Les réformes éducatives en Côte d’Ivoire révèlent une réalité surprenante : malgré une décennie de crise, des facteurs tels que le nombre d’enseignantes et la répartition géographique influencent significativement la performance scolaire des filles. Cette étude met en lumière des leviers essentiels pour améliorer l’éducation féminine.
Les réformes dans le système éducatif ivoirien10
Après plus de 10 ans de crise multiforme, beaucoup ont parlé d’une génération sacrifiée. En effet, le système éducatif ivoirien n’a pas fonctionné à plein régime entre la fin des années 1990 et 2011. Dans plusieurs régions, l’insécurité empêchait simplement les enfants de fréquenter l’école. Les revendications politiques et sociales, notamment dans l’enseignement tertiaire, s’étaient traduites par plusieurs années presque entièrement blanches. Bref, si la Côte d’Ivoire avait longtemps été considérée comme un des fleurons éducatifs de l’Afrique de l’Ouest, la situation avait bien changé à la fin des années 2000.
Depuis 2011, le gouvernement ivoirien a produit beaucoup d’efforts pour renverser cette situation. D’abord, il a affecté des ressources budgétaires additionnelles au secteur de l’éducation puisque le budget a loué à ce secteur (en valeur constante) a augmenté de 7,5 % par an depuis 2010, soit plus de trois fois plus vite que la croissance observée pendant la période 2000-05. Cet effort budgétaire a servi à financer la construction de nouvelles salles de classes (9291 classes pour le primaire et 3500 pour le secondaire) et l’embauche de nombreux enseignants (19995 et 6167 pour le primaire et le secondaire respectivement).
En 2015, l’Etat ivoirien consacrait environ 1/4 de son budget ou presque 5 % de son PIB à l’éducation (Figure 1). Ce dernier taux se compare avantageusement avec la majorité des pays africains, même s’il n’est pas encore au niveau de ceux reportés par le Vietnam, par exemple. La comparaison est moins favorable lorsque les dépenses sont ajustées par le nombre d’élèves puisque le montant de dépenses par élève au niveau primaire était environ égal à 413 USD (PPP, valeur constante) en Côte d’Ivoire alors qu’il dépassait 900 dollars au Cap-Vert et atteignait 1200 Us dollars au Vietnam et à l’Ile Maurice. Si le gouvernement ivoirien dépense
comparativement beaucoup sur son secteur éducatif, cela correspond en partie à la structure démographique du pays avec une grande proportion de jeunes en âge de fréquenter l’école
Figure 1: La Côte d’Ivoire consacre une part importante de son PIB à l’éducation mais le niveau d’espérance de vie scolaire reste faible
[5_reformes-educatives-en-cote-ivoire-analyse-de-cas_1]
Source : Banque Mondiale
En plus des efforts financiers, l’Etat a entrepris la mise en œuvre de nombreuses réformes visant à améliorer les performances du système éducatif.
L’année 2015 a ainsi été marquée par la création du Comité Interministériel de Coordination du Secteur Education/Formation et de la cellule technique de coordination et de suivi des politiques et plans stratégiques du secteur éducation/formation (Task Force), qui doivent jouer un rôle important à travers la coordination sectorielle. Par ailleurs, le secteur s’est doté de capacités accrues d’évaluation de ses politiques et résultats, à travers le renforcement de l’Inspection Générale de l’Education Nationale, en consacrant de plus en plus de ressources aux activités
d’évaluation des apprentissages. Sur un plan plus directement lié à la qualité, le Ministère de l’Education Nationale met en œuvre la réforme des Centres d’Animation et de Formation Pédagogiques, à travers une amélioration des référentiels de formation, un renforcement de leur gouvernance.
Dans l’enseignement supérieur, la mise en place des contrats de performances est une innovation majeure. Conduite jusqu’au bout, e le peut avoir un impact positif et significatif pour l’employabilité des formés. La volonté des autorités publiques à améliorer le système éducatif s’est accompagné par l’essor des écoles privées. Ce les-ci ont proliféré en milieu urbain, en
raison de perspectives de rendement dans des marchés captifs et de croissance économique retrouvée.
E les ont aussi aidé à pa lier le déficit d’écoles publiques, notamment au niveau de l’enseignement secondaire, en recevant de nombreux élèves et en bénéficiant d’une part non– négligeable de subventions publiques. Les établissements privés accueillent environ 27% d’élèves inscrits dans les cycles primaires et secondaires. Leur poids est particulièrement important aux premiers et seconds cycles de l’enseignement secondaire où ils comptent pour 49 et 57 % des effectifs, encore plus pour les derniers cycles ainsi que pour l’éducation post- secondaire.
La convention 1992 stipules les standards, régulations et responsabilités des établissements privés. En moyenne, le secteur privé s’est montré plus performant que le secteur public en termes de réussite scolaire, même si des variations importantes sont notées suivant les établissements.
Pourtant, en dépit de ces efforts, le système éducatif et d’apprentissage ivoirien restait sous- performant sur de nombreux aspects en 2015. L’espérance de vie scolaire (ajustée par le taux de redoublement) atteignait en moyenne 7,7 ans sur l’ensemble des niveaux d’enseignement, alors qu’e le était égale à 9,7 années en Afrique et 12 ans dans les pays à revenu intermédiaire. Le niveau global de scolarisation des jeunes en Côte d’Ivoire est donc sensiblement inférieur à ce qui est atteint dans les autres pays de la région, étant encore plus éloigné de la référence des pays à revenus intermédiaire.
________________________
10 Le défi des compétences, pourquoi la Cote d’Ivoire doit reformer son système éducatif Quatrième Edition/ Groupe de la Banque Mondiale/janvier 2017 ↑
Questions Fréquemment Posées
Comment les réformes éducatives en Côte d’Ivoire affectent-elles la performance scolaire des filles ?
Les réformes éducatives en Côte d’Ivoire, telles que l’augmentation des ressources budgétaires et la création de nouvelles salles de classes, ont un impact positif sur la performance scolaire des filles.
Quel est le budget consacré par l’État ivoirien à l’éducation ?
En 2015, l’État ivoirien consacrait environ 1/4 de son budget ou presque 5 % de son PIB à l’éducation.
Quelles mesures ont été prises pour améliorer le système éducatif en Côte d’Ivoire ?
Des mesures telles que la création du Comité Interministériel de Coordination du Secteur Education/Formation et le renforcement de l’Inspection Générale de l’Education Nationale ont été mises en place pour améliorer le système éducatif.