métabolisme et faciliter la prise de poids. C’est le cas des bêtas bloquant, de l’insuline et de la cortisone. De plus, Correll et al. (2009) affirment que la prescription d’antidépresseurs et antipsychotiques dits atypiques peut entraîner une prise de poids significative chez les enfants et les adolescents.

Leur étude a été menée sur 272 patients âgés de 4 à 19 ans, souffrant de troubles de l’humeur, de schizophrénie ou de comportements agressifs et destructeurs. D’après leurs résultats, les jeunes ayant utilisé un antipsychotique atypique pour traiter ces maladies ont enregistré dès la 11e semaine une prise de poids moyenne allant de 8,5 kg à 4,5 kg, selon la sorte de médicaments utilisés. En comparaison, les enfants faisant parti du groupe contrôle ne prenant pas de médicaments a pris en moyenne 200 grammes. Dans l’ensemble, entre 10 et 36 % des enfants traités sont passés en 11 semaines, d’un statut de poids normal à un statut d’obèse ou d’individu en surpoids (ou d’un statut de surpoids à un statut d’obésité) ce qui prouve l’impact majeur de ce déterminant.

Dans l’ESCC, la variable dépression n’existe pas, mais l’on retrouve une variable où l’on demande au répondant quel est son degré de satisfaction face à la vie en général. Étant donné qu’une personne dépressive sera généralement insatisfaite de sa vie, cette variable nous apparaît appropriée. Nous précisons que dans notre base de données, les variables sur la santé physique et psychologique ont seulement été mesurées chez les gens de 12 ans et plus.

Tableau 2.13

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon la satisfaction de la vie générale, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon la satisfaction de la vie générale, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Selon nos résultats, les gens ayant répondu qu’ils étaient neutre/insatisfaits/très insatisfaits de leur vie étaient plus susceptibles d’être obèses que ceux qui étaient très satisfaits ou satisfaits de leur vie en général. Cette relation était significative au seuil de 1 %.

Une autre variable intéressante est le sentiment d’appartenance à la communauté du répondant.

Tableau 2.14

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le sentiment d’appartenance à la communauté du répondant, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Poids normaltrès fort67,50 %fort68,92 %faible66,08 %très faible65,31 %
Embonpoint22,69 %22,38 %20,13 %16,22 %
Obèse9,81 %8,70 %13,79 %18,47 %
Total100 %100 %100 %100 %
Source : ESCC

Ici nous constatons que les gens qui ont un sentiment d’appartenance très fort, faible ou très faible face à la communauté ont des taux d’obésité et d’embonpoint supérieur par rapport à ceux qui ont un fort sentiment. Cette relation était significative à 1 %.

Concernant la santé physique, l’ESCC possède une variable de maladie chronique. Pour construire cette variable, les enquêteurs ont posé une série de questions au répondant sur sa santé et en bout de ligne s’il avait répondu par l’affirmative à l’une de ces questions, on le considérait comme ayant une maladie chronique.

Cette maladie devait avoir été diagnostiquée par un professionnel de la santé et on devait s’attendre à ce qu’elle dure (ou ait déjà durée) au moins 6 mois. On a demandé au répondant s’il souffrait de diabète, de haute pression, d’une maladie cardiaque, du cancer, d’une maladie intestinale ou de l’estomac, de l’ostéoporose ou d’une autre maladie physique ou mentale de longue durée.

Au tableau 2.15, nous pouvons observer les résultats obtenus en faisant une analyse croisée entre le niveau d’IMC et la présence d’une maladie chronique.

Tableau 2.15

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon la présence d’une maladie chronique, population à domicile de 2 à 17 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon la présence d’une maladie chronique, population à domicile de 2 à 17 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Nous remarquons qu’une personne souffrant d’une maladie chronique est plus susceptible d’être obèse, mais un peu moins susceptible de souffrir d’embonpoint. En revanche, une personne n’ayant pas de maladie chronique est plus susceptible d’avoir un poids normal. Ici, il est difficile de savoir si la personne est malade à cause de son obésité ou si sa maladie l’a rendue obèse.

L’analyse de nos résultats nous indique que les taux d’obésité et d’embonpoint ne varient pas beaucoup en fonction de l’état de santé réel de l’enfant. Ceci peut s’expliquer par le fait que le surpoids ou l’obésité vont rarement causer des maladies chroniques avant que l’individu n’atteigne l’âge adulte. Ces maladies ne vont habituellement apparaître que plus tard.

Une autre raison pouvant expliquer que ces résultats sont non-concluants est que, bien que certaines maladies chroniques (comme le diabète) peuvent favoriser l’obésité, d’autres ont l’effet contraire (comme certains cancers). En mélangeant toutes les maladies chroniques, les deux types d’effets se neutralisent, rendant cette variable non-significative.

C’est pour cette raison que nous avons évalué individuellement chacune de ces maladies pour savoir lesquelles affichaient les plus haut taux d’obésité et de surpoids. Nous y avons trouvé que 46,6 % des jeunes de 2 à 17 ans faisant de la haute pression, 44,6 % de ceux étant diabétique et 32,2 % des jeunes souffrant d’une autre maladie physique ou mentale non- identifiée dans le questionnaire étaient soit obèses ou en surpoids.

Concernant les cancers et les maladies cardiaques, les jeunes en ayant soufferts étaient moins obèses en moyenne que le reste de la population. Pour ce qui est des autres types de maladies identifiés dans le questionnaire, le nombre de jeunes en souffrant était trop peu nombreux pour nous permettre d’en tirer une conclusion.

Nous avons donc décidé de ne tenir compte que des variables de diabète et de haute pression comme indicateur d’obésité, en les fusionnant ensemble, plutôt que de rassembler les 8 différentes maladies dans la même variable comme au tableau 2.15.

Tableau 2.16

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon la présence de diabète ou/et de haute pression, population à domicile de 2 à 17 ans, Canada, 2004

Poids normalAtteint 58,82 %non-atteint 70,34 %
Embonpoint23,53 %19,96 %
Obèse17,65 %9,7 %
Total

Source : ESCC

100 %100 %

Ici nous constatons que les enfants souffrant de haute pression ou du diabète sont plus à risque d’être obèses que ceux qui n’en sont pas atteints. Une étude de Meyre et Froguel (2006) vient expliquer le lien unissant diabète et obésité. En effet, celle-ci affirme que l’identification sur la région chromosomique 6q du gène ENPP1 leur a permis d’établir que ce dernier était lié à la «diabésité».

En effet, pas tous les obèses ne deviennent diabétiques et ce constat est particulièrement exact avant l’âge adulte. Par contre, les enfants obèses diabétiques auraient des caractéristiques moléculaires communes, ce qui permet de croire qu’ils partageraient un risque commun génétiquement déterminé. En résumé, ceci veut dire qu’un enfant porteur de ce gène qui ne surveille pas son mode de vie sera très à risque d’être à la fois obèse et diabétique.

De plus, une étude de Greenfield et al. (2009) affirme qu’un gène associé à l’obésité (MC4R) serait également lié à la haute pression sanguine et expliquerait pourquoi certains individus peuvent être obèses et moins susceptibles à faire de la haute pression que d’autre.

Nous soulignons ces études pour faire valoir que bien que l’obésité cause plusieurs maladies, les recherches qui sont continuellement mises à jour démontrent qu’il peut exister des liens génétiques entre une maladie et la surcharge pondérale.

Nous ne devons donc pas sauter à la conclusion que ces maladies soient seulement causées par l’obésité, mais il faut également considérer que la présence d’un gène de cette maladie, particulièrement chez un enfant à bas âge pourrait être un déterminant potentiel de l’obésité si l’environnement est propice à son éclosion.

En demandant à l’enfant d’évaluer sa santé selon sa propre perception, les résultats sont plus significatifs que lorsqu’on lui demande s’il souffre d’une maladie chronique.

Tableau 2.17

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon l’auto-évaluation de la santé, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon l’auto-évaluation de la santé, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Ici nous constatons qu’un répondant se déclarant en excellente ou en très bonne santé va être significativement moins obèse (au seuil de 1 %) qu’un individu se déclarant en bonne, acceptable ou mauvaise santé. Nous croyons que l’évaluation de la santé que se fait une personne de sa condition va être plus représentative de sa capacité à faire de l’exercice physique.

En effet, le fait d’être fatigué ou de manquer de souffle par exemple n’était pas représenté dans la variable de maladie chronique. Une limite ici est qu’il est dur d’évaluer si le répondant se déclare en moins bonne santé parce qu’il est obèse ou si un problème de santé quelconque le rend moins actif, ce qui cause son obésité. Ces deux variables de condition physique ont donc un problème d’endogénéité.

2.2.5 La taille du ménage

La taille du ménage semble également avoir un impact sur l’obésité, comme le démontrent nos résultats en 2.14.

Tableau 2.18

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre de personnes constituant le ménage, population à domicile de 2 à 17 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le nombre de personnes constituant le ménage, population à domicile de 2 à 17 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Ici nous constatons que plus la taille du ménage est importante et plus le taux d’obésité va diminuer en conséquence. Une étude de Amini et al. (2007) vient confirmer ce fait. En effet, selon cette étude, il existe une relation inverse entre la taille du ménage (et plus particulièrement le nombre de frères et de soeurs) et l’IMC.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La situation de l’obésité juvénile au Canada
Université 🏫: Université du Québec à Montréal UQAM
Auteur·trice·s 🎓:
Jules Dessureault

Jules Dessureault
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en économique - 2010
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