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Diplomatie camerounaise et positionnement à l’OUA/UA

Cet article explore la diplomatie camerounaise, mettant en lumière ses stratégies de positionnement au sein des instances multilatérales africaines comme l’OUA/UA pour une meilleure influence régionale.

Déploiement de la diplomatie camerounaise en Afrique: Cet article explore les enjeux du déploiement de la diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines, soulignant l’importance de la souveraineté et de l’image de marque du pays.

Stratégies pour le placement des Camerounais à l’OUA/UA: Dans cet article, l’auteur explore les stratégies employées par le Cameroun pour le placement de ses ressortissants à l’OUA/UA, mettant en évidence l’importance des relations diplomatiques.

ENJEUX DU DEPLOIEMENT DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES INSTANCES MULTILATERALES AFRICAINES

Le déploiement de la diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines repose sur un certain nombre d’enjeux à la fois politico-diplomatiques, économiques et stratégiques. Il convient donc de les examiner au cas par cas dans ce travail.

Les enjeux politico-diplomatiques

On peut relever qu’en matière de politique étrangère, il y’a plusieurs enjeux qui nécessitent la mise au point des stratégies. Yves Meny et Jean-Claude Thoenig définissent un enjeu comme : ‘’Tout problème autour duquel se greffe un débat, une controverse, qui est l’objet de valorisations contrastées. Un enjeu n’existe pas en soi, mais par rapport à des acteurs spécifiques qui, la plupart du temps, sont porteurs de priorités différentes les unes des autres’’. D’après le dictionnaire de l’académie française, l’enjeu renvoie au but ou objectif que l’on poursuit, ce que l’on a à gagner ou à perdre dans une compétition.

La sauvegarde et/ou la consolidation de sa souveraineté et la promotion de la sécurité au niveau régional africain

Dans son acception classique, la politique extérieure est itinérante de la politique intérieure au-delà des frontières nationales. Il s’ensuit que l’ambition extérieure majeure de l’Etat est celle de son affirmation politique et idéologique au-delà des frontières. Cette affirmation s’enracine dans la projection et la valorisation de l’être de l’Etat à l’extérieure, sur les plans notamment de la souveraineté, de la légitimation des intérêts nationaux. De ce fait, la politique diplomatique s’inscrit dans la défense et la valorisation de sa souveraineté et de l’indépendance nationale.

Ainsi, dans son premier discours devant le corps diplomatique le 30 décembre 1982, le président Paul Biya indiqua l’enjeu ou alors l’objectif majeur de la diplomatie camerounaise qui était de consolider toujours d’avantage sa souveraineté nationale dans un monde agité et toujours exposé à toutes les volontés de domination.

Au niveau de l’OUA/UA c’est-à-dire à l’échelon continental, l’enjeu de la diplomatie camerounaise vise, à travers la création des cercles concentriques de sécurité, la promotion et la consolidation de la communauté régionale de sécurité, facteur essentiel d’une paix structurelle et durable. De ce qui suit, le Cameroun dès le départ a inscrit sa politique régionale dans un parfait esprit d’égalité et de fraternité agissante. L’égalité, la fraternité et la solidarité ont, en tant qu’éléments de la politique de voisinage, situé celle-ci aux antipodes de la puissance et de la domination hégémonique.

Le régionalisme non hégémonique est ainsi apparu comme une véritable ligne de conduite extérieure ainsi que le confirme Samuel Eboua, ancien secrétaire général de la présidence sous Ahmadou Ahidjo : ‘’Le Cameroun n’a jamais été tenté par un quelconque expansionnisme politique ou territorial’’. Bien que se refusant à quelque expansionnisme que ce soit, le Cameroun se dit toutefois ‘’prêt (…) à accueillir en son sein les populations de ces territoires auxquelles le lie tant d’affinités historiques si celles-ci, usant de leur droit d’autodétermination, choisissaient librement d’unir leur destin au sien’’.

La promotion de son image de marque, facteur essentiel de son rayonnement sur l’échiquier continental africain

Le Cameroun a toujours été désireux de marquer sa présence diplomatique sur la scène continentale africaine. Cela passe d’abord comme le martèle Onesine Alain Ndi-Bitan par une assiduité fréquente au sein de l’OUA/UA, par la mise en vitrine du pays et la promotion de son image de marque soutenue et respectée, et qui assure aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Cette volonté de présentation à l’échelle régionale de l’image d’une ‘’nation sérieuse’’ est un enjeu structurel de la politique extérieure depuis le temps du président Ahmadou Ahidjo jusqu’à l’ère actuelle du président Paul Biya dans laquelle ‘’la projection d’une nouvelle image de marque du Cameroun’’ s’affirme comme l’une des finalités essentielles de sa diplomatie’’. Celle-ci vise à donner du Cameroun, ‘’non seulement l’image d’un pays sérieux et stable, mais aussi et surtout celle d’un pays résolument engagé dans la voie de la libéralisation, du respect des droits de l’homme, de la démocratie et du progrès’’.

Après avoir analysé les enjeux politico-diplomatiques du déploiement du Cameroun au sein de l’OUA/UA, il nous faut maintenant mettre en créneau les enjeux économiques et stratégiques.

2. Les enjeux économiques et stratégiques

2.1. Les enjeux économiques

Le 1er janvier 1960, la partie orientale du Cameroun accède à l’indépendance avec Ahmadou Ahidjo comme magistère.

Pour celui-ci, la bataille à gagner au lendemain des indépendances africaines était d’ordre économique. Même son de cloche pour son prédécesseur constitutionnel Paul Biya qui estimait qu’il est impératif de se doter d’une boussole pour conduire le développement du Cameroun de manière rationnelle et méthodique. D’où la nécessité de mener une diplomatie économique efficiente dans laquelle les préoccupations d’efficacité et de rentabilité influencent les options extérieures.

Au niveau de l’OUA/UA, l’enjeu économique de la diplomatie camerounaise est la défense et la sauvegarde de ses intérêts. Chercher à propulser le Cameroun au rang des économies dites émergentes à très moyen terme ; en tout cas à l’horizon 2035. Cela nécessite le soutien des instances multilatérales africaines à la construction d’une infrastructure nationale adéquate, une accélération de sa croissance, et un approfondissement du progrès humain et social. De plus, l’enjeu d’affirmation du Cameroun comme pays émergent nécessite le renforcement de son influence au niveau sous-régional par son positionnement sur la sphère régionale africaine à travers la captation des projets continentaux, notamment avec le NEPAD et dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage.

Les enjeux stratégiques

Le déploiement diplomatique du Cameroun à l’OUA/UA vise également un certain nombre d’enjeux stratégiques. Au niveau régional africain, celui-ci a une double corrélation à la fois sécuritaire et la promotion inlassable de la consolidation de la paix et de l’entente entre les nations.

Le premier enjeu stratégique relatif au déploiement de la diplomatie camerounaise à l’OUA/UA est d’œuvrer à la sécurité intérieure et extérieure du territoire national. Il vise, comme cela a déjà été signalé, la souveraineté et l’indépendance qui sont elles-mêmes les garants de la stabilité des institutions. C’est l’enjeu de préservation de la survie de l’entité étatique.

Cet enjeu stratégique à la structuration de deux tendances lourdes dans la projection du Cameroun dans les instances multilatérales africaines :

  1. premièrement, une politique de voisinage vigoureuse dans le cadre synoptique des cercles concentriques et,
  2. deuxièmement, une affirmation quasi inébranlable de l’attitude de neutralité par rapport aux conflits sous régionaux.

Cette diplomatie de la neutralité est, dans sa dimension tactique, une technique d’évitement de la contamination conflictuelle à partir des foyers extérieurs qui sont légion dans sa zone naturelle d’appartenance géopolitique.

Le second enjeu stratégique du déploiement diplomatique du Cameroun à l’OUA/UA est celui de la promotion inlassable de la consolidation de la paix et de l’entente cordiale entre les Etats. Il s’agit là d’une forte ligne de projection du Cameroun qui vise à prendre part à l’édification de la paix en Afrique. C’est le cas à titre indicatif de son action internationale relative à la résolution des conflits et de sa diplomatie préventive, et qu’il participe à plusieurs opérations de maintien de la paix organisées par l’Organisation des Nations unies à travers le monde. Que ce soit sur la scène régionale africaine que sous régionale, le Cameroun cherche à jouer un rôle prééminent, tant institutionnel qu’opérationnel, dans la lutte contre le terrorisme international, la criminalité économique et transnationale.

Il va de soi que, cette première réflexion s’articulant autour de l’organisation et des enjeux du déploiement de la diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines, a laissé entrevoir une grille d’analyse sextuple.

D’un côté une organisation diplomatique sous la forme d’un trigone avec au sommet le président de la République, assisté tour à tour par le ministère des Relations extérieures et le parlement. Et de l’autre bout, la projection du Cameroun à l’OUA/UA est le fruit des enjeux politico-diplomatiques, économiques et stratégiques itinérants à sa politique intérieure. Excepté les enjeux sous-jacents à son déploiement sur le pan régional africain, plusieurs leviers justifient le positionnement des ressortissants camerounais au sein de l’OUA/UA et sa mise en perspective constitue notre seconde grille d’analyse.

CHAPITRE II :

LES STRATEGIES DE POSITIONNEMENT DES RESSORTISSANTS DU CAMEROUN AU SEIN DES INSTANCES MULTILATERALES AFRICAINES.

Depuis la genèse de l’OUA le 25 mai 1963, le chef de l’Etat Ahmadou Ahidjo a été nommé parmi les membres du comité des sages de ladite organisation. C’est à partir de cet instant précis que la diplomatie camerounaise a commencé véritablement à se projeter sur la sphère régionale africaine.

Celle-ci s’est faite à travers deux principaux canaux de positionnement de ses ressortissants au sein de l’OUA/UA : il s’agit des fonctions électives comme premier canal et non-électives comme second. C’est à la lumière de ce double levier que l’on peut mieux saisir la présence quasi fréquente des ressortissants camerounais au sein des instances multilatérales africaines.

LES FONCTIONS ELECTIVES : PREMIERE STRATEGIE DE POSITIONNEMENT DES RESSORTISSANTS DU CAMEROUN A L’OUA/UA

Il est aisé de faire un parallèle entre les jeux et les élections. Ils ont tous les deux des règles que les participants doivent respecter sous peine de disqualification. C’est cette attitude de respect des règles que le Cameroun adopte au moment de la présentation d’un candidat qu’il soutient de différentes manières.

De ce qui précède, les stratégies de positionnement des ressortissants du Cameroun à l’OUA/UA obéissent aux normes édictées par ladite instance et en plus des stratégies nationales de placement des camerounais.

1. Les stratégies de placement des nationaux à l’OUA/UA

1.1. Le respect de la procédure de l’OUA/UA

Dans la perspective des élections à l’OUA/UA, un Camerounais peut manifester l’intention d’être candidat ou alors que le gouvernement choisisse lui-même un candidat qu’il présente à la présélection régionale. Cette présentation est faite en fonction des quotas régionaux, de la prise en compte de la question du genre dans les candidatures, des qualifications et de l’expérience du candidat. C’est ce qui justifie la présentation d’un curriculum vitae et des études préalables au niveau national.

Les candidats aux fonctions électives sont investis par leurs Etats qui les proposent. L’Etat qui présente un candidat doit parvenir à établir une sorte d’accord entre lui et les autres Etats membres, afin d’assurer l’élection de celui-ci. La candidature est soumise par lettre à chacun d’eux. C’est la procédure courante adoptée pour faire connaître la décision aux chefs d’Etat de l’OUA/UA.

Il s’agit ici spécifiquement d’une simple pratique et non d’une procédure prévue dans les textes en vigueur. Au terme de l’article 32 du règlement intérieur de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement (RICCEG), les candidatures aux postes de l’OUA/UA doivent être communiquées aux membres trois (3) mois avant la date de l’élection.

Le Conseil des ministres recommande l’élection d’un candidat, mais lorsqu’il n’arrive pas à un consensus, il arrête la liste des postulants. Après élection du candidat vient ensuite la nomination ou l’installation de celui-ci par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, organe suprême de l’OUA/UA.

Ceci étant dit, les candidats camerounais font toujours face à une rude compétition aux fonctions électives de ceux des autres Etats membres de l’OUA/UA. C’est pourquoi les qualités humaines qui inspiraient confiance à la grande majorité des Etats membres sont déterminantes lors des différentes élections aux postes de l’OUA/UA.

Ainsi, des tractations et les consultations sont-elles toujours importantes lorsque s’amorce l’échéance du mandat des fonctionnaires élus. Des clivages ethniques ou confessionnels créent souvent des entraves lors de la désignation de certains fonctionnaires africains à l’OUA/UA. C’est le cas à titre illustratif lors de la conférence de l’OUA tenue à Mogadiscio du 12 au 16 juin 1974.

En effet, pour mettre fin à la vacance provoquée par la démission de Joseph Nzo-Ekangaki des suites du ‘’scandale de Lonrho’’, les chefs d’Etat choisirent de désigner un nouveau secrétaire général de l’OUA pour un nouveau mandat. Cela conduisit à des affrontements politiques au sein de la ligue arabe. Les présidents Zambien et Somalien ont été contraints alors de retirer leurs candidats respectifs. C’est ainsi que le Camerounais William Aurélien Eteki-Mboumoua fut proposé par le président Ahmadou Ahidjo et élu à l’unanimité.

Parlant des appels à candidatures pour les postes de membre de la commission, celles-ci doivent également être déposées trois mois avant la conférence au sommet au cours de laquelle se dérouleront lesdites élections. Après la sélection régionale, un groupe ministériel fait une seconde sélection à l’échelle continentale et remet une copie d’au moins deux (2) candidats par poste ; ces candidats devant être de bonne moralité et jouir d’une très grande expérience dans le domaine concerné. Les candidats Camerounais doivent donc passer par ces différentes procédures jusqu’aux élections qui précédent ensuite l’exercice de leurs fonctions.

Une fois le fonctionnaire camerounais élu et investit dans ses fonctions, celui-ci ne représente pas son pays. L’exercice de son mandat est en réalité attribué à l’Etat dont il est ressortissant et non à sa personne lui-même. La cessation des fonctions du titulaire à un poste quelconque peut résulter de deux (2) principales modalités à la fois ordinaires et extraordinaires.

Pour le cas des modalités ordinaires, l’expiration du mandat est la modalité courante. La cessation du mandat d’un ressortissant à une fonction à l’OUA/UA laisse présumer que l’Etat dont il est originaire peut réintroduire sa candidature pour un nouveau mandat ou lui retirer sa confiance obstruant ainsi la voie à sa réélection. La notification de cette décision aux autres Etats membres peut se faire par présentation d’une motion de défiance au cours d’une conférence au sommet, soit par lettre adressée à chacun des Etats membres.

C’est ainsi en guise d’illustration lorsque plusieurs chefs d’Etats africains membres de l’OUA/UA, se plaignirent auprès du président Ahmadou Ahidjo de l’attitude d’Eteki-Mboumoua à la tête du Secrétariat général de l’OUA, lui reprochant en particulier de favoriser l’Algérie sinon d’épouser les thèses ‘’progressistes algériennes’’. Le chef de l’Etat camerounais n’hésita pas à la surprise générale, à retirer son ressortissant en 1978 lorsque son mandat prit fin.

Pour terminer avec les modalités extraordinaires, il s’agit ici des mesures d’exception qui font obstacles à la poursuite de l’exercice du mandat d’un fonctionnaire africain à l’OUA/UA. Si la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement peut dans certains cas mettre fin au mandat d’un fonctionnaire africain, celui-ci peut aussi le faire de son propre gré.

On note de ce fait la révocation et la démission pour le cas des modalités extraordinaires. La démission est une décision unilatérale du fonctionnaire africain, qui provoque de ce fait une vacance définitive de son poste. Elle peut intervenir pour diverses raisons : causes sanitaires ou convalescence personnelle. Elle peut aussi résulter d’une crise de confiance entre le titulaire au poste et l’ensemble des chefs d’Etat. En témoigna d’ailleurs la démission du Camerounais Nzo-Ekangaki, intervenue en 1974 à la suite du ‘’scandale de Lonrho’’. A ce sujet, il avait été contraint à démissionner par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA à la suite de ce fiasco.

Le Cameroun doit respecter à la lettre cette première procédure de l’OUA/UA relatif au placement de ses nationaux au sein de ladite instance, avant maintenant d’entamer ses propres stratégies nationales pour une élection plus facile de ses ressortissants.

Les stratégies nationales de placement des Camerounais

Etant attendu que pour chaque élection, les candidats présentent leur plein pouvoir, le premier signe effectif de soutien au candidat camerounais est l’octroi de ces pleins pouvoirs par le président de la République. Ce qui signifie que le Cameroun présente officiellement un candidat et le soutient par la même occasion. D’où les différentes tractations diplomatiques engagées pour recueillir le maximum de soutien des autres Etats membre de l’OUA/UA. C’est donc une véritable opération de charme qui est engagée.

De ce qui suit, deux (2) principales stratégies sont utilisées par le Cameroun pour faciliter le placement de ses nationaux à l’OUA/UA avant même les élections. La stratégie principale se résume à la campagne au niveau du ministère des Relations extérieures. Cela se manifeste par des correspondances diplomatiques adressées aux autres Etats, les appelant à voter pour le candidat camerounais en lice pour un poste. L’évolution de cette campagne du MINREX est faite par cercles géographiques.

Il s’agit dans un premier temps de convaincre les autres pays de la sous-région notamment l’Afrique centrale, avant d’aller à la globalité de l’Afrique. D’où le rôle nécessaire et important des ambassades camerounaises dans le continent dans la stratégie de ‘’vente’’ du candidat. C’est en réalité un exercice de relations publiques.

La seconde stratégie utilisée par le Cameroun intervient au moment de la tenue des différentes conférences de l’OUA/UA notamment celle des chefs d’Etat et de gouvernement et le conseil des ministres. Durant ces conférences, des tractations vont bon train afin d’engranger de nouveaux soutiens et de confirmer les acquis. Il est important de savoir que le système de compensation soutend toute élection dans les organisations internationales. Il suppose l’établissement des liens de solidarité réciproque entre les électeurs présentant des candidats. A titre indicatif, le Cameroun peut voter pour le candidat gabonais à un poste et le Gabon pour le candidat camerounais à un autre poste.

C’est de cette façon que plusieurs ressortissants camerounais arrivèrent à occuper des fonctions directement au siège de l’OUA/UA. De ce fait, au début des années 1980, le Cameroun occupait une bonne place dans le cercle relativement restreint des Etats les plus fortement représentés dans la machine administrative de l’OUA. En effet, il venait en sixième position après l’Ethiopie, le Ghana, le Soudan, la Tanzanie et le Nigéria, tant du point de vue quantitatif que qualitatif.

Dans les années 1990, c’était la même tradition malgré une diminution subséquente observée dans les années 2000. A titre démonstratif, le tableau suivant dénombre les ressortissants du Cameroun présents à l’OUA/UA à son siège à Addis-Abeba en 1995 et 2003 :

Tableau 1 : Dénombrement des ressortissants Camerounais occupant des fonctions à l’OUA/UA sis à son siège à Addis-Abeba de 1995 à 2003.

Source : Réalisé à partir des données de la direction des affaires d’Afrique (D1) du Ministère des Relations extérieures.

Ce tableau illustratif nous montre une présence plus ou moins considérable des ressortissants camerounais dans l’architecture administrative de l’OUA en 1995 malgré une récession importante avec l’UA en 2003, ce qui laisse entrevoir une défaillance des stratégies de positionnement des Camerounais dans cette instance. La capitale éthiopienne Addis-Abeba qui hérita tout logiquement du siège de la nouvelle institution à savoir l’Union africaine fut également un haut lieu de déploiement de la diplomatie Camerounaise, où certains ressortissants du Cameroun furent appelés à faire valoir leurs compétences. La plus célèbre parmi eux fut sans aucun doute Elisabeth Tankeu, elle fut élue commissaire africain au commerce et à l’industrie en 2003.

Au vu de cette analyse, nous pouvons affirmer que les stratégies de positionnement des ressortissants du Cameroun à l’OUA/UA pour le cas précis des fonctions électives, revêt une double démarche : nous avons d’abord le respect strict des normes des instances multilatérales africaines, suivi enfin des stratégies nationales de placement des camerounais. Ainsi dit, qu’en est-il des fonctions non-électives ?

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