Comment l’innovation technologique redéfinit-elle la ville de Louga ?

L’innovation technologique urbaine transforme radicalement la gestion des villes, comme le montre l’étude de Louga. En révélant les défis d’une urbanisation rapide, cette recherche propose des solutions concrètes pour une gestion plus efficace et durable des espaces urbains sénégalais.

Chapitre 2 : Le cadre humain

Evolution de la population

L’augmentation de la population de la ville remonte en 1905, date de son érection en Commune mixte. Depuis lors, elle n’a cessé de croitre et s’est accentué dans les années 70 avec les épisodes de sècheresse. En effet, la sécheresse généralisée entraina dans la ville un accroissement massif de la population qui atteignit 33579 en 1976 soit un taux d’accroissement urbain de 4,7% très largement supérieur à la moyenne nationale qui était de 2,7%.

Figure1 : Evolution de la population de la ville de Louga de 1976 à 2015

1976 1988 2002 2006 2008 2010 2013 2015

0

20000

40000 33579

Effectifs

53429

60000

75646

80000

88273

84654

81138

100000

98102

103431

120000

Source : ANSD Louga, 2007 et RGPHAE 2013

La ville de Louga est caractérisée par l’évolution croissante de sa population qui ne cesse de croître. Ainsi elle suit une croissance « exponentielle » depuis les années 70. Faisant face à un exode rural massif dû à la dégradation des conditions climatiques et un fort excédent naturel, la population de la ville passe de 53429 en 1988 à 81138 en 2006.

En outre, lors du troisième recensement général de la population et de l’habitat de 2002, la commune de Louga comptait 75646 habitants. Le recensement de 2013 fixe la population de la ville à 98 102 habitants. Le service régional de l’agence nationale de la statistique et de la

démographie fait état d’une population de 103 431 habitants en 2015 avec un taux d’accroissement moyen annuel de 2,7 %.

Composition et structure de la population

La structure par âge repose sur une classification qui révèle trois catégories de personnes : les jeunes, les adultes et les personnes âgées.

D’âpres les données du dernier recensement général de la population et de l’habitat en 2013 la structure des âges de la commune reflète une jeunesse de sa population. Les personnes âgées de moins de 30 ans représentent 68.47 % et les moins de 15 ans 38.83% de la population totale tandis que les personnes de plus de 60 ans ne font que 8.53 % de la population de la ville.

En effet, la base très élargie et le sommet fortement rétréci de la pyramide des âges de la ville de Louga, est démonstratif de la jeunesse de sa population. Ce phénomène peut être expliqué par la forte natalité, la baisse de la mortalité infantile mais aussi par la faiblesse de l’espérance de vie qui est de 65 ans au Sénégal et à 66 ans dans la région de Louga.

Tableau N°2 : Répartition de la population de la commune de Louga par tranche d’âge

Source : ANSD/RGPH/2013

A l’image de beaucoup de pays dans le monde, la structure par sexe de la ville de Louga est marquée par une supériorité du nombre de femmes (53996 femmes). Ainsi, les chiffres du recensement de 2013 montrent que les hommes ne représentent que 48.25 % de la population lougatoise soit 50353 hbts. Ces chiffres sont en partie influencés par l’émigration qui touche particulièrement les hommes et qui sont par conséquent abscent au moment des enquêtes. Même si au niveau national, on compte aussi plus de femmes que d’hommes, l’écart est plus important

à Louga car la population du Sénégal est composée de 49,9% d’hommes et de 50,1% de femmes.

Figure 2 : Composition ethnique de la population de Louga

[7_innovation-technologique-urbaine-a-louga-etude-essentielle_2]

0,21

2,16

0,56

0,73

24,79

Wolof

Poular serere

71,55

maures

Diola

autres

Source : ANSD 2006

Dans la ville de Louga, les wolofs sont de loin l’ethnie majoritaire (71.55%) de la population suivis des peuls qui représente 24.79 %.

Les autres ethnies sont minoritaires et occupent de faibles pourcentages même si les maures arrivent en premier avec 2.16 %.

Louga, une ville d’émigration

L’analyse de l’extension spatiale de la ville de Louga suggère l’étude de l’émigration qui a beaucoup participé à la modification de la morphologie urbaine.

Dans les années 70, Louga était comme toutes les villes secondaires du Sénégal qu’on assimilait à des gros villages dont l’activité économique dépendait quasiment de l’agriculture. Malgré les quelques investissements de l’Etat central dans cette ville, pour réussir un développement

économique et spatial, Louga ne pouvait compter que sur « fils ». Ainsi, on note une nette augmentation des départs depuis ces années pour des raisons d’ordre économique, social, culturel même si la premiere fait la plus grande unanimité selon les spécialistes. Elles concernent en général les jeunes et les hommes, le pourcentage des femmes émigrées quant’ à elles restent faibles.

Ainsi, le phénomène migratoire s’est accentué dans les années 80 a provoqué un dynamisme économique dans la ville qui s’est traduit par l’augmentation des investissements aussi bien sur le foncier que sur les activités du tertiaire.

L’importance du nombre d’émigrants confère à la ville de son statut de foyer d’émigration. Selon les données de l’ANSD 2013, 4904 lougatois vivent en dehors du pays soit un taux de 4,7% de la population urbaine. Leur destination fut d’abord le continent africain avec des pays comme le Maroc, la Côte d’Ivoire et surtout la Mauritanie qui continuent de recevoir ces flux migratoire. Mais l’Europe demeure leur principale destination notamment la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne etc. Mais depuis la crise financière de 2008, beaucoup d’entre eux se sont tournés vers les pays de l’Amérique du sud comme le Brésil et l’Argentine.

Tableau 3: Les transferts d’argent des émigrés de Louga en 2013, 2014 et 2014 Source : Poste Louga

Le montant de ces transferts montre l’ampleur du phénomène. Il faut noter que le transfert via la poste ne représente qu’une partie de la somme totale envoyée par les émigrés à coté A des transferts informels : les passeurs, les amis etc. Ces migrations ont changé profondément l’espace urbain à travers un dynamisme économique et social remarquable.

En effet, elles ont permis aux émigrés d’acquérir des biens matériels (véhicules, matériels électroménagers), d’investir dans le commerce et dans l’immobilier. Sur le plan de l’occupation de l’espace, les émigrés ont révolutionné le secteur de l’habitat et de la construction. Le phénomène actuel d’extension spatiale rapide dont la ville fait face est en partie occasionné par l’émigration à travers les investissements sur le foncier.

Cependant, au moment où les lougatois quittaient la ville vers d’autres zones plus attractives sur le plan économique, on assistait à l’exode des villages environnants qui faisaient face à une dégradation pédologique et végétale très accentuée résultant de la sècheresse.

Les activités économiques de la ville

Témoins du dynamisme de la ville de Louga pendant ces dernières années, les activités économiques sont nombreuses et variées. Mais parmi celles-ci les plus dynamiques dans la ville sont le commerce, l’industrie, l’artisanat, le transport etc.

Le commerce

Contrairement à l’émigration où les femmes sont moins actives, le commerce dans la ville de Louga est un secteur qui embauche plusieurs femmes. Le commerce est la première activité dans la ville. Le dynamisme de ce secteur est expliqué en partie par les investissements des émigrés et la prépondérance de l’informel. Ce commerce est pratiqué dans les marchés (marché central et le petit marché), le long des axes de carrefour, dans les positions stratégiques des quartiers et le long de l’avenue de la gare ferroviaire qui est une sorte de prolongement des activités du marché communal, devant les maisons etc.

Ces dernières années, on la multiplication des quincailleries avec l’essor des matériaux de construction et des activités liées aux nouvelles technologies comme les cyber café, les services de bureautique, de transfert d’argent etc qui occupent une bonne partie des jeunes.

L’artisanat et l’industrie

Particulièrement touché par la faiblesse des investissements, le secteur de l’artisanat connait quelques difficultés. Mais les artisans font leur preuve dans les domaines de la menuiserie, la tapisserie, la confection de chaussures, d’objets d’art et d’instruments de musique, la poterie etc. Ils bénéficient de l’appui des émigrés qui investissent parfois dans ce domaine ou par l’envoi d’équipements.

Le secteur industriel par contre accuse un grand retard dans la ville. Ainsi, seules trois usines existent au niveau régional : : la société des produits industriels et agricoles (SPIA), la société des oléagineux du Sénégal (SONACOS) appelée aujourd’hui « SUNEOR » et la société des textiles de Kaolack (SOTEXKA) qui n’est plus fonctionnelle. Dans la commune on a l’industrie SPIA qui est hautement chimique et porteur de risques sanitaires pour la population. En ce moment où on parle de politique anti-migratoire dans le pays, la création d’unités industrielles performantes est le meilleur moyen pour fixer les jeunes lougatois dans leurs localités.

Les transports

Le transport dans la ville est assuré par des moyens variés : la marche à pied, les taxis, les minibus, les motos-taxis, les véhicules particuliers, les bicyclettes et les véhicules hippomobiles. Il est dominé dans la commune par le transport hippomobile (calèches et charrettes) qui assure l’essentiel des déplacements des populations. A la différence des calèches qui représentent un moyen de transport individuel qui desservent tous les quartiers, les charrettes correspondent à un moyen collectif qui transportent aussi des marchandises mais suivant des trajets bien précis. Les charrettes relient le centre-ville aux quartiers périphériques (Touba Seras, Artillerie, Médina garage, Guinaw rail, etc) qui sont parfois dépourvus de routes bitumées.

Les minibus sont quant à eux les derniers nés des moyens de transport à Louga. La ville compte 15 minibus tatas seulement. On note également une intensification du transport des taxis urbains qui restent renforcés depuis peu par les motos urbaines communément appelés Jakarta.

Mais l’insuffisance et l’état défectueux des routes associées à l’inexistence de transport en commun fiable caractérisent le système de transport qui peine à répondre aux besoins croissants de mobilité.

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