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Analyse des facteurs de risque de liquidité à la BOA RDC

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🏫 Université De Goma - Faculté des sciences economiques et de gestion
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licence - Novembre 2021
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Les facteurs de risque de liquidité sont cruciaux pour comprendre la vulnérabilité des banques, notamment la BOA RDC. Cet article analyse les conséquences d’une gestion inadéquate et les implications des réglementations internationales, telles que Bâle III, sur la stabilité financière.


LE RISQUE DE LIQUIDITE

DEFINITION :

On l’aborde, en général, sous trois angles:

  • Très souvent, le risque de liquidité intervient quand la banque ne dispose pas de liquidités suffisantes pour couvrir les besoins inattendus comme par exemple les retraits massifs des dépôts ou de l’épargne des clients. C’est donc l’absence d’un matelas de sécurité qui fait courir à la banque ce risque.
  • On peut définir encore le risque de liquidité sous la forme d’un état d’illiquidite extrême pouvant conduire à la faillite d’un établissement bancaire. Des pertes importantes pouvant être à l’origine de cette situation, il peut s’en suivre des retraits massifs de fonds ou la fermeture de lignes de crédits d’autres banques ce qui peut provoquer la crise de liquidité. Il y a dans ce cas une crise de confiance du marché à l’égard de l’établissement concerne.
  • La troisième acception du risque de liquidité pour une banque est relative à sa capacité de lever des ressources sur le marché à un cout normal pour couvrir ses besoins. Cette capacité dépend essentiellement de la situation de liquidité du marché de celle de l’établissement de crédit lui-même. Il y a ici crise de confiance des prêteurs à l’égard de l’établissement considéré.

LES FACTEURS DU RISQUE DE LIQUIDITE :1

1. La transformation des échéances :

Le risque de liquidité résulte de la transformation des échéances opérée par la banque. Or, l’activité de transformation a deux origines :

  • Les préférences des contreparties: les intérêts des prêteurs et des emprunteurs sont contradictoires. Les premiers veulent prêter court et pouvoir garder une certaine disponibilité de leur épargne, tandis que les seconds veulent emprunter long et consolider leurs financements. L’ajustement des actifs et passifs est donc impossible.
  • La recherche d’une marge d’intérêt: lorsque la courbe des taux a une forme ascendante dite «normale » (les taux à long terme sont plus élevés que les taux à court terme), la transformation génère une marge positive. La stratégie d’un établissement peut alors consister à privilégier des emprunts à court terme pour financer des actifs plus longs.

2. L’attitude des agents économiques :

La confiance qu’inspire l’établissement lui permet de réaliser ses opérations, de se refinancer dans les meilleures conditions et donc de dégager une rentabilité qui améliore encore son image sur le marché.

A l’inverse, dès que la confiance est un peu entamée, le coût des ressources s’en trouve automatiquement renchéri, l’accès à des nouveaux marchés est limité et la dégradation des résultats qui en résulte ou qui est simplement anticipée ne peut que concourir à une nouvelle atteinte de la confiance.

3. Les aspects liés aux devises étrangères :

L’existence de devises multiples vient aussi augmenter la complexité de la gestion de la liquidité, surtout lorsque la devise nationale n’est pas librement convertible. Une banque peut avoir des difficultés à lever des fonds ou à vendre des avoirs en devises étrangères en cas de perturbation des marchés ou en cas d’évolution de la politique monétaire nationale ou des changes. En principe, une banque doit disposer d’un système de gestion de ses positions de liquidités dans toutes les principales devises qu’elle utilise.

4. La structure du financement :

La structure de financement est un aspect essentiel de la gestion de la liquidité. Une banque dont la base de dépôts est stable, vaste et variée connaîtra généralement moins de problèmes de liquidité. L’évaluation de la structure et du type de base de dépôts ainsi que des caractéristiques des dépôts en termes de stabilité et de qualité sera donc le point de départ de l’évaluation des risques de liquidité.

Un autre facteur déterminant du risque de liquidité est la dépendance vis-à-vis d’une seule source de financement (que l’on appelle aussi le risque de concentration). Lorsqu’une banque a plusieurs déposants importants, et lorsque l’un ou plusieurs d’entre eux retirent leurs fonds, la banque risque de connaître de grave problèmes si elle n’est pas en mesure de trouver rapidement d’autres sources de financement.

5. Les crises financières :

Afin de mieux comprendre les différentes dimensions du risque de liquidité, il nous est intéressant de passer à travers quelques faits importants sur l’implication du risque de liquidité dans les crises financières qui se sont survenues dans l’histoire.

Le krach boursier en 1987 Selon plusieurs analystes, particulièrement Miller et al. (1987), les causes du krach boursier en 1987 sont entièrement, ou du moins premièrement, attribuées aux problèmes d’illiquidité sur le marché.

Pendant cette période, les marchés généralement les plus liquides tels que les marchés des futures et de cash sont tous frappés durement en même temps par des flux d’ordres de vente de volume sans précédent. Après des délais d’ouverture de marché, il n’était toujours pas possible de balancer les ordres de ventes accumulés avec les ordres d’achats disponibles, même avec des écarts de prix importants.

Le « program trading » combiné avec les stratégies d’assurance de type « proportion constante » résulte en blocages d’opérations d’exécution des ordres de ventes sur le marché au prix BID, ainsi suivent le désordre et la panique dans le marché. Selon le concept de Grossman et Miller (1988), les deux marchés sont lourdement illiquides qu’ils ne peuvent pas répondre aux demandes de l’immédiat à des coûts raisonnables.

LE TRAITEMENT DU RISQUE DE LIQUIDITÉ DANS BÂLE III

Les accords de Bâle I (1988) et Bâle II (2004) n’ont pas harmonisé internationalement la réglementation du risque de liquidité, réglementation qui existe depuis longtemps dans certains pays comme la France (1946). Les accords de Bâle III se sont saisis de cette question et ont intégré le risque de liquidité à côté des risques de crédit, de marché et opérationnels.

Le cadre d’analyse proposé dans la première partie nous permettra de voir que Bâle III se focalise sur la liquidité de financement en imposant des ratios internes de liquidité à respecter, ce qui néglige les interactions avec le risque de liquidité de marché dont nous avons montré l’importance.

Nous présenterons ainsi dans un premier temps les ratios de liquidité proposés par Bâle III pour en proposer en suite une évaluation qui nous conduira à formuler des propositions.

Les nouveaux ratios de liquidité LCR et NSFR

Le nouveau cadre réglementaire pour la surveillance de la liquidité développé par le Comité de Bâle (Bâle III) en réponse à la crise financière récente vise à fortifier la résistance des banques face à l’émergence des chocs de liquidité. Afin d’atteindre cet objectif, il propose d’introduire deux ratios qui s’appliqueront progressivement, et ce, pour l’ensemble des pays du G20 : le liquidity coverage ratio (LCR) et le net stable funding ratio (NSFR).

Le ratio de liquidité à court terme LCR

Le LCR est un ratio de liquidité à un mois dont l’objectif est de permettre aux banques de résister à des crises de liquidité idiosyncratiques et systémiques sur un horizon d’un mois. Ce ratio fait l’objet d’une période d’observation depuis 2011 dans la perspective de l’introduire en tant que norme à partir de 2015. Sur une période de trente jours, il permet de s’assurer que les banques détiennent suffisamment d’actifs très liquides dans leur bilan pour leur permettre de faire face à une ruée sur les dépôts ou à une baisse importante de trésorerie :

Formule du LCR
LCR =Réserve d’actifs liquides / Flux net à 30 jours ≥ 100%

Avec flux nets à 30 jours = flux décaissés – min (flux encaissés ; 75 % flux décaissés).

Des précisions sur le numérateur s’imposent puisque certains de ses paramètres font l’objet de réflexions ultérieures dans notre article. La réserve d’actifs liquides est composée de réserves de disponibilités (cash) et d’actifs liquides valorisés en situation de stress. Cette réserve contient un stock d’actifs très liquides composé d’obligations souveraines, de titres émis par des banques centrales ou des organismes publics sans risque, ainsi que de certaines obligations corporate ayant une note supérieure ou égale à AA-.

Notons que les actifs de niveau 2 ne doivent pas dépasser 40 % de la réserve de liquidité et que les titres arrivant à maturité dans le mois ne sont pas pris en compte dans la réserve de liquidité puisqu’ils sont comptabilisés dans les flux encaissés au dénominateur. Au dénominateur, le régulateur a veillé à ce que les flux encaissés soient plafonnés à hauteur de 75% des flux décaissés pour s’assurer que même les banques avec des encaissements particulièrement élevés se constituent une réserve de liquidité.

Par conséquent, pour obtenir un LCR supérieur à 100 %, la réserve d’actifs liquides doit être supérieure aux flux nets à trente jours. Ce qui implique que dans le cas le plus favorable, elle doit être supérieure à 25 % des décaissements.2

Le ratio de liquidité à long terme NSFR :

Le dispositif de Bâle III prend aussi en compte le risque de liquidité à long terme. Le NSFR compare les ressources financières stables dont disposent les banques avec leurs besoins de financement stables, y compris les éléments hors-bilan. L’objectif affiché est de limiter le recours excessif à la transformation de maturités en encourageant les banques à recourir à des financements de plus long terme. Ce ratio fait l’objet d’une période d’observation à partir de 2012, dans la perspective de l’introduire à partir de 2018. Le principe du NSFR est le suivant : le montant de financement stable disponible doit être supérieur au montant de financement stable exigé.3

Bâle III est-il sur la bonne voie ?

Avec la nouvelle réglementation Bâle III, le régulateur élimine certes une partie du risque de liquidité chez les banques, mais les solutions proposées sont problématiques dans le contexte actuel, voire une source potentielle de nouveaux problèmes à l’avenir.

Tout d’abord, il est à noter que le ratio LCR vise à réduire le risque de liquidité de financement sans vraiment tenir compte des interactions avec le risque de liquidité de marché. En fait, ce ratio est le rapport entre la liquidité de marché (qui est, rappelons-le, une réserve externe de liquidité) et la liquidité de financement, qui retrace un besoin de financement à très court terme des banques.

Certes, le régulateur contraint les banques à détenir des actifs très liquides et évite, dans une certaine mesure, la liquidation à « prix cassés » d’actifs pour faire face à une crise d’illiquidité ou à des phénomènes de fuite « vers la qualité », c’est-à-dire, dans ces situations, vers la liquidité.

Mais le ratio ne peut limiter que partiellement le renforcement mutuel du risque de liquidité de marché et du risque de liquidité de financement car en situation de crise d’illiquidité, les banques qui normalement ont toutes réglementairement constitué ces réserves d’actifs très liquides doivent les liquider en même temps, faisant brutalement chuter leur prix et donc leur contre-valeur en monnaie.

Cela étant, le régulateur, à juste titre, s’est bien gardé d’introduire au numérateur le vivier de titres éligibles pouvant servir de garantie à un emprunt de liquidité sur le marché monétaire interbancaire ou auprès de la banque centrale. On sait que la réserve de liquidité banque centrale est quasi illimitée et il faut avant tout veiller à ce que les banques soient en mesure de trouver la liquidité sur le marché pour éviter des comportements d’aléa de moralité de leur part.

Ensuite, il est clair que la composition du ratio LCR, mesure phare de Bâle III dans la prévention du risque de liquidité des banques, donne une place très importante aux obligations émises par les États dans les actifs considérés comme étant sans risque. Nous pouvons craindre que pour respecter ce nouveau ratio, les banques prêtent moins aux entreprises pour compenser leur détention d’obligations souveraines. Cela signifie que les banques seraient plus incitées à financer les États que l’économie.4

Cependant, la crise récente des dettes souveraines dans la zone euro a démontré que l’idée selon laquelle le défaut d’un emprunteur souverain de la zone euro est impossible ne tient plus. Cela conduira les banques elles-mêmes à être plus discriminantes en matière d’obligations d’État pour constituer leur réserve d’actifs liquides, certaines de ces obligations étant passées du niveau 1 au niveau 2, les plus risquées en étant exclues.

Par ailleurs, beaucoup des spécialistes voient d’un mauvais œil la mise en place du ratio NSFR qui remettrait en cause le métier même de la banque, à savoir la transformation des ressources à court terme en crédits à moyen et long terme, puisque ce ratio a pour objectif de contraindre les banques à utiliser des ressources stables à plus d’un an pour financer une partie considérable de leurs actifs longs, et ce, en situation de stress sur un horizon d’un an.

On sait que l’une des spécificités des banques au sein des systèmes financiers, qui explique leur raison d’être, réside dans cette activité de transformation d’échéance qui ne peut avoir lieu sur les marchés financiers. Certes, cette activité ne disparaît pas, mais elle est réduite afin d’accroître la stabilité du secteur bancaire.

La mise en place du NSFR pourrait donc aboutir à une augmentation des taux de crédit si les banques voulaient maintenir des marges suffisantes et, par voie de conséquence, à un ralentissement des crédits bancaires accordés à l’économie.5

En somme, La liquidité constitue un phénomène polymorphe et il existe différents types de liquidité et donc de risques associés. Nous avons pu mettre en évidence, au travers d’approches théoriques la notion du risque de liquidité. Nous avons ensuite analysé la prise en compte du risque de liquidité dans les accords de Bâle III au travers des nouveaux ratios LCR et NSFR. Certes, cette prise en compte constitue une avancée.

________________________

1 ARAB Abdelilah et ELBOUZIDI Mohammed ; Gestion du risque de liquidité ; Université mohamed V, 2011.

2 COMITÉ DE BÂLE SUR LE CONTRÔLE BANCAIRE (2010), Bâle III : dispositif international de mesure, normalisation et surveillance du risque de liquidité.

3 IDM.

4 IDM.

5 IDM.

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