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Quelles stratégies d’implémentation pour l’innovation financière en Tunisie ?

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🏫 Université de Gabes - Institut Supérieur de Gestion de Gabes
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Mastère De Recherche - 2011/2012
🎓 Auteur·trice·s
Ben Mahmoud Houda
Ben Mahmoud Houda

Les stratégies d’implémentation bancaire révèlent une transformation majeure dans le secteur financier tunisien, avec des données montrant une adoption croissante d’innovations. Ces changements, loin d’être superficiels, redéfinissent les performances des banques cotées, offrant des perspectives critiques pour l’avenir économique du pays.


L’innovation financière en Tunisie : contexte de secteur bancaire

Un tel nouveau système financier qualifié de « nouvelle ère » traduit de multiples transformations technologiques et économiques. L’importance donnée à ces mutations dépend de leurs incidences directes et indirectes sur la totalité de l’économie et particulièrement pour le secteur bancaire tunisien qui se trouve au centre de ces changements. Ces changements se résument au phénomène de la globalisation.

Cette dernière résulte de la révolution technologique, l’ouverture des frontières ainsi que la dérèglementation.

Actuellement, le système bancaire vit une concurrence accrue et interne en matière de recherche des ressources. La globalisation a fait exploser le monopole des banques et a laissé la porte ouverte à des nouveaux intervenants qui ont développé une activité en marge de leur activité principale. Ainsi pour s’adapter au nouvel environnement, ces banques doivent intégrés les nouvelles technologies de moyens de paiements dans leur processus de travail. Ainsi, le minitel, l’internet, la monétique, le porte monnaie électronique….sont venus enrichir le secteur bancaire et permettre d’automatiser les transactions avec leurs clients.

C’est pourquoi, il convient à ce niveau d’étudier l’évolution du système bancaire tunisien.

L’évolution du système bancaire tunisien

L’innovation financière dans le secteur bancaire tunisien a été retardée par rapport à plusieurs pays, voir la Turquie, et ce à cause du processus de libéralisation qui a été réalisé de manière partielle. En fait, toute initiative des institutions financières requiert l’approbation de la politique monétaire. D’où la prédominance de l’innovation publique grâce à l’influence du système législatif et réglementaire sur l’adoption de nouveaux produits financiers en Tunisie. En effet, Le système bancaire Tunisien a connu deux phases d’évolution financière : la première commence après l’indépendance alors que la deuxième s’avère suite à la ratification de la loi de la libéralisation en 1987 (date de libéralisation financière).

I.1. Avant 1990

Pendant de nombreuses années, le système bancaire tunisien a connu une gestion administrative couverte par des systèmes de protection ce qui a influencé négativement sur les banques. En faite ces derniers subissaient de nombreuses contraintes. Avant 1987, il apparaissait comme un système basé sur une économie d’endettement. Il y avait aussi le problème de cloisonnement ainsi que l’absence de la concurrence. Malgré le nombre élevé d’institutions financières qui constituent le système bancaire tunisien, la concurrence est quasiment absente.

Ce système reste caractérisé par la prédominance de la banque centrale. L’autorité de cette dernière s’explique par certaines raisons :

  • La règlementation qui régit les activités du secteur.
  • La situation financière des banques et l’insuffisance de leurs ressources propres les obligent de s’assurer un refinancement auprès de la banque centrale tunisienne.
  • La prédominance au sein du secteur bancaire des compartiments mixtes où l’Etat détient un véritable contrôle.

Avec l’existence des opérations financières importantes (à savoir la fixation des taux d’intérêts, les règles de concurrence…) qui ne peuvent être exécutées que par la banque centrale, les banques tunisiennes sont obligées de rester sous la houlette de cette dernière. En effet, tout était défini par la BCT. Jusqu’en 1987 le système bancaire tunisien a évolué dans un contexte réglementaire rigide.

«BREF, TOUT EST SOUS LE CONTRO LE DE L’ ETAT».

I.2. Après 1990 (date de mise en place de la monnaie élèctronique)

A partir des années 1986-1987 et suite au processus de la libéralisation financière qui a été initiée dans le cadre d’un Plan d’Ajustement Structurel (PAS)8 élaboré par le Fonds Monétaire International (FMI), le système financier tunisien semble régénérer une période nouvelle empreinte de dynamique, de propension à l’innovation financière et à l’amélioration du produit financier.

C’est-à-dire il a subi des profondes mutations qui ont touchés toutes ses institutions. Ces mutations ont été basées sur plusieurs processus. Parmi ces processus on trouve l’innovation financière qui, avec l’exigence de la clientèle d’aujourd’hui et l’apparition des nouveaux produits, est devenue une matière première pour la réalisation des objectifs.

Depuis lors, ces mesures de libéralisation financière entreprises par le gouvernement tunisien incitent les différents établissements financiers à s’intégrer dans un contexte de mondialisation. Ceci permet aux banques tunisiennes de prendre l’initiative de mettre en place les innovations financières (des produits bancaires et des nouveaux canaux de distribution) par le biais de la technologie. En 1990, la Tunisie a mis en place un programme global qui vise la modernisation du secteur bancaire et ceci à travers la création de la Société Monétique Tunisie (SMT). Cette dernière à promu le développement de l’utilisation de la carte de paiement.

De plus, le système bancaire tunisien a connu une croissance remarquable durant les dernières années suite à la mise en place d’un système de télé compensation bancaire afin d’améliorer la qualité des services bancaires et surtout l’attraction de nouvelle clientèle.

De ce fait, l’intermédiation bancaire dans les pays émergents occupe une place importante au sein du système financier et les banques jouent un rôle central dans l’allocation des ressources disponibles. En d’autre terme, les performances économiques des pays émergents sont de plus en plus conditionnées par l’efficacité de leurs systèmes bancaires.

Alors que, le système bancaire tunisien n’échappe pas à ce constat. Ainsi, le système financier tunisien dont, les défaillances ont été observées au milieu des années quatre-vingt a subi de nombreuses mutations traduites par une émergence de nouveaux établissements financiers, un essor remarquable de la micro-finance, un passage de l’illiquidité à la surliquidité des banques et l’adoption des réformes financières. Les mutations du système financier tunisien ont été initiées par le pouvoir public avec l’appui des institutions financières internationales, le FMI (Fonds monétaire international), la Banque Mondiale qui ont mis en place un ensemble de mesures sur le plan financier, monétaire et juridico institutionnel en vue de rétablir l’équilibre financier des banques et permettre une meilleure allocation des ressources à l’économie.

Dans un contexte caractérisé par l‘internationalisation des économies et par une intensification de la concurrence, il devient nécessaire au système bancaire tunisien de renforcer sa compétitivité et ce à travers deux phénomène : le phénomène de la globalisation et le phénomène de 3D (déréglementation/ désintermédiation/ décloisonnement).

La globalisation financière

Durant les dernières années, l’économie mondiale a connu un ensemble d’évolution dans tous les domaines plus particulièrement dans le domaine financier. C’est le processus de la globalisation. Ce dernier est un concept associé à la mutation financière, Romey (2006) souligne : « la globalisation apparaît comme le facteur commun à l’ensemble des transformations qui ont affecté le fonctionnement des systèmes financiers ».

Le contexte de la globalisation est caractérisée par :

  • La concurrence s’exerce de main en main sur le territoire national.
  • L’intensité de la concurrence étrangère qui porte sur la qualité et la nouveauté de produit. En fait, une grande vague de concurrents est toujours en état de veille menaçant ainsi la survie de l’entreprise.
  • La forte croissance de la demande : si la croissance s’intensifie, c’est que le client fait retour en force sous l’influence et l’évolution des innovations. Donc on assiste à une diversification de la demande.

Depuis les années 80, on se courir à ce qu’on appelle le « big bang financier »9 qui permet l’explosion des marchés financiers. Comme tous les gouvernements des pays développés qui essayent tout le temps d’élaborer une politique conforme aux révolutions financières, l’Etat tunisien aide à bâtir un réseau financier sain.

Pour cela, il a mis en œuvre durant toutes ces dernières années une stratégie basée sur la libéralisation économique et financière dans le but de pousser les établissements de crédit notamment les banques à mettre en place l’innovation financière. Surtout que les deux dernières décennies témoignent du rôle croissant que joue l’innovation financière dans le développement et même la survie des banques.

Donc, l’unification de la finance à l’échelle mondiale nécessita, outre que le processus de la globalisation, l’invocation de la règle des trois « D » qui définit les caractéristiques de cette évolution à savoir le décloisonnement, la déréglementation et la désintermédiation.

Règle de 3D

Actuellement, personne ne peut nier que la monté des marchés financiers internationaux et l’intégration financières sont intimement liés. On assiste alors à une intensification croissante des flux de capitaux et aussi à l’ouverture des économies. En d’autres termes, la finance globale devient la réalité première. Il convient donc d’évoquer la règle de trois « D », Romey (2006).

A. La dérèglementation financière

Les crises bancaires et financières des années 30 avaient conduit à une vague dérèglementation destinée à stabiliser les systèmes financiers. Malgré que cette règlementation ait réussi à atteindre la stabilité des systèmes financiers, elle est apparue à la fin des années 60 comme une source de rigidité. Ce phénomène est né aux Etats Unis, pour ensuite gagner à des degrés divers les autres marchés. La dérèglementation consiste à éliminer les restrictions qu’empêche la libre circulation des capitaux à l’échelle internationale. Elle relève d’un double optique ; Une optique libérale qui consiste à rendre aux marchés les rôles régulateurs et une optique pragmatique consistant à la mise en place d’un cadre règlementaire plus souple et mieux adapté. Cette dernière permet la création de multiples organismes à savoir la création du MATIF (Marché à Terme des Instruments Financiers) qui développe les produits dérivés. Cet effet s’observe dans de nombreux pays en voie de développement, à savoir la Tunisie, qui ont libéralisé leur marché pour attirer les investissements étrangers.

B. Le décloisonnement des marchés

Ce phénomène a été développé par la dérèglementation financière. Il consiste à enlever les barrières entre les différents marchés. Romey (2006) définit ce phénomène comme la disparition des frontières entre les différentes établissements financiers, ainsi que la disparition des dispositions qui entravent l’activité financière, tant au plan international qu’au plan national. Au niveau international, ce développement consiste à la liberté accrue de circulation des capitaux qui a été développé par la remise en cause des contrôles de changes. Tandis qu’au niveau national, elle s’est traduite à la fois par l’extension géographique, l’élargissement de l’activité bancaire et enfin par un abandon des fixations par les autorités monétaires des taux des rémunérations sur les opérations financières.

C. La désintermédiation financière

Le passage de la finance indirecte à la finance directe. Cette distinction entre la finance directe et la finance indirecte est due aux fondateurs de la théorie d‘intermédiation financière qui sont Gurley et Shaw (1974). Ils ont adoptés deux visions qui mettent en évidence le choix entre la technique de distribution (recours au marché financier) et la technique d’intermédiation (recours aux banques). Romey (2006) stipule que la désintermédiation financière est la conséquence directe de la logique de la dérèglementation et du décloisonnement des marchés. Elle signifie le recours direct des opérateurs internationaux, pour combler leurs besoins de financement ou pour placer leurs excédents, sans passer par des intermédiaires financiers et bancaires. La désintermédiation consacre essentiellement le développement de la finance directe qui s’effectue par le marché au détriment de la finance indirecte qui s’effectue par le biais des crédits bancaires. Généralement, ce phénomène is étroitement lié à la notion de titrisation : »qui consiste à placer des effets à court terme renouvelable, et qui donne à l’emprunteur l’assurance d’un financement à long terme, avec, le plus souvent, l’engagement par la banque de rependre elle- même ce papier si elle ne trouve pas acquérir sur le marché ». En fait, En France, par exemple, la titrisation est organisée sur la base indirecte à partir d’un fond commun de créances (FCC) dont le rôle principale est d’acquérir des créances (cédés par une banque contre une liquidité) pour émettre des parts représentatives qui font l’objet d’un placement.

A travers le phénomène de (3D) le système bancaire tunisien essaye de faire face aux mutations de la libéralisation et de la globalisation financière. Cette stratégie a pour effet l’augmentation de la concurrence entre les établissements financiers. C’est pourquoi le rôle de la réforme financière en Tunisie réside dans la création d’un espace financier homogène dans lequel l’argent circule librement et sans aucune difficulté.

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8 Le P.A.S.: Plan d’ajustement structurel est un programme de réformes économiques que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale mettent en place pour permettre aux pays touchés par de grandes difficultés économiques de sortir de leur crise économique. Il s’agit d’un ensemble de dispositions dont certaines agissent sur la conjoncture et d’autres sur les structures et qui résultent d’une négociation entre un pays endetté et le Fonds monétaire international (FMI) pour modifier le fonctionnement économique du pays (le FMI conditionnant son aide à la mise en place de réformes qu’il considère pérennes).

9 Big Bang Financier : apparu en 1980 avec l’arrivée des changes flottants et le moindre souci de tenir son taux de change, les états relâchent largement leur emprise sur les banques. Un vaste mouvement de dérèglementation du secteur bancaire voit le jour. Les distinctions impératives entre banques de dépôts et banque d’affaires sont supprimées. La banque et l’assurance peuvent se mêler. Les banques peuvent devenir agent de change. Le concept de banque universelle tend à s’imposer en même temps que des concentrations ont lieu. Les pratiques financières changent également. Les changes flottants offrent la possibilité pour les banques de couvrir les risques de changes.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les innovations financières dans le secteur bancaire tunisien?

L’innovation financière est définie comme la création de nouveaux instruments financiers, technologies, institutions et marchés.

Comment la globalisation a-t-elle affecté les banques tunisiennes?

La globalisation a fait exploser le monopole des banques et a laissé la porte ouverte à de nouveaux intervenants qui ont développé une activité en marge de leur activité principale.

Quel a été l’impact de la libéralisation financière en Tunisie?

Le système bancaire tunisien a connu deux phases d’évolution financière, la deuxième étant suite à la ratification de la loi de la libéralisation en 1987.

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