Les perspectives d’avenir pour les filles en Côte d’Ivoire révèlent des résultats surprenants : l’augmentation du nombre d’enseignantes et d’éducatrices améliore significativement la performance scolaire. Cette recherche, fondée sur un modèle Tobit, identifie des leviers essentiels pour transformer l’éducation féminine et garantir un avenir prometteur.
Spécification du modèle Tobit
La construction du modèle Tobit requiert une variable latente Perf* (performance) non observable dans la réalité et ne pouvant prendre que des valeurs positives. Elle prend des valeurs positives parce qu’une école ne peut pas avoir un taux de réussite négatif. La variable Perf est la variable observée dans la réalité qui exprime la performance scolaire féminine de l’école.
Une école atteint son niveau de performance scolaire féminine minimum, lorsqu’elle enregistre un taux de réussite égal à 0%. Sa performance est au maximum lorsque l’école enregistre un taux de réussite scolaire féminine égal ou proche de 100%.
Le modèle Tobit qui permet de mesurer la relation existante entre les variables, prend la forme suivante :
0 ≤ Perf* ≤ 1 (Jorge et al, 2001).
L’équation Perf* représente la performance scolaire féminine de l’école expliquée par un vecteur de variables indépendantes dont les paramètres sont à estimer par la méthode du Maximum de vraisemblance. Elle prend la forme suivante :
Perf* = XiA + Ut
Où A est un vecteur qui représente l’ensemble des coefficients estimés des variables explicatives, Xi représente la matrice des variables explicatives et Ut est le terme d’erreurs normalement distribué.
Base de Données utilisées
Dans le cadre de notre travail, nous utilisons des données collectées par la Direction des Stratégies de la planification et des Statistiques (DSPS) et du Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnel (MENET-FP). La base de données que nous utilisons date de l’année scolaire 2016-2017.
Elle contient les résultats des élèves de la 6ème à la terminale des lycées et collèges de Côte d’Ivoire durant cette année scolaire. La taille de l’échantillon est de 1625 écoles privées et publiques réparties dans les différentes régions de la Côte d’Ivoire.
Aussi, cette base de données indique que sur 1791183 élèves inscrits,757660 sont des filles soit 42, 3%.
Par ailleurs, le taux de redoublement des filles s’élève à 40,2 % contre 59,8 % pour les garçons.
Choix et justification des différentes variables du modèle
- Variable endogène :
— TRF : performance scolaire féminine au premier et au second cycle
A l’heure actuelle, une préoccupation majeure des managers de l’education est de permettre une plus grande scolarisation des filles et aussi d’obtenir une grande proportion des femmes sur le marché du travail.
De ce fait, l’analphabétisme au niveau des femmes pourrait être reduire et permettrait de lutter contre les inégalités des genres (Banque Mondiale, 2017). Ainsi, nous utilisons le taux de réussite au premier cycle et au second cycle de l’enseignement Secondaire générale dans notre modèle comme indicateur de performances scolaires et comme variable endogène.
Nous mesurons la performance scolaire féminine par le taux de passage des filles en fin d’année 2016-2017 en fonction du nombre de filles inscrites dans chaque école.
les variables explicatives
Le nombre de salle de classe (NSC) est important parce que la disponibilité des infrastructures peut inciter à la réussite scolaire des élèves (Dieng, 2017).
La composition des classes (NEMB), c’est-à-dire le nombre d’élève dans chaque classe. La composition des classes est un indicateur important dans les analyses des performances scolaires. Cette variable reflète directement l’environnement scolaire de l’élève.
Récemment, des contributions empiriques ont mis en évidence l’importance de l’environnement scolaire sur la réussite scolaire des élèves. Ainsi, il est souvent admis que la taille des classes a un impact sur l’apprentissage, et donc sur les performances des élèves (Théorie de l’effet-classe d’Hanushek,1971).
Le type d’école (TE), cet indicateur représente la nature juridique des établissements, elle prend la valeur 0 si l’école est privée et 1 si c’est une école publique. Il permet de prendre en compte la qualité des établissements en matière de performance scolaire (Théorie de l’effet-établissement de Beck et Murphy, 1998).
La localisation géographique de l’école (LC). Cette variable représente la proportion des écoles localisées en milieu urbain et rural par région. L’emplacement de l’école est une variable importante dans l’analyse de la réussite scolaire, car la localisation physique de l’école est en général fortement liée à l’environnement socio-économique voire même culturel.
Il faut aussi noter que le degré d’isolement d’une école peut traduire l’effet des décisions relatives aux coûts du personnel enseignant et des infrastructures (Auriat et Saniscalco, 2005)
Les régions peuvent se distinguer par leur disponibilité en infrastructures et leur culture. Il peut exister des différences de performance scolaire des élèves entre les régions. Il est important d’introduire cette variable comme variable explicative de la réussite scolaire des filles.
L’effectif des enseignants et du personnel d’education par genre (EHE, EFE, FEP et EHP) permet de prendre en compte l’influence du genre puis la qualité du rapport apprenant – enseignant et la qualité du rapport apprenant-éducateur.
La proportion des filles dans l’école (PF12C) permet de montrer l’impact de l’effectif des filles dans les lycées et collèges de Côte d’Ivoire sur la performance scolaire féminine.
Statistiques descriptives des variables du modèle
Tableau 1 – Vue descriptive des différentes variables du modèle.
| Tableau 1 – Vue descriptive des différentes variables du modèle | |
|---|---|
| Paramètre/Critère | Description/Valeur |
| Région Sud | Meilleure représentation des élèves filles |
| Établissements privés | Proportion moyenne plus élevée que les établissements publics |
| Localisation | Majorité des établissements situés en zone urbaine |
| Effectif des classes | Nombreux élèves en moyenne dans les salles de classes |
| Proportion filles | Très faible proportion moyenne dans les lycées et collèges |
| Genre | Masculin mieux représenté en moyenne que féminin |
Source : calculs de l’auteur à partir du logiciel stata 9
Les statistiques montrent qu’en moyenne, les élèves filles sont mieux représenté dans la région du Sud. La proportion des établissements privés en moyenne est plus élevé que la proportion des établissements public.
En moyenne, la majorité des établissements sont situés en zone urbain. Les élèves sont nombreux en moyenne dans les salles de classes.
La proportion des élèves filles dans les lycées et collèges en Côte d’Ivoire est en moyenne très faible. Le genre masculin est mieux représenté en moyenne que le genre féminin dans l’enseignement secondaire.
Spécification économétrique du modèle
Le modèle d’une manière générale s’écrit :
TRF = 𝜷𝟎 +𝜷𝟏Région+𝜷𝟐𝑻𝑬 + 𝜷𝟑𝑳𝑪 + 𝛃𝟒𝑬𝑯𝑷 + 𝜷𝟓𝑬𝑭𝑬 + 𝜷𝟔 NEMB +
𝜷𝟕PF12C + 𝛃𝟖𝑬𝑯𝑬 + 𝛃𝟗𝑭𝑬𝑷 + 𝛃𝟏𝟎𝑵𝑺𝑪 + ɛi
La variable région est une variable qualitative admettant cinq modalités dont la modalité de référence est la modalité région0 qui correspond à la région du Centre.
Questions Fréquemment Posées
Quels facteurs influencent la performance scolaire des filles en Côte d’Ivoire?
Les facteurs influençant la performance scolaire des filles en Côte d’Ivoire incluent le nombre d’enseignantes, d’éducatrices, la proportion de filles et certaines régions.
Comment le modèle Tobit est-il utilisé pour analyser la performance scolaire féminine?
Le modèle Tobit est utilisé pour mesurer la relation entre les variables et la performance scolaire féminine, en prenant en compte une variable latente non observable et des variables explicatives.
Quelle est la proportion de filles parmi les élèves inscrits en Côte d’Ivoire?
Sur 1 791 183 élèves inscrits, 757 660 sont des filles, soit 42,3%.