Quels résultats essentiels sur les rituels d’interaction en communication ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

Les rituels d’interaction en communication révèlent des mécanismes de défense insoupçonnés dans le contexte congolais. Cette recherche innovante met en lumière des codes culturels uniques, transformant notre compréhension des dynamiques interculturelles et offrant un cadre théorique essentiel pour l’analyse de ces phénomènes.


  1. Rituel d’interaction

Chaque individu, chaque groupe, comme le signale Philippe Blanchet148, possède ses propres codes et usages des codes, en partie, communs mais en partie, différents de ceux des autres, même dans une même langue et une même culture. C’est ce qu’on appelle idiolecte, sociolecte, ethnolecte, régiolecte, etc.

Les mots, les prononciations, les intonations, les tournures, les gestes, les comportements n’ont pas exactement la même valeur pour chacun selon qu’il s’agirait de tel locuteur, de tel lieu, de tel moment, de telle appartenance culturelle, sociale ou régionale, de telle humeur, etc.

Il y a donc ici à la fois un fort potentiel individuel et/ou collectif d’affirmation identitaire, de connivence dans une variété ethno-sociolinguistique donnée, mais également de stratégie individuelle de jeu sur le répertoire global du locuteur (variation), ainsi que de mécompréhension.

Les usages qui sont faits de ces codes sont appelés « rites ou rituels d’interactions » parce qu’ils créent et maintiennent des relations interpersonnelles et lorsqu’ils ne sont plus partagés ils sont source de malentendus et d’incompréhensions ; en revanche, les individus qui les partagent se sentent proches et solidaires. Mais au juste quand entendons-nous par « rituel d’interaction » ?

Dans son ouvrage intitulé Les rituels d’interaction, Erving Goffman149 a montré combien les rituels ont un rôle de renforcement de l’ordre social et de la cohésion d’un groupe. Ils sont représentatifs de valeurs de sociabilité, de respect d’autrui et de protection de soi. Ils facilitent les contacts sociaux et permettent à chacun de donner une image positive de soi.

En respectant les rites sociaux et les codes propres à la culture du groupe, chacun manifeste son désir d’être admis en son sein.

De son côté, Gustave-Nicolas Fischer150 conçoit les rites ou rituels comme un ensemble de règles prescrites qui structurent les relations dans un contexte ; ils sont aussi la façon de se comporter au cours d’une interaction régie par un système conventionnel auquel les individus se référent.

Pour sa part, Edmond Marc Lipiansky151 pense que les rituels d’interaction ne font le plus souvent l’objet que d’une codification implicite. Ils sont profondément intériorisés et échappent à l’étranger. Pour ce dernier, ils peuvent apparaîtra bizarre, gauche, désinvolte ou franchement impoli.

Son comportement sera réinterprété à partir d’un code qu’il ignore et qu’on le soupçonnera de violer intentionnellement ; c’est ainsi que l’on entend dire que les étrangers sont, selon les cas, mal élevés et sans gêne, inconvenants ou obséquieux, parfois envahissants, parfois d’une réserve excessive.

Nous pouvons retenir de toutes ces considérations que les codes diffèrent d’une époque à une autre, d’un pays à un autre, d’un milieu social à un autre, d’une culture à une autre et posent donc, au même titre que la langue, des problèmes de traduction et d’interprétation, sources de malentendus ou d’incompréhensions dont les interlocuteurs n’ont pas conscience.

Sensible à cet aspect, John Gumperz152 dans son introduction à la Sociolinguistique interactionnelle a été amené à mettre en relief une « compétence de la communication » marquée par la culture d’appartenance. Cette compétence, distincte de la compétence linguistique, concerne tous les savoir-faire communicatifs liés aux codes culturels, notamment les façons d’entrer en contact, de discuter, d’argumenter, les attitudes de politesse,…

La communication généralisée s’opère en fonction des contextes dans lesquels les échanges sont effectués. Elle permet à l’acteur de ressortir le « contexte pertinent » dans lequel tel ou tel phénomène doit être interprété.

Ainsi, « dans le processus de recadrage, la communication généralisée, est l’outil qui modifie les éléments significatifs d’une situation pour changer le cadre, c’est-à-dire faire émerger d’autres éléments significatifs et définir une autre situation pour un acteur ». Le paragraphe qui suit décrit ce « cadre contextuel situationnel ».

A ce stade de notre étude, il sied de relever cinq facteurs peuvent définir la dimension « communication généralisée processuelle », à savoir l’attitude, la conduite, le langage verbal, le langage corporel (paralangage) et le rituel d’interaction. Cependant, trois considérations méritent d’être prises en compte :

  • Comme le facteur « attitude » est une variable latente du comportement et que l’ « opinion » est sa manifestation (variable manifeste), nous allons analyser ledit facteur, attitude, en termes d’opinion véhiculée par les acteurs sociaux dans leurs discours ;
  • Ainsi que notre étude n’est pas sociolinguistique, moins encore sémio-pragmatique, ainsi le facteur « langue ou code linguistique » ne sera analysé ici qu’en termes de contenu des messages véhiculés et non de structure de langue ou de sens donné aux mots utilisés par les acteurs sociaux ;
  • De même que notre étude est fondamentalement basée sur les « discours, c’est-à-dire expressions verbales communicatives», de même le facteur « langage corporel » ne fera pas l’objet de notre analyse.

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148 BLANCHET, P., Un modèle et une typologie ethno-sociolinguistique de la compétence de communication, Cours de Master, Rennes, Université Rennes 2, 2008, p. 6.

149 GOFFMAN, E., Rites d’interactions, Paris, Minuit, 1974, pp. 1-236.

150 FISCHER, G.-N., « Le concept de relation en psychologie sociale », in Recherche en soins infirmiers, n° 56, mars 1999, p. 9.

151 LIPIANSKY, E.M., « La communication interculturelle », in Cahiers français, n° 258, 1992, p. 27.

152 GUMPERZ, J., Engager la conversation, introduction à la Sociolinguistique interactionnelle, Paris, Minuit, 1989, pp. 1-185.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce qu’un rituel d’interaction en communication ?

Les usages qui sont faits de ces codes sont appelés « rites ou rituels d’interactions » parce qu’ils créent et maintiennent des relations interpersonnelles.

Quel est le rôle des rituels d’interaction selon Erving Goffman ?

Erving Goffman a montré combien les rituels ont un rôle de renforcement de l’ordre social et de la cohésion d’un groupe.

Comment les rituels d’interaction varient-ils entre les cultures ?

Les codes diffèrent d’une époque à une autre, d’un pays à un autre, d’un milieu social à un autre, d’une culture à une autre et posent donc, au même titre que la langue, des problèmes de traduction et d’interprétation.

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