L’environnement institutionnel en Algérie joue un rôle crucial dans l’attractivité des investissements directs étrangers. L’étude analyse l’impact des réformes institutionnelles sur le climat d’investissement entre 2000 et 2016, soulignant les interactions entre qualité des institutions et flux d’IDE.
Environnement institutionnel et attractivité des IDE
1. La relation entre les variables institutionnelles et les IDE :
Dans la vie quotidienne, l’Etat fournit les services publics et fonde les institutions pour poser les règles du jeu de la société en échange de recettes fiscales, mais la contrainte ultime qui s’impose à l’autorité de l’Etat est le risque de changement de gouvernement. C’est dans ce contexte que le système suscite un conflit permanent dans le sens où l’ensemble des règles qui conduisent à un produit social plus élevé ne sont pas forcément celles qui maximisent les recettes de l’autorité publique.
Cela explique pourquoi l’optimum des institutions varie selon les époques et selon les pays [North, 1981]. De ce fait, la performance économique reflète la structure institutionnelle de la société. Les organisations et les individus dans la société sont des joueurs encadrés par l’environnement institutionnel. Les organisations qui ne sont rien d’autre que des différents groupes d’individus qui s’organisent pour atteindre un ou des objectifs communs et qui sont créés par les opportunités offertes par l’environnement institutionnel, sont des moteurs du changement institutionnel.
1.1. Evidence sur la relation entre les variables institutionnelles et l’IDE :
La bonne qualité institutionnelle est particulièrement importante pour les IDE qui démontrent que l’existence des coûts irrécupérables élevés, pourrait être affecté par l’insécurité et l’efficacité du système politique et légal [Demekas et al., 2007 ; Daniele et Marani, 2006]. La stabilité et la solidité de l’environnement institutionnel augmentent aussi les retombés économiques des IDE. Il affecte directement les conditions dans lesquelles les opérations des entreprises se réalisent [Prüfer et Tondl, 2008]. La corruption, la stabilité politique, la liberté
économique ou encore le respect du droit de propriété et l’exécution de contrat, sont parmi les variables institutionnelles qui comptent aux yeux des investisseurs.
1.1.1. Impact de la corruption, de l’incertitude politique et de la liberté économique :
1- La corruption:
Une grande partie des recherches est portée sur l’impact négatif de la corruption sur l’entrée d’IDE pour illustrer la relation entre institution et IDE. Souvent présentée comme la conséquence directe de la faible capacité des institutions dans un pays, la corruption décourage l’IDE et c’est une entrave très importante pour l’entrée des IDE dans un pays d’accueil [Wei 1997 ; 2000].
L’auteur a démontré les effets négatifs de la corruption en effectuant des études basées sur le choix de l’investissement bilatéral de 12 pays d’origine vers 45 pays d’accueil comme champs d’étude. Les études montrent que la corruption est fortement associée aux engagements de la part des investisseurs étrangers ainsi qu’aux flux des ressources [Wei, 2000].
Elle peut être aussi déterminante dans le choix du pays d’investissement à réaliser et pour la somme des flux d’investissement, [Mauro, 1995 ; Hakkala et al, 2008].1
En effet, pour une entreprise, le versement des pots de vin est semblable au paiement d’impôts, mais laisse la société face à plus d’incertitudes [Te Velde, 2002]. Le niveau de la corruption influence les coûts administratifs, car les bureaucrates et les politiciens sont plus enclins à s’accaparer des rentes supplémentaires [Nkendah, 2007].
Plusieurs chercheurs ont étudié l’impact significatif de la corruption sur l’IDE [Daude et Stein 2001] et ont montré que l’effet des six indicateurs de [Kaufman et al. 1999] y compris la corruption sur l’entrée d’IDE. De son côté Nkendah (op cité), en étudiant le cas des pays en Afrique sub-saharienne, conclut que les niveaux élevés de la corruption actuels dans la plupart de ces pays compliquent les opérations d’affaires et augmente l’incertitude pour les investisseurs.
Cette corruption peut être à la fois la cause et la conséquence des barrières administratives élevées dans beaucoup de pays en développement [Morisset et Neso, 2002]. Pour [Campos et al. 1999] et [Brunetti et al. 1998], la prédictibilité de la corruption, elle aussi, possède un poids significatif sur l’investissement. L’impact de la corruption prévisionnelle sur l’entrée d’IDE est aussi important par rapport au niveau actuel de la corruption elle-même [Lambsdorff, 2003].
2- L’incertitude politique (risque politique) :
L’incertitude politique, appelée autrement risque politique pays, est aussi un facteur qui attire les attentions des investisseurs étrangers. C’est une variable qui mesure la perception des investisseurs quant au risque spécifique à chaque pays. Les notations sur le niveau du risque pays
2 Andrea Asoni, protection of property rights and growth as political equilibria, 2007; Reseach institute of industrial economics, IFN Policy Paper No. 12 ; p4,8, www.ifn.se/BinaryLoader.axd?…PropertyName…
établies par des agents internationaux de notation sont généralement examinées très attentivement par les firmes internationales. Les études empiriques sur le flux d’IDE prennent souvent en compte les indices de stabilité politique [Méon et Sekkat, 2007]. Ainsi, dans une analyse empirique du développement social et politique de l’investissement étranger dans les pays en développement, [Kolstad et Tondel ,2002] constatent que les pays jugés moins risqués, attirent plus d’IDE par habitant.
Cette étude est aussi confirmée par [Sachs et Sievers 1998]. Dans une enquête des sociétés d’appartenance étrangère en Afrique, ces deux auteurs constatent que le plus grand souci des propriétaires d’entreprise est la stabilité politique. Sur un échantillon de 28 pays émergents, [Boujedra 2004] montre qu’il existe une forte corrélation entre les indicateurs de risque pays et l’entrée d’IDE sur la période 1984-2002.
De leur étude sur sept pays en Afrique, [Basu et Srinivasan 2002], quant à eux, font ressortir la stabilité politique comme l’un des déterminants les plus importants pour attirer les IDE à côté de la stabilité macroéconomique et la corruption. Pour [Djaowe 2009], la stabilité politique et l’absence de violence est une variable institutionnelle qui est statistiquement très significative dans l’attractivité des IDE.
La promotion de la paix, de la stabilité politique et économique demeurent donc, un défi important pour les pays en développement, surtout pour ceux de l’Afrique, dans sa quête d’une grande part d’IDE [Nkendah, 2007].3
3- La liberté économique :
La liberté économique est une autre variable institutionnelle exerçant des effets sur les IDE. Pour [O’Doriscoll et al 2001], cette liberté possède une relation positive avec l’entrée d’IDE dans la mesure où elle permet aux individus de choisir pour eux-mêmes et de conclure des accords volontaires avec les autres. En effet, en utilisant les données des pays de l’Amérique Latine, [Bengoa et Sanchez-Robles 2003] ont trouvé que le niveau élevé de la liberté économique augmente énormément l’attractivité des pays hôtes aux yeux des investisseurs potentiels.
Dans une autre étude sur les pays d’Asie de l’Est, [Rahim 2007] constate également que les institutions et les politiques publiques compatibles avec la liberté économique sont des déterminants significatifs et stimulants pour les IDE.
1.1.2. Impact du respect de droits de propriété et des procédures administratives :
En ce qui concerne les droits de propriété, [Globerman et Shapiro 2003] montrent que sa protection est vitale pour les firmes qui cherchent à implanter de nouveaux investissements à l’étranger. Cette protection des droits de propriété est une sorte d’assurance pour les firmes de pouvoir recueillir les fruits de leurs efforts dans l’avenir. Sans cette assurance, les investisseurs ne
4 Hali Edison, Qualité des institutions et résultats économiques, un lien vraiment étroit ; conférence fianace et développement 2003 ; P2-3.
seraient pas très motivés à prendre des risques à investir [Drabek et Payne, 2001]. Pour [Smith 2001] et [OCDE 2002], il est bien clair que les réglementations qui visent à protéger les droits de propriété, surtout les droits de propriété intellectuelle, sont susceptibles d’accroître l’attractivité du pays d’accueil aux yeux des investissements internationaux. 5
La protection des droits de propriété, les procédures administratives et les règlements relatifs à l’IDE peuvent aussi former une barrière significative à l’investissement, particulièrement dans les pays en développement [Emery et al., 2000]. Un pays dans lequel les procédures sont longues et excessivement coûteuses pour établir et faire des affaires verra ses investisseurs potentiels reporter leurs investissements ailleurs. Le cas des pays d’Afrique illustre ce découragement d’attirer d’IDE à cause des procédures administratives complexes exigées pour installer une entreprise et conduire des affaires [Nkendah, 2007]. Selon [T.Velde 2002] dans certains pays africains, il faudrait de 18 mois à trois ans pour établir et faire fonctionner des affaires.
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1 Mauro, 1995 ; Hakkala et al, 2008. ↑
2 Andrea Asoni, protection of property rights and growth as political equilibria, 2007; Reseach institute of industrial economics, IFN Policy Paper No. 12 ; p4,8, www.ifn.se/BinaryLoader.axd?…PropertyName… ↑
3 Hali Edison, Qualité des institutions et résultats économiques, un lien vraiment étroit ; conférence fianace et développement 2003 ; P2-3. ↑
4 Hali Edison, Qualité des institutions et résultats économiques, un lien vraiment étroit ; conférence fianace et développement 2003 ; P2-3. ↑
5 Smith 2001 ; OCDE 2002. ↑