Technologies et formation universitaire à distance

Partie II : Nouvelles technologies de formation et de recrutement

Chapitre I : Nouvelles technologies de formation 

Introduction :

Notre intention, dans ce chapitre, est de préciser les contextes universitaires et les approches pédagogiques sous-jacentes les travaux en formation en ligne sont engagés et l’influence de ces contextes sur ces même travaux.

Ce positionnement devrait, nous semble-t-il, faciliter la lecture, l’interprétation et la compréhension des articles de numéro spécial voire de s’assurer, par la même occasion, de l’intelligibilité du discours actuel sur la formation à distance.

Nous voulons rendre accessible les contribution à ce numéro aux deux cultures francophones universitaires, principalement concernées, la France et le Québec, ou l’expérience de la formation à distance et, également, l’usage des technologies de l’information et de la communication en éducation nous apparaissent marquées par des différences significatives.

Nous voulons également éviter de confondre formation à distance et formation en ligne dans un contexte éducatif où se croissent recherches et pratiques innovantes en provenance, à la fois d’universités en présence et universités à distance.

L’univers éducatif de la formation en ligne se caractérise par l’intégration des technologies de l’information et de la communication comme support à l’enseignement et à l’apprentissage.

Plus spécifiquement, notre ambition est de re-situer la formation à distance dans sa perspective historique et culturelle, d’une part, et d’indiquer les questionnements relatifs au rôle des technologies comme support à l’activité des acteurs engagés dans la formation en ligne, d’autre part.

Ce chapitre nous amène à explorer le champ de la formation à distance en tenant compte d’une part de son lien avec la formation en présence et, d’autre part, avec la formation en ligne, il nous apparaît qu’historiquement, l’enseignement en présence incarné par l’université campus et la formation à distance par l’université à distance, sont, tout compte fait, demeurés relativement étrangers l’un à l’autre.

Schématiquement, professeur et étudiant sont le plus couramment, les deux acteurs clés de l’enseignement en salle. Quand à la formation à distance, ce sont professeur, apprenant et formateur.

Enseignement en présence et formation à distance incarnent des modèles pédagogiques qui leurs sont propre et qui déterminent leur pratiques d’enseignement et de formation.

Ce chapitre comprend trois parties. La première se centre d’abord sur les aspects de la formation universitaire à distance en tant que composante standard de plusieurs systèmes éducatifs nationaux, puis la cohabitation de la formation campus et de la formation à distance est discutée ainsi que leur pratique pédagogique et l’arrivée des technologies de l’information et de la communication comme une occasion de coopération entre ces deux types de formation dans la définition de la formation en ligne.

La deuxième partie touche aux interrogations posées par les chercheurs, particulièrement des universités campus sur les pratiques mises à jour par la formation en ligne, souvent transposées des pratiques des universités à distance, concernant le support aux activités des acteurs, principalement, de l’apprenant et du tuteur.

La troisième partie présente le contenu de ce numéro spécial tout en demeurant attentif au cadre fourni par cette introduction.

Section 1 :

Technologies et formation universitaire à distance

Notre objectif dans cette section est de donner un point de vue de l’évolution historique de la formation à distance universitaire vers la formation en ligne en introduisant des éléments montrant l’influence réciproque entre pratique pédagogiques et technologiques au fil de cette évolution.

§1 : Formation à distance universitaire : une initiative anglo-saxonne?

C’est la création de la British Open university en 1969 qui marque le début de l’enseignement à distance comme mode institutionnel universitaire de formation. Cette initiative des travaillistes britanniques répond à un désir d’accroître l’accessibilité de l’éducation universitaire aux étudiants défavorisés tout en brisant les contraintes spacio-temporelles de l’enseignement universitaire traditionnel.

Ce gouvernement travailliste voyait dans cette institution un outil qui permettait aux défavorisés de suivre des formations universitaires.

Au Canada, les gouvernements de Québec et du Manitoba ont emboîte le pas par la création en 1972, sur le modèle de l’Open university, de deux universités unimodales de formation à distance : la Télé –université pour le premier et de l’Athabasca University pour le second.

En France, c’est à partir de 1985 que les effectifs de formation à distance découlent. Dans le même temps, les technologies de l’information et de la communication sont au point notamment magnétoscopes et minitels. la culture générale s’inprègne de l’usage de ces techniques, contrairement à la période antérieur où il était de bonne mise de renâcler à leur emploi.

C’est dans les années 80 que les universités campus adoptèrent la bimodalité pour tenter de s’adapter à une série de changement dus à des modifications économiques et sociales en offrant des cours à distance.

Les années 90 ont vus plusieurs universités vouées à la formation à distance comme l’Open university, la Télé-université et l’Athabasca University intégrer l’usage des technologies de l’information et de la communication dans la médiatisation et la diffusion de leur enseignement.

Ces universités apportent un remède à la solitude de l’étudiant à distance en rendant opérationnels des systèmes de communication assistée par ordinateur.

Avec un modem et un logiciel de communication, l’ordinateur ouvrait les portes d’un nouvel univers virtuel en mettant en interaction personnes et idées. Aussi isolé que soit l’etudiant à distance, l’université, revêtant la forme d’un petit serveur entretenu par un animateur de réseaux, n’était plus qu’à quelques touches de clavier.

§2 : Le choc des modèles pédagogiques:

Il ne faut pas être dupe en se plaisant à croire que cette propension des universités campus vers des structures bimodales de formation constituait une intégration des pratiques pédagogiques en cours dans la formation à distance. Au contraire, ces décisions sont motivées par un esprit de concurrence d’une part, ou s’inscrivent dans une stratégie de régionalisation de manière à satisfaire les besoins de nouveaux bassins d’étudiants, d’autres part. C’est aussi dans cet esprit que sont nées les approches françaises visant à se doter de campus ou d’universités virtuelles au nom de l’intégrité territoriale régionale.

On note qu’en avril 2003, 64 campus numériques (formation ouverte et à distance « FOAD ») sont labellisés. Au fil des ans, la formation à distance se présente comme une solution somme toute économique aux besoins d’actualisation des connaissances et des savoir-faire de la main- d’œuvre en fonction des exigences du marché.

Les technologies de l’information et de la communication contribuent largement à la promotion de la formation à distance par le développement et le raffinement des télécommunications, définis, grossièrement, comme la communication entre des personnes et des ordinateurs localisés à des points éloignés.

Dès lors deux formes d’enseignement, l’une sur campus et l’autre à distance se côtoient dans une même université et visent, toutes les deux, le développement de connaissance chez un apprenant.

Cependant, lorsque l’on compare la pratique d’enseignement en vigueur sur campus avec celle à distance, on constate rapidement que l’une et l’autre peuvent s’exercer de manière forte différente. Sur campus, le professeur est l’acteur principal de l’enseignement. Il diffuse, à l’oral, son savoir à un groupe d’apprenants réunis dans une salle et il encadre directement la démarche d’apprentissage de chacun.

Dans ce virage vers la formation à distance, certaines universités campus qui optent pour lors bimodalité (enseignement en présence/ formation à distance) ont une tendance à adopter une approche en formation à distance qui reproduit le modèle pédagogique campus, en véhiculant les connaissances à distance par une mise en contact direct (synchrone ) du professeur et des étudiants géographiquement éloignés.

Ces formes d’intervention à distance font, en générale, abstraction du temps. Elles visent plutôt a recréer un lien avec le professeur cela, en négligeant parfois les contraintes professionnelles familiales et sociales de l’apprenant en général.

Selon Keegan , la formation à distance se caractérise par les éléments suivants:

  • * Une séparation presque permanente du professeur et de l’apprenant ;
  • * Une influence direct de l’établissement d’enseignement sur la planification et la préparation du matériel d’apprentissage, ainsi que sur les services dispensés à l’étudiant.
  • * Une utilisation de moyens techniques dans un processus de médialisation du contenu ;
  • * Un accès de l’étudiant a un système de communication pour lui permettre d’établir un contrat avec son établissement de formation.
  • * Une absence quasi régulière de groupe d’apprentissage, la formation étant perçu d’avantage comme un acte individuel que collectif.

Pour assurer le développement (conception et production ) d’un cours à distance, la majorité des établissements universitaires unimodaux de formation à distance ont opté pour l’équipe pédagogique ayant à sa tête un professeur assisté d’un pédagogue et d’autres spécialistes venant du secteur de l’édition et de la production, selon cette démarche, un cours est développé grâce aux effort d’une équipe de spécialistes en conception et en production, en suivant un long processus de désigne et de rédaction.

Tout y était différent du cours traditionnel puisqu’on remettait en question certaines prémisses pédagogiques relatives au contact professeur-étudiant. (power) .

§3 : A l’heure des technologies :

La formation à distance, souligne Power, à finalement franchi le seuil de sa quatrième génération grâce aux multiples possibilités qu’offre le WEB, le Tableau (1) « Historique de la formation à distance du point de vue des technologies utilisées » illustre les diverses phases de la formation à distance jusqu’à l’ère des technologies de l’information et de la communication.

La ligne supérieure marque le passage du plurimédia individuel (PMI) au multimedia (MM), toujours en mode individuel et local.

La ligne inférieure indique l’évolution de la formation à distance vers la formation en ligne en passant du plurimédia collectif (PMC) vers des environnements distribués d’apprentissage (INTERNET ).

Historique de la formation à distance du point de vue des technologies utilisées
Tableau 1 : Historique de la formation à distance du point de vue des technologies utilisées.

PHASE 1 PHASE2 PHASE3 PHASE4 PHASE5 PHASE6 (aujourd’hui )
PMI
MM
C
PMI
PMC INTERNET
Formation en ligne

La phase 1 est celle de l’enseignement par correspondance ( C ) Elle précède la mise en place de réels établissements universitaire de formation à distance. La phase 2 se caractérise surtout par l’utilisation de plusieurs média individuels (PMI), d’ou le terme plurimédia pour les désigner, et part l’encadrement individuel des étudiants assisté par le téléphone et le courrier postal.

Les phases 3 et 4 qui constituent la troisième génération de la classification de Power correspondent à l’introduction de la communication assiste par ordinateur dans la formation à distance (PMC) et à l’usage d’hypermédia en réseaux (INTERNET) pour la diffusion des contenus.

A la phase (3) on trouve davantage les plurimedia collectifs ( PMC) formés d’une part, par le matériel de contenu et d’apprentissage édité en plusieurs formats (papier, audio, vidéo, et numérique) que l’étudiant reçoit par courrier postal et d’autre part, la communication assistée par ordinateur, dédiée à la communication entre apprenants et, entre apprenants et tuteurs.

Avec la venue de l’ordinateur personnel à la maison, la communication assistée par ordinateur, nommée dans un contexte éducatif, télematique pédagogique, s’est imposée comme une nouvelle réalité de l’environnement multimédiatisé d’apprentissage pour l’étudiant à distance.

A la phase 4, on introduit les hypermédias accessibles sur les réseaux par l’intermédiaire d’Internet, ce qui a permis de concevoir et de développer des environnements interactifs d’apprentissage distribués alliant, cette fois-ci information et communication (Internet). Ces environnements sont le produit d’une ingénierie des systèmes d’apprentissage tout le scénario pédagogique est le rouage central.

La quatrième génération qui correspond aux phases 5 et 6 du tableau 1 est en cours. On y retrouve l’usage intensif du multimédia (MM), soit des formations qui intégrant les divers formats (papier, audio, vidéo et numérique) sur un seul support. Le produit est accessible, en mode local, sur le poste de l’apprenant.

Cependant, cette quatrième génération se caractérise surtout par la formation en ligne (phase 6 ) qui est vite devenue un carrefour où rencontrent l’université et l’entreprise d’une part, mais surtout l’université campus et l’université à distance, d’autre part.

 

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– Keegan : Keegan , D (1986) formation de l’éducation à distance. London .Croom helm (www.educnet .education .fr ).
– Power : Power M(2002) génération d’enseignement à distance, technologies éducatives et médiation de l’enseignement supérieur (www.éducnet éducation .fr)

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