Les flux d’IDE en Amérique latine ont connu un déclin significatif, notamment en 2000, en raison de facteurs structurels et d’un ralentissement des privatisations. Cet article analyse les destinations principales des investissements et les implications économiques pour la région.
En Amérique latine et les Caraïbes
Bien qu’ils aient reculé en 2000 de 22% (86Mds$) par rapport 1995, les flux d’IDE entrants en Amérique latine étaient principalement destinés aux Mexique, l’Argentine et le Brésil. Ce recul est notamment dû, à la fois au ralentissement structurel et le ralentissement des opérations de privations en 2000(CNUCED 2001).
Les flux d’IDE dans les pays d’Amérique latine et les Caraïbes en 2002, selon la CNUCED (2003), ont décliné, pour la deuxième année consécutive, et ce, essentiellement en raison d’une forte chute au Brésil, où le processus de privatisation engagé, a été presque paralysé, et en Argentine, où la crise économique et financière a découragé les investisseurs. En raison de l’acquisition de la banque BANAMEX par CITICORP(USA) pour un montant de 12.5Mds$. Le Mexique a été devenu la principale destination de l’IDE dans la région.
En 2002, les flux d’IDE en provenance de l’Amérique latine sont restés modestes et leurs principales destinations étaient d’autres pays de la région. Pour la quatrième année d’affilée, comme il ressort de CNUCED(2004), les flux d’IDE vers l’Amérique latine et Caraïbes en 2003, ont diminué de 3%, pour s’établir à 50Mds$.
C’est le montant le plus bas enregistré dans la région sur un an depuis 1995. Les entrées d’IDE ont diminué dans 19 des 40 pays, à juste titre, le Brésil et le Mexique, comme nous l’avons déjà noté, étaient les principales destinations dans la région. L’Amérique latine et les Caraïbes ont été durement touchées par le reflux des flux d’IDE.
Toutefois des pays de moindre envergure : Chili et le Venezuela, ont enregistré un accroissement des flux d’IDE entrants en 2003, ce qui leur a ainsi permet les pertes de l’année 2002.
Cependant, après quatre années de baisse consécutive, en 2004, les IDE entrants dans la région, ont cependant connu une reprise notable en 2004, avec une hausse de 44% par rapport à l’année précédente, pour s’établir à 68 Mds$(CNUCED, 2005). Selon le meme rapport, cette évolution favorable est engendrée, en particulier par la reprise économique enregistrée dans la région du fait de l’accélération de la croissance de l’économie mondiale et la hausse notamment des prix des produits de base.
Le Brésil et le Mexique étaient les principaux destinations, en accueillant respectivement plus de 18 et 17 Mds$. Le Chili et l’Argentine, deux tiers du total des entrées d’IDE dans la région en 2004. Ils ont considérablement baissé en Bolivie et au Venezuela, du fait essentiellement des incertitudes pesant sur la législation liée à la production de gaz.
S’agissant de l’évolution par secteur des flux d’IDE dans la région en 2004, les investissements dans les ressources naturelles ont largement devancé ceux des services. La part de ces derniers, après avoir diminué de 40%, dans les flux totaux d’IDE en 2004, ont également continué de diminuer, selon CNUCED(2006)1, en 2005 en baissant de 35%, ce qui est une part faible par comparaison aux autres régions, à cause des différends des FMN avec les gouvernements des PH dans certains secteurs : comme celui des services publiques, où s’est vu le retrait des entreprises françaises Suez et EDF de l’Argentine. Le secteur manufacturier, quand à lui, a compté pour un peu plus de 40% dans les flux entrants, où un nombre relativement des F&A internationales. L’IDE dans l’industrie mexicaine des maquiladoras, ont augmenté de 26%, après trois années consécutives de baisse.
Mais, après le repli de 2004, par contre en 2006, selon la CNUCED(2007), aussi bien les flux à destination qu’en provenance de la région, ont consécutivement augmenté de 11% et 125% pour s’établir à 84 et 43Mds$2. Le Brésil et le Mexique sont restés les principaux pays d’accueil d’IDE en accueillant chacun 19Mds$, suivis de Chili, les Iles vierges britanniques et la Colombie.
Si l’on considère la répartition des sorties d’IDE par secteur dans l’Amérique latine et les Caraïbes en 2006, ils ont été principalement destinées aux industries extractives , suivi de secteur manufacturier exploitant les ressources naturelles et télécommunications. Les flux en en provenance du Brésil, ont été les plus élevés de la région, en atteignant un montant record de 28Mds$, dépassant celui des entrées. Cela s’expliquerait essentiellement par l’acquisition d’INCO (producteur canadien de nickel) par la société minière CVRD, une opération qui n’est jamais réalisée par une FMN des pays en développement(PED)3.
En 2008, pour la troisième année consécutive4, les entrées d’IDE en Amérique latine et Caraïbes, ont augmenté de 36% en 2007, en atteignant un montant historique de 126Mds$. Cette hausse a été la plus forte en Amérique du sud (avec 66%), et a profité aux industries extractives et à la production manufacturière provenant des ressources naturelles. Les entrées d’IDE en Amérique centrale et dans les Caraïbes, à l’exclusion des centres financiers extraterritoriaux(les paradis fiscaux), ont progressé de 30% pour s’établir à 34Mds$, et ce, en dépit de récession économique aux USA.
Par ailleurs, après le niveau historique atteint en 2008, l’augmentation des flux d’IDE entrants en Amérique latine et les Caraïbes, s’est poursuivie en 2010, avec une hausse de 13% de l’année précédente. La plus forte hausse a été enregistrée en Amérique de sud (56%), le Brésil occupant une place privilégiée. Les IDE en provenance de l’ensemble des pays de la région, de leur coté, comme il ressort de rapport de la CNUCED(2011), ont augmenté 67% en 2010, et ce, a principalement été en raison d’importantes opérations de F&A des firmes notamment mexicaines et brésiliennes. La région, a aussi enregistré de vigoureux investissements des FMN des PED asiatiques, en particulier dans le secteur des ressources naturelles. En effet, en 2010, les acquisitions réalisées par des compagnies asiatiques ont totalisé 20Mds$, plus de 60% des IDE dans la région.
Le niveau historique atteint en 2007 dans l’Amérique de sud et les Caraïbes, a été par ailleurs surpassé en 2011, en passant de 126 à 217Mds$, soit une hausse de 16%. Selon la CNUCED(2012), cette hausse historique enregistré en 2011, est principalement due aux effets des flux plus importants enregistrés dans la sous-région de l’Amérique de sud (34%), qui elle-même due aux développements de ses marchés de consommation, ses taux de croissance économique élevée et ses richesses naturelles.
Ainsi, tant dis que les flux d’IDE vers la région, non inclus les centres financiers territoriaux baissant de 4%, ont augmenté de 4% en 2011, par contre les IDE en sa provenance ont diminué de 17%, après avoir augmenté de 121% en 2010, et diminué de 44% en 2009. Cette irrégularité, comme il ressort de même rapport, s’expliquerait par l’importance croissante des flux qui ne sont liés à des investissements des activités productives à l’étranger. Les montants élevés des centres financiers extraterritoriaux en sont un exemple plus éloquent(Cnuced, 2012, p61).
Bien que, conservant le montant historique de 2011, les flux d’IDE en Amérique latine et les Caraïbes en 2012, pour atteindre 244Mds$, néanmoins, leur croissance appréciable en Amérique de sud (144Mds$) a été contrebalancé par un recul en Amérique centrale et les Caraïbes (99Mds$). S’accordant avec le rapport de CNUCED(2013)5, cet attrait de l’Amérique de sud s’expliquait souvent par ses vastes ressources en pétrole, gaz, minéraux et métalliques et une classe moyenne en rapide expansion.
Par secteur, les IDE sont de grande importance dans certains pays d’Amérique de sud dans les secteurs des ressources naturelles. Dans le manufacturier, à titre d’illustration l’Automobile, ils ont augmenté au Brésil, notamment sous l’effet de nouvelles mesures de politique industrielle, tant dis que la délocalisation de proximité en Mexique étant en augmentation.
En 2012, les flux d’IDE en provenance de l’Amérique latine et les Caraïbes, ont légèrement diminué, pour s’établir à 103Mds$. Plus de la moitié provenaient des places financières extraterritoriales. En fait, les acquisitions des internationales réalisées par des compagnies de la région, ont augmenté de 74%, pour s’établir à 33Mds$, dont la moitié ont correspondu à des investissements dans d’autres pays en développement(PED).
Pour conclure, après avoir analysé les différentes évolutions des flux d’IDE(IDE sortants et entrants) dans le monde ainsi que les opérations de fusions et acquisitions (F&A) internationales comme leur fer de lance, le tableau (07) a lieu en effet pour brosser l’évolution des différents indicateurs de l’IDE et la production internationale de sur la période 1990 à 2012.
Tableau07 : Choix d’indicateurs d’IDE et de la production internationale, 1990- 2012(valeurs en prix courants, en Mds$)
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Source :CNUCED(2013), op.cit, P08
Conclusion
D’après notre analyse, nous constatons que l’IDE doit son essor et ses grandes tendances planétaires enregistrées, surtout depuis les années1990, à la mondialisation des échanges et aux facteurs expliquant cette mondialisation à savoir: la montée de libéralisme économique et l’ouverture des marchés après le cercle d’Uruguay, la division internationale du processus productif(DPPI), les délocalisation, le développement des TIC, la multiplication des opérations de F&A internationales transfrontalières du fait de la hausse des cours boursiers et des opérations de privatisations, la création des zones d’intégration régionales, entre autres, la montée des FMN des pays émergents et des pays en développement(PED) comme de nouveaux acteurs sur la scène économique internationale.
En effet, à partir de l’analyse de tendances de l’évolution des IDE dans le monde, en termes de flux entrants ou sortants, dans les pays développés(PD) comme dans PED et en transition, nous constatons qu’en dépit de la croissance des flux d’IDE entrants à destination des PED, leur répartition restait inégale entre les pays d’accueil(PA) et la hausse des flux n’aurait concerné que quelques pays.
De plus, cette inégalité existait même dans le choix de localisation des FMN. Ces dernières se focalisaient beaucoup plus dans les secteurs d’industries extractives et les services, dans les PED. Les PD concentrent une bonne partie des flux d’IDE. Ainsi, rien que quelques pays(les triadiques) seulement recevaient aujourd’hui 71% des entrées d’IDE mondiales, et plus de 82% d’IDE sortants.
La répartition des flux d’IDE dans le monde est inégale6. Bien que quelques PED fassent particularité, mais force est de constater que les PED avaient attiré peu d’IDE, voire marginalisées. En sus, si les mobiles traditionnels de l’IDE (accès aux ressources naturelles et à la main d’œuvre bon marché) n’auraient pas disparu et restant importants dans l’orientation de localisation des FMN et intégrés à présent dans leurs stratégies globales de recherche de compétitivité, il n’en demeure pas moins que d’autres déterminants devraient par ailleurs être pris en compte, en l’occurrence, l’environnement institutionnel et réglementaire, et même aussi l’influence de progrès technique(politiques économique et institutionnelle).
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1 CNUCED (2006) , p17. ↑
2 Cependant, si l’on exclut les centres financiers extraterritoriaux pour les flux entrants, ils devraient s’élever à 70Mds$ en 2006, montant comparable à celui de 2005, tant dis que du coté des sorties, ils devraient être à l’opposé de 49Mds$, si l’on prend en compte les centres financiers extraterritoriaux. ↑
3 CNUCED, ibidem. ↑
4 CNUCED, op.cit, P14 ↑
5 CNUCED (2013), op.cit, p12. ↑
6 Partant de ces tendances et divergences de destinations des IDE et pour bien mettre en évidence ces inégalités dans la répartition des flux des IDE, nous n’aurons qu’à se référer à l’étude de C.A. Michalet, qui analysait en 1997 dans le cadre d’une enquête menée sur l’attractivité des PSEM. Michalet .C a suggéré l’existence de 04 cercles concentriques selon lesquels les différents pays peuvent être classés en fonction de leur attractivité. Ces cercles sont : la Triade, Core-countries, le troisième cercle renferme les pays dont l’attractivité reste potentielle correspondant pour beaucoup de PSEM y compris l’Algérie. Enfin, le quatrième cercle, quand à lui, est qualifié de « périphérique » définissant l’ensemble de pays dont l’attractivité demeure basée sur leur dotations factorielles, répondant ainsi beaucoup plus aux stratégies verticales et demeurent faiblement intégrés dans l’économie mondiale. Michalet.C.A « investissements étrangers : économies du sud de la méditerranéens sont-ils attractives ? », revue monde arabe Maghreb Machrek, décembre 1997, p 43-52. ↑