Comment une approche méthodologique transforme le jugement professionnel en comptabilité ?

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🏫 Université de Sfax pour le Sud - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2003-2004
🎓 Auteur·trice·s
Khalil AMMOUS
Khalil AMMOUS

L’approche méthodologique en comptabilité révèle des insights surprenants sur la formation au jugement professionnel en Tunisie. En examinant les facteurs clés qui influencent cette compétence, cette recherche offre des solutions innovantes pour améliorer l’enseignement et la pratique comptable, essentielles pour les futurs professionnels.


Chapitre Deuxième : Propositions pour l’amélioration de la formation et de l’aptitude au bon jugement professionnel

Propositions pour l’amélioration de la formation et de l’aptitude au bon jugement professionnel

L’évaluation du jugement professionnel nécessite que nous soyons attentifs non seulement à l’habileté de porter un jugement professionnel juste, mais également à la propension de le faire. L’expression voulant et capable se traduit par apte. Une habileté sans disposition ne constitue pas un élément déclencheur (Facione et all, 1999).

Une disposition sans l’habileté ne forme pas un élément concluant. Pour un professionnel le perfectionnement comporte le raffinement des habiletés basées sur des qualités caractéristiques telles que l’intelligence, la perspicacité et la réflexion ainsi que sur le développement et l’épanouissement des dispositions corollaires de la restitution des connaissances acquises qui demeurent malgré tout importants.

Ceci signifie que l’on doit être en mesure de reconnaître la manifestation des habiletés et des dispositions dans le comportement et l’attitude du professionnel dans ses relations publiques et privées.

Pour faciliter et opérationnaliser la mesure du jugement professionnel dans l’environnement universitaire et le marché du travail, il importe de se doter d’instruments efficaces qui peuvent être mis en œuvre par les professionnels comme mesure de développement. Il est possible de construire ces outils, mais à condition d’avoir une compréhension juste du jugement professionnel qui exige une pensée réfléchie critique et une sensibilité pragmatique envers une pensée faible ou forte qui est bien évidement dans la pratique actuelle (Falcone et al 1999).

Ainsi, pour l’environnement académique, nous insistons sur le rôle de l’Université dans la formation au jugement professionnel nécessaire pour l’avenir de cette activité. Ceci exige plusieurs actions générales et spécifiques dont :

Mieux préparer les futurs professionnels à l’exercice du jugement professionnel

En effet, La compréhension de la façon dont l’expert-comptable exerce son jugement a également des répercussions sur le partage et le développement des connaissances. Il peut être possible d’enseigner en plus des approches théoriques, des techniques d’exercice du jugement et transmettre ainsi les connaissances analytiques et pratiques acquises aux nouveaux experts-comptables. Il s’agit ici de réintégrer ces experts dans le système éducatif (K.AMOUS, 2003).

Autrement dit, les concepteurs des programmes de formation universitaire comptable devraient axer davantage sur l’importance du jugement professionnel. Ainsi, les formations universitaires en comptabilité devraient mettre l’accent sur la capacité de choisir des solutions réfléchies au-delà de l’apprentissage mécanique de solutions uniques dénuées de toute pensée critique intelligible.

Il s’ensuit que les cours analytiques et professionnalisés ainsi que les examens professionnels devraient aussi se fonder sur des ingrédients favorisant l’aptitude à un jugement professionnel efficace et efficient en permettant de ce fait que les compétences acquises à cet égard puissent être testées.

Selon GIBBINS et MASON, il convient d’attribuer une part réduite aux enseignements portant essentiellement sur des sujets techniques, en faveur de programmes conçus pour élargir les facultés de jugement de l’étudiant en l’exposant à une formation générale susceptible de stimuler la réflexion, le raisonnement, l’analyse et ce grâce au développement de la connaissance et l’encouragement de la pensée critique (King et Kitchener, 1984).

D’autre part, pour ce qui est de la formation comptable dispensée actuellement dans l’Université Tunisienne et compte tenu semble-t-il de certaines insuffisances quantitatives et qualitatives dont souffre une telle formation dans ses trois cycles d’enseignement et de recherche et afin de favoriser une bonne formation au jugement professionnel qui exige une culture d’une pensée critique réfléchie et un développement cognitif ouvert, multidimensionnel et polyvalent, nous pouvons suggérer une restructuration de la formation comptable en l’occurrence celle qui prépare au Certificat d’Etudes Supérieures de Révision Comptable selon le modèle suivant :

Etablir la formation sur deux années universitaires avec des modules plus au moins nombreux selon la disponibilité des formateurs et avec deux composantes : régionale et nationale comme suit :

  • Des modules locaux avec des examens au niveau de chaque institution qui dispense des formations en Comptabilité, en Fiscalité et en Gestion Intégrée
  • Des modules nationaux de synthèse qui seront passés après l’obtention des modules locaux.

Une telle formation institutionnelle ou locale et nationale doit veiller sur :

  • Une standardisation des programmes des modules de Comptabilité, de Gestion et de Fiscalité où les enseignements analytiques et techniques doivent se référer aux approches théoriques et aux normes pratiques nationales et internationales favorisant non pas seulement la dominante mémoire mais surtout celle relative à la compétence basée sur l’Intelligence, l’habileté et l’ouverture d’esprit.
  • Une bonne qualité de formation des étudiants dans tous les modules, ce qui suppose la révision du contenu des différents modules dispensés afin d’introduire un certain équilibre dans leur volume d’enseignement.
  • Une sélection des candidats dans les institutions locales. En effet, la réussite aux examens locaux est souvent conditionnée par une aptitude d’avoir une bonne formation en Comptabilité, en Fiscalité et en Gestion, ce qui rend la sélection des meilleurs candidats dès la première année très importante.
    1. Instaurer un programme d’évaluation de la formation universitaire pour tester et savoir si cette formation en comptabilité prépare les futurs candidats à l’exercice du jugement au niveau professionnel requis ; plus exactement, il y a lieu ici de replacer l’examen concerné dans son cadre professionnel relié à certaines composantes analytiques.
    2. Promouvoir un système d’évaluation des examens constituant l’ossature du Certificat d’Etudes Supérieures de Révision Comptable et ce par la formation d’un jury indépendant de celui qui pose les examens afin de nous permettre d’appréhender avec plus de neutralité si ces examens testent ou non les compétences attendues des candidats ou futurs experts-comptables dans leur carrière active.
    3. La publication d’un rapport annuel comportant les informations nécessaires suivantes :
      • La correction selon un barème officiel de toutes les épreuves posées notamment pour les modules écrits.
      • La stratégie adoptée par les examinateurs lors de l’établissement des examens pour les différentes sessions.
      • Une analyse détaillée renfermant la moyenne des notes obtenues, le type, l’objet et les pourcentages approximatifs des candidats qui ont répondu à chaque question interrogée.

Pour nous faire une idée sur le déroulement de tels examens dans d’autres pays assez avancés en la matière, nous pouvons évoquer l’exemple référentiel et intéressant des ordres des comptables agrées du Canada et des Bermudes qui présente le rapport du jury d’Examen Final Uniforme (Annales de l’Examen Final Uniforme, CA, 2000).

Ce rapport comporte plusieurs éléments d’appréciation et de recommandations dont :

  1. Objectifs : Aider les autorités universitaires et professionnelles concernées à évaluer les résultats de l’Examen Final Uniforme en vue de leur approbation et la profession à améliorer son programme de formation et ses méthodes de sélection des candidats en vue de rehausser les résultats des derniers examens.
  2. Délimitation des responsabilités du jury d’examen par :
    • L’élaboration de l’examen en conformité avec la grille de compétences des candidats en vue de leur admission au sein de la profession comptable agrée.
    • Soumettre l’Examen et les barèmes des corrections aux ordres régionaux pour révision.
    • Corriger les réponses des candidats et recommander aux ordres de comptables agrées le résultat qu’il convient d’attribuer à chaque candidat.
    • Présenter annuellement aux ordres des comptables agrées un rapport portant sur la forme, le contenu et le délai de présentation qui conviennent.
    • L’Examen Final Uniforme doit présenter ainsi un niveau de difficulté qui permettra au jury de conclure que le candidat reçu a démontré qu’il possède les compétences et les connaissances que l’on attend de tout nouveau expert comptable agrée, comme le prévoit le programme adopté par les ordres des comptables agrées.
  3. Elaboration et structure de l’Examen Final Uniforme : Les responsables des examens tiennent en réserve un nombre suffisant de questions traitant l’ensemble des sujets des programmes qui doivent être conformes aux objectifs attendus des autorités universitaires et surtout professionnelles concernées.
  4. Nature des questions : l’Examen doit constituer un équilibre renfermant une question globale, des questions multidisciplinaires, des questions uni disciplinaires et des questions à choix multiples. Toutes ces questions posées sont nécessaires pour permettre d’évaluer la performance des candidats en ce qui a trait à leur aptitude à exercer la profession d’expert comptable, et qu’elles contribuent

toutes à la formation au bon jugement professionnel qui demeure l’un des objectifs fondamentaux du programme.

  1. Processus de correction : Le jury classe les candidats par ordre décroissant suivant le niveau, la compétence des candidats et selon les buts recherchés par le programme. L’attribution des points est fonction de l’importance qu’accorde le jury et qui est basée sur la perspicacité, la cohérence et la pertinence des résultats des candidats.

L’établissement de la note de passage est donc tributaire des attentes du jury qui tiennent à des minimums de capacité en matière d’application des connaissances, d’analyse, de résolution des problèmes ainsi que d’exercice du jugement et de communication.

  1. Détermination des résultats et des échecs : Vu les résultats positifs ou négatifs obtenus par chaque candidat selon les réponses établies par le jury, les correcteurs des examens, en se basant sur l’évaluation des copies, établissent la liste des candidats qui ont réussi et ceux qui ont échoué. Les candidats retenus doivent obtenir 60% de la note maximum réelle pour les questions à choix multiples et une note de passage décidée par les examinateurs pour les autres questions et afin de répondre aux attentes du jury relativement à ces questions.

Le jury établit la note de passage pour l’ensemble de l’examen. Cette étape comporte deux

volets :

    • Le premier consiste à comparer les résultats d’ensemble de toutes les questions de l’examen de l’année actuelle et les résultats correspondants des deux années précédentes et ce pour comparer les résultats réalisés en fonctions des attentes retenues.
    • Le second volet relatif aux cas canadien et qui peut intéresser l’examen Tunisien par analogie aux examens canadiens, consiste à évaluer si cette constatation comparative pouvait s’expliquer en tout ou en partie par un manque d’uniformité entre les examens ou dans le processus observé par le jury d’une année à l’autre. Ceci demande que nous tenons compte de toutes les informations pertinentes et disponibles surtout :
      1. Les attentes du jury à l’égard de chaque question
      2. Le niveau de difficulté et la pertinence de chaque question
      3. La façon dont les barèmes de corrections sont établis et appliqués.
      4. Les commentaires des correcteurs portant sur les difficultés auxquelles la correction a donné lieu et sur les contraintes de temps imposées aux candidats.
      5. Les ambiguïtés relevées dans l’énoncé des questions et les problèmes de clarification de certaines parties des interrogations posées.

Une telle démarche fortement attendue par les candidats, l’ordre des experts comptables, les formateurs et les autorités concernées nous renseigne sur la qualité de l’examen, la performance des candidats et la réalisation des buts du programme pour l’obtention du Certificat d’Etudes Supérieures de Révision Comptable.

a) Présentation des résultats et recommandations : Le jury communique aux intéressés les informations suivantes par candidat qui comprennent : la note normalisée, le rang décile pour chacun des modules passés pour celui qui a réussi ; pour les candidats qui ont échoué, le rang décile de (1) à

(n) en ordre décroissant, pour chaque section de la question globale et pour chacune des questions unidisciplinaires et multidisciplinaires tout en présentant des recommandations quant à la préparation des prochains examens.


Questions Fréquemment Posées

Comment améliorer la formation au jugement professionnel en comptabilité ?

Pour améliorer la formation au jugement professionnel, il est essentiel de mieux préparer les futurs professionnels à l’exercice du jugement, en intégrant des techniques d’exercice du jugement et en favorisant une pensée critique.

Pourquoi le jugement professionnel est-il important dans l’enseignement de la comptabilité ?

Le jugement professionnel est important car il influence le partage et le développement des connaissances, et il est nécessaire pour choisir des solutions réfléchies au-delà de l’apprentissage mécanique.

Quels sont les éléments clés pour favoriser un bon jugement professionnel ?

Les éléments clés pour favoriser un bon jugement professionnel incluent le développement de compétences analytiques, la réflexion critique, et l’exposition à une formation générale qui stimule le raisonnement et l’analyse.

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