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La diplomatie camerounaise à l’OUA/UA : enjeux et stratégies

Dans cet article captivant, découvrez comment la diplomatie camerounaise a évolué et prospéré au sein des instances multilatérales africaines, notamment à l’OUA/UA, entre 1963 et 2003.

Diplomatie camerounaise dans les instances africaines: Cet article explore la diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines, en analysant ses méthodes de recherche et son impact sur les relations internationales.

VI- PROBLEMATIQUE

Elément fondamental et crucial dans l’écriture scientifique de l’histoire, la problématique renvoie d’après Michel Beaud à ‘’l’ensemble construit d’une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d’analyse qui permettront de traiter le sujet’’. Quivy et Campenhouth allant dans le même sillage ajoutent : ‘’c’est une manière d’interroger les phénomènes étudiés. Elle constitue une étape charnière de la recherche, entre la rupture et la construction’’.

Ceci étant fait, la diplomatie camerounaise s’est toujours montrée attractive au moins jusqu’aux dix-sept premières années ayant précédé la genèse de l’OUA le 25 mai 1963. Elément phare dans la projection à l’échelle internationale d’un Etat, le président Ahidjo (1960-1982) avait mesuré l’enjeu que représente la diplomatie pour un Etat nouvellement indépendant comme le Cameroun, en le dotant d’un capital humain efficace et pragmatique, répondant aux exigences habituelles des rapports interétatiques pour un meilleur déploiement.

Cependant, à l’aube du XXIe siècle, la présence en bon nombre en terre camerounaise des structures de l’OUA/UA et des consécrations tour à tour du professeur Pierre Moukoko Mbonjo en septembre 2017 à la fonction de chef de l’unité pour la mise en œuvre de la réforme institutionnelle de l’Union africaine engagée depuis quelques années aux côtés du président Rwandais Paul Kagame, et celles de Sarah Mbi Enow Anyang Agbor au poste de commissaire en charge des ressources humaines, des sciences de la Commission de l’Union africaine, en plus de l’intérêt particulier de l’UA pour le Cameroun qui s’est manifeste en 2018 avec une visite de travail du président de la commission de l’UA Moussa Faki Mahamat. Tous ces multiples événements suscitèrent beaucoup de remous chez ses autres voisins en Afrique centrale, posant ainsi le problème des leviers de projection de la diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines OUA/UA.

Au-delà de toutes les considérations relatives au contexte de recherche et au problème que soulève ce sujet, cela nous emmène à formuler la problématique suivante : comment la diplomatie camerounaise en tant qu’instrument de projection, s’est-elle déployée dans les instances multilatérales africaines notamment à l’OUA/UA de 1963-2003 ?

A cette interrogation centrale se greffent quelques questions subsidiaires de recherche :

  • Comment la diplomatie camerounaise se structure-t-elle ?
  • Quels sont les enjeux de déploiement de cette diplomatie au sein de l’OUA/UA ?
  • Quelles sont les stratégies de positionnement des ressortissants camerounais au sein de l’OUA/UA ?
  • Quelle est la contribution du Cameroun dans le fonctionnement desdites instances ?
  • Quel est l’impact du déploiement diplomatique du Cameroun à l’OUA/UA ?

VII- APPROCHES METHODOLOGIQUES

La méthode est ‘’constituée de l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre, les vérifie’’. Elle est la procédure à suivre dans le cadre d’un travail scientifique pour atteindre le résultat recherché. Ainsi, nous avons opté pour la méthode qualitative. Celle-ci est constituée de deux sous-ensembles à savoir la méthode de collecte et d’analyse des données.

1- Méthode de collecte des données

La collecte des données n’est pas étrangère à la discipline des relations internationales. Marcel Merle martèle à ce sujet : ‘’les relations internationales étant des faits sociaux, elles sont justiciables des méthodes d’investigation qui ont été mises au point et qui sont effectivement appliquées dans le champ des sciences sociales’’.

Pour la réalisation de ce travail, notre collecte des données a englobé les techniques documentaires et les techniques vivantes.

Le document représente un instrument fondamental pour la recherche. Il offre l’avantage d’être un matériau objectif en ce sens qu’il soulève les interprétations différentes, il est le même et ne change pas. Dans la même lancée, Jean Claude Combessie souligne : ‘’dans toute recherche, les sources documentaires peuvent fournir à la fois des informations complémentaires et une diversification des éclairages’’. Sans document, aucune recherche n’est envisageable.

Nous avons axé pour un cheminement qui alterne la réflexion théorique et empirico-explicative. Une pléthore de sources documentaires de nature diverse a été utilisée dans le cadre de cette recherche : la collecte des informations qui a été rendue possible par l’acquisition de quelques documents d’archives venant du Ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (MINEPAT), du Ministère des finances (MINFI), et des relations extérieures (MINREX). A cela s’ajoute des multiples séances de lectures dans les centres documentaires suivants : les bibliothèques de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), de la faculté des arts, lettres et sciences humaines (FALSH) de l’Université de Yaoundé I, de la faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) de l’université de Yaoundé II, de l’école normale supérieure (ENS) de Yaoundé et à la fondation Paul Ango-Ela (FPAE). On peut aussi ajouter des séances de lecture à l’Institut français du Cameroun (IFC) à Douala et à la bibliothèque de la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université (FLSH) de Douala. Nous avons aussi eu à faire un petit détour par la société de presse et d’éditions du Cameroun (SOPECAM) pour la consultation d’anciens journaux.

Les techniques vivantes constituent également une source d’information majeure de la collecte des données. Celles-ci concernent les guides d’entretien avec les enseignants d’universités spécialistes de la question. On note aussi les entretiens avec les fonctionnaires diplomates de la direction des affaires d’Afrique du Ministère des relations extérieures lors du stage de trois semaines qui nous a été accordé. Ce stage était dû à l’inaccessibilité des archives de ce département ministériel pour cause de classification. Plusieurs sources numériques sont venues compléter la toile de fond de cette recherche à l’instar de la base de données spécialisée de l’OUA-UA.

L’étape suivante a consisté à un regroupement de ces données de manière thématique, associée à une démarche chronologique qui nous a permis d’élaborer notre plan de travail. La dernière étape de l’approche méthodologique concerne l’analyse des données. Cette dernière s’est faite grâce à la méthode comparative et critique.

2- Méthode d’analyse des données

L’analyse des données obéit à une démarche méthodologique précise. Dans cette recherche, nous avons opté pour la pluridisciplinarité car, elle permet d’aboutir à des capacités d’interprétations riches et diversifiées, contrairement à la recherche fondée sur une seule discipline qui ne permet que de saisir un seul aspect de la réalité. En effet, comme le martelait Jean Claude Combessie :

A chaque méthode correspond un mode de saisie, de constitution de l’objet. Diversifier les méthodes, c’est croiser les éclairages ou sources, créer des conditions d’une strioscopie par superposition d’images produites à partir de point de vue différents, diversifier les objets, c’est à la fois multiplier les informations et renforcer les possibilités de comparaison et d’objectivation, ces bénéfices étant mieux assurés que chaque méthode est développée et approfondie dans une logique qui lui est spécifique.

Dans le cadre de ce travail, nous avons procédé d’abord à une comparaison des différentes sources, puis à un croisement de celles-ci entre elles. Pour le cas des sources vivantes, nous avons procédé à une retranscription de celles-ci après les différents entretiens, tout en ressortant à chaque fois la critique. Cette confrontation des sources orales nous a permis d’avoir une idée fixe et globale sur le sujet compte tenu de leur convergence. La même méthode a été appliquée pour les différentes sources documentaires. La comparaison et le croisement de celles-ci a conduit à la formulation des différents chapitres et articulations de ce travail. Le développement de chaque idée de ce travail a toujours été sanctionné par une petite synthèse conclusive. Au terme de ce croisement des différentes sources, on a pu observer plus de convergence que de divergence entre celles-ci, notamment les sources orales et de nombreuses similitudes entre les documents écrits. Ce n’est qu’après cette investigation que nous avons entamé l’analyse synthétique de nos différentes informations dans le but de les affecter par chapitre pour la rédaction proprement dite.

Nous avons fait face dans le cadre de nos multiples investigations sur le terrain à deux principales difficultés : l’inaccessibilité des documents d’archives du ministère des relations extérieures pour cause d’aménagement et de classification et les difficultés d’entrer en contact avec certaines personnes ressources.

IX- PLAN

L’ossature de ce travail de recherche est fondée sur les quatre chapitres suivants :

CHAPITRE I :

Organisation et enjeux du déploiement de la diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines.

Dans cette structuration, relevons que la diplomatie camerounaise dans son ensemble s’organise autour du président de la République et chef de l’Etat qui est chargé de définir et d’en donner les grandes orientations. Il est secondé par le MINREX qui joue le rôle de metteur en scène de celle-ci. Le parlement qui en est un acteur auxiliaire, est chargé de contrôler l’activité conventionnelle et diplomatique du gouvernement et participe au rayonnement du Cameroun à l’extérieur à travers sa participation à la macro-diplomatie parlementaire. Quant aux enjeux du déploiement diplomatique du Cameroun à l’OUA/UA, ils sont d’ordre politico-diplomatique, économique et stratégique.

CHAPITRE II :

Les stratégies de positionnement des ressortissants du Cameroun au sein des instances multilatérales africaines OUA/UA.

Le Cameroun use de deux (2) principales stratégies de positionnement de ses ressortissants à l’OUA/UA. Il s’agit des mécanismes électifs et non-électifs. La stratégie élective renferme entre autre le respect de la procédure de l’OUA/UA et des stratégies nationales propres au Cameroun usées pour placer ses ressortissants au sein desdites instances. Pour la méthode non-élective, il s’agit du détachement et de la mise en disponibilité.

CHAPITRE III :

L’implication de la diplomatie camerounaise dans le fonctionnement des instances de l’OUA/UA (1963-2003).

Dans ce volet, l’implication de la diplomatie camerounaise dans le fonctionnement des instances peut être perceptible à travers la participation plus ou moins régulière aux différents sommets de l’OUA/UA, le paiement des quotes-parts au sein de l’organisation et ses multiples interventions au sein des instances dans la recherche des alternatives aux conflits menaçant l’intégrité continentale. Cette implication a eu deux séquences diamétralement opposées. Une première séquence avec Ahidjo où celui-ci a fait acte de présence sur l’échiquier régional africain de 1963 à 1981. Cet intervalle chronologique correspond aux années où la diplomatie camerounaise avait connu un grand essor en Afrique ponctué malgré tout par une certaine suffisance de sa part. La seconde séquence s’est faite avec le président Biya où celui-ci a pris plutôt le contre-pied diplomatique de son prédécesseur.

CHAPITRE IV :

Impact du déploiement diplomatique du Cameroun dans les instances multilatérales africaines OUA/UA (1963-2003).

Dans ce dernier chapitre, l’impact de la diplomatie camerounaise au sein des instances régionales africaines peut se percevoir au niveau géopolitique, politico-diplomatique et socio-économique. Pour sa part, l’OUA/UA a contribué à façonner le Cameroun sur deux principaux angles à la fois du point de vue socio-politique et surtout sur le plan institutionnel de par la présence de plusieurs de ses organismes et structures spécialisées sur le sol camerounais. Toutefois, plusieurs limites ont émaillé la projection diplomatique du Cameroun sur la sphère extranationale : il s’agit des limites d’ordre humain, stratégique et de nombreux dysfonctionnements d’ordre logistique.

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