L’efficacité de la politique monétaire RDC est analysée à travers les déterminants tels que les canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit. Les résultats révèlent un impact limité de ces canaux sur l’économie réelle, questionnant ainsi l’efficacité des politiques monétaires en vigueur.
CHAPITRE DEUXIEME.
ANALYSE DE L’EVOLUTION DE LA POLITIQUE MONETAIRE CONGOLAISE
INTRODUCTION
Depuis les années 1970, la politique monétaire congolaise a connu plusieurs modifications marquées par des périodes de fortes inflations avec des faibles croissances économiques et celle de stabilité accompagnée d‟une croissance robuste. Dans un passé récent elle a occasionné des chocs importants liés aux conjonctures intérieurs et extérieurs défavorables ayant entrainé une forte dépréciation de la monnaie nationale, une forte inflation, une baisse de réserves officiels du pays ainsi que celle des recettes publiques.
En effet, les résultats issus de la politique monétaire en termes de taux d‟inflation attestent l‟inefficacité de la politique monétaire sur les variables réelles de l‟économie congolaise notamment la stabilité des prix.
Ainsi la question de l‟efficacité de la politique monétaire constitue l‟objet sous examen dans le cadre de cette étude allant de 1970 à 2018.
La conduite de la politique monétaire par la Banque Centrale du Congo s‟est inscrite dans un environnement interne marqué par la poursuite de l‟expansion économique, nonobstant certaines craintes de récession et expansion économique.
La nature de cette phase cyclique, émaillée des risques de tensions inflationnistes a nécessité le caractère prudent observé par la Banque Centrale du Congo(BCC) dans la mise en œuvre de sa politique monétaire capable d‟influencer son impact sur certaines variables macroéconomiques, notamment : l‟inflation (niveau général des prix) et la croissance économique.
EVOLUTION DE LA CROISSANCE DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE CONGOLAISE
Selon les données provisoires recueillies dans le cadre des enquêtes conjoncturelles de la Banque Centrale du Congo, la croissance du PIB réel serait plus forte que prévue, s‟établissant à 12,0 % contre une prévision de 10,0 % en 2008.
Analysée sous l‟angle de la production, cette évolution favorable résulte du regain d‟activité affiché par le secteur minier depuis la deuxième moitié de l‟année 2007 et qui s‟est poursuivi au cours du premier quadrimestre de 2008.
En effet, comparativement aux prévisions établies initialement en février, lesquelles estimaient la production annuelle du cuivre et du cobalt respectivement à 213,3 mille tonnes et 17,9 mille tonnes, les réalisations de production des quatre premiers mois de l‟année 2008 se sont situées à près de 222,2 mille tonnes pour le cuivre et à 55,4 mille tonnes pour le cobalt. Cette forte augmentation de la production porterait la contribution de ce secteur dans la formation du PIB à 48,0 % en 2008 contre 5,4 % en 2007.
Sans préjudice de l‟atonie caractérisant les exploitations pétrolière et du diamant, l‟activité dans les industries extractives restera déterminante au cours des prochaines années.
A cet effet, l‟industrie du cuivre pourrait retrouver sa place de locomotive de la croissance économique de la RDC, comme ce fut le cas au cours des années1970 à 1980. Hormis le bon comportement du secteur minier, il a été observé une tendance baissière de l‟activité de production dans la branche Eau et Electricité et un ralentissement dans celles des industries manufacturières, du commerce de gros et de détail ainsi que des transports et communications.
Les facteurs à la base de cette situation sont liés essentiellement à la faiblesse des infrastructures de base et à l‟ampleur prise ces derniers mois par les perturbations majeures dans l‟approvisionnement en énergie électrique et en eau potable, principalement dans les centres urbains. En dépit de toutes ces pesanteurs qui tendent à plomber l‟activité de production dans la plupart des secteurs, la forte expansion du secteur minier a plus que compensé les contre-performances enregistrées dans la fourniture d‟eau et d‟électricité1.
Ainsi, par rapport à l‟année 2007, la croissance de l‟activité des différentes branches a évolué comme indiqué dans le tableau ci-après :
Tableau n°2 : Evolution de la croissance économique 2007 – 2008 | |
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Source : République Démocratique du Congo, commission économique et financier, séminaire d‟évaluation de l‟action gouvernementale. (2007-2008)
La reprise de l‟activité minière conjuguée à l‟incidence de grands projets d‟infrastructures attendus dans le cadre de la reconstruction nationale devrait exercer des effets d‟entraînement importants sur l‟ensemble des branches d‟activité économique dans les prochaines années. Ce qui laisse présager de la poursuite d‟une croissance soutenue à un rythme moyen annuel de 10,7 % sur la période 2008-2013.
- La croissance du PIB s‟est accélérée entre 2011 et 2012, passant de 6.9 % à 7.2 % en dépit de la situation politique et de l‟insécurité qui règne dans l‟Est. Cette amélioration économique est due à la vitalité du secteur minier et au dynamisme du commerce, de l‟agriculture et de la construction. Les projections indiquent que cette tendance devrait se poursuivre en 2013 (8.2 %). Toutefois, ces perspectives dépendront de la stabilité politique, de l‟amélioration de la situation sécuritaire dans les provinces orientales du pays et de la poursuite des réformes structurelles engagées.
- Les efforts de stabilisation du cadre macroéconomique se poursuivent à un rythme assez soutenu, grâce à la mise en œuvre d‟une politique budgétaire restrictive, à l‟assouplissement graduel de la politique monétaire et à un rebond des recettes d‟exportation.
- Au cours des deux dernières décennies, la structure de l’économie de la RDC n’a pas fondamentalement changé. Elle reste tributaire de l’exploitation minière et de l’agriculture. Les ressources publiques provenant de l‟exploitation minière sont dérisoires au regard du potentiel du pays. Les sérieux problèmes alimentaires auxquels est confrontée la population attestent de la faible productivité du secteur agricole.
Vue d’ensemble
« La République Démocratique du Congo réalise une croissance de 7.2 % en 2012 malgré un contexte économique et financier mondial difficile et une situation politico-sécuritaire interne préoccupante. Cette performance est essentiellement stimulée par les industries extractives, le commerce, l‟agriculture et la construction. Elle profite aussi de la stabilité macroéconomique et du dynamisme de la demande intérieure. Compte-tenu de la demande mondiale de minerais et de l‟importance des investissements réalisés dans ce secteur ces dernières années, la croissance devrait poursuivre sa progression pour atteindre 8.2 % en 2013 et 9.4 % en 2014.
Les politiques macroéconomiques mises en œuvre en 2012 visent la réduction de l‟inflation, la stabilisation du taux de change et l‟accroissement des réserves de devises afin de garantir une meilleure prévisibilité et d‟accompagner efficacement le développement de l‟activité économique. La discipline affichée au niveau des finances publiques et l‟assouplissement de la politique monétaire permettent une meilleure maîtrise de l‟inflation qui s‟est établie à 6.4 % contre 15.4 % en 2011.
La Banque centrale du Congo (BCC) a considérablement réduit son taux directeur de 21 % à 6 % entre fin 2011 et 2012 pour accroître le crédit à l‟économie. L‟augmentation des réserves issue du rebond des exportations a permis d‟augmenter la couverture des importations de 7.2 semaines en fin 2011 à 8.6 semaines fin 20122.
En 2014 la performance macroéconomique de la RDC a été bonne avec une croissance de 6,4%, un déficit budgétaire substantiel, un environnement de faible inflation et un déficit marqué du compte de transaction courante. Le Congo a affiché une forte croissance de 6,4% en 2014 en grande partie grâce à la reprise du secteur pétrolier.
La croissance du pays s‟est redressée passant de 3,4% en 2013 à 6,4% en 2014 malgré un environnement mondial et régional caractérisé par des risques relatifs aux ralentissements de la croissance des marchés émergents aux épidémies et autres formes persistantes d‟insécurités et malgré la chute du prix de pétrole dans la seconde moitié de l‟année 2014.
Cette forte croissance a été rendu possible essentiellement par la bonne tenue de la production pétrolière en 2014. Le secteur pétrolier a reculé à un taux moyen de -10% au cours des années 2012-2013 à cause de perturbations accidentelles de la production offshore et des travaux de maintenance des puits plus longs que prévu. Après la fin des travaux de maintenance prévus au quatrième trimestre 2014, la production a cru de 3,1 en 2014.
Le taux de croissance économique sur base des données de production à fin septembre 2016 a connu un recul de 4,4 points en 2016, s‟établissant à 2,5% contre 6,9 en 2015.3
Les estimations de la croissance économique sur base des réalisations de la production à fin décembre 2018, renseignent un relèvement de l‟activité économique nationale à 4,1% en 2018 contre une réalisation de 3,7% en 2017. Cette légère expansion de l‟économie reste imputable au dynamisme de l‟activité économique dans le secteur primaire principalement les industries extractives.4
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1 De la stabilité à la croissance économique soutenue et durable en RDC : enjeu et perspectives : conférence économique organisée par la banque centrale du Congo (BCC) à Kinshasa du 04 au 05 juin 2017, terme de référence et programme, page 22. ↑
2 De la stabilité à la croissance économique soutenue et durable en RDC : enjeu et perspectives : conférence économique organisée par la banque centrale du Congo (BCC) à Kinshasa du 04 au 05 juin 2017, terme de référence et programme, page 26. ↑
3 [Note 23 non spécifiée dans le texte original] ↑
4 [Note 24 non spécifiée dans le texte original] ↑