Les stratégies de mise en œuvre de l’audit sont essentielles pour améliorer la performance financière des banques. Cette étude révèle comment l’audit interne, souvent sous-estimé, peut transformer la gestion des risques et optimiser les opérations, avec des implications significatives pour les institutions financières.
CHAPITRE 2 : CONTRIBUTION DE L’AUDIT INTERNE A L’AMELIORATION DE LA PERFORMANCE FINANCIERE
Audit interne et contrôle interne, deux mécanismes de contrôle dans l’entreprise, jouant un rôle important dans la maitrise des activités de cette dernière.
Vu la complexité de sa mission, le contrôle interne est souvent assisté par l’audit interne. Quand il existe, il a un rôle déterminant dans le processus de pilotage du contrôle interne. Dans ce chapitre, en nous basant sur quelques grands courants littéraires, nous montrons comment est-ce que l’audit interne efficacement pratiqué peut permettre d’accroitre la performance financière en présentant d’abord l’activité bancaire, ses risques et l’organisation de l’audit interne bancaire.
Section 1 :
l’environnement bancaire
La loi bancaire16 du 24 janvier 1984 définit un établissement financier comme étant tout établissement habilité à effectuer les opérations de banque ainsi que des opérations connexes à leurs activités. Par opération de banque on entend :
- la perception des fonds publics ;
- la distribution du crédit ;
- la délivrance de garanties en faveur d’autres établissements de crédit ;
- la mise à disposition et la gestion des moyens de paiement.
16 Loi bancaire 1984
La banque a pour activité principale la collecte de l’épargne et l’octroi des crédits. Une répartition spatiale des activités de celle-ci nous fait distinguer l’activité domestique en matière de dépôt et de crédits, et l’activité internationale entendue ici comme le fait pour une banque d’avoir des agences filiales à l’étranger et/ou une banque dont les opérations vis-à-vis des non-résidents dépassent le tiers du total du bilan (COUSSERGUES, 2007).
Le Risques de l’activité bancaire
La faillite des banques a pour cause principale la défaillance des clients qui ont bénéficié de crédits. Quelques pertes consécutives aux défaillances du client sont malheureusement inévitables et inhérentes au métier de banquier. La Loi bancaire française relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit défini comme métier de risques.
Il existe deux types de pertes :
- les pertes consécutives aux faiblesses du système de contrôle interne et de l’organisation ;
- les pertes inhérentes à l’activité de crédit.
Si ces dernières s’expliquent, les premières ne s’expliquent pas du tout. Elles sont dues pour la plupart à :
- une insuffisance de la maîtrise des risques ;
- étude insuffisante des dossiers de crédit ;
- laxisme dans le système d’autorisation des crédits ;
- faiblesses et insuffisances de la fonction de contentieux.
- une insuffisance de la maîtrise administrative ;
- une mauvaise organisation ;
- une négligence de la prise de garantie et leur suivi ;
- une absence de séparation des tâches ;
- une défaillance du système informatique ;
- un recouvrement tardif ;
- une absence de suivi des impayés.
Daniel Bernoulli (173817), apporte la première définition scientifique du risque : « le risque est l’espérance mathématique d’une fonction de probabilité d’événements ». En termes plus simples, il s’agit de la valeur moyenne des conséquences d’événements affectés de leur probabilité.
17 DANIEL BERNOULLI, Risque et Incertitude 1738
Pour CONSO et HEMICI (2003)18, Le risque se manifeste par un événement dommageable pour l’entreprise, de caractère exceptionnel, non prévu, d’un degré de probabilité inconnu pour un caractère isolé, mais mesurable statistiquement pour un grand nombre ; c’est le risque accidentel. Le risque naît aussi de l’incertitude du futur et en particulier de l’incertitude quant à l’évolution de l’environnement de l’entreprise sous ses différents aspects : ce risque est inhérent à l’activité et aux choix de gestion des dirigeants.
L’entreprise présente un risque d’entreprise considéré comme le risque global supporté par les différentes composantes économiques et financières de l’entreprise. Il existe également un risque groupe spécifiquement lié à la décentralisation des activités opérationnelles, à l’existence de filiales juridiquement autonomes et à l’usage de monnaies différentes.
L’Institut des Auditeurs Interne (IIA) quant à lui définit le risque comme étant la possibilité que se produise un évènement susceptible d’avoir un impact sur la réalisation des objectifs. Le risque se mesure en termes de conséquences et de probabilités.
L’activité bancaire est sujette à plusieurs types de risques du fait du volume de ses transactions avec les divers partenaires. On peut citer comme principaux risques le risque de contrepartie, le risque de marché, le risque opérationnel, le risque d’insolvabilité et le risque de liquidité.
Le risque de contrepartie
Il s’agit d’un risque inhérent à l’activité d’intermédiation traditionnelle et qui correspond à la défaillance de la contrepartie sur laquelle une créance ou un engagement est détenu. De ce fait la banque subit une perte en capital (créance non remboursée) et en revenu (intérêts non perçus), perte qui est considérablement plus importante que le profit réalisé sur cette même contrepartie. Ce risque est également désigné sous l’appellation de risque de crédit, ou de risque de signature.
Le risque de contrepartie comporte deux aspects : un aspect externe lié à l’insolvabilité de l’emprunteur et un aspect interne qui tient à la façon dont la banque organise la fonction de distribution du crédit.
18 Pierre CONSO et Farouk HEMICI « Gestion Financière de l’Entreprise » Edition Dunod 2003
L’insolvabilité de l’emprunteur peut avoir diverses origines ; l’origine peut être d’ordre général (tremblement de terre dans sa zone d’activité), professionnelle (innovations dans le secteur …), personnel c’est-à-dire propre à l’emprunteur (plus fréquent et plus difficile à cerner), et enfin lié à sa localisation géographique (risque pays).
Le risque de crédit peut également découler de la manière avec laquelle la banque organise l’octroi du crédit. Il peut donc être inhérent à la politique de crédit (objectifs, taux d’intérêts, délégations de pouvoir dans la prise de décision lors d’un comité de crédit) ; Les procédures de traitement des dossiers de crédit (l’étude de la demande de crédit, le suivi du dossier de crédit, le contrôle interne du risque de contrepartie).
Le risque de marché
Les risques de marché sont issus d’une évolution défavorable du prix d’un actif en général négocié sur un marché et qui n’a pas comme origine la détérioration de la solvabilité de l’émetteur de l’actif, sinon on est renvoyé au cas risque de contrepartie. On distingue trois catégories de risques de marché :
- Le risque de taux d’intérêt qui est issu de la détention de créances et dettes dont la date de modification des taux d’intérêt qui leur sont attachés ne coïncident pas, sachant que pendant ce temps les taux peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse.
- Le risque de change qui résulte d’une évolution défavorable du cours d’une devise dans laquelle la banque détient des créances et des dettes.
- Le risque de position sur actions qui est lié à l’évolution défavorable du cours des actions figurant dans le portefeuille-titres de la banque.
Le risque opérationnel
Le comité de Bâle sur le contrôle bancaire définit le risque opérationnel comme étant le risque de pertes résultant de carences ou de défauts attribuables à des procédures, personnels et systèmes internes ou à des évènements extérieurs. Cette définition inclut les risques juridiques et exclut le risque stratégique et de réputation.
Le risque d’insolvabilité
Il concerne la survie de la banque et est en général la conséquence de la manifestation d’un ou de plusieurs risques que la banque n’a pas pu prévenir. On constate de même que l’insolvabilité d’une banque débute classiquement par une crise de liquidité car dès que les marchés commencent à se défier d’un établissement sur la foi d’informations vérifiées ou non sur des pertes élevées, celui-ci ne peut plus se refinancer.
Le risque de réputation, ou risque d’image, correspond à l’impact que peut avoir une erreur de gestion sur l’image de cette organisation. La réputation d’une entreprise se mesure par l’excédent de valeur de l’organisation sur la valeur de ses actifs physiques. Ainsi, dans les pays développés, et étant donné la place des marchés financiers, on estime que l’image représente environ 60 % à 70 % de la valeur des entreprises. Il est nécessaire d’intégrer l’impact sur la réputation dans l’analyse des vulnérabilités.
La solidité financière de la banque : Elle dépend du montant des fonds propres qui dans la banque jouent le rôle d’un matelas en cas de risques évoluant de façon adverse et imprévue.
La qualité de l’actionnariat : Les actionnaires de référence jouent un rôle déterminant pour assurer la survie de la banque en difficulté. À cet égard, la banque à actionnariat dispersé (banque cotée en bourse, par exemple) est plus fragile qu’une banque de groupe.
La place de l’établissement de crédit dans le système bancaire : Le risque de solvabilité présenté par les banques de grande taille est bien moindre que celui des établissements de petite dimension. Les autorités de tutelle ne permettraient pas la faillite d’une grande banque en raison des effets de contagion qui sont à redouter : elles interviennent la plupart du temps en tant que prêteur de dernier ressort.
Le risque de liquidité
Encore appelé risque d’illiquidité, il résulte de la transformation des échéances par la banque. Il s’agit également d’un risque inhérent à l’activité d’intermédiation traditionnelle puisque le terme des emplois est toujours plus long que celui des ressources, surtout lorsqu’il s’agit des dépôts de la clientèle. La banque incapable de faire face à une demande massive et imprévue de retraits de fonds de la clientèle ou d’autres établissements de crédit est dite illiquide. La réglementation bancaire encadre ce risque grâce au rapport de liquidité.
Cette brève présentation du secteur bancaire nous amène à nous poser des questions sur la réglementation concernant l’audit dans le secteur bancaire.
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17 DANIEL BERNOULLI, Risque et Incertitude 1738. ↑
18 Pierre CONSO et Farouk HEMICI « Gestion Financière de l’Entreprise » Edition Dunod 2003. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelle est la contribution de l’audit interne à la performance financière d’une banque ?
L’audit interne, lorsqu’il est efficacement pratiqué, permet d’accroître la performance financière en améliorant la maîtrise des risques et en renforçant le contrôle interne.
Quels sont les risques associés à l’activité bancaire ?
Les risques de l’activité bancaire incluent les pertes consécutives aux faiblesses du système de contrôle interne et de l’organisation, ainsi que les pertes inhérentes à l’activité de crédit.
Comment l’audit interne peut-il améliorer le contrôle des risques dans une banque ?
L’audit interne aide à améliorer le contrôle des risques en identifiant les insuffisances dans la maîtrise des risques, en étudiant les dossiers de crédit et en renforçant le suivi des impayés.