Rationalisation de l’intranet FT, Théorie de F.W. Taylor

4. Etude de la rationalisation de l’intranet FT à travers la théorie de F.W. Taylor

L’objectif du recours à la grille théorique de F.W. Taylor est de mieux comprendre le phénomène de rationalisation de l’intranet de France Télécom et surtout de mieux en envisager les effets pour l’activité des webmestres.

Nous justifierons ce choix avant d’utiliser les concepts proposés par cette théorie. Puis nous mobiliserons cette grille pour caractériser la rationalisation en cours.

Enfin, toujours à l’aide des conclusions de F.W. Taylor, nous essaierons d’envisager les effets attendus de la rationalisation.

4.1. Pourquoi recourir à la théorie de F.W. Taylor ?

L’objectif n’est pas de montrer si la rationalisation est une taylorisation mais plutôt d’utiliser les textes de F.W. Taylor pour mettre en avant les modalités choisies pour rationaliser l’intranet de France Télécom.

Si la théorie proposée par F.W. Taylor a bientôt plus d’un siècle, son œuvre reste toujours au cœur de nombreux débats théoriques.

« Grâce à la simplicité de ses schémas, le taylorisme fournit en effet une synthèse unique à la problématique de l’organisation industrielle, largement éclatée aujourd’hui entre les multiples disciplines participant aux sciences de gestion.

Elle consiste (…) à ramener le problème de l’efficacité industrielle à celui de l’utilisation optimale du corps humain au travail (…).

Tout (…) peut être pensé à travers ce canevas, comme les tayloriens l’ont abondamment montré » (F. Vatin, 1990, p.2).

Apparu en France dans les années 20, le taylorisme désigne les méthodes de F.W. Taylor. Cependant, avec le temps, le sens a évolué car il s’agit moins de désigner la méthode que « l’organisation elle-même fondée implicitement ou explicitement, véritablement ou supposément sur la méthode » (ibid., 1990, p. 12).

Il existe deux interprétations possibles : « la première se confond avec le projet même d’une science pratique du travail et de l’organisation industrielle » (ibid., 1990).

Dans ce cas les théories de Taylor peuvent être considérées comme les prémisses des sciences modernes du travail et de la gestion.

La deuxième interprétation, plus répandue aujourd’hui, consiste à interpréter le taylorisme comme une « phase de l’histoire industrielle du 20ème siècle » (ibid., 1990).

Nous nous baserons ici sur les textes fondateurs de F.W. Taylor pour tenter de revenir à la méthode telle que présentée par l’auteur il y a environ un siècle.

Ce choix de repartir du sens initial de ce que l’on a appelé le taylorisme vise à éviter toute confusion sur le sens du concept en ne retenant que la définition donnée par son auteur.

Une revue de la littérature sur le sujet a également été réalisée pour nous permettre de conforter notre interprétation des textes de F.W. Taylor.

Ce recours à F.W. Taylor peut sembler quelque peu anachronique car si « Taylor, le cœur de son enseignement, tout au moins, est toujours présent et bien vivant au centre des dispositifs complexes supposés les plus « modernes » et les plus sophistiqués (…) il est vrai aussi qu’à l’entrée de la décennie 1980 une certaine histoire s’achève.

Celle du paradigme centré sur les principes tayloriens et fordiens, clé de voûte de toutes les organisations de travail jusqu’à nos jours, et qui stipule que l’efficacité et la productivité dépendent centralement d’un travail parcellisé et distribué le long d’une ligne, se déplaçant elle-même, à cadence rigide (…) le taylorisme, considéré sous sa forme canonique et comme système d’ensemble, arrive bel et bien à ses limites » (B. Coriat, 1990).

Par ailleurs, les NTIC et toutes les méthodes de management qui leurs sont associées ont souvent présenté comme des systèmes en rupture du modèle taylorien traditionnel.

On évoque le « e-management » (M. Kalika, 2001), les NTIC comme source de « flexibilité » (R. Reix, 1999), les « nouveaux modèles d’organisation » (P. Veltz, P. Zarifian, 1993) ou encore « l’entreprise en réseau » (E. Josserand, 2001).

Enfin, nous ne pouvons ignorer que le contexte est fondamentalement différent. F.W. Taylor était un ingénieur des méthodes avec une vision très technique.

Pour le cas qui nous intéresse et comme nous l’avons indiqué dans la partie deux, l’aspect technique est présent, mais l’aspect stratégique est semble-t-il incontournable.

La taille de l’entreprise, la complexité de la technologie et des compétences nécessaires pour la gérer sont également des différences avec les situations étudiées par F.W. Taylor que nous devons prendre en compte.

Ceci étant, nous avons retrouvé certaines proximités entre les actions mises en œuvre pour rationaliser l’intranet de France Télécom et les solutions envisagées par F.W. Taylor pour améliorer la productivité des ateliers du début du 20ème siècle.

Le recours à la grille théorique de F.W. Taylor doit nous permettre d’établir avec, nous l’espérons, une meilleure clarté les choix de la rationalisation de l’intranet de France Télécom.

Il semble que ce cadre conceptuel permet de structurer la masse des données recueillies.

Cette structuration vise à faciliter la lecture et à éviter une sorte de listing des différentes modalités de la rationalisation, car « Taylor est non seulement le père du « Scientific management », mais l’oncle, ou le parrain, de presque toutes les variantes modernes de l’organisation du travail, et des sciences humaines et sociales qui les proposent » (M. de Montmollin, 2001, p.45).

L’œuvre de F.W. Taylor est d’abord une des premières méthodes de rationalisation d’un système de management.

Cet auteur considérait que les niveaux de productivité du travail étaient faibles et qu’il était tout à fait possible de les augmenter.

Ce diagnostic est aujourd’hui réalisé par la direction de France Télécom et c’est une des raisons qui fait que l’utilisation des textes de F.W. Taylor facilite la compréhension du phénomène observé.

Plusieurs auteurs ont d’ailleurs eu recours au taylorisme pour étudier des situations actuelles très différentes de celles qui existaient dans les ateliers du début du 20ème siècle.

Ainsi, G. Friedmann fait de nombreuses fois références au travail des chirurgiens pour analyser les effets de la taylorisation (G. Friedmann, 1964, p. 254), P.J. Benghozi « retrouve dans les transformations organisationnelles qui accompagnent l’orientation-client, des phénomènes typiques des mouvements de taylorisation : rationalisation des activités, normalisation des comportements et standardisation des références.

On y perçoit également des phénomènes contradictoires du même ordre : standardisation tout en recherchant la spécificité, souci de proximité du client tout en l’éloignant… » (P.J., Benghozi, 1998).

« Quant aux partisans du néo-taylorisme, ils analysent les développements actuels de l’informatisation comme une nouvelle étape dans le déploiement de l’ordre taylorien (…) Selon eux, la généralisation des nouvelles technologies de l’information a simplement permis d’étendre le champ d’application du « Scientific management » » (F. Pichault, p. 113).

Ces précisions indiquées, nous demanderons au lecteur de bien vouloir accepter le choix de la méthode de la comparaison pour comprendre la rationalisation de l’intranet de France Télécom.

Pour analyser la logique et les modalités de la rationalisation, nous étudierons successivement trois grands thèmes qui sont au cœur de la théorie de F.W Taylor et qui synthétisent l’ensemble de ses propositions : une séparation entre la conception et l’exécution, une politique d’incitation et de rémunération qui permet de « faire travailler les employés au maximum de leurs capacités » (F.W. Taylor, 1929), et des modalités de contrôle qui assurent un exécuté conforme au prescrit.

Ces trois aspects sont d’une certaine manière les « trois piliers » indispensables au bon fonctionnement du système de management proposé par F.W. Taylor.

Pour chacun de ces points, nous verrons les similitudes et les différences entre les remarques de F.W. Taylor et la situation observée à France Télécom.

Il faut noter cependant que la vision de F.W. Taylor dépasse le niveau organisationnel et a des portées sociétales. Sa méthode prétend modifier l’ensemble du système économique et social et permettre la disparition de la pauvreté, des conflits sociaux tout en accroissant les richesses pour tous (F.W. Taylor, 1929, p. 142-144). La vision du management de France Télécom se cantonne, quant à elle, à la seule Société Anonyme.

Nous conclurons alors par une présentation des effets attendus de cette rationalisation.

Tout au long de cette étude, l’impact sur l’activité des webmestres sera de fait évoqué mais nous analyserons cet aspect avec de plus amples précisions dans la dernière partie de ce travail.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Emergence – Rationalisation d’un métier, professionnaliser ou tayloriser
Université 🏫: Université Paris-Est Créteil UPEC – Paris 18
Auteur·trice·s 🎓:
Sylvain BUREAU

Sylvain BUREAU
Année de soutenance 📅: DEA Sciences de Gestion « Management & Stratégie » de l’Université Paris Val de Marne et de l’Ecole Centrale Paris - septembre 2003
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