Les perspectives futures de Louga révèlent des défis cruciaux liés à l’urbanisation rapide, avec des implications socio-économiques majeures. Cette étude propose des solutions innovantes pour une gestion urbaine durable, essentielle pour naviguer dans cette crise croissante.
Deuxième partie : Dynamique et impact de l’extension spatiale dans la ville de Louga
Chapitre 1 : Dynamique de l’extension spatiale dans la ville de Louga
Les facteurs de l’extension spatiale
Historiquement, « la croissance démographique a été longtemps considérée comme moteur principal de la croissance des villes » (Aguejdad 2009). Aujourd’hui, avec la raréfaction et la hausse du prix du foncier dans les centres-villes ainsi que le développement des zones d’activités associé à la performance des réseaux de transport, on assiste à une expansion spatiale sans précédent des villes.
Alors, les facteurs explicatifs du processus de l’extension urbaine dans la ville de Louga, sont nombreux et bien connus. En effet, l’origine de l’extension spatiale de ladite ville est plurifactorielle, relevant de facteurs micro-économiques, de choix politiques et institutionnels, de facteurs socio-culturels, de tendances démographiques, de la dynamique migratoire etc.
Figure 3 : Représentation multi-échelle du phénomène de l’extension urbaine dans la ville de Louga
Macro
Méso
Source : Hane M, 2019
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Problèmes inhérents à l’extension urbaine
. Spéculation foncière . Conséquences sociologiques
. Problèmes d’assainissement . Diminution de la production agricole
. Accès aux services de base . Problèmes de mobilité
Facteurs socio-culturels
Choix politiques
Facteurs micro-économiques
Spécificités de la ville de Louga
Tendances politiques et économiques
Facteurs environnementaux
- Abscence de contraintes naturelles
- Surfaces quasiment constructibles
Tendances démographiques
- Croissance naturelle
- Flux migratoires
Gouvernance urbaine
- Maison individuelle
- Réussite sociale
- Investissement sur
l’immobilier
Préférences individuelles des ménages
Micro
Les facteurs économiques
La disponibilité foncière à la périphérie contrairement au centre est l’un des facteurs déterminants dans le processus d’extension de la ville de Louga. En effet, la hausse progressive des prix du foncier ne permet pas aux ménages à revenu modeste de s’installer au centre-ville, d’où leur installation massive en périphérie où les terrains sont disponibles et moins chers et où le locatif est plus abordable.
Donc le coût de l’immobilier, facteur de choix dans la localisation des accédants à la propriété est très déterminant dans l’extension de la ville sur son arrière-pays.
En outre, le morcellement des parcelles familiales et la vente de terrain d’habitation enclenchée dans ces dernières décennies ont fortement influé sur le phénomène de l’expansion des espaces habités dans cette commune du Ndiambour. Ainsi, cette vente accompagnée d’une diminution relative des prix des terrains périphériques qui deviennent par conséquent relativement avantageux, y attire une part importante de la demande sociale (Wade C S 1995).
On peut également noter que d’après les enquêtes et les entretiens réalisés dans la ville, l’extension urbaine trouverait son origine dans des forces économiques principalement engagées dans la promotion foncière et immobilière. En effet, ces promoteurs et spéculateurs encouragent le morcellement de l’espace en profitant de la demande importante en foncier et bénéficient surtout de la complaisance des édiles municipaux.
Aussi, au regard de l’organisation spatiale et foncière de la ville de Louga, la localisation dans les quartiers périphériques (Grand Louga, Artillerie, Montagne etc.) présente-t-il des opportunités pour accéder à une parcelle à construire ou à un logement. En effet, certains acquièrent en périphérie une parcelle plus grande, pour rentabiliser une partie de l’espace résidentiel en bénéficiant de la rente d’une location, de l’exercice d’une activité lucrative : boutique, poulailler, élevage de bétail etc.
Enfin, la multiplication des activités économiques dans les nouveaux quartiers périphériques est un phénomène majeur qui a souvent été négligé (Laugier R 2012). Ainsi, on a le développement des activités de vente de tout type et même des petites industries dans pratiquement tous les quartiers périphériques traversés par une route dans cette ville. Donc ces activités sont venues s’implanter là où l’offre était intéressante (prix du terrain, desserte routière etc.). Ces activités économiques impulsent à cet effet le développement d’un habitat individuel, mais aussi une certaine migration des ouvriers venant zones rurales et même parfois des autres zones urbaines. On peut évoquer l’exemple de l’implantation de la SPIA qui a joué un rôle déterminant dans la structuration de l’espace environnant.
Donc, la dimension économique est très importante dans l’analyse des raisons de l’installation des populations dans les espaces urbains. En effet, 43.33% de la population enquêtée estime s’être installée dans leur quartier actuel pour des raisons économiques.
Les facteurs politiques
La structuration de l’espace géographique relève, d’abord et avant tout, d’une dynamique politique qui s’interpose entre les acteurs sociaux et le territoire (Gilles Ritchot, Guy Mercier et Sophie Mascolo 1994). Ainsi, dans la ville de Louga, les choix politiques ont favorisé de manière flagrante l’extension très rapide de l’espace urbain. En effet, plusieurs opérations de lotissements ont été réalisées dans la commune par les pouvoirs publics de l’époque coloniale à nos jours.
En effet, l’urbanisation de l’espace périphérique peut être considérée parfois comme une réponse proposée par l’autorité municipale à la surcharge démographique des quartiers centraux (Wade C S 1995). Ainsi, le trop plein de ces espaces est relogé sur les espaces périphériques de la ville (Montagne, Grand Louga, Artillerie 2 etc.).
De 1894 qui correspond au premier lotissement à celui de 2008 en passant par des dates importantes de l’évolution de l’extension spatiale de la ville comme 1905 ( érection de Louga en commune mixte par le gouverneur de l’AOF), 1910 ( lotissement créant le quartier de montagne), 1949 ( lotissement du quartier du sud de thionine et de Keur Serigne Louga), 1963 ( lotissement de régularisation des quartiers de Keur Serigne Louga 2 et 3 et celui d’Artillerie) etc., les décisions politiques tantôt motivées par des raisons techniques tantôt par des calculs politiques et politicards, ont largement contribué à l’organisation spatiale actuelle de la ville.
Au regard des différentes opérations de lotissement réalisées dans la ville, on peut dire que certains maires qui ont eu à gérer la ville peuvent être taxés de laxisme dans la gestion de la commune dans la mesure où ils peuvent être considérés comme les premiers responsables de l’extension urbaine dans cette ville.
Par ailleurs il est aussi notable de souligner que les collectivités publiques tirent bénéfice de l’extension urbaine. Les communes bénéficient des taxes foncières et d’habitation (les frais de bornage suite aux lotissements, la surtaxe foncière, la contribution foncière des propriétés non bâties etc.) et les rares investissements complémentaires nécessaires sont subventionnés en grande partie par l’Etat à travers les fonds de dotation ou de concours ou les partenaires privés surtout dans le cadre de la coopération décentralisée.
3 Les facteurs sociologiques
L’analyse de l’évolution de l’extension urbaine à Louga montre qu’elle est liée en premier lieu à la promotion de l’habitat individuel facilitée par les différentes opérations de lotissement. Comme le souligne Albert (2007), « l’accélération fulgurante de la croissance périphérique
des villes doit pour beaucoup à la diffusion d’un modèle d’habitat : le modèle de la maison individuelle ».
Dans la ville de Louga, l’obtention d’un titre de propriété individuel est un des critères de respect et ce fait est fortement ancré dans les mentalités. Ainsi, devenir propriétaire de son logement, c’est l’horizon de presque tous les ménages, l’aboutissement d’une carrière résidentielle, c’est avant tout un fait de représentation sociale. Donc, comme l’affirme Bonvalet et Dureau, « la propriété confère une position résidentielle et par là une position sociale que le statut professionnel ne permet pas toujours d’acquérir. C’est un signe d’ascension sociale ». Raison pour laquelle une bonne partie des personnes enquêtés à savoir les locataires (15.33 %) et les co-propriétaires (11.33%) ont affirmé leur souhait d’avoir leur propre maison même si celle-ci se localiserait dans la périphérie.
En outre, l’implantation géographique n’obéit pas seulement aux règles économiques, d’autres mécanismes sont à l’œuvre : les réseaux de relations ont souvent une influence déterminante dans le choix de localisation résidentielle. Donc on peut affirmer que « le choix pour la proximité familiale prime sur les autres critères de localisation » (Lessault., Sakho 2008)
En effet, dans la phase d’enquête, on a souvent observée les liens entre les ménages qui entretiennent des relations fortes qui sont pour la plupart des cas le résultat du regroupement familial dans leur « nouveau quartier ». Il y avait une complicité entre les ménages et il était fréquent de rencontrer un chef de ménage dans une autre maison outre que la sienne qu’il nous indiquait souvent par la nature des matériaux de construction ou la couleur de la peinture ou même par l’orientation du « doigt », ce qui témoigne de la proximité des demeures. Raison pour laquelle on n’a pas été surpris de voir que 38.09% des personnes rencontrées ont évoqué le volet social comme une des raisons de leur installation dans leur quartier actuel notamment avec l’attachement à leur lieu de résidence et à ses habitants.
Ainsi on note des stratégies familiales dans la recherche de logements et de parcelles d’habitation qui privilégient un rapprochement de la famille qui n’est possible par l’achat ou la location de maisons dans les quartiers périphériques. On assiste alors à l’apparition de nouveaux quartiers ou plutôt des « cités ». Ces « cités », construites par les émigrés, ont la particularité de regrouper les membres d’une même descendance. C’est le cas de la « cité Mboubéne » à Ndiang Bambodj.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les facteurs de l’extension spatiale dans la ville de Louga ?
Les facteurs explicatifs du processus de l’extension urbaine dans la ville de Louga sont plurifactoriels, incluant des facteurs micro-économiques, des choix politiques et institutionnels, des facteurs socio-culturels, des tendances démographiques et la dynamique migratoire.
Quels problèmes sont liés à l’extension urbaine à Louga ?
Les problèmes inhérents à l’extension urbaine incluent la spéculation foncière, des conséquences sociologiques, des problèmes d’assainissement, une diminution de la production agricole, un accès limité aux services de base et des problèmes de mobilité.
Comment la disponibilité foncière influence-t-elle l’extension de Louga ?
La disponibilité foncière à la périphérie, où les terrains sont moins chers, est un facteur déterminant dans l’extension de la ville de Louga, permettant aux ménages à revenu modeste de s’installer en périphérie plutôt qu’au centre-ville.