Diplomatie camerounaise dans les instances africaines : Découvrez comment la diplomatie camerounaise s’est déployée dans les instances multilatérales africaines, notamment l’OUA et l’UA, entre 1963 et 2003.
La diplomatie camerounaise au sein de l’OUA/UA: Découvrez comment la diplomatie camerounaise a pris son envol lors de la création de l’OUA en 1963 et son impact sur les instances multilatérales africaines à travers l’évolution des leaders comme Elisabeth Tankeu.
UNIVERSITE DE DOUALA
THE UNIVERSITY OF DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
FACULTY OF LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
Ecole Doctorale des Sciences Sociales et Humaines
Doctorate School of Social and Human Sciences
Unité de Formation Doctorale des Sciences Humaines, Littérature et Communication
Doctorate Training Unit of Human Sciences, Literature and Communication
Laboratoire de recherche : Histoire et Sciences du patrimoine
Research laboratory: History and Heritage Sciences
Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l’obtention du diplôme de Master en Histoire.
La Diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines :
cas de OUA/UA (1963-2003).
Spécialité : Relations Internationales
Par :
Paul MENANG MENANG
Licencié en Histoire
Matricule : 16L71695
Sous la direction du :
Pr. Raphaël BATENGUENE ASSIL
Maître de Conférences
Année académique :
2020- 2021
SOMMAIRE
Abstract IX
Introduction Générale 1
Chapitre I : Organisation et Enjeux du Déploiement de la Diplomatie Camerounaise dans les Instances Multilatérales Africaines 29
I. Organisation de la Diplomatie Camerounaise 29
II. Enjeux du Déploiement de la Diplomatie Camerounaise dans les Instances Multilatérales Africaines 38
Chapitre II : Les Stratégies de Positionnement des Ressortissants du Cameroun au Sein des Instances Multilatérales Africaines OUA/UA 43
I. Les Fonctions Electives : Première Stratégie de Positionnement des Ressortissants du Cameroun à l’OUA/UA 43
II. Les Fonctions Non-Electives : Seconde Stratégie de Positionnement des Ressortissants du Cameroun à l’OUA/UA 49
Chapitre III : L’Implication de la Diplomatie Camerounaise dans le Fonctionnement des Instances de l’OUA/UA (1963-2003) 56
I. La Participation du Cameroun dans la Dynamique Fonctionnelle de l’OUA : Entre Permanence et Baisse d’Intensité 56
II. La Diplomatie Camerounaise au Sein de l’UA 84
Chapitre IV : Impact du Déploiement Diplomatique du Cameroun dans les Instances Multilatérales Africaines OUA/UA (1963-2003) 90
I. Impact Amélioratif du Déploiement Diplomatique du Cameroun à l’OUA/UA (1963-2003) 90
II. Les Limites du Déploiement Diplomatique du Cameroun à l’OUA/UA 99
Conclusion GénéraleNos amis : David Bekima, Prunelle Loïs Tchuidjo Njamen, Jean de Dieu Gnawe Djonga, Ghislain Ewondjo, Marie Pascale Elembeng, Clinton Njiti.
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ANC : African National Congress ;
CBL : Commission du Bassin du Lac Tchad ;
CPA : Commonwealth Parliamentary Association ;
CPI : Conseil Phytosanitaire Interafricain ;
CSSA : Conseil Supérieur des Sports en Afrique ;
D1 : Direction des Affaires d’Afrique ;
ENS : Ecole Normale Supérieure ;
FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines ;
FNLA : Front National de Libération de l’Angola ;
FPAE : Fondation Paul Ango Ela ;
FSJP : Faculté des Sciences Juridiques et Politiques ;
GUNT : Gouvernement d’Union Nationale de Transition ;
HCR : Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés ;
IFC : Institut Français du Cameroun ;
IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun ;
MINEPAT : Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire ;
MINFI : Ministère des Finances ;
MPLA : Mouvement Populaire de Libération de l’Angola ;
MINREX : Ministère des Relations Extérieures ;
NOEI : Nouvel Ordre Economique International ;
NEPAD : New Partnership for African Development ;
OCAM : Organisation Commune Africaine et Malgache ;
OIT : Organisation Internationale du Travail ;
ONU : Organisation des Nations-Unies ;
OUA : Organisation de l’Unité Africaine ;
PAC : Panafricanist Congress of Azania;
PAS : Plan d’Ajustement Structurel ;
PPT : Parti Progressiste Tchadien ;
RASD : République Arabe Sahraouie Démocratique ;
RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais ;
RFI : Radio France Internationale ;
RICCEG : Règlement Intérieur de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
SADCC : Conférence de Coordination de Développement de l’Afrique Australe ;
SDN : Société Des Nations ;
SOPECAM : Société de Presse et d’Editions du Cameroun ;
UA : Union Africaine ;
UAM : Union Africaine et Malgache ;
UDEAC : Union Douanière et Economique de l’Afrique Centrale ;
UDT : Union Démocratique Tchadienne ;
UNC : Union Nationale Camerounaise ;
UNITA : Union pour l’Indépendance Totale de l’Angola.
RESUME
Le Cameroun est un Etat situé au centre de l’Afrique. Un des membres fondateurs de l’OUA le 25 mai 1963, devenue UA le 9 juillet 2002. Il participe depuis près d’une quarantaine d’années à la dynamique constructive, évolutive et unitaire des instances africaines.
Ceci est rendu possible grâce à sa diplomatie. Cette projection et visibilité de l’outil diplomatique camerounais sur la scène régionale africaine est le fruit du travail de nombreux de ses ressortissants présents dans l’architecture fonctionnelle desdites instances aussi bien à son siège à Addis-Abeba que dans les représentations extérieures et les institutions spécialisées.
Cette stratégie éminemment politico-diplomatique est perceptible à travers deux principaux mécanismes à la fois électifs et non-électifs. Toutefois, de la magistrature d’Ahmadou Ahidjo en passant par celle de son prédécesseur Paul Biya, l’implication du Cameroun dans le fonctionnement de l’OUA/UA de 1963 à 2003 a connu deux séquences opposées. A ce sujet, c’est en grande partie sous le règne de l’ex-président que la diplomatie camerounaise à l’OUA a eu un grand essor.
Ceci se justifiait en grande partie par sa présence fréquente aux activités de ladite instance, le payement régulier des quotes parts, et son engagement à lutter pour la construction d’un espace continental ancré autour de la paix et l’unité.
Avec Biya, le déploiement diplomatique du Cameroun est certes continu mais n’a plus le même rayonnement qui était le sien pendant les dix-sept premières années qui précédaient la genèse de l’institution panafricaine. Un sursaut d’orgueil de tentative de projection efficace fut observé au tout début du XXIème siècle avec l’UA, mais ceci a été plutôt timide. Tout compte fait, les stratégies électives et non-électives sont les principaux leviers de déploiement de la diplomatie camerounaise à l’OUA/UA.
Cette projection est rendue possible par le placement de ses ressortissants au sein desdites instances.
Mots-clés : Ahmadou Ahidjo, déploiement, diplomatie, instance multilatérale, OUA, Paul Biya, UA.
ABSTRACT
Cameroon is a nation state in west-central Africa. It is bordered by Nigeria to the west and north; Chad to northeast; the central Africa republic to the east, and Equatorial Guinea, Gabon and the republic of the Congo to the south. Its coastline lies on the Bight of Biafra, part of the Gulf of Guinea and the Atlantic Ocean. The country is sometimes identified as West African and other times as central Africa due to its strategic position at the crossroad between west and central Africa.
Its nearly 25 million people speak 250 native languages. Cameroon is one of the founding members of the Organization of African Unity (OAU) on May 25th 1963, it later on became African Union (AU) on July 9th, 2002. For nearly forty years, the country actively contributed to the constructive, evolving and unitary dynamic of African institutional bodies.
This was made possible by the deployment of its diplomacy. This projection of the Cameroonian diplomacy tool on the African regional scene is reflected by the placement of many of citizens in the functional architecture of the said bodies both, at its headquarters in Addis Abeba, and in the external representations, as well as the specialized institutions.
This eminently politico-diplomatic strategy was perceptible or made tangible through two main mechanisms namely: elective and non-elective. However, from the majesty of the former administration-government led by Ahmadou Ahidjo to the current one of led by his predecessor Paul Biya, Cameroon’s involvement in the functioning of the OAU/AU from 1963 to 2003 had two opposite sequences.
It was largely under the reign of the ex-president that Cameroonian diplomacy of the OAU had a big development. Just after it, Cameroon’s diplomacy deployment in multilateral bodies stayed on course but did not have the same influence as it had during the seventy first years preceding the genesis of the pan-African institution. A surge of pride was observed and efficiently projected at of the very beginning of the successful 21st century launching of the AU, but it remained rather timid.
Key words: Ahmadou Ahidjo, deployment, diplomacy, multilateral bodies, OAU, Paul Biya, AU.
INTRODUCTION GENERALE
1- PRESENTATION DU SUJET
Lors du premier sommet des pays indépendants d’Afrique tenu à Addis-Abeba en Ethiopie du 23 au 25 mai 1963, le président Ahmadou Ahidjo s’adressant à ses homologues martelait :
Nous sommes venus à cette rencontre extraordinaire, avec la conviction qu’elle doit et va marquer une étape importante, décisive, sur le chemin de notre marche vers la liberté, vers l’édification de l’unité africaine (…) au regard de nos multiples différences, la réalité africaine actuelle nous impose donc de nous accepter les uns les autres tels que nous sommes, d’en tenir rigoureusement compte et d’essayer de nous comprendre.
Cette sortie de l’ex-chef d’Etat du Cameroun laissait clairement entrevoir l’engagement politico-diplomatique du Cameroun en Afrique au moment même de la signature de l’Acte constitutif portant création de l’OUA.
Rappelons que depuis une quarantaine d’années, le Cameroun et ses voisins d’Afrique sont membres de l’OUA/UA. Au demeurant, le but ultime du régime de Yaoundé et des autres Etats africains est de réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et les peuples d’Afrique.
C’est d’ailleurs dans cette perspective de construction d’un espace continental ancré autour de l’unité que le président Ahidjo avait toujours fait preuve d’activisme à ne manquant à aucun grand rendez-vous tenu par ladite institution continentale. Ceci fut perceptible à titre indicatif par l’omniprésence du Cameroun aux différents sommets de l’Organisation de l’unité africaine, ce depuis sa mise sur pied. Cette tradition et régularité de la diplomatie camerounaise s’est poursuivie jusqu’en 2002, date de la mutation de l’OUA en UA.
C’est pour situer notre analyse dans le champ des relations internationales, plus précisément dans le domaine diplomatique que nous avons décidé de formuler notre thématique comme suit : « La diplomatie camerounaise dans les instances multilatérales africaines : cas de l’OUA/UA (1963-2003) ».
Articuler ledit thème de cette manière nous permet déjà au niveau de la forme de situer notre travail sur un axe bien précis, en mettant un accent principalement pour ce qui est du fond sur le côté déploiement de cette diplomatie dans les instances africaines. Cette brève présentation du sujet laisse place aux motivations qui ont nourri en nous le choix de cette thématique.
II- INTERET DU SUJET
Les raisons du choix de cette thématique sont multiples et variées. Ceci parce qu’elles sont le produit d’un constat à la fois scientifique, académique et personnel.
1-Intérêt scientifique
Il faut d’abord souligner que ce sujet a un intérêt scientifique sur deux principaux points : tout d’abord après nos investigations sur le terrain, cette thématique n’aurait pas encore réellement fait l’objet d’une étude en Histoire des relations internationales, et pas tout à fait en sciences humaines et sociales. Comme seconde remarque, la thématique Cameroun/OUA-UA a été le plus souvent abordée en Science Politique par les politologues mais dans le sens de montrer uniquement l’action du Cameroun au sein de cette défunte OUA.
Il s’agit donc d’un espace encore en friche d’un point de vue scientifique. Ce thème s’inscrit donc dans une perspective innovante à la fois au niveau du fond que de la forme. Au niveau du fond, le désert scientifique qui transparait autour dudit sujet augure non seulement « la thèse de l’innovation, mais s’oppose à l’idée de formuler des jugements définitifs sur la question « .
Nous aurons donc à cœur d’aborder le côté déploiement de la diplomatie camerounaise à l’OUA/UA tout en inscrivant notre objet de recherche aux confins de l’histoire diplomatique et des relations internationales.
2- Intérêt académique et personnel
A côté de l’intérêt scientifique évoqué plus haut, se greffe l’intérêt académique et personnel. Du point de vue académique, cette étude nous permet de produire un travail scientifique qui doit sanctionner la fin de nos études de second cycle universitaire, ce qui nous permettra tout au moins d’avoir un certain niveau de connaissances épistémologiques dans le champ diplomatique.
Sur le plan personnel, les différents apports du Cameroun au sein de ces instances, ainsi que notre spécialisation en Histoire des relations internationales, ont nourri en nous le goût vers cette aventure scientifique.
III-DELIMITATION DU SUJET
1. Justification des bornes chronologiques
La justification des bornes chronologiques en science historique renvoie de façon concrète à une clarification d’un point de vue scientifique de la date de départ ou borne inférieure et de la date d’arrivée ou borne supérieure.
Pour ce qui est de notre étude, nous aurons à clarifier les deux bornes suivantes : les années 1963 et 2003.
- L’année 1963 correspond à la date de la signature de l’Acte constitutif portant création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Cette organisation fut mise sur pied le 25 mai 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie.
Rappelons que bien avant les indépendances des Etats africains, le continent fut divisé du point de vue idéologique lors de la conférence de Bandoeng de 1955, mais cette scission fut camouflée dans les conclusions générales de ladite conférence et dans l’effervescence de la lutte indépendantiste.
Cette fracture idéologique se cristallisa dès le début des années 1960 après les indépendances par la formation de deux blocs diamétralement opposés, à savoir le Bloc de Casablanca qui vit le jour en Janvier 1961 et celui de Monrovia de Mai 1961, qui n’arrivaient pas à trouver une alternative à la forme qu’il fallait donner à l’unité africaine. Le président Ahmadou Ahidjo du Cameroun appartenait au second bloc, et œuvra pleinement pour un regroupement des Etats en sous-région plutôt que pour une Afrique unie autour d’un seul Etat tel que le préconisaient les partisans du bloc de Casablanca.
Pour finir, c’est le bloc de Monrovia auquel appartenait le Cameroun d’Ahidjo qui prit le dessus sur celui de Casablanca, avec en première ligne la naissance de l’OUA, qui ouvra ainsi la voie à un panafricanisme d’intégration régionale. Le Cameroun par l’entremise de son président fut élevé parmi les pères fondateurs de cette organisation, ce qui lui valut le droit de faire partie du comité des sages de ladite institution continentale la même année.
Au vu de ce qui précède, nous pouvons affirmer que c’est avec la signature officielle de l’Acte constitutif portant création de l’OUA en 1963 que la diplomatie camerounaise commença véritablement à se déployer dans les instances multilatérales africaines.
- L’année 2003 correspond à l’élection de feue Elisabeth Tankeu comme commissaire de la Commission de l’Union africaine en charge du commerce et de l’industrie. A ce sujet, la capitale éthiopienne Addis-Abeba avait hérité tout logiquement du siège de l’Union africaine. Et c’est dans ce haut lieu de la diplomatie continentale que certains à l’instar d’Elisabeth Tankeu furent appelés à faire valoir leurs compétences. Agée alors de 59 ans, elle hérita de cette fonction de commissaire africain au commerce et de l’industrie après avoir exercé pendant sept années au Cameroun comme ministre du plan et de l’aménagement du territoire.
La leçon qu’on peut tirer est que 2003 fut une année particulièrement prospère pour le Cameroun du point de vue du déploiement de sa diplomatie au niveau continental, car de nombreux de ses ressortissants à l’instar de celle citée plus haut furent promus à des fonctions importantes.
2. Cadre spatial
Le cadre spatial est un terme qui fait référence à un espace défini ou délimité. Globalement, on parle d’un lieu, d’un espace géographique. Pour notre sujet, nous étudions la diplomatie camerounaise au sein des instances multilatérales africaines OUA/UA. Ce dernier représente d’une manière générale un regroupement de cinquante-cinq (55) Etats membres, représentant l’ensemble des pays formant le continent africain.
Celui-ci s’étend sur une superficie de 30 415 873 km² dont le Cameroun fait partie. Le Cameroun quant à lui est un pays d’Afrique centrale, situé à l’hémisphère Nord entre le 9e et le 13e degré de latitude Nord et du 9e au 16e degré de longitude Est.
Il s’étend de la baie du Biafra sur l’océan Atlantique au lac Tchad. Ceci étant fait, l’OUA devenue UA en 2002 est perçue comme étant une organisation continentale et une personne morale dont le siège est à Addis-Abeba en Ethiopie. C’est dans cette instance que se déploie la diplomatie camerounaise, et qui par ailleurs constitue notre champ d’investigation.