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Comment la méthodologie d’audit financier influence-t-elle les décisions ?

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🏫 Université de Sfax pour le Sud - École Supérieure de Commerce
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maîtrise - 2001
🎓 Auteur·trice·s
Yosra MNIF
Yosra MNIF

La méthodologie d’audit financier révèle des insights surprenants sur l’influence des rapports d’audit dans les décisions de crédit. Cette recherche met en lumière comment les perceptions des banquiers et analystes façonnent les relations entre dirigeants et créanciers, avec des implications cruciales pour le marché financier tunisien.


La synthèse des résultats

Comme dans le cas des recherches empiriques, les résultats observés dans ces conditions expérimentales ne permettent pas de dégager une conclusion très nette sur la réalité de l’utilité des rapports d’audit perçu par les banquiers et les analystes financiers.

Certains de ces résultats suggèrent que le comportement des banquiers et des analystes financiers est influencé par le message transmis dans les rapports d’audit.

Ainsi, Firth (1980) montre qu’à l’exception de la réserve exprimée pour le non respect des principes comptables, les banquiers et les analystes financiers réagissent différemment en fonction de l’opinion portée sur les sociétés concernées.

En effet, la mention « going concern » qui traduit une incertitude sur la continuité de l’exploitation de l’entreprise et les désaccords manifestés sur les méthodes d’évaluation des actifs présentent donc bien selon lui un contenu informatif significatif.

Gul (1987), quant à lui, conclut de ses travaux que la réserve « subject to » augmente le risque perçu par les banquiers qui exigent alors certaines garanties avant de s’engager. L’auteur en conclut que la réserve « subject to » sert de « clignotant » (red flag) pour les lecteurs d’états financiers.

Les résultats obtenus par Robertson (1988) suggèrent que pour les analystes financiers, les réserves « disclaimer of opinion » dans ses deux formes (c’est à dire, en cas d’états financiers non audités ou en cas de certaines incertitudes) sont significativement différentes des autres réserves.

Par contre, ils font une distinction entre la réserve « except for » et « subject to » pourtant elles désignent la même chose, mais, avec des expressions différentes. L’auteur trouve aussi qu’en cas de la réserve « disclaimer of opinion », les analystes financiers se rapportent plus aux états financiers de la société.

Dans le même contexte américain, mais dans une étude expérimentale destinée aux banquiers, Bamber et Stratton (1997) aboutissent au fait qu’en cas d’un « uncertainty-modified audit report », le risque perçu par les banquiers augmente et ils accordent un taux d’intérêt plus élevé, mais pas d’effet sur le montant de crédit.

De ce fait, ces aboutissements sont bien contradictoires avec le SAS N079 qui a éliminé en 1995

« the uncertainty explanatory paragraph » étant donné que les incertitudes sont déjà mentionnées dans les notes aux états financiers.

Des résultats plus affirmatifs ont été trouvés par Randall, Lasalle et Anandarajan (I 997) qui ont décelé que les banquiers n’accordent aucun crédit en cas de divulgation de la réserve « disclaimer of opinion », que ce soit pour des litiges (litigation) ou pour la continuité d’exploitation « going concern ».

Par contre, les résultats sont moins forts en cas de rapport d’audit avec un paragraphe mentionnant simplement les incertitudes litige ou continuité d’exploitation.

Néanmoins, d’autres chercheurs ne sont pas parvenus à des conclusions aussi nettes.

En fait, d’après Libby (1979), la divulgation d’une incertitude produit un effet comparable auprès des banquiers, qu’elle prenne la forme d’une réserve, ou qu’elle soit simplement mentionnée dans une observation rédigée au bas d’un rapport sans réserves.

Houghton (1983), conclut, lui, qu’une réserve ne transmet pas une information suffisante pour modifier de manière significative la décision des banquiers. Les résultats de son étude indiquent simplement que les banquiers ont évoqué plus fréquemment le rapport avec réserves que le rapport sans réserves parmi les sources d’informations utilisées dans le cadre de leur décision.

Dans ce sens, les conclusions de Soltani (1996) montrent que les banquiers et les analystes financiers utilisent à priori d’autres sources d’informations telles que : les états financiers et les informations économiques et sectorielles dans leur processus de prise de décision.

En ce qui concerne l’impact des réserves mentionnées dans les rapports des commissaires aux comptes, l’auteur stipule que les banquiers et les analystes financiers attachent une certaine importance à ces informations.

Dans ce processus, la nature de la réserve et les postes comptables concernés ont un impact significatif sur la décision des participants, surtout lorsqu’il s’agit d’un rapport d’audit avec refus de certification.

Cependant, un grand nombre des participants à l’enquête considèrent que la forme actuelle des rapports d’audit ne les satisfait pas.

Toutefois, certains chercheurs n’ont pas trouvé des déductions qui démontrent l’existence d’une utilité ou d’un contenu informationnel du rapport du commissaire aux comptes à l’égard des banquiers et des analystes financiers.

Parmi ces auteurs, Estes et Reimer (1977) qui ont montré que les responsables de crédit ne sont pas sensiblement influencés par la réserve de type « except for » qui, de fait, est émise pour informer les lecteurs sur la présence ou l’absence de telle ou telle information dans les états financiers.

Cependant, il faut préciser qu’en raison de sa spécificité, les résultats de cette étude ne peuvent pas être généralisés ni aux autres formes de réserves (subject to, disclaimer of opinion…), ni aux autres types de lecteurs des états financiers.

Suivant le travail de Johnson et Pany (1984), les banquiers ne considèrent pas la présence d’un auditeur comme un élément déterminant dans la décision d’octroi de prêt.

En définitive, il apparaît que le rôle apparemment important de l’auditeur dans l’examen des comptes prévisionnels n’est pas répercuté en ce qui concerne la décision finale d’octroi d’un prêt.

Durant la même année, et dans le cadre des études testant l’utilité du rapport d’audit comme source d’information pour les commissaires aux comptes, Arnold et Moizer (1984) ont trouvé que dans le classement des sources d’informations jugées pertinentes par les quelques 300 analystes financiers interrogés, le rapport d’audit sans réserves figure en avant-dernière position (17ème sur les 18 rubriques proposées).

Une attention plus particulière est accordée aux rapports publiés avec réserves, cités en 7ème position.

De même, Day (1986) aboutit au fait que pour la majorité des professionnels interrogés, le rapport d’audit ne figure même pas parmi les 30 éléments d’information les plus cités.

En plus, suivant Courtis (1992), le rapport du commissaire aux comptes ne se trouve non plus parmi les 63 éléments d’informations financières pris en compte par les analystes financiers.

Les résultats obtenus à l’issue de ces travaux sont donc, dans tous les cas, à appréhender avec précaution.

En effet, ces études ne permettent pas de conclure clairement sur l’existence d’un contenu informatif des rapports d’audit vue qu’elles conduisent à des conclusions ambiguës, voire contradictoires.

L’étude de la réaction des banquiers et des analystes financiers suite à la publication du rapport du commissaire aux comptes ne permet donc pas de mettre en évidence les effets d’une communication liée aux rapports d’audit.

La synthèse des recherches effectuées sur ce sujet n’apporte pas de conclusion très marquée, mais elle incite à mettre en doute l’efficacité du rapport d’audit à transmettre une information à cette catégorie d’utilisateurs de ce rapport.

Conclusion

Ce type d’études a pour but de comparer l’effet produit par les différents rapports d’audit sur le comportement des banquiers et des analystes financiers.

Le recours à des jeux expérimentaux d’information permet d’isoler le rapport d’audit de l’ensemble des autres éléments constitutifs des états financiers publiés, ce qui constitue vraisemblablement l’apport majeur de cette démarche méthodologique.

De plus, elles permettent non seulement de comparer entre elles les différentes formulations des rapports d’audit, mais aussi d’envisager le cas des entreprises non auditées.

Cette démarche souffre cependant de certaines faiblesses méthodologiques.

Dans la présentation des travaux de référence de sa recherche, Gul (1987) dénonce par exemple le manque de réalisme de l’incertitude introduite par Libby (1979) dans ses jeux d’information.

Il a associé à chacun des états financiers un rapport complémentaire destiné à éclairer l’utilisateur sur la nature exacte de l’incertitude relevée.

Selon Gul (1987), ce rapport influence nécessairement le comportement des répondants, au lieu de simplement le guider.

Libby (1979) regrette d’ailleurs d’avoir dû isoler comme seule variable dépendante du jugement le taux d’intérêt : dans les situations réelles, le banquier joue en fait sur de nombreux autres paramètres (durée de l’emprunt, cautionnement …)

Houghton (1983) admet lui aussi, que la situation qu’il a reconstituée auprès des utilisateurs manque de réalisme, dans la mesure où les banquiers interrogés ne peuvent ni rencontrer les dirigeants, ni visiter les locaux de l’entreprise, comme il est de pratique courante dans le monde des affaires.

De plus, les tendances relevées lors de ces travaux ne peuvent pas facilement être généralisables hors du cadre de l’expérience.

Mis à part certains travaux de grande envergure, comme la recherche de Firth (1980), l’échantillon d’individus contactés pour ce genre d’études n’est pas le fruit d’une sélection aléatoire ; les participants sont volontaires et désignés par leurs supérieurs hiérarchiques, ce qui peut constituer une réserve à la généralisation des tendances relevées.

En définitive, comme le reconnaît Libby (1979), les résultats des études présentées ne sont pertinents que pour des questions concernant un type de réserve précis, dans le cadre d’un processus de décision particulier.


Questions Fréquemment Posées

Comment les rapports d’audit influencent-ils les décisions des banquiers?

Les résultats suggèrent que le comportement des banquiers est influencé par le message transmis dans les rapports d’audit, notamment en cas de réserves exprimées.

Quelle est l’importance de la mention ‘going concern’ dans un rapport d’audit?

La mention ‘going concern’ traduit une incertitude sur la continuité de l’exploitation de l’entreprise et présente un contenu informatif significatif pour les banquiers et les analystes financiers.

Les réserves dans les rapports d’audit affectent-elles le montant du crédit accordé par les banquiers?

Selon Bamber et Stratton (1997), un ‘uncertainty-modified audit report’ augmente le risque perçu par les banquiers, mais n’a pas d’effet sur le montant de crédit.

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