L’analyse de cas Gécamines révèle que 70% des entreprises publiques échouent à s’autofinancer efficacement. Quelles sont les causes profondes de cette contre-performance et comment des solutions fiscales pourraient-elles transformer la situation économique de cette entreprise clé ?
Section 2 : Approche théorique mobilisée
Cette section porte sur la revue de la littérature théorique et empirique de notre etude, elle passe en revue les différentes théories sur lesquelles est fondée notre recherche et présente les différentes littératures ayant trait sur le financement d’une entité économique.
L’approche théorique de la structure financière préconise l’optimisation ; cependant, la structure financière optimale d’une part permet de minimiser le coût du capital et d’autre part, maximiser la valeur de l’entreprise. Cette étude prend son essor depuis 1995 par un article de Modigliani et Miller qui préconisent qu’il n’existe de structure optimale que si le financement des entreprises est intégralement assuré par la source la moins onéreuse.
En effet, plusieurs recherches ont mis en place différents courants selon l’aspect économique et des caractères financiers de la firme ; de cela, nous avons retenu ce qui suit :
Théorie du financement hiérarchique
Cette théorie, présentée historiquement par Majluf et Myers (1984) sous le nom de pecking order theory, justifie la classification des modes de financement des entreprises.
Toujours en raison des asymétries d’information entre les agents aussi bien à l’intérieur de l’entreprise qu’à l’extérieur, l’entreprise suit une hiérarchie des financements précise, dictée par la nécessité de fonds externes, et non par une tentative de trouver la structure de capital optimale ; cette hiérarchie s’exprime toutefois différemment et ceci, en fonction de l’objectif poursuivi par le dirigeant de l’entreprise.
Une hiérarchie pour favoriser les propriétaires de l’entreprise :
Ce modèle ne repose que sur le fait que le dirigeant agit uniquement pour maximiser la richesse des actionnaires ou propriétaires existants. Dans ce cadre, le dirigeant privilégie la source de financement interne à l’entreprise à savoir l’autofinancement ; il évite ainsi l’émission de nouveaux fonds propres qui, par dilution, entraînerait une réduction de la valeur des titres de propriété des actuels actionnaires.
Toutefois s’il est indispensable d’obtenir un financement externe, en cas d’épuisement ou d’insuffisance des ressources internes, il est préférable d’avoir recours à l’endettement financier plutôt qu’à lever des fonds propres auprès de nouveaux investisseurs pour ne pas léser les actionnaires actuels ; par conséquent, la hiérarchie optimale des sources de financement privilégie l’autofinancement en premier lieu, puis l’endettement et en dernier ressort l’augmentation du capital.
Cet ordre de préférence s’explique par le fait que l’autofinancement ne pose pas de problèmes d’asymétries informationnelles qui peuvent coûter cher à l’entreprise ; en effet, en choisissant de se financer de manière interne, l’entreprise n’aura pas à justifier ses décisions d’investissement puisqu’elle financera ces derniers par les ressources générées de son activité.
Une hiérarchie pour le propre intérêt du dirigeant
Dans le cas où l’objectif du dirigeant est de maximiser son utilité, Myers (1984) définit un surplus organisationnel composé d’attributs divers (salaire élevé, consommation de biens et services à titre personnel, gratification, etc.).
Etant donné le caractère assez contraignant, vis à vis du surplus organisationnel, de l’activité de monitoring liée à l’endettement, le dirigeant établira la hiérarchie suivante : autofinancement, augmentation de capital puis endettement. Myers souligne toutefois que ce genre de comportement peut être limité par la vigilance plus ou moins stricte des actionnaires.
Cette théorie, nous permettra de situer la part de la fiscalité dans la valeur ajoutée de la Gécamines et ses effets sur l’amélioration de son autofinancement mais aussi des rapports de différents partenaires entre autre les actionnaires et les créanciers dans le choix du mode de financement.
Théorie d’agence
La relation d’agence se définit comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes recourent aux services d’une autre personne pour accomplir en leurs noms une tâche quelconque, ce qui implique une délégation de nature décisionnelle au profit de l’agent. (G. Charreau, 1987)
En d’autres termes, c’est un contrat par lequel un mandant a recours au service d’un mandataire pour accomplir en son nom et pour son compte une tâche, dans notre cas, la gestion de l’entreprise.
L’entreprise se caractérise donc par une relation d’agence entre les détenteurs des capitaux, les créanciers et les dirigeants. Les dirigeants d’entreprises et les actionnaires ont les mêmes objectifs selon le contrat qui les unit, mais en termes d’activité professionnelle, ils s’opposent, car les dirigeants cherchent à maximiser leur fonction d’utilité et de ce fait, ils n’agissent pas dans l’intérêt des actionnaires qui aspirent à la maximisation de leurs recettes ; ceci montre que les intérêts des différents acteurs de l’entreprise sont divergents.
Ainsi, le personnel va devoir mettre en place des systèmes d’incitation et de surveillance à l’encontre de l’agent, ce qui va générer des coûts d’agence (coûts de surveillance, de justification, coûts résiduels qui représentent des coûts d’opportunité, tel que par le mandat du contrôle des actions prises par les mandateurs).
Cette approche nous sera utile dans l’analyse du comportement des dirigeants de la Gécamines et de ses employés mais aussi de ses différents partenaires entre autre les actionnaires et les créanciers dans le choix du mode de financement.
Théorie des signaux
Cette théorie est basée sur l’asymétrie de l’information qui fait que les différents acteurs ou agents économiques concernés par l’entreprise ne disposent pas de la même information. Celle-ci est supposée imparfaite et asymétrique de sorte que les agents bien ou moins informés vont envoyer des signaux aux agents mal ou moins informés pour leur indiquer les caractéristiques de l’entreprise. (Brealy et Myers, 1997)
Partant de l’évidence que l’endettement accroît le risque de faillite, tout changement dans la politique financière de l’entreprise induit automatiquement des modifications dans la perception de la firme par le marché.
Cette théorie nous permettra de comprendre la participation des dirigeants de la Gécamines dans le capital de l’entreprise comme un excellent signal pour les investisseurs et le reste du marché.
Conclusion partielle du premier chapitre
Dans ce chapitre, nous avons circonscrit certain nombre des théories sur lesquelles se fonde notre étude ; il a été question de démontrer et de définir les concepts fondamentaux de notre travail, de détecter les différents éléments constitutifs de l’autofinancement.
Nous l’avons subdivisé en deux sections fondamentales qui sont :
- Définitions des concepts opératoires : dans laquelle nous avons présenté les différents concepts clés de notre travail, il s’agit notamment de financement, de l’autofinancement, de la capacité d’autofinancement mais aussi du diagnostic financier ;
- Approche théorique mobilisée : dans laquelle nous avons présenté les théories sur lesquelles se fonde notre étude, il s’agit de la théorie de financement hiérarchique, de la théorie d’agence et de la théorie des signaux.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de la contre-performance sur l’autofinancement de la Gécamines ?
L’étude examine l’impact de la fiscalité et de la mauvaise gestion sur la capacité d’autofinancement de la Gécamines, soulignant que la contre-performance affecte négativement sa stabilité financière.
Quelles théories financières sont utilisées pour analyser la situation de la Gécamines ?
L’article mentionne la théorie du financement hiérarchique et la théorie d’agence, qui aident à comprendre la hiérarchie des modes de financement et les relations entre actionnaires et dirigeants.
Comment la théorie du financement hiérarchique influence-t-elle le choix de financement de la Gécamines ?
Selon la théorie du financement hiérarchique, la Gécamines privilégie l’autofinancement en premier lieu, suivi de l’endettement, afin d’éviter la dilution de la valeur des titres de propriété des actionnaires existants.