Les défis d’assainissement à Louga révèlent une crise urbaine alarmante, exacerbée par une croissance rapide et désordonnée. Cette étude met en lumière les impacts socio-environnementaux de cette situation, tout en proposant des solutions innovantes pour améliorer la gestion urbaine dans cette ville sénégalaise en pleine mutation.
2.3.2.2. Les problèmes d’assainissement
La situation des quartiers spontanés en termes de problèmes d’assainissement demeure préoccupante. En effet, aux alentours des anciens quartiers (Keur Serigne Louga, Artillerie, etc.), sont nés de nouveaux quartiers qui se développent très rapidement sans système d’assainissement individuel ou collectif. L’ampleur de la croissance urbaine et de l’extension spatiale très rapide de la ville n’ont pas permis à la municipalité de mettre à la disposition de l’ensemble des quartiers périphériques les équipements nécessaires pour répondre de manière adéquate aux besoins des habitants et assainir le cadre de vie.
L’extension spatiale implique l’allongement des réseaux d’égouts jusqu’à l’exutoire final et donc plus de moyens financiers. Ainsi, les zones d’extension périphérique sont dépourvues d’un réseau d’assainissement pour la collecte et l’épuration des eaux usées.
L’assainissement dans la ville de Louga représente alors un défi auquel sont confrontées les autorités municipales responsables de la gestion urbaine.
Malgré les efforts de la municipalité, dans ces quartiers les moyens financiers au niveau des ménages font défaut ; ce qui rend difficile le raccordement des ménages au réseau ou même de se doter d’un puisard.
Figure10 : ménages branchés dans le reseau d’assainissement
[16_defis-assainissement-a-louga-analyse-de-cas_25]
Source: Hane M, 2019
42
58
Oui Non
Source : Hane M, 2019
Dans notre zone d’étude qui concerne la commune de Louga, 58 % des ménages interrogés sont branchés au réseau d’assainissement. Cependant ce chiffre est à relativiser car ce sont les quartiers centraux qui l’ont influencé au détriment des espaces périphériques dont le rêve de certains est d’avoir au minimum des fosses septiques. Pourtant en raison des impacts sanitaires de l’absence d’assainissement, plusieurs ménages veulent en disposer.
Figure11 : les ménages qui acceptent de payer pour un eventuel branchement
[16_defis-assainissement-a-louga-analyse-de-cas_26]
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Oui
Non
Source : Hane M, 2019
Le cout élevé des branchements au réseau d’assainissement qui est proportionnel à la distance de la source du branchement n’empêche pas les ménages vivant en périphérie de vouloir en disposer et de payer en conséquence le montant demandé. Ainsi, 83 % des ménages non branchés acceptent de payer contre 17 % d’entre eux pour qui en raison de la cherté du prix des raccordements et de la situation économique difficile ne peuvent pas se le permettre.
Ces populations, qui sont pour la plupart issue de couches sociales très modestes, ont largement besoin d’aide pour être branchées. En effet, plusieurs ménages situés à la périphérie, ne disposent pas de système d’assainissement individuel. Ainsi, la construction de latrines publiques pourrait contribuer à atténuer la situation et permettre de meilleures conditions d’hygiène dans ces quartiers.
La résolution des problèmes d’assainissement est liée au lotissement rapide de ces nouveaux quartiers avec des concessions souvent non viabilisées. En effet, cette procédure d’affectation des parcelles à Louga contraste avec la notion de lotissement en aménagement urbain qui ne se résume plus à une simple division de l’espace à un lot de terrains et à l’affectation des droits à construire, mais un projet de lotissement durable doit prendre en compte les préoccupations d’ordre environnemental et sanitaire pour un habitat durable.
2.3. 3. L’éclairage public
Dans la ville de Louga, c’est la mairie qui gère l’extension du réseau électrique qui est alimenté par la centrale de Cap des Biches en effectuant un transfert d’énergie.
Dans cette ville, nous avons deux types de réseaux : le réseau standard vétuste qui s’étend sur 53 km alors que le réseau moderne sur 12 km. Face au problème d’extension du réseau la BAD avait financé en 1994 le projet d’extension pour électrifier les quartiers Keur Serigne Louga Est et Montagne Nord.
Par contre, l’extension urbaine qui s’est accentuée ces dernières décennies a rendu difficile l’accès à l’électricité pour ces ménages qui sont installés à la périphérie.
Figure12 : sources d’approvisionnement en energie des ménages
[16_defis-assainissement-a-louga-analyse-de-cas_27]
3,14 4,4
5,03
10,06
77,35
Electricité
Groupe électrogène
Solaire
Bois de chauffe Autres
Source : Hane M, 2019
Plus de 77% de la population interrogée utilise de l’électricité. Mais en raison de la difficile extension du réseau électrique qui ne peut suivre le rythme de l’extension spatiale et le pouvoir d’achat limité de certains ménages, le reste se contente du solaire, du bois de chauffe et des autres moyens d’éclairage comme les ampoules, les bougies etc. il faut aussi noter que les groupes électrogènes alimentent généralement les ménages aisés en cas de coupure d’électricité et les grands bâtiments.
Ainsi, malgré la volonté des émigrés de disposer de l’électricité dans leur nouvelle maison, l’extension pose problème car la mairie ne dispose pas toujours les moyens pour financer ces opérations qui au finish ne restent que des promesses électorales.
En outre, les quartiers situés dans le centre urbain de la ville bénéficient d’un meilleur éclairage que les quartiers périphériques dont certaines zones ne sont pas encore desservies.
Figure13 : niveau d’eclairage des quartiers
[16_defis-assainissement-a-louga-analyse-de-cas_28]Excellent
Bon Moyen Mauvais
0 10 20 30 40 50
Mauvais | Moyen | Bon | Excellent | |
% cit. | 8,66 | 42 | 36,66 | 12,66 |
Source : Hane M, 2019
L’appréciation de la qualité de l’éclairage public est très différente entre les habitants et surtout entre les quartiers. Le niveau est moyen pour la majorité même si 36.66 % des enquêtées l’estime bon dans leur quartier. Il est jugé mauvais surtout dans les quartiers périphériques plus particulièrement dans les « Faak Deuk ». Pour améliorer l’éclairage, les populations essayent d’apporter leur solution à l’image du délégué de quartier de Keur Serigne Bara qui affirme :« j’utilise mes propres moyens pour changer les lampes en panne si les autorités responsables tardent à le faire » et des émigrés qui cotisent pour étendre le réseau électrique dans leur maison.
Face au défi sécuritaire que pose les problèmes d’éclairage public dans ces quartiers, il incombe aux autorités de chercher les moyens afin d’assurer l’entretien et l’extension du réseau électrique.
2.3.4. Alimentation en eau potable
En raison de la profondeur de la nappe dans la ville de Louga, la SDE assure l’approvisionnement en eau potable.
Les forages de Dagath (175m3 /h) et Nieme Ciss (165 m 3 /h) qui se trouvent à 2 kilomètres de la limite Ouest de la commune de Louga fournissent aux habitants de la ville de l’eau potable avec un débit suffisant même si un appoint peut être fourni par le lac de Guiers en cas de nécessités ponctuelles.
Le réseau d’adduction d’eau est relativement étendu dans la commune (207 km) et très dense à l’exception de certains secteurs d’extension et particulièrement dans les quartiers spontanés.
Figure 14 : sources d’approvisionnement en eau potable
[16_defis-assainissement-a-louga-analyse-de-cas_29]
80
60
40
% cit.
20
0
Robinet
Puit
Borne fontaine
Autres
Source : Hane M, 2019
La question de l’approvisionnement en eau se pose avec acuité particulièrement dans les zones d’extension périphérique où la densification du réseau d’eau potable n’est pas encore effective. Environ 73 % des ménages utilisent le robinet mais la part importante des bornes fontaines ou « robinet mbeed » (17.76 %) en wolof est inquiétante et ceci notamment dans les nouveaux quartiers. En effet, le réseau d’adduction d’eau potable ne couvre pas toute la ville. De très fortes disparités existent entre les quartiers anciens ou du centre et les quartiers périphériques mal lotis où l’approvisionnement en eau potable constitue un vrai casse-tête. Dans ces quartiers, on constate qu’un nombre important de ménages utilisent les bornes fontaines en raison de la situation économique des habitants.
En outre parmi les personnes interrogées, certaines affirment qu’elles se lèvent à 3 h du matin pour remplir les barriques d’eau car c’est à cette heure que la pression augmente. Cette situation est le résultat de l’extension spatiale de la ville qui n’est pas suivie par une planification efficace.
Il est aussi important de relever certains problèmes liés à l’accès à l’eau potable comme la cherté des prix de l’eau qui ne permet pas à certains ménages d’en disposer et qui préfère s’approvisionner dans les bornes fontaines, la baisse tendancielle de la nappe des différents forages qui n’est pas rechargée de façon régulière et suffisante par la pluviométrie et la construction de fosses septiques près des conduites d’eau qui peut entraîner la contamination d’une partie du réseau et la population desservie.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux défis d’assainissement à Louga ?
La situation des quartiers spontanés en termes de problèmes d’assainissement demeure préoccupante, avec des nouveaux quartiers qui se développent rapidement sans système d’assainissement individuel ou collectif.
Quel pourcentage de ménages est branché au réseau d’assainissement à Louga ?
Dans la commune de Louga, 58 % des ménages interrogés sont branchés au réseau d’assainissement, mais ce chiffre est influencé par les quartiers centraux.
Comment les ménages non branchés au réseau d’assainissement à Louga réagissent-ils face aux coûts de raccordement ?
83 % des ménages non branchés acceptent de payer pour un éventuel branchement, mais 17 % d’entre eux ne peuvent pas se le permettre en raison de la cherté des raccordements et de leur situation économique difficile.