Les limites de l’agriculture durable sont étroitement liées à celles de l’agroécologie, incluant des défis écologiques tels que la dégradation de la fertilité des sols. Cette étude met en lumière ces contraintes tout en soulignant l’importance de l’agroécologie pour une production agricole respectueuse de l’environnement.
LIMITES DE L’AGRICULTURE DURABLE
Les limites liées à l’expansion de l’agriculture durable sont les mêmes que celles liées à l’intensification de l’agroécologie. Néanmoins, nous avons ajouté quelques éléments n’ayant pas trait à l’agroécologie pour démontrer la différence.
Limites écologiques
Sur le plan écologique :
- Une fertilité du sol faible et déclinante. (On trouve en Afrique certains des sols les plus anciens de la planète, caractérisés par leur faible fertilité et leur vulnérabilités à l’érosion par l’eau et le vent (Lal, 2007) ;
- Le changement climatique : La plupart des éleveurs pauvres vivent en Afrique et en Asie du Sud des régions qui sont particulièrement exposées aux effets du changement climatique. Ce dernier pourrait avoir de graves répercussions sur les terres arides d’Afrique et du Moyen-Orient, notamment sur les disponibilités en eau et les ressources fourragères (IPCC, 2014)
- En Afrique australe, comme dans d’autres zones semi-arides ou sub-humides de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest, les systèmes de production se caractérisent par de fortes interactions entre productions végétales et animales. Le bétail et la gestion de l’eau et des sols sont en concurrence pour les résidus de récolte et d’autres formes de biomasse végétale, exerçant une pression substantielle sur le développement de techniques agricoles durables (Mapfumo et al., 2014) et
- Le déboisement créé par l’expansion de parcours des bétails. En particulier en Amérique latine : quelque 70% des terres boisées de l’Amazonie servent aujourd’hui de pâturages, et les cultures fourragères couvrent une grande partie du reste. Environ 70% de tous les pâturages des zones arides sont considérées comme dégradées, surtout à cause du surpâturage, de la compaction des sols et de l’érosion imputables aux activités de l’élevage (FAO, 2006).
Limites économiques
Même si elle est considérée comme une agriculture plus économe, l’agriculture durable présente sur le plan économique des limites suivantes :
- Le manque de financement des petits producteurs ne permet pas d’atteindre une agriculture plus productiviste dans certains coins du monde (Ranaivoarisoa et al., 2010) ;
- L’agriculture est prise dans l’environnement « agro-business» des vendeurs d’engrais, pesticides, semences, matériels, carburants… cela pèse sur l’orientation de ses choix (Roufaï, 2005) ;
- Les distributeurs ne sont pas obligés d’accepter le prix proposé par le producteur (Novethic, 2018) ;
- La concurrence créée par les importations et
- Les maladies des animaux créent d’énormes dépenses aux agriculteurs. Le coût de 32 maladies majeures ayant touché l’élevage au Royaume-Uni en 2001 a été estimé à 1 178 millions d’USD, soit 8 pour cent de la valeur du secteur (Bennett et al., 2005).
Limites socio-culturelles
L’expansion démographique, l’urbanisation, la mondialisation du commerce et l’évolution des régimes alimentaires demeurent des menaces globales considérables pour l’agriculture durable.
- La jachère naturelle est traditionnellement utilisée comme méthode clé de régénération de la fertilité des sols, en Afrique et dans de nombreuses autres parties du monde. Cependant, la montée de la pression démographique et la diminution des ressources en terres agricoles ont enlevé son intérêt à cette méthode, les exploitants se trouvant contraints de cultiver en continu les mêmes parcelles pour arriver à satisfaire la demande en nourriture, aliments du bétail et fibres (Garrity et al., 2013);
- Le changement climatique constitue une menace grave pour environ 370 millions d’agriculteurs parmi les plus pauvres, qui vivent fréquemment dans des zones arides ou semi-arides, ou dans des zones montagneuses ou collinaires à l’écologie vulnérable (Thornton, 2003).
De nombreux pays voient de plus en plus de leurs habitants, notamment au plus bas niveau de revenu, contraints de vivre dans des zones marginales (c’est-à-dire plaines inondables, flancs de collines exposés, terres arides ou semi-arides), où ils sont exposés aux impacts négatifs de la variabilité climatique. Ces paysans dépendent de cultures qui pourraient subir des dommages considérables, telles que maïs, haricots, pommes de terre et riz, et une chute supplémentaire de rendement ne leur laisserait que très peu de liberté d’adaptation (Altieri et al., 2014)
- Les femmes se heurtent à diverses formes d’exclusion : elles ont un accès plus limité aux équipements techniques, aux services de vulgarisation, aux marchés, aux services financiers et aux ressources productives, en particulier à la terre. Cette discrimination résulte de restrictions imposées par les coutumes locales et les législations nationales (FAO, 2011) ;
- La corruption ;
- Le manque de connaissance nécessaire et de sensibilisation d’un grand nombre de d’agriculteurs, consommateurs et entrepreneurs ;
- Faible niveau d’investissement dans la recherche-développement agricoles : l’investissement public dans l’agriculture stagne depuis quelque temps, car dans de nombreux pays, la majeure partie des fonds publics consacrés à l’agriculture sont des subventions (IBRD/World Bank, 2007) et
- Dans certaines régions du monde, la population agricole vieillit, car les communautés rurales ne voient guère d’avenir dans l’agriculture (Vos, 2014).
Limites techniques
L’agriculture durable n’est pas une baguette magique. Édifier ces nouveaux systèmes et concrétiser les avantages annoncés suppose d’y appliquer une somme considérable de savoir et d’esprit d’innovation (Hainzelin, 2014). Quelques contraintes techniques aussi freinent son expansion :
- La standardisation et à la mécanisation des techniques, notamment sur les grandes exploitations (Hainzelin, 2014) ;
- Dans les zones tropicales, les méthodes de production animale actuelles sont souvent inefficientes, en raison de problèmes de gestion, de la qualité insuffisante des sols, ainsi que des fortes températures et du manque d’ombre pour les animaux (FAO, 2016).
CONCLUSION
La présente étude avait pour objectif d’étudier les avantages et les limites de l’agroécologie et l’agriculture durable dans le cadre d’une agriculture respectueuse de l’environnement. À cet effet, plusieurs documents, ouvrages et articles scientifiques ont été consultés pour développer notre thématique.
À l’issue de nos investigations, force est de constater que face aux niveaux élevés de faim, de malnutrition et de la pression d’une croissance démographique mondiale continue, il faudra augmenter la production agricole mondiale tout en garantissant une sécurité alimentaire mondiale et favoriser des écosystèmes sains et une gestion durable de la terre, de l’eau et des ressources naturelles.
En ce qui concerne les avantages et les limites de l’agroécologie, nous notons que l’agroécologie est bien le seul et le meilleur choix envisageable pour préserver l’environnement tout en accroissant la production agricole car elle est une approche intégrée qui applique en même temps des notions et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion des systèmes alimentaires et agricoles.
À l’exclusion de ses nombreux avantages louables, l’agroécologie présente aussi quelques faibles (limites) comme tout système de production agricole. Nous avons remarqué les limites liées à la transition comme l’apprentissage des exploitants aux nouvelles techniques par exemple, les limites économiques, les limites socio-culturelles et les limites écologiques comme l’inefficacité de certains traitements phytosanitaires naturels qu’elle promeut par rapport aux produits chimiques de synthèse, l’avènement de nouveaux prédateurs, etc.
En ce qui concerne l’agriculture durable, nous notons que celle-ci est en fait le retour moderne aux principes mêmes de l’agriculture ancestrale, qui préservait ses ressources, recyclait ses déchets et protégeait ses semences et ses espèces. L’agriculture durable présente les mêmes avantages que l’agroécologie ce qui la rend éthiquement soutenable.
En dehors des avantages, l’agriculture durable présente elle aussi des limites. Nous notons des limites écologiques tel que le déboisement créé par l’expansion de parcours des bétails, les limites économiques comme le manque de financement des petits producteurs, les limites socio-culturels tel que le manque de connaissances nécessaires et de sensibilisation d’un grand nombre d’agriculteurs, consommateurs et entrepreneurs et enfin les limites techniques qui ne sont pas à négliger étant donné que l’agriculture durable exige la standardisation et la mécanisation des techniques pour les grandes exploitations.