Quels résultats clés émergent de la communication interculturelle au Congo ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

Les résultats de la communication interculturelle révèlent des mécanismes de défense insoupçonnés au sein des interactions congolaises. Cette recherche innovante, alliant psychologie et méthodologie mixte, transforme notre compréhension des dynamiques culturelles, avec des implications cruciales pour les études interculturelles contemporaines.


    1. Revue de la littérature

La revue de la littérature nous permet de retracer deux temps forts dans les Cultural Studies : le premier est caractérisé par des études menées autour des XIXe et XXe siècles dans le domaine de la communication de masse (étude de la culture de masse ou médiatique) et le second concerne des études menées depuis le XXe siècle jusqu’à ce jour dans le domaine de la communication interculturelle. Les deux courants s’attèlent sur la place de la culture dans le processus de communication.

Dans le domaine de la communication de masse (étude de la culture de masse ou médiatique), il sied de signaler que les Cultural Studies remontent au XIXè siècle avec les effets

11HALL, E.T., La dimension cachée, Paris, Seuil, 1971, pp. 1-243.

12LIPIANSKY, E.M., « La communication interculturelle », in Cahiers français, n° 258, 1992, pp. 15-29.

13ABDALLAH-PRETCEILLE, M. et PORCHER, L., op.cit, pp. 55-56.

14OGAY, T., « Intercultural communication et psychologie des contacts de cultures », un dialogue interdisciplinaire et interculturel encore à construire », in DASEN, P. R. et PERREGAUX, C. (Eds.), Pourquoi des approches interculturelles en sciences de l’éducation?, Bruxelles, De Boeck, 2000, pp. 67-84.

15CARIGNAN, N., « Quelques idées autour de la communication interculturelle », in Cahiers de l’action culturelle, vol. 5, n°1, 2007, p.7.

16HALL, E.T., op.cit, pp. 1-243.

17MACE, E., « Les médiacultures et la francité », in SAAL, A. et DANIS, S. (dir.), Cultural studies : genèse, objets, traductions, Paris, Bibliothèque publique d’information, 2010, pp. 42-43.

de la révolution industrielle qu’ont connue la société britannique et d’autres sociétés occidentales, lesquels effets ont soulevé la problématique connue sous l’appellation «Culture and Society»18 portée par divers auteurs comme Richard Hoggart19, Edward Thompson20, Raymond Williams21 et Stuart Hall22. Cette problématique était centrée autour de la société de masse et de la pauvreté de sa culture avec la prolifération de panneaux publicitaires, de l’uniformisation de l’habillement,… De là surgiront les premières critiques qui ont poussé certains intellectuels à dénoncer les conséquences culturelles de l’avènement de

la civilisation moderne ; c’est le cas de la revue Scrutiny23 (1932-1953), devenue le centre d’une croisade morale et culturelle contre l’«abrutissement » pratiquée par les médias et la publicité, l’effet d’aliénation produit par les moyens de communication de masse.

En 1957, Richard Hoggart24 publie un livre en anglais, traduit en français en 1970, que les membres du centre de Birmingham reconnaîtront comme fondateur de Cultural Studies. Ce livre s’intitule La culture du pauvre : étude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre étudie l’influence de la culture diffusée dans la classe ouvrière par les moyens modernes de communication.

Après avoir décrit avec beaucoup de finesse ethnographique le paysage quotidien de la vie populaire, ce chercheur analyse comment les publications destinées à ce public s’intègrent dans ce contexte. L’idée centrale qu’il développe, c’est que l’on a tendance à surestimer l’influence de ces produits de l’industrie culturelle sur les classes populaires.

Il ne faut jamais oublier, écrit-il au terme de sa recherche, que ces influences culturelles n’ont qu’une action forte lente sur la transformation des attitudes et qu’elles sont souvent neutralisées par des forces plus anciennes. En gros, les classes populaires ne sont pas des récepteurs passifs.

De son coté, Edward Thompson25 publie en 1963 un ouvrage intitulé La formation de la classe ouvrière anglaise. Il a étudié les institutions de formation permanente des ouvriers, ce qui l’a mis directement au contact des milieux populaires et dans des logiques de collecte d’histoires orales. Ce qu’apporte l’auteur, c’est une approche de l’histoire vue d’en bas, à partir de l’expérience des catégories populaires, c’est une posture qui consiste à redonner la dignité aux moments et aux pratiques ordinaires populaires, à refuser de penser la vie et la culture des

pauvres comme une pauvre culture et à questionner toutes sortes de formes visibles mais inaperçues de résistance à l’ordre social, comme le braconnage.

D’origine populaire à l’instar de Hoggart, Raymond Williams26 questionnera, pour sa part, la généalogie du concept de culture. Il sera l’un des premiers à s’intéresser à la télévision comme un système de médias et contribuera à une exploration de la culture de masse, en particulier en questionnant l’effet des systèmes d’éducation et de communication sur le changement social. Il sied de signaler, à cet effet, avec Nicholas Garnham27 qu’un système de médias prend des traits spécifiques d’un Etat-nation à l’autre. Il est déterminé, entre autres, par la structure et l’état de développement de l’économie, la forme de l’Etat, l’état des relations des classes, la relation avec l’Etat dominant et/ou les Etats subordonnés.

Contribuant aux mêmes problématiques, Stuart Hall28 commence par des travaux sur le jazz et la publicité. Il expliquait en 1991 le « repositionnement » des Cultural studies en insistant sur certains facteurs majeurs qui obligeaient à « franchir les frontières », comme exemples :

  • la « globalisation » d’origine économique, c’est un processus de décomposition des

frontières qui a façonné aussi bien les cultures nationales que les identités individuelles ;

  • la fracture des «paysages sociaux» (social landscapes) dans les « sociétés industrielles

avancées » qui fait que le « self » (moi) fasse dorénavant partie d’un processus de construction des identités sociales dans lequel l’individu se définit en se situant par rapport à différentes coordonnées et n’est pas réductible à l’une ou l’autre coordonnée qu’elle soit la classe, la nation, la race, l’ethnie ou le genre ;

  • la force des migrations qui dans le silence transforme notre monde ;
  • le processus d’homogénéisation et de différenciation qui mine, par le haut et par le bas, la force organisatrice des représentations de l’Etat-nation, de la culture nationale et de la politique nationale.

C’est à l’issue de ces travaux variés que l’école de Birmingham a vu le jour avec ses directeurs scientifiques, Stuart Hall qui remplaça Richard Hoggart en 1968. Cette école devint célèbre, car elle fut un extraordinaire foyer d’animation scientifique sur de nouvelles orientations autour des thèmes tels que :

  • les définitions du culturel ou les objets culturels pris en compte vont s’étendre sur la

façon dont le rapport des enfants d’ouvriers à l’institution scolaire leur garantit pratiquement de retrouver les mêmes métiers que leurs pères. C’est aussi l’ouverture de

la gamme de biens culturels à partir de la publicité, des musiques de rock, des médias audiovisuels. Cette conception a été considérée par Paul Willis29 comme la tâche d’huile de Birminghan ;

  • la déviance et les sous-cultures, il s’agit ici d’une recherche importée de l’école de Chicago. On note également les cultures populaires, les médias et des questions liées aux identités sexuelles et ethniques ;
  • les sociabilités et les cultures populaires initiées par Thompson, Hoggart ou Williams, qui sont prolongées et développées avec une volonté d’actualisation, notamment comment les bouleversements dans l’urbanisme, ainsi que la construction d’immeubles collectifs qui disloquaient des parties entières de l’East End londonien modifiaient-ils la sociabilité ouvrière ?
  • la pluralité des modes de réception d’un même programme en fonction des propriétés sociales, culturelles et générationnelles des récepteurs. A ce sujet, Marie Franco30 noter que dans le cadre des études de la culture de masse, populaire, commerciale ou médiatique, quel que soit le terme choisi, il est relativement aisé d’examiner les productions culturelles et leurs conditions de production ;
  • le cinéma, devenu un élément central de l’identité nationale, est perçu par Geneviève Sellier31 comme le lieu d’exercice du pouvoir ou de résistance au pouvoir. Et bien entendu, il s’agit là des rapports de pouvoir entre les sexes et de la manière dont la domination patriarcale et masculine s’exerce, mais aussi de la manière dont on peut tenter d’y résister ;
  • la blanchité reposant sur l’idée que le racisme n’est pas tant un comportement individuel qu’un système. Maxime Cervulle32 parle donc de racisme systémique. Considérer le racisme comme un système revient à reconnaître qu’il joue un rôle partout et pour tous, qu’il donne forme à des comportements, à des subjectivités, à des savoirs, ou même à des ignorances savamment orchestrées, c’est-à-dire que la racialisation joue un rôle dans la fabrication de toutes les identités, et pas seulement pour les minorités ethnoraciales ;

29WILLIS, P., Learning to Labour: How Working Class Kids Get Working Class Jobs, New York, Columbia University Press, 1981, pp. 1-226.

30FRANCO, M., Regards sur la réception : la culture de masse, pour qui ? Pour quoi faire ?, p.305, document téléchargé le 11 juillet 2012, URL : http://crec.univ-paris3.fr

31SELLIER, G., « Cultural studies, gender et études filmiques », in SAAL, A. et DANIS, S. (dir.), op.cit, p. 40.

32CERVULLE, M., « Politique de l’image : les Cultural Studies et la question de la représentation, réflexion sur la blanchité », in ibid, p. 48.

  • et l’émergence de la question du genre33 dans les années soixante-dix. D’après cette nouvelle approche, les productions culturelles sont genrées ; elles sont genrées à la fois dans le processus de production et de réception, et l’on ne peut pas comprendre comment fonctionne la culture si l’on ne prend pas en compte son caractère genré. Genré de façon différente selon les cultures, les périodes, etc., mais genré.

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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001.

3 Auchan Les 4 Temps, La Défense.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les résultats clés de la communication interculturelle au Congo ?

L’étude vise à développer un cadre théorique de référence pour l’étude de la communication interculturelle.

Comment la psychologie interculturelle est-elle intégrée dans la communication au Congo ?

L’étude adopte une approche de psychologie interculturelle et utilise le modèle orchestral de la communication.

Quelles méthodologies sont utilisées pour analyser la communication interculturelle ?

Elle combine des méthodologies qualitative et quantitative pour analyser les phénomènes psychologiques de la communication interculturelle.

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