La méthodologie d’entretien semi-directif révèle des mécanismes de défense insoupçonnés dans la communication interculturelle congolaise. En combinant approches qualitatives et quantitatives, cette recherche offre un cadre théorique essentiel pour comprendre les dynamiques socioculturelles en jeu.
- Technique d’Entretien Semi-Directif Centré (ESDC)
Il s’agit ici de décrire le fondement de l’ESDC, les principes à suivre durant le déroulement des entretiens et la méthodologie de construction de guide d’entretien. Signalons que cette technique sert à la collecte des données de l’étude.
- Fondement de l’ESDC
Notre approche est avant tout qualitative. Elle s’intéresse donc à la description des faits et des contenus, à travers l’analyse et la compréhension des phénomènes pris dans leurs contextes et dans leur complexité.
Le contexte des faits étudiés demeure un aspect fondamental de cette recherche, ce qui lui permet d’être proche de la réalité appréhendée qu’elle cherche avant tout à comprendre. Pour cela, nous allons user d’empathie pour nous familiariser avec les situations et les groupes interviewés et chercher à mieux cerner la signification des faits et des actions. À travers cette démarche, nous allons accéder à une importante quantité de données nous servant à produire les tableaux panoramiques des problèmes posés.
Comme l’a souligné Mustapha Belabdi393, l’approche qualitative se caractérise par sa souplesse et sa volonté de construire la connaissance, en combinant diverses techniques de collecte des données. Ces techniques sont valables pour mener des enquêtes sur le terrain et elles permettent au chercheur de contacter des individus ou des groupes et de les interviewer ou de les observer pour rendre compte d’un phénomène social dans toute sa complexité.
Dans le cadre de notre recherche ayant pour objet l’identification des mécanismes de défense à travers les communications généralisées processuelles, les informations recherchées seront essentiellement recueillies par les déclarations verbales des personnes concernées et plus précisément par leurs réponses à des questions ciblées. De cette manière, nous pouvons accéder aux données souhaitées. C’est pour cela que nous avons privilégié la pratique des « entretiens semi-dirigés auprès des personnes visées ». Point n’est besoin de rappeler que cette technique
d’interview est aujourd’hui utilisée par plusieurs chercheurs en sciences sociales puisqu’elle se situe entre « deux autres techniques utilisées »394.
Cette stratégie de collecte de données est basée sur la rencontre directe entre l’enquêteur et la personne ou le groupe auprès duquel il réalise son enquête, en vue d’amasser un contenu d’informations sur un sujet précis. Nous allons prévoir au préalable de grandes orientations de l’entretien grâce à notre « guide d’entretien » en construction dans le paragraphe qui suit, en identifiant les thèmes liés à la recherche. Il s’agit là de la logique inductive de construction d’un discours sur un thème de recherche, exprimée par la réponse à plusieurs questions liées au sujet de la recherche.
Les questions seront posées de manière à permettre à l’enquêté d’exprimer son point de vue ou de faire part de son expérience, de ses sentiments ou encore de ses intentions par rapport à son vécu quotidien du phénomène de l’interculturalité dans son milieu. L’importance de cette technique a été soulignée par de nombreuses recherches, notamment avec Lorraine Savoie-Zajc395 qui insiste sur le caractère compréhensif de cette technique, qui s’apparente à la conversation, et sur l’interaction entre les deux parties pour favoriser une meilleure compréhension du
phénomène appréhendé. Ainsi selon l’auteure, l’entrevue semi-dirigée consiste en une interaction verbale animée de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le rythme et le contenu unique de l’échange dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux qu’il souhaite explorer avec le participant à la recherche.
Grâce à cette interaction, une compréhension riche du phénomène à l’étude sera construite conjointement avec l’interviewé.
Pour faciliter cette interaction, nous allons adopter certaines attitudes, notamment : le sens d’ouverture envers les interviewés, veiller à la pertinence des propos à tenir et à l’utilisation des concepts familiers aux interviewés. Et comme nous sommes basé à Kinshasa pour les villes retenues à l’intérieur du pays où nous sommes absent, nous allons enquêter leurs ressortissants se trouvant actuellement à Kinshasa.
- Principes de l’ESDC à suivre durant l’enquête
Par souci d’uniformiser le déroulement de l’enquête par rapport aux originaires des onze provinces se trouvant actuellement à Kinshasa, nous avons respecté les cinq principes suivants inspirés de Pierre Romelaer dans son exposé sur « l’entretien de recherche »396 :
- l’interviewer commence par obtenir l’accord du répondant pour faire l’entretien et il prononce la « phrase d’entame ». La phrase d’entame est du style : « Pourriez-vous nous dire si vous avez déjà cohabité (au travail, dans une même parcelle, maison, avenue, marché, école ou université) avec des personnes venant d’autres provinces que vous (Bandundu, Bas-Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu, Province Orientale et Sud-Kivu) et dites-nous quelle impression avez-vous retenue de cette cohabitation ? » ;
- dans la suite de l’entretien, l’interviewer laisse le répondant s’exprimer de façon spontanée et non directive, en soutenant le discours par des « oui » pour signaler qu’il est dans une situation d’écoute attentive par rapport aux thèmes prévus dans le guide d’entretien ;
- l’interviewer choisit, parmi tout ce qui vient d’être dit dans l’entretien, un thème qui figure dans son guide d’entretien, et improvise une « phrase de relance » sur ce thème, en exploitant le vocabulaire utilisé par le répondant ;
- le répondant répond à cette intervention de l’interviewer, et on reprend la même séquence que précédemment, avec si bien des reformulations-résumées jusqu’au moment où le thème introduit par la relance est couvert de façon complète, souvent d’ailleurs avec un discours dans lequel le répondant abordera aussi d’autres thèmes que celui qui est dans la relance ;
- puis l’interviewer effectue une nouvelle relance, à laquelle le répondant répond, et ainsi de suite jusqu’au moment où tous les thèmes du guide d’entretien mentionnés ont été traités de façon suffisamment approfondie, éventuellement à l’instigation des relances de l’interviewer.
Ces principes sont nos parchemins durant le déroulement des entretiens, mais nous les appliquerons dans le respect du « guide d’entretien ». Pour recueillir fidèlement les propos des interviewés, nous allons utiliser la « prise de notes » accompagnée de l’écoute active. Le paragraphe qui suit décrit la méthodologie de la construction du « guide d’entretien ».
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393 BELABDI, M., Communication interculturelle et processus d’intégration des nouveaux immigrants marocains au Québec, Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, inédit, Université du Québec, Montréal, janvier 2010, p. 179. ↑
394 Les deux autres techniques sont l’interview non dirigée et l’interview dirigée. Dans la première, le chercheur se contente d’introduire un thème général et de laisser libre cours à ses interlocuteurs. Dans le deuxième cas, l’interview est structurée et l’ordre des questions fixé. ↑
395 SAVOIE-ZAJC, L., « L’entrevue semi-dirigée », in GAUTHIER, B. (dir.), Recherches sociales de la problématique à la collecte des données, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2003, p. 296. ↑
396 ROMELAER, P, « L’entretien de recherche », in ROUSSEL, P. et WACHEUX, F., op.cit, pp. 102-103. ↑
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que la méthodologie d’entretien semi-directif ?
La méthodologie d’entretien semi-directif est une technique de collecte de données qui permet d’interroger des individus ou des groupes sur un sujet précis, en favorisant une interaction verbale souple entre l’enquêteur et l’enquêté.
Comment l’entretien semi-directif aide-t-il à comprendre la communication interculturelle ?
L’entretien semi-directif permet d’accéder aux points de vue, expériences et sentiments des participants concernant leur vécu quotidien de l’interculturalité, facilitant ainsi une compréhension riche du phénomène étudié.
Pourquoi utiliser une approche qualitative dans les entretiens semi-directifs ?
L’approche qualitative permet de décrire les faits et contenus dans leur contexte, en utilisant l’empathie pour mieux cerner la signification des actions et des phénomènes sociaux complexes.