L’inflation et politique monétaire RDC sont analysées à travers les déterminants de l’efficacité des canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit. Les résultats révèlent un impact limité de ces canaux sur l’économie réelle, questionnant ainsi l’efficacité des politiques monétaires en RDC.
SECTION DEUXIEME : NOTIONS SUR L’INFLATION
I. La définition de l’inflation
Change d‟un pays à l‟autre également. La BCE utilise comme référence l‟indice des prix à la consommation alors que la Reserve fédérale utilise depuis 2000 l‟inflation sous-jacente (core inflation) qui exclut de l‟indice des prix l‟énergie et les biens alimentaires qui sont des biens dont le prix est sujet à de fortes variations temporaires. Cet indice est par conséquent plus stable et informative que l‟indice des prix complets et semble pour les Etats- Unis (mais apparemment moins pour l‟Europe) un meilleur prédicteur de l‟inflation de moyen terme. Cela contribue à expliquer la différence de politique monétaire.
Pourquoi les Banques Centrales visent une inflation faible ? L‟inflation ne doit pas être trop élevée en raison de :
- L‟incertitude pour les agents économiques augmente avec le niveau moyen d‟inflation. Effets néfastes des variations surprise de l‟inflation sur le système financier, le marché des biens et sur le marché du travail : distord les prix, les salaires et les taux d‟intérêt réels. Travaux de Fisher (1933) sur la dépression des années 30 (plus récemment Bernanke et Gertler, 1999).
- Les coûts psychologiques. Gabaix: le harassement à recalculer perpétuellement les prix relatifs, stress financier en cas d‟illusion nominale = explications de l’impopularité de l’inflation
- évite une trop grande variabilité. L‟inflation ne doit pas non plus être trop faible :
- Rigidité à la baisse des salaires nominaux (Akerlof, Dickens et Perry, 1996 The Macroeconomics of Low Inflation) : environnement dans lequel les entreprises font face à des chocs individuels. Certaines augmentent les salaires, d‟autres devraient baisser les salaires. Si les salaires nominaux sont rigides à la baisse, il faut de l‟inflation pour suppléer cette défaillance.
- Risque de déflation / trappe à liquidité
- Biais dans la mesure de l‟indice des prix (effet « Boskin »)
II. Le biais inflationniste
La banque centrale décide de la politique en prenant comme données les anticipations d‟inflation des agents et en observant le choc d‟offre, un avantage observationnel
formalisant simplement la fonction de stabilisation de la banque centrale. Formalise l‟idée que la politique monétaire peut réagir à tout instant aux informations nouvelles, alors que les contrats de salaire sont révisés seulement périodiquement.
III. L’inflation d’équilibre
En anticipations rationnelles, les agents prennent en compte cette fonction pour déterminer leurs anticipations:
𝜋𝑒= E(𝜋)= (1 – 𝜃) (𝜋𝑒 + 𝜅) + 𝜃𝜋*
La recherche d’un point fixe entre les anticipations et les réalisations. D’où:
𝜋𝑒= 𝜋* + 1 – 𝜃 𝜅
𝜃
Erreur d’anticipation des agents dûs à l’ignorance du choc:
𝜋𝑒 – 𝜋 = (1 – 𝜃) (𝜋𝑒 + 𝜅) – 𝜃𝜋*– (1 – 𝜃) (𝜋𝑒 + 𝜖 + 𝜅) – 𝜃𝜋*
= – (1 – 𝜃)𝜖
En ce qui concerne la stabilisation du taux de chômage, nous reprenons la courbe de Phillips:
𝑢 = 𝑢𝑛 + 𝜋𝑒 – 𝜋 + 𝜖
= 𝑢𝑛 – (1 – 𝜃)𝜖 + 𝜖
= 𝑢𝑛 + 𝜃𝜖
Interprétation : 𝜃 élevé => poids élevé sur l’inflation => peu de stabilisation du chômage. Inflation d’équilibre :
𝜋 = (1 – 𝜃) (𝜋𝑒 + 𝜖 + 𝜅) + 𝜃𝜋*
= (1 – 𝜃) (𝜃𝜋*+ 1 – 𝜃 𝜅 + 𝜖 + 𝜅) + 𝜃𝜋*
𝜃
= 𝜋*+ 1 – 𝜃 𝜅 + (1 – 𝜃)𝜖
𝜃
Inflation moyenne:
E(𝜋)= 𝜋*+ 1 – 𝜃 𝜅
𝜃
Le biais inflationniste d’autant plus fort que le poids sur la stabilisation de l’inflation est faible. L’inflation est supérieure à l’inflation désirée par la BC. Cette perte en inflation se fait sans gain en terme de chômage :
𝑢 = 𝑢𝑛 + 𝜃𝜖
Cercle vicieux : anticipation de déflation => taux réels élevés => PM restrictive => demande faible et pas d‟inflation. La trappe à liquidité est fondamentalement une trappe à anticipations.
La crédibilité peut être une mauvaise chose ici.
Un cercle vicieux similaire existe en économie ouverte : anticipation de déflation => rendement élevé des titres domestiques => appréciation de la monnaie => faible compétitivité
=> effet dépressif sur la demande.
Un cycle auto-entretenu déflationniste a également un impact sur la dette publique pris entre deux ciseaux. Un taux d’intérêt nominal faible peut être inefficace si le taux de LT reste élevé.
De même, la récession peut conduire les banques à adopter une politique de crédit prudente qui limite l’impact de la base monétaire sur la masse monétaire. Les pertes passées pèsent sur les bilans et amplifient le mécanisme. Enfin, le rendement des crédits ne sera pas tellement plus élevé que le rendement de la monnaie, ce qui conduira les banques à ne pas transformer les dépôts en crédits supplémentaires.
IV. Les remèdes
Comment devrait réagir une Banque Centrale face au risque de trappe à liquidité ? Le premier remède1 consiste alors à changer les anticipations de déflation en tentant d’adopter une politique de reflation (de redémarrage de l’inflation) crédible. Si la Banque Centrale arrive à convaincre que sa politique monétaire va augmenter les prix (et cela de façon franche et durable, malgré souvent un mandat contraire), cela réduit le taux réel et relance l’économie. Le problème de crédibilité s’inverse : comment convaincre les agents que la banque centrale souhaite durablement une inflation significative. A priori, plus une banque centrale est réputée dure sur l’inflation, plus elle aura du mal à sortir d’une déflation.
Cercle vertueux : anticipation d‟inflation => taux réel faible => PM expansive => demande forte et inflation.
Une solution complémentaire est d’adopter un taux de change sous-évalué pour importer de l’inflation et ainsi dynamiser l’économie.
________________________
1Keynes préconisait la taxation des dépôts bancaire, ce qui, associée à une restriction de la convertibilité des dépôts en pièces et billets, permettrait de passer le taux nominal dans les négatifs. En effet, les titres comme la monnaie auraient un rendement nominal négatif. C’est toutefois politiquement peu faisable… ↑