L’analyse de la politique monétaire RDC met en lumière les déterminants de l’efficacité des canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit. Les résultats révèlent un impact limité de ces mécanismes sur l’économie réelle, soulevant des interrogations sur l’efficacité des politiques monétaires dans ce pays.
ANALYSE DE LA POLITIQUE MONETAIRE EN RDC
Parmi les problèmes posés à la République démocratique du Congo aujourd‟hui, comme à tous les autres pays en développement, figure celui de réduire l‟écart qui sépare son niveau de vie de celui des pays développés. Pour y arriver, il faut inévitablement accroître les moyens internes et externes en vue de financer les investissements. L‟investissement en tant que créateur de revenu, est le principal moteur de l‟activité économique. Il suppose un arbitrage constant entre le temps présent et futur.
En effet, l‟histoire de la politique monétaire de la RDC depuis 1990 est jalonnée de plusieurs événements négatifs qui sont la cause d‟un désastre total: c‟est le cas des grèves régulières, de l‟insécurité généralisée et de la crise politique qui a brisé l‟essor des secteurs productifs. D‟où l‟émergence d‟un climat défavorable à la croissance et d‟une méfiance des partenaires économiques étrangers vis-à-vis du pays.
La fuite des capitaux redevient certaine dans un environnement de conflit, Le recul des investissements étant estimé à 13% en 1990(BCC, 2000). Les années 1990 inaugurent le début de la profonde dégradation de la situation économique et financière de la RDC avec un taux de croissance négatif de -4,3%, le revenu par tête d‟habitant étant tombé à 191$ avec une hyperinflation de nature déstabilisante à quatre chiffres, le déficit chronique des finances publiques couvert par des avances de la Banque Centrale laisse présager une monnaie congolaise sans valeur sur le marché de change, sans pouvoir d‟achat malgré les réformes monétaires multiples qu‟a connues notre pays. L‟effritement du pouvoir d‟achat ou mieux la dépréciation monétaire pour cause d‟accroissement des liquidités intérieures a inexorablement détérioré le signe monétaire congolais.
En bref, les années 1990 marquent le début de la confrontation de l‟économie congolaise aux déséquilibres, à l‟aggravation de l‟endettement, à la corruption sans précédent, et à la crise politique liée à la naissance brusque du courant de la démocratie et du multipartisme (FMI, 2004). Une gestion économique et budgétaire laxiste a caractérisé ce début de la période de transition et de la gestion prédatrice du pays.
Classée à cette même période à la 6ème position en matière de corruption de la planète, la RDC, par la persistance de la pauvreté et la fin des relations avec la communauté financière internationale était plongée dans le chaos. La manifestation croissante de la « corruption endémique » dans en RDC a poussé la Banque Mondiale et le FMI à suspendre leur aide et plusieurs interventions bilatérales.
1. Politique monétaire et taux de change
1.1. Monnaie
Sur le plan monétaire, les années 90 inaugurent l‟ouverture de la spirale inflationniste avec une moyenne annuelle de 2300,7% et un sommet de 9.795,4% en 1994, contrairement dans les autres pays moins avancés dont la moyenne se situe à 286,7%. Cette hyperinflation enregistrée durant la décennie 90 a été la conséquence d‟une politique monétaire expansionniste occasionnée par une mauvaise gestion des finances publiques, avec un déficit public chronique couvert par la planche à billets (FMI, 2001).
Le taux de change du franc congolais s‟était déprécié de 77,5%, et l‟écart entre le cours parallèle et le cours officiel était passé de 33,3% à 233,3% entre fin décembre 1998 et fin octobre 1999. Durant cette période (1990-1996), la situation monétaire a été caractérisée par une progression extrêmement rapide de stock de monnaie, BCC (2003).
Les disponibilités monétaires étant supérieures à la quasi monnaie. Les disponibilités monétaires comprennent les pièces en circulation (monnaie divisionnaire), les billets en circulation ou monnaie fiduciaire et les dépôts à vue ou monnaie scripturale. L‟examen de l‟évolution des composantes de la masse monétaire révèle que la circulation fiduciaire hors banque occupe une part très élevée dans l‟ensemble et varie entre 70% et 80% de la masse monétaire.
Comparés aux dépôts à terme, les dépôts à vue occupent à peu près 96%. La décennie 2000 était favorable suite à l‟application de beaucoup de mesures de libéralisation de marchés monétaire et financier
1.2. Evolution du taux d’inflation et du taux de change
La décennie 90 est la période la plus sombre et la plus désastreuse en matière du taux d’inflation. Cette période, caractérisée par des forts déficits budgétaires est marquée par une forte instabilité politique, bref une destruction du tissu économique qui a ramené le taux d‟inflation à quatre chiffres. Le processus démocratique amorcé en 1990 par le régime de la deuxième République s‟est fait accompagner d‟une gestion budgétaire laxiste consacrant la monétisation du déficit budgétaire (MWANIA, 2013).
Plusieurs efforts entrepris sous forme de différentes réformes monétaires non réussies ont contribué à amplifier l’hyperinflation. Entre 1990 et 1994, le taux est passé de 264,9% à 9796,9%, soit une moyenne annuelle de 5030,9%. La persistance de l‟hyperinflation a eu des répercussions négatives sur l‟activité économique dans l‟ensemble, et sur le mécanisme de financement dans le système bancaire.
L‟inflation qui a débuté en RDC en 1990, a vu son taux annuel passer subitement de 264,9% en 1990 à 3642% en 1991; de 2989,6 % en 1992 à 4851,7% en 1993 et en 1994, il a atteint un sommet de 9796,9%. Les prix intérieurs ont connu une hausse fulgurante, et parallèlement à cela, le taux de change a connu une dépréciation accélérée par l‟expansion excessive des liquidités dans l‟économie congolaise.
Les années 2000 ont connu une amélioration par l‟entremise de programmes d‟interventions du FMI et de la Banque Mondiale.
On sait voir à travers la lecture de la conjoncture, l‟évolution désastreuse de la monnaie congolaise, qui n‟a cessé de se déprécier par rapport au dollar américain. La monnaie congolaise connait sans cesse une dépréciation et même la production qui était censée soutenir sa valeur est restée faible par rapport à l‟évolution de la masse monétaire, ce qui exposait la monnaie de la RDC à une instabilité.
2. Balance des paiements et les Investissements Directs Etrangers
la RDC a connu une baisse très sensible de la formation brute du capital fixe qui, en 1990 représentait 10,8% du PIB alors qu‟elle a connu en moyenne entre 1991 et 1995 une chute de 7% contre un niveau supposé optimal pour la relance de la croissance estimée à 18%. Le rétrécissement des investissements trouve sa raison dans la faiblesse de l‟épargne intérieure dont la moyenne entre 1992 et 1999 est d‟environ 7% du PIB.
L‟environnement macroéconomique de la période sous étude reflète un climat défavorable à l‟attrait d‟IDE. Ce dernier ne représente que 2,1% du PIB et 1,6% de la formation brute de capital fixe, MWANIA (2010). L‟afflux des IDE en RDC avant les années 90 était élevé et contribuait significativement à la croissance économique et à la diminution du taux de chômage, mais fort malheureusement le mauvais climat politique et autres facteurs n‟ont pas permis l‟épanouissement de l‟IDE et constituent ainsi un frein.
Du point de vue de l‟échange international, l‟économie congolaise est restée extravertie. Les exportations, essentiellement minières, donnent des recettes qui ne couvrent pas du tout les dépenses d‟importations. Elles sont de 63% durant toute la décennie 1990 et représentent un chiffre d‟affaires de 2,4 milliards d‟USD en 1990 et 1,5 milliards en 1998.
Cette chute des exportations est la résultante de la faiblesse de la compétitivité de produits d‟exportation sur le marché international et de l‟évolution défavorable des termes de l‟échange. Par contre, la RDC importe un volume important des produits alimentaires, d‟intrants et autres équipements, ce qui constitue une sortie des devises du pays et provoque ainsi un déficit de la Balance des Paiements.
L‟augmentation de la dette extérieure a été justifiée par la mauvaise orientation des investissements, dont plusieurs, qualifiés d‟éléphants blancs et réalisé avec l‟appui financier extérieur n‟ont apportés que des fonds insuffisants nécessaires au remboursement de la dette. A l‟expiration des échéances, le pays était amené à négocier pour obtenir des accords de « rééchelonnement » et de consolidation, entraînant ainsi la capitalisation des arriérés à des taux d‟intérêt relativement élevés.
Les années 1990 présentent en général, une situation économique en dégradation, un environnement macroéconomique malsain préjudiciable à la relance des activités économique. Le constat est que la Balance générale des paiements a enregistré un déficit de 826 millions de DTS et le déficit s‟élevait à 224,9 millions de DTS. Il ressort une amélioration des paiements extérieurs par rapport à l‟année précédente, suite à l‟accumulation des arriérés de paiements extérieurs et la diminution des importations.
Les composantes de la Balance des Paiements en général ont subi des modifications atténuantes au niveau du dégagement de leurs soldes, comme, notamment, le solde négatif de la balance des services qui, grâce à l‟accumulation des arriérés des paiements extérieurs a compensé tant soit peu l‟aggravation du déficit des balances commerciales, des capitaux et des transferts unilatéraux.
L‟environnement économique international resté défavorable face aux activités de relance, est marqué par une contraction sensible des exportations et importations. La RDC a continué à être dans un état de déconnexion avec les financements extérieurs. L‟absence d‟un programme avec le FMI et le non-respect des délais de remboursement des engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux, ont été autant des facteurs explicatifs de l‟aspect déficitaire de la Balance générale des paiements et celle des capitaux en particulier. Mais, avec la reprise des programmes du FMI et la Banque Mondiale, le solde extérieur a connu une nette amélioration et aussi suite aux mesures d‟accompagnement des reformes des autorités politiques et monétaires.
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23 Banque centrale du Congo Comité de politique monétaire, Kinshasa République Démocratique du Congo : Communiqué Annuel sur la politique Monétaire (2015-2016) : le comité de politique monétaire a tenue ce vendredi 13 janvier 2017 au siège de la banque centrale du Congo sa 12ème Réunion ordinaire de l‟année 2016 sous la présence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, gouverneur de la centrale du Congo. ↑
24 Banque centrale du Congo Comité de politique monétaire, Kinshasa République Démocratique du Congo : Communiqué Annuel sur la politique Monétaire (2017-2018) : le comité de politique monétaire a tenue ce vendredi 13 janvier 2017 au siège de la banque centrale du Congo sa 12ème Réunion ordinaire de l‟année 2016 sous la présence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, gouverneur de la centrale du Congo. ↑