L’élimination du trachome au Cameroun est un défi majeur, avec une augmentation alarmante des cas dans des zones de conflit comme Kolofata. Cette recherche innovante propose des stratégies clés pour surmonter les obstacles et redéfinir l’approche de santé publique face à cette menace persistante.
CHAPITRE 1 : LE TRACHOME, UNE MALADIE TROPICALE NÉGLIGÉE
- CONTEXTE DE LA MALADIE
Le trachome est l’une des principales causes de cécité évitable dans le monde. Il fait partie du groupe des Maladies dites Tropicales Négligées (MTN) qui concerne près d’un milliard de personnes dans le monde. La caractéristique de ces maladies est de toucher les populations pauvres d’une part et d’autre part d’être négligées par les responsables politiques, les chercheurs et la communauté internationale.
Le trachome est une affection oculaire contagieuse. Les symptômes commencent par une légère démangeaison et une irritation des yeux et des paupières. Ils peuvent évoluer jusqu’à entrainer une vision floue et des douleurs oculaires. Les antibiotiques permettent le traitement à un stade prématuré de la maladie. À un niveau plus avancé, une intervention chirurgicale est nécessaire. L’accès à l’eau propre et la présence des conditions sanitaires adéquates sont essentiels pour prévenir la maladie.
L’infection débute souvent durant l’enfance, et devient chronique par la suite, notamment en cas d’infestations multiples, et si aucune action médicale et des mesures d’amélioration de l’hygiène individuelle et collective ne sont pas entreprises. Le trachome provoque à la longue un retournement de la paupière vers l’intérieur et les cils viennent frotter sur le globe oculaire, causant des ulcérations au niveau de la surface de l’œil et finalement des cicatrices.
Ces cicatrices entrainent une cécité irréversible, généralement à un âge compris entre 30 et 40 ans. On retrouve ainsi des adultes qui rendus à la fleur de l’âge sont dorénavant réduits à leur plus simple expression et incapables de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
D’après les estimations de l’OMS, le trachome constitue la première cause de cécité d’origine infectieuse. La cécité due au trachome est évitable, mais une fois installée elle devient définitive. L’accent doit donc être mis sur sa prévention. Le diagnostic précoce des cas, associé à un traitement approprié empêchent l’évolution vers les stades irréversibles.
Grâce à la stratégie CHANCE, l’OMS et ses partenaires visaient l’élimination du trachome comme cause de cécité dans le monde d’ici 2020. GET2020 représente un élément d’une stratégie beaucoup plus large connue sous le nom de «Vision 2020 : le droit à la vue », qui avait pour objectif l’élimination de toute forme de cécité évitable en 2020.
Aspects cliniques et épidémiologiques du trachome
Dans les zones où le trachome est endémique, la forme évolutive de la maladie est fréquente chez les enfants d’âge préscolaire, avec des taux de prévalence qui peuvent atteindre 60 à 90%. L’infection est moins répandue à mesure que l’âge augmente.
La maladie est généralement contractée lors d’une proximité étroite avec une personne souffrant de la forme évolutive, et la famille est le principal environnement de la transmission. Le système immunitaire peut vaincre un épisode infectieux isolé, mais dans les communautés d’endémie, les sujets se réinfectent fréquemment.
Après des années d’infections répétées, l’intérieur de la paupière peut se couvrir de tissus cicatriciels (cicatrices conjonctivales) au point que son bord se retourne vers l’intérieur et que les cils frottent contre la cornée (trichiasis), ce qui provoque une douleur constante et une intolérance à la lumière. Ces altérations oculaires peuvent provoquer l’apparition de cicatrices sur la cornée.
Faute de traitement, cette affection conduit à la formation d’opacités irréversibles puis à l’apparition de déficiences visuelles et de la cécité ; ceci se situe généralement dans l’intervalle d’âges compris entre 30 et 40 ans.
Il existe 5 stades cliniques d’évolution du trachome selon la classification simplifiée de l’OMS :
- Stade 1 : inflammation trachomateuse folliculaire (TF). Présence d’au moins 5 follicules sur la conjonctive de la paupière supérieure (conjonctive tarsale). Les follicules sont des protubérances blanches, grises ou jaunes, plus pâles que la conjonctive voisine.
- Stade 2 : inflammation trachomateuse intense (TI). La conjonctive de la paupière supérieure est rouge, rugueuse, épaissie. Les vaisseaux sanguins, habituellement visibles, sont masqués par une infiltration inflammatoire diffuse ou par des follicules.
- Stade 3 : cicatrice trachomateuse (TS). Les follicules disparaissent progressivement, laissant place à des cicatrices : lignes, bandes ou plages blanches sur la conjonctive de la paupière supérieure.
- Stade 4 : trichiasis trachomateux (TT). Les cicatrices multiples entraînent une rétraction de la paupière (entropion) ; les cils dévient vers l’intérieur de l’œil, frottent contre la cornée, provoquent des ulcérations et une inflammation chronique.
- Stade 5 : opacité cornéenne (CO). La cornée devient progressivement opaque, entrainant une baisse de l’acuité visuelle ou une cécité.
L’âge auquel ces problèmes surviennent dépend de plusieurs facteurs dont l’intensité de la transmission locale. Dans les communautés de forte endémie, ils peuvent apparaître dès l’enfance, mais leur développement entre 30 et 40 ans est plus typique.
Ces déficiences visuelles (y compris la cécité) aggravent les difficultés des individus et de leur famille, qui figurent déjà parmi les plus pauvres. Les femmes sont jusqu’à 4 fois plus touchées que les hommes, probablement parce qu’elles sont davantage en contact avec les enfants infectés.
Les facteurs de risques environnementaux qui ont une incidence sur la transmission de la maladie sont le manque d’hygiène, le surpeuplement des habitations et la promiscuité, le manque d’eau, le manque de latrines et de moyens d’assainissement.
Le trachome est endémique dans un grand nombre des régions parmi les plus pauvres et les plus rurales de 41 pays d’Afrique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Australie et du Moyen-Orient. Il est responsable de déficiences visuelles et de cécité chez près de 2 millions de personnes. Cela représente près de 1,4% de la totalité des cas de cécité dans le monde.
Dans l’ensemble, l’Afrique reste le continent le plus touché et celui où les efforts de lutte sont les plus intensifs. En 2016, dans les 26 pays de la région africaine de l’OMS où l’on sait que le trachome est un problème de santé publique, plus de 247.000 cas de trichiasis ont été opérés. Ce qui signifie que 95 % des interventions dans le monde ont eu lieu dans cette région.
En outre, 83 millions de personnes ont été traitées par antibiotique en 2016, ce qui représente 97 % du total mondial des cas de trachome traités.
Au 1er juillet 2017, 10 pays (Cambodge, Chine, Ghana, Maroc, Mexique, Myanmar, Oman, République d’Iran, République démocratique populaire du Laos et Viet Nam), avaient déclaré avoir atteint les objectifs de l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique, ce qui représente une étape majeure dans la campagne menée pour éliminer cette maladie.
L’élimination du trachome en tant que problème de santé publique se définit comme suit : la prévalence du TT inférieure à 0,2% des adultes âgés de plus de 15 ans (soit moins de 2 cas pour 1.000 habitants), et la prévalence de l’infection trachomateuse folliculaire inférieure à 5% chez les enfants âgés de 1 à 9 ans.
L’élimination du trachome comme problème de santé publique dans un pays est la résultante de la soumission et de la validation d’un dossier d’élimination auprès des instances de l’OMS. Le dossier d’élimination du trachome est un ensemble de document qui renseigne sur les progrès accomplis par le pays vers l’atteinte des cibles d’élimination de la maladie. Le dossier doit comporter les informations requises dans le modèle établi par l’OMS.
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que le trachome et pourquoi est-il un problème de santé publique au Cameroun ?
Le trachome est l’une des principales causes de cécité évitable dans le monde, touchant principalement les populations pauvres et négligées. Il est contagieux et peut entraîner des douleurs oculaires, une vision floue et, à long terme, une cécité irréversible.
Quels sont les principaux défis à l’élimination du trachome dans le district de Kolofata ?
Les défis incluent l’apparition de nouveaux cas, un nouveau foyer dans le camp de déplacés de Mora, et le retard dans l’agenda d’élimination.
Quelles stratégies sont proposées pour l’élimination du trachome au Cameroun ?
Les décisions stratégiques incluent la cartographie, la planification des activités de traitement de masse et l’actualisation de l’agenda d’élimination.