Comment l’université révolutionne la formation des experts-comptables ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université de Sfax pour le Sud - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax - Commission d'Expertise Comptable
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d'expertise comptable - 2002-2003
🎓 Auteur·trice·s
Sofiane GARGOURI
Sofiane GARGOURI

L’intégration des technologies éducatives transforme radicalement la profession d’expert-comptable. En Tunisie, l’université joue un rôle crucial dans l’actualisation des compétences, révélant des opportunités inédites et des défis à relever pour maintenir la compétitivité dans un paysage numérique en constante évolution.


Section 4 :

Rôle de l’université

De toute évidence, l’université est appelée à jouer un rôle très important dans la stratégie d’intégration des nouvelles technologies par la profession comptable, et particulièrement lorsqu’il s’agit d’actualiser connaissances et compétences. Ceci est d’autant plus vrai en Tunisie, où l’université est impliquée jusque dans la dernière étape du processus d’accès à la profession d’expert-comptable. Ainsi, l’alliance avec l’université figure parmi les éléments à prendre en compte dans la mise en oeuvre de la stratégie de développement de la profession élaborée par l’OECT. A ce titre, la profession attend de l’université des formations en phase avec les besoins du marché et une contribution active au projet de mise en place d’un processus de formation continue.

Concrètement, le rôle de l’université dans la stratégie d’intégration des technologies doit s’articuler autour de trois éléments : développer le e-Learning (§1), intégrer les technologies de l’information et de la communication dans les examens (§2) et multiplier les passerelles vers le diplôme d’expertise comptable (§3).

§1. Développer le e-Learning

Une première question s’impose : qu’est ce que le e-Learning ? Littéralement, ce serait l’apprentissage électronique. Plus concrètement, le concept e-Learning se réfère aux technologies de l’information et de la communication appliquées à la formation.

Le système e-Learning est focalisé sur l’élève ou l’apprenant (le client, encore et toujours), qui peut être soit un étudiant soit un travailleur selon qu’il s’agisse d’une formation de base ou d’une formation continue. Il a pour objectif de permettre à chacun de prendre en charge sa propre formation en lui proposant des outils pédagogiques nouveaux destinés à accroître son autonomie.

S’ils ne débordent pas le cadre des processus pédagogiques de base (conception, développement, diffusion), ces outils mettent à profit les technologies de l’information et de la communication pour permettre une formation plaisante, personnalisée et efficace. Le tout est alors de réussir l’arbitrage entre les modes spatio-temporels de diffusion de contenu : virtuel ou présentiel d’un coté, synchrone ou asynchrone de l’autre coté.

Les configurations possibles sont multiples et variées :

1 Etude « Axes stratégiques du développement de notre profession ». www.oect.org.tn/oec_etudes.htm

avec formateur

Centre de ressources

Université virtuelle

Déconnecté

(ou réseau privé)

Formation à distance

Connecté (à Internet)

Auto-formation en ligne

sans formateur

D’après Louise MARCHAND. Faire du E-Learning sans le savoir.

Le développement du e-Learning est appelé à jouer un rôle très important dans la promotion de l’auto-formation, de la formation continue, de l’éducation tout au long de la vie et de l’égalité des chances. Autant de vecteurs incontournables de toute démarche axée sur les connaissances et les compétences. D’où la place centrale du e-Learning dans les stratégies de développement de la profession comptable.

Ce qui se passe actuellement au Canada est extrêmement édifiant à cet égard. L’annexe 5 de ce mémoire décrit les innovations introduites par certains Ordres provinciaux canadiens dans le cadre de la réforme du processus d’agrément des CA1. L’apport du e-Learning à la stratégie professionnelle d’intégration des technologies peut être analysé aux niveaux de la formation initiale et de la formation continue.

Concernant la formation initiale, le e-Learning devrait permettre de réconcilier les étudiants avec l’apprentissage en leur évitant d’endurer les salles d’enseignement encombrées, les professeurs indisponibles, les traitements inégaux, etc. Par ailleurs, grâce au suivi personnalisé et aux sentiments d’autonomie et de confiance en soi procurés aux étudiants, les différences de niveau s’amenuisent et l’excellence devient accessible à un nombre plus important d’étudiants. De même, dans une logique d’apprentissage tout au long de la vie, le e-Learning devrait encourager plusieurs étudiants à diversifier leurs formations et à cultiver des dominantes de spécialités afin d’avoir le profil qui leur convient le plus.

Au niveau de la formation continue, le e-Learning fait bénéficier les professionnels d’une grande flexibilité leur permettant de concilier les engagements professionnels en cours et l’impératif de formation. Par ailleurs, en limitant les frais et les pertes de temps liés notamment aux déplacements, la formation en mode e-Learning permet des réductions de coût non négligeables par rapport au mode présentiel. Enfin, grâce à la personnalisation et à la convivialité du mode e-Learning, le professionnel ne perçoit plus la formation continue comme une obligation ; mais bien comme un moyen d’affiner son profil et d’enrichir son curriculum.

Il est vrai que le développement du e-Learning nécessite la contribution de plusieurs intervenants : sociétés de service informatique, opérateurs Internet et de télécommunications, maisons d’édition, développeurs de contenus, etc. Toutefois, l’apport de l’Université est indispensable pour combiner tous ces efforts et définir les orientations stratégiques du projet

1 D’après Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.

national e-Learning. Par exemple, la « réorientation des formations vers les « filières prometteuses » » dont notamment celles liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication compte parmi les options de « La stratégie de l’Enseignement Supérieur dans le cadre du Xème Plan »1. Par ailleurs, des projets ambitieux sont en cours dans les domaines de réseautage, de groupware et de gestion des connaissances. Il s’agit notamment des projets :

  • R.N.U. (Réseau National Universitaire),
  • BIRUNI (Bibliothèques Informatisées pour la Rénovation UNIversitaire),
  • U.V.T. (Université Virtuelle de Tunis).

Toutefois, beaucoup de chemin reste à faire avant la mise en place d’un système viable de e- Learning. Par exemple, la gestion des bibliothèques est un domaine dont l’informatisation est très perfectible. Plus des deux tiers de nos bibliothèques universitaires utilisent exclusivement les fichiers en papier. Les axes d’amélioration sont multiples et varient d’un établissement à l’autre : création de répertoires de titres et de bases de données, indexation, installation de moteurs de recherche, numérisation des ressources bibliographiques, gestion des prêts de documents, possibilités d’accès distant, etc.

§2. Intégrer les technologies de l’information et de la communication dans les examens

Le domaine des examens, de leur contenu et de leurs modalités suscite aujourd’hui un large débat à l’échelle mondiale. Les programmes de formation sur lesquels se basent les examens n’ont cessé de s’élargir à mesure que les attentes du marché à l’égard des experts-comptables gagnaient en ampleur et en complexité. Aujourd’hui, le contenu des programmes est tel que les examens ne peuvent plus conserver leur configuration actuelle2. Aux Etats-Unis d’Amérique, si la durée totale du CPA Exam (équivalent de la Révision Comptable) atteint 14 heures, les modalités de l’examen connaîtront, elles, des modifications significatives.

A partir de novembre 2003, les centres d’examen seront dotés de moyens informatiques importants. Chaque candidat aura à sa disposition un poste de travail muni d’un accès Internet. Si les fameuses QCM (questions à choix multiples) seront conservées, la partie essentielle de l’examen consistera dans des « simulations » ; sorte d’études de cas élaborées et très proches de la réalité. Enfin, les étudiants disposeront chaque année de quatre fois deux mois pour passer les 4 modules de l’examen.

Au Canada, le traditionnel EFU (Examen Final Uniforme) est sur le point de faire partie de l’histoire. A partir de 2003, l’examen cédera la place à une évaluation fondée sur les compétences. Les candidats ne seront plus évalués au moyen de questions à choix multiples ou unidisciplinaires. Ils devront plutôt passer trois épreuves, à raison d’une par jour, portant sur des « simulations » plus générales. Ils pourront aussi consulter certains documents de référence tels que le Manuel de l’ICCA et la Loi de l’impôt sur le revenu du Canada.

La réforme de l’EFU s’inscrit dans le cadre d’une réforme plus globale visant tout le système de formation des CA. D’après Nick KIRTON, Président du Comité sur la Formation et l’Admission

1 Document interne du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie (octobre 2002).

2 D’après Nick KIRTON, Président du Comité sur la Formation et l’Admission de l’ICCA cité par Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.

de l’ICCA1, le nouveau processus d’évaluation et le système de formation se rapprochent beaucoup plus de l’exercice de la profession de CA dans la réalité : « La compétence pour exercer la profession de comptable agréé ne consiste pas tant dans la capacité de mémoriser une foule d’éléments énoncés dans le programme d’examen et de les restituer dans le cadre d’un examen, que dans celle de savoir comment et où trouver les sources de référence appropriées, et d’intégrer et d’analyser l’information recueillie de manière à

pouvoir fournir une solution globale à un problème donné. » Dans cet ordre d’idées, le Comité sur la Formation et l’Admission envisage de permettre l’utilisation d’ordinateurs lors de l’EFU 2003 à l’instar de ce qui se passera aux Etats-Unis.

Dans le cadre d’une approche basée sur les compétences, la frontière entre la formation et l’examen est virtuelle. Le processus d’évaluation, devenu continu et global, s’intègre complètement dans le processus d’apprentissage. En Tunisie, les projets en cours dans les domaines du réseautage, de la gestion des connaissances et surtout du e-Learning permettront naturellement d’intégrer les nouvelles technologies dans le déroulement des examens.

________________________

1 D’après Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.

2 D’après Nick KIRTON, Président du Comité sur la Formation et l’Admission de l’ICCA cité par Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.


Questions Fréquemment Posées

Quel est le rôle de l’université dans l’intégration des nouvelles technologies en comptabilité?

L’université joue un rôle très important dans la stratégie d’intégration des nouvelles technologies par la profession comptable, en actualisant les connaissances et compétences des futurs experts-comptables.

Comment le e-Learning contribue-t-il à la formation des experts-comptables?

Le développement du e-Learning est appelé à jouer un rôle très important dans la promotion de l’auto-formation, de la formation continue, et de l’éducation tout au long de la vie, en permettant une formation plaisante, personnalisée et efficace.

Quelles sont les trois éléments clés du rôle de l’université dans l’intégration des technologies?

Les trois éléments clés sont : développer le e-Learning, intégrer les technologies de l’information et de la communication dans les examens, et multiplier les passerelles vers le diplôme d’expertise comptable.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top