Prolongements de l’analyse – Etude de Développement Régional

5. Prolongements de l’analyse

La démarche suivante vise à donner à une sous-microrégion évaluée moyennement à non-sensible (et donc susceptible d’être développée touristiquement) des éléments quasi prévisionnels puisqu’elle fournira une idée des domaines d’exploitation qui semblent les plus appropriés au vu toujours de ses spécificités intrinsèques. Elle donnera ainsi une indication sur ce que ses particularités naturelles lui permettent d’envisager sans risquer de se tromper.

Cette analyse requiert l’utilisation d’un outil statistique très efficace mais qui doit être manipulé avec prudence, nous présenterons donc avant toute chose l’Analyse en Composante Principale.

5.1. Avertissements

L’Analyse en Composante Principale (A.C.P.) est une méthode statistique essentiellement descriptive : son objectif est de représenter sous une forme graphique, le maximum de l’information contenue dans un tableau de données. C’est une méthode ancienne puisque Hotelling H. fournit une première publication sur ce sujet en 1933 mais c’est Pearson K. qui, dès 1901, en entrevit les idées essentielles.

L’utilisation de cette méthode est cependant récente, c’est l’avènement des ordinateurs en 1960 qui a permis sa mise en pratique et c’est seulement depuis 1980 et l’apparition de la micro-informatique que l’A.C.P. est de plus en plus fréquemment utilisée.

Le tableau de données est constitué d’individus et de variables relatives à ces individus. Si le tableau comporte p variables, les individus peuvent être représentés dans un espace à p dimensions. Le but de l’A.C.P. est de trouver des espaces de dimensions plus petites dans lesquels il sera possible d’observer au mieux les individus.

Les droites et les plans issus de l’A.C.P. ne sont pas réalisés avec les variables initiales mais avec des indices synthétiques obtenus par ce que les statisticiens appellent des combinaisons linéaires de ces variables initiales. Parmi tous les indices possibles, l’A.C.P. recherche d’abord celui qui permet de voir au mieux les individus c’est à dire celui pour lequel la variance des individus est maximale : cet indice est appelé première composante principale (il donne le premier axe principal).

Une certaine proportion de la variation totale des individus est expliquée par cette composante principale. La même opération est répétée pour obtenir une deuxième composante qui fournira la plus grande information possible complémentaire de la première (et ainsi de suite). La phase essentielle de l’A.C.P. consiste donc à transformer les p variables initiales toutes plus ou moins corrélées entre elles en p nouvelles variables non corrélées appelées composantes principales.

Cet outil, en représentant graphiquement les résultats, semble rendre la tâche de l’utilisateur extrêmement aisée ;or, il est important de signaler qu’il n’en est rien : la méthode fournit également des tableaux concernant les donnés qu’il est impératif de consulter, de comprendre, il faut savoir les interpréter.

La connaissance des notions de base de la statistique ou de l’économétrie est nécessaire à la bonne exploitation de la méthode. Il ne faut surtout pas qu’un décideur perçoive dans cette méthode de traitement de données une méthode miracle où tout est résumé et expliqué sur un plan (sur deux axes).

L’A.C.P. est certes très intéressante et mérite d’être mentionnée dans le cadre du problème qui nous intéresse mais si elle est choisie comme outil de travail pour mieux analyser les sous-microrégions, elle doit être mise en oeuvre et effectuée par un « spécialiste » en la matière qui saura faire parler les résultats en évitant les erreurs d’un jugement trop hâtif. Nous soulignerons à travers un exemple d’utilisation les pièges à éviter, les attentions à porter.

5.2. Première phase

5.2.1. Principe

L’idée est d’effectuer dans un premier temps, une sorte de redéfinition des différents types de tourisme existants (présentés dans notre premier chapitre). Définition qui serait en fait déterminée à partir des attentes du consommateur relatives à chaque type de tourisme et aux caractéristiques que doit contenir une zone pour pouvoir répondre correctement à ces attentes, pour pouvoir mettre en oeuvre le type de tourisme en question. Les exemples suivants illustrent nos propos :

L’exploitation d’une station de sport d’hiver nécessite un taux d’enneigement conséquent pendant la période hivernale, ce critère (enneigement) est donc un critère important pour envisager le développement du tourisme « neige » dans une zone. Par contre, pour le tourisme « balnéaire », une zone devra disposer d’un taux enneigement nul (ou très faible en période hivernale). Pour déterminer le type de produit qu’une zone est susceptible d’offrir avec succès aux consommateurs, une telle caractéristique à toute son importance.

Autre exemple, l’aspect pittoresque d’une région (la beauté du paysage) sera recherché par un voyageur adepte du tourisme de randonnée (des parcours pédestres au milieu d’usines seraient très certainement boudés…). Par contre, cette caractéristique sera moins importante aux yeux de l’individu venu pour affaire, cette personne la voudra trouver sur le site où il doit se rendre des hôtels de qualités.

Il s’agira donc dans cette première étape, et pour reprendre des termes employés précédemment, de déterminer le profil de la zone idéale recherchée par le consommateur friand d’un type de tourisme particulier. Ceci pour les différentes sortes de tourisme connues. Il faudra prendre en compte un maximum de variables et estimer leurs importances respectives pour le visiteur, le rôle qu’elles jouent dans la qualité du produit final proposable.

Chaque « objet », qui sont ici les différents types de tourisme, devra être évalué à partir de toutes les variables (les caractéristiques attendues par le client) intervenant à un moment ou à un autre dans l’évaluation de l’un des objets.

Par exemple même si, seul le tourisme thermal nécessite la présence d’une source d’eau chaude sur le site, la caractéristique « présence d’une source d’eau chaude » devra être estimée, plus ou moins importante dans l’exploitation de tous les autres objets. Nous verrons que les valeurs ainsi obtenues constitueront d’une certaine manière les coordonnées des différents objets, c’est à partir de ces critères, de ces estimations, de ces variables, que l’on pourra par la suite, grâce à l’A.C.P., représenter nos objets sur un graphe.

5.2.2. Les données

Nous ne nous attarderons pas ici sur la façon dont les critères doivent être évalués, nous avons déjà exposé les différentes méthodes de collectes des données, leurs avantages et leurs défauts. Nous utiliserons dans l’exemple explicatif de cette partie un système de notation des critères assez proche de l’échelle de vérité du professeur Fustier vue précédemment, à quelques détails près.

Dans le problème qui nous intéresse, il ne s’agit pas de noter les produits touristiques pour savoir lequel d’entre eux est le plus performant, c’est évident, le but ici est de les différencier en fonction de certaines variables, les critères, qui correspondent plus ou moins aux uns et aux autres.

Il s’agit donc surtout de les comparer à travers ces variables, c’est pourquoi nous pensons que l’on pourrait effectuer l’évaluation d’un type de tourisme en estimant le niveau de vérité de propositions telles que « le critère numéro 1 est important pour ce type de tourisme » ou encore « la variable 1 est recherchée par le client pratiquant ce type de tourisme » et ceci pour chacune des variables.

On répondrait alors par faux, presque-faux, ou tout autre échelon de l’échelle E déjà rencontrée. Cependant un détail important doit être pris en compte :

En principe, l’Analyse en Composantes Principales ne peut pas prendre en considération des variables qualitatives, il faudra donc transformer ces niveaux de vérité en note, ce qui enlève il est vrai toute l’essence de l’évaluation. Aussi, nous choisirons de noter les variables par exemple sur 10 mais en gardant toujours présent à l’esprit que ces notes visent à permettre une comparaison entre les objets. On pourra finalement noter sur 10 « l’importance du critère j sur la variable i ».

Les données devront être collectées auprès d’experts en tourisme, chercheurs, enseignants, membres d’observatoire du tourisme, offices et autres catégories de personnel professionnel de ce secteur.

Lorsque l’on teste la méthode, on se rend compte très rapidement que dans l’espoir d’obtenir des résultats fiables, on a tendance à intégrer un maximum de critères, or, cela complique considérablement la tâche de l’enquêté qui pour chaque nouveau critère aura autant de notes à donner qu’il existe d’objets à évaluer.

On peut éviter ce problème en étudiant avec soins les critères retenus.

En effet, en faisant remplir préalablement un très petit nombre de grilles, l’A.C.P. nous aide à déceler d’éventuels liens entre les critères. Par exemple, si l’on interroge un expert sur l’importance des critères « tradition » et « patrimoine historique », même si l’on considère au départ qu’il existe entre ces deux variables une nuance à prendre en compte, au final on s’apercevra que ces données sont « corrélées » c’est à dire qu’elles sont liées. Un type de tourisme qui requiert de la part d’une zone un fort taux de tradition, demandera également à cette zone d’être fournie en patrimoine historique.

La corrélation peut aussi venir du fait que les experts ont du mal à cerner la nuance entre deux critères. Quoi qu’il en soit, une étude minutieuse des corrélations permettra d’éliminer des données qui, au bout du compte, fournissent une information similaire.

Notons que deux variables peuvent aussi être corrélées négativement, par exemple, si les critères « tranquillité » et « fréquentation » seront certainement notés de manière opposée. Dans la plupart des cas, deux critères corrélés pourront être transformés en un critère unique, simplifiant ainsi la grille à remplir. La grille pourra ainsi être retravaillée et simplifiée avant d’être distribuée aux experts concernés.

La synthèse des évaluations (des grilles) pourra se faire de différentes manières. On pourra par exemple effectuer pour chaque note la moyenne des estimations données par les experts.

On peut également envisager de demander aux experts de pondérer les variables en fonction de leur compétence relative aux différents critères estimés, on multipliera la note de l’expert par le coefficient ainsi obtenu avant d’effectuer la moyenne des notes des experts.

Enfin, lors du test que nous avons réalisé, nous avions choisi d’additionner simplement les notes des différents experts, dans ce cas leurs estimations sont prises en compte au même niveau ; si l’on a demandé à cinq personnes de noter sur dix les variables, dans la grille de synthèse les variables seront notées sur cinquante (somme des notes).

5.3. L’analyse

Les données se présenteront finalement sous la forme du tableau suivant dans lequel les objets en ligne, représentent différents types de tourisme, par exemple « balnéaire ; neige ; culturel ; voile ; affaire » (respectivement notés : b, n, c, v, a), et les variables (numérotées de 1 à 8) en colonnes, sont les caractéristiques sur la base desquelles on compare les objets :

IIIIIIIVVVIVIIVIII
b103509724
n643367610
c2721068102
v91010510963
a210491760

C’est cette grille qui fera l’objet d’une Analyse en Composantes Principales. On pourra à l’issue de l’A.C.P. observer sur un plan la disposition des cinq types de tourisme comparés mais également sur le même graphe les huit variables ayant contribué à l’emplacement des objets :

graphe les huit variables ayant contribué à l’emplacement des objets

La simple observation de ce graphe permet de comprendre l’importance des critères I et V pour le tourisme balnéaire (b), que ce type de tourisme est plus proche du tourisme voile (v) que de l’activité tourisme culturel (c), etc. On remarque également que le tourisme neige (n) se distingue nettement des autres et que le critère VIII est très important pour lui alors qu’il ne l’est pratiquement pas pour les autres. Il pourrait s’agir de la caractéristique « enneigement ».

5.4. Seconde phase

Ce n’est qu’après avoir réalisé cette première Analyse en Composante Principale qu’interviendra la zone que l’on souhaite développer. On peut, dans le cadre d’une A.C.P. projeter sur le premier graphe un « objet supplémentaire » afin d’observer sa façon de se positionner par rapport aux objets déjà présents.

Il faudra donc considérer la sous-microrégion à traiter comme s’il s’agissait d’un nouveau type de tourisme et dresser son profil réel (et non plus idéal) afin de l’intégrer au graphe selon les mêmes critères ; Il suffira pour cela de noter, de la même façon que pour les autres objets, les variables présentes dans le tableau initial en fonction de leur importance dans la sous-microrégion.

En projetant la zone comme « individu supplémentaire », nous verrons comment, compte tenu de ses caractéristiques propres, elle vient se positionner par rapport aux différents types de tourisme existants. Ce nouvel objet ne participe pas activement à l’Analyse, ses caractéristiques ne contribuent pas à la formation des axes.

Il serait malvenu (scientifiquement) d’effectuer une analyse à partir de caractéristiques idéales pour certains objets qui seraient des types de tourisme, et des caractéristiques réelles (observées) d’un objet qui serait un espace ; les résultats seraient difficiles à commenter.

Prolongements de l’analyse – Etude de Développement Régional

Sur notre exemple précédent, la zone i vient se positionner à proximité du tourisme d’affaire probablement parce qu’elle est bien fournie en caractéristiques VI et VII qui sont des caractéristiques propices à un tel type de tourisme : hébergements de qualité supérieure, ou proximité d’une université (avec salle de conférences) par exemple.

Le décideur saura alors que les spécificités de sa zone sont recherchées par les personnes en tourisme d’affaire ; il pourra envisager d’orienter ses investissements futurs vers des structures attirant ce type de clientèle.

Le premier graphe obtenu permet à lui seul de donner des indications sur les potentialités d’une infinité de zones. En effet une fois les différents produits touristiques placés, leurs positions ne varieront plus, quelle que soit la zone « supplémentaire » projetée (sa projection n’influence en rien la dispersion ou le regroupement des premiers éléments).

Il ne sera pas nécessaire de recommencer la première phase pour analyser par exemple, les différentes sous-microrégions d’une même catégorie de sensibilité ou d’un même territoire en générale.

Une Analyse en Composantes Principales peut être effectuée avec des logiciels informatiques tels que STAT-ITCF. Cette démarche permet d’apporter une aide afin d’orienter économiquement l’avenir d’une région vers une production adaptée aux ressources dont elle dispose. Une telle procédure peut aussi être utilisée pour aider le décideur à choisir le type de contrat (station grand site, station littorale, etc.) qu’il est le plus susceptible d’obtenir d’après les spécificités de sa zone.

Il suffira pour cela de remplacer les types de tourisme de notre exemple par les différents contrats et les variables par les caractéristiques requises pour décrocher ces différents contrats.

Les résultats obtenus au cours de la première évaluation de sensibilité des sous-microrégions ayant permis d’effectuer un redécoupage de notre cadre de référence (la Corse), une première information nous indique si oui ou non il serait judicieux de développer touristiquement une sous-microrégion, ou s’il serait préférable d’y poursuivre une activité agricole ou simplement de sauvegarder sa richesse esthétique, naturelle, en la préservant de toute détérioration.

La deuxième procédure utilisant l’Analyse en Composantes Principales donnera des informations plus précises quant aux capacités potentielles d’une sous-microrégion relatives à ses spécificités économiques et environnementales. Cette dernière pourra ainsi choisir de se spécialiser dans le domaine pour lequel elle semble être la mieux disposée.

Conclusion

On aurait pu adopter la démarche inverse en cherchant dans un premier temps à établir (à l’aide de l’A.C.P.) l’existence éventuelle d’affinités entre les sous-microrégions et les produits touristiques pouvant y être exploités (ceci pour chacune des 35 sous-microrégions) ; Et, dans un second temps étudier les possibilités d’un éventuel rapprochement entre zones de même « profil » touristique (en s’aidant cette fois de la méthode satisfaction-regret) ceci en vu d’une coopération dans la spécialisation décidée, destinée (la coopération) par exemple à diminuer les coûts d’investissements nécessaires à la bonne marche de la politique de développement choisie.

Deux sous-microrégions voisines, prédisposées à recevoir une clientèle de sport d’hiver, l’une disposant d’une zone riche en sommets enneigés, l’autre englobant les quelques plateaux situés au plus près de ces sommets, pourront s’associer dans un projet d’implantation d’une station de sport d’hiver en partageant les frais relatifs aux installations sportives et d’hébergement nécessaires avant de se partager les recettes ainsi engendrées.

Conclusion du chapitre IV

Les différents domaines de l’économie, des mathématiques, de l’environnement (géographie, écologie) fournissent des éléments qui rendent la stratégie de coopération par la spécialisation largement réalisable puisque nous avons vu dans ce chapitre que toutes ces sciences disposent d’outils que l’on pourra utiliser dans chacune des étapes de la mise en oeuvre de notre théorie.

Soulignons qu’aujourd’hui la plupart des méthodes de traitement de données peuvent être effectuées à l’aide de logiciels de plus en plus performants. La méthode Satisfaction-regret peut, elle aussi, être réalisée avec le logiciel DECISIO certes encore peu connu mais il existe et il fonctionne.

L’exemple d’évaluation donné dans ce chapitre montre que le passage de la théorie à la pratique peut être envisagé assez sereinement. Le but principal restant toujours d’employer au mieux les richesses naturelles d’un site. Rappelons que ce que l’on entend par employer au mieux, n’est pas forcément « employer au maximum » mais plutôt « mettre en valeur » et donc tantôt améliorer, tantôt préserver ces ressources naturelles dans le but d’en user correctement et le plus longtemps possible.

Il est parfois essentiel en économie de savoir « ménager sa monture », ou, pour employer une expression plus adaptée au cas des ressources naturelles, de savoir protéger « la poule aux oeufs d’or ».

CONCLUSION

Toute politique de développement passe par une analyse poussée et méticuleuse des particularités et potentiels du territoire qu’elle intéresse. Une bonne connaissance des éléments se rapportant au secteur d’activité qui semble pouvoir utiliser au mieux les capacités naturelles, économiques, sociales et culturelles d’une région, est de la même façon garante de l’efficience maximale du projet d’organisation économique envisagé.

La première partie de cette recherche fait ressortir la forte adéquation jusque là perceptible entre les petites économies isolées et l’activité touristique.

Le travail des décideurs, responsables politiques et professionnels, sera alors de mettre au point une stratégie de gestion des ressources qui permettra au secteur d’exploitation retenu de se fondre avec le paysage économique mais aussi environnemental du site.

Dans le cadre d’espaces restreints, une totale adhésion de la population résidente demeure la principale condition au succès d’un éventuel développement touristique. C’est pourquoi il nous paraît essentiel de rappeler une fois de plus que ce sont les structures et infrastructures du tourisme qu’il faudra adapter aux particularités du lieu et des autochtones. La première erreur, à ne pas commettre, serait d’établir de nouvelles règles allant à l’encontre des us et coutumes, du mode de vie en général des résidents.

La nécessité pour de petits territoires isolés de participer et d’être présents sur le marché international est facilement compréhensible puisqu’il est évident que sans cela le circuit fermé dans lequel s’échangeraient les richesses internes conduirait inéluctablement à une économie stagnante. Le tourisme permet à ces régions d’augmenter leur richesse, par obtention de devises étrangères, sous réserve qu’elles ne proviennent pas d’une fuite plus importante de leurs ressources naturelles.

Nous avons démontré dans la seconde partie de ce travail qu’une telle opération est réalisable.

Elle passe par une politique de gestion des ressources naturelles visant à mettre en valeur ces dernières plutôt que de risquer de les dilapider en les exploitant de manière irresponsable tels des puits sans fond.

La théorie des avantages comparatifs de Ricardo et les prolongements qui en sont issus laissent entrevoir de réelles possibilités pour les régions dont nous parlons de participer au commerce international en se spécialisant dans le tourisme, activité qui leur permet d’employer au mieux leurs atouts.

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que cette activité reste très dépendante des variations d’humeur et de goût des consommateurs. Même si depuis quelques décennies de nombreuses mesures gouvernementales sont venues favoriser sa pratique (congés payés, déréglementation, etc.), la diversité de l’offre ne peut être exclue du programme d’organisation.

La région ne doit donc surtout pas tenter de se transformer en un produit touristique unique mais, une nouvelle fois, chercher à adapter la diversité de ses ressources naturelles à autant de produits différents.

C’est là une politique régionale qui doit alors voir le jour, proposant aux zones constituant le territoire de se spécialiser selon leurs spécificités respectives. L’analyse de la demande touristique fondée sur la nouvelle théorie du consommateur de Lancaster montre que la diversité qui fait la force d’un espace fera alors la joie du visiteur qui ne sera plus contraint de consommer le produit proposé, mais pourra construire son séjour en combinant les éléments de son choix, accessibles dans une même région.

Si l’on démontre avec facilité l’intérêt de la spécialisation en termes d’utilité, de préférence, de contentement de la demande, force est de reconnaître qu’il en est tout autrement pour ce qui concerne son efficience en termes de profit.

En effet, la spécialisation ne portera ses fruits que si elle est pratiquée sur l’intégralité du pays. Or, on se rend compte assez rapidement que la cohésion entre les multiples décideurs n’est pas forcément rationnellement induite.

Les quelques éléments empruntés à la théorie des jeux nous ont permis de donner des exemples de situations conduisant à une impasse, c’est à dire à l’improbabilité d’une mise en place « naturelle » de la spécialisation. Celle ci passe donc par une coopération entre les acteurs économiques qui pourra être imposée ou encouragée selon les moyens employés pour la rendre en tout cas effective.

L’analyse ordonnée des nombreux points à étudier dans l’optique de la mise en oeuvre d’une stratégie de développement des milieux restreints isolés nous a amenés à dire qu’une politique d’organisation du territoire fondée sur la spécialisation touristique micro-régionale par la coopération est tout à fait cohérente et qu’elle présente de fait de nombreux avantages aussi bien pour les acteurs que pour les consommateurs, et ceci, tout en respectant les aspirations et l’environnement des populations locales.

Nous nous sommes de plus attachés dans cette recherche à montrer que sa réelle application « sur le terrain » est envisageable. Les quelques exemples proposés montrent que des outils existent pour éventuellement faciliter cette application.

Remarquons cependant pour conclure que nous n’avons pas prêté attention à l’aspect « financement » d’un tel projet. Il serait certes intéressant de se pencher sur les coûts d’implantation des infrastructures, de gestion, d’entretien, de formation et autre. L’intégration de ces aspects dans notre étude ne s’imposait pas selon nous, puisque la démarche suivie tout au long de ce travail consiste en répertorier les potentiels existants, les analyser, pour ensuite les employer au mieux.

Il s’agissait donc pour nous de montrer qu’une bonne utilisation des « moyens du bord », et notamment (dans notre sujet) leur mise en valeur, suffit déjà à s’engager sur la voie d’un développement soutenable et durable. Nous serions satisfait si nos travaux apportaient quelques éclaircissements sur la méthodologie à suivre pour y parvenir, et permettaient par la suite d’aboutir à des résultats concrets.

ANNEXE
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