La gestion des déchets à Louga révèle des défis cruciaux face à l’urbanisation rapide. Cette étude met en lumière les impacts socio-environnementaux de cette situation, tout en proposant des solutions innovantes pour une gestion durable et efficace des déchets dans la commune.
Sur les équipements et les infrastructures
La gestion des déchets solides
Les déchets solides de la commune de Louga sont constitués des ordures ménagères, des déchets industriels, des déchets commerciaux et d’hôpitaux. Mais la gestion des déchets industriels et d’hôpitaux est du ressort des industries et des centres sanitaires de la place. Quant aux ordures ménagères et les déchets commerciaux, ils sont gérés par l’Etat, la municipalité de Louga et la population12.
Mais parmi ces déchets solides, ceux qui attirent plus l’attention dans la ville de Louga sont les ordures ménagères. La gestion des déchets ménagers solides constitue un défi majeur pour la municipalité qui rencontre beaucoup de difficultés pour assurer correctement ce service transféré par les lois de décentralisation. Face à l’extension rapide de la ville qui pour corollaire la multiplication de l’habitat spontané, la municipalité se trouve dans l’impossibilité d’assurer correctement cette responsabilité.
12 Profil environnemental de la ville de Louga, 2002. ↑
Leur gestion au sein de la ville obéit à une règlementation qui définit la nature et le mode de gestion à l’échelle de la commune, des ménages et des autres acteurs économiques. Ainsi, la ville de Louga dispose de deux décharges publiques en service : la décharge de grand Louga située dans une ancienne carrière et la décharge de Keur Serigne Louga Est.
Il existe une décharge privée réservée à la SPIA. Les déchets d’hôpitaux eux, sont en général incinérés sur place. Le système actuel de gestion de ces déchets dans la ville comprend le conditionnement à domicile, la collecte, le transport et le dépôt dans des décharges qui ne sont pas contrôlées où on trouve des déchets dangereux tels que les piles, les résidus de solvants ou de produits phytosanitaires etc.
L’organisation du ramassage et nettoiement se fait il y a un certain temps par un système de rotation (en moyenne deux ou trois fois par jour) dans les grands quartiers Artillerie et Montagne. De petits tracteurs desservent les petits quartiers comme Santhiaba et Thiokhna. Par contre les quartiers comme Grand Louga, Keur Serigne Bara, Keur Serigne Louga etc sont toujours desservis par des charrettes attelées.
Par ailleurs, dans les quartiers périphériques de la ville on a des initiatives communautaires ou privées, pour assurer le pré-collecte des ordures avec la tractation animale. La commune a souvent bénéficié de l’appui des autres pays dans le cadre de la coopération comme celle avec le Luxembourg pour mieux gérer la problématique des ordures ménagères.
Photo 5 : Les agents de la municipalité en partance pour le ramassage des ordures
[15_gestion-des-dechets-a-louga-strategies-innovantes_21]
Source: Hane M, 2019
Figure 9 : système d’évacuation des ordures ménagères
[15_gestion-des-dechets-a-louga-strategies-innovantes_22]
10,16
51,41
9,6
14,68
14,12
Camion Charrette Incinération Dépôts sauvages Enfouissement
Les ordures ménagères continuent de décorer le paysage urbain de Louga malgré les nombreuses initiatives des acteurs urbains.
Pour l’évacuation des ordures ménagères, il est demandé aux ménages de déposer leurs ordures devant leurs maisons afin que les camions puissent les ramasser. Mais, plusieurs personnes ont manifesté leur inquiétude vis-à-vis de ce ramassage car le camion ne passe même pas dans leur quartier et ils continuent à payer les TEOM13.
Ainsi, la majeure partie des ménages (51.41%) font appel aux charretiers pour l’évacuation des ordures ménagères moyennant un paiement mensuel qui varie de 1000 à 3000 FCFA. En dépit de ces deux systèmes d’évacuation des déchets, des tas d’ordures continuent à s’accumuler sur des terrains nus ou inoccupés, devant les maisons ou même dans les rues.
En outre, le taux des personnes qui préfèrent les dépôts sauvages s’élève à 9.6 % de même que les enfouissements et les incinérations qui sont encore beaucoup plus importants du fait de l’ouverture systématique des fosses à l’arrière des maisons surtout en périphérie.
En effet, dans ces quartiers le système de gestion des déchets solides n’est pas fonctionnel et est même parfois inexistant dans certaines zones où les populations enfouissent leurs déchets, les incinèrent ou les déposent dans les parcelles non construites ou dans les champs et dans la plupart des cas dans les dépôts sauvages non loin des maisons.
13 Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères ↑
[15_gestion-des-dechets-a-louga-strategies-innovantes_23] | [15_gestion-des-dechets-a-louga-strategies-innovantes_24] |
Photo 6 : Dépôt sauvage à quelques mètres des maisons bâties et Photo 7 : Dépôts sauvages derrière les « faak deuk » de Médina Garage
Source: Hane M, 2019
Ainsi, du fait de l’éloignement de ces quartiers et de l’inaccessibilité de certains sites, les dépôts sauvages alimentent le décor de ces quartiers où les ordures malgré leurs conséquences en termes de pollution et de d’incidences sanitaires ne semblent gêner personne. En effet dans ces zones périphériques (Touba Seras, Medina garage etc.), les ordures se dispersent partout notamment dans les maisons non encore occupées et aux alentours des habitations. Mais il convient de signaler que malgré les efforts des nombreux acteurs (mairie, GIE, ONG etc.), pour améliorer ce système, certaines personnes préfèrent ne pas utiliser les charrettes et jettent directement leurs déchets dans ces dépôts sauvages.
L’assainissement
Etat de la situation
Conscient de l’importance de l’assainissement pour le développement économique et social d’une ville, les autorités municipales et les populations locales en ont toujours fait une priorité. Le système d’assainissement jusqu’à une période récente relevait de deux principaux acteurs : la commune qui avait la charge des canaux d’eaux pluviales à ciel ouvert et la SONEES qui était responsable des systèmes d’égouts.
La ville de Louga dispose d’un réseau d’eaux usées conçu en 1976 et réalisé en 198214 par ITAL-CONSULT. Ce système concerne uniquement les quartiers Santhiaba Nord, Artillerie, Montagne et Grand Louga. La première phase dudit réseau a coûté 1,16 milliards de FCFA et avec une potentialité de drainage des eaux usées de 12 000 concessions.
Mais le cout des branchements qui s’élevait à 250 000 Fcfa au minimum par ménage avait fait que le nombre de branchement était limité à 417 contre 1200 raccordements potentiels. Son taux d’utilisation est très faible (25,8%) soit un taux de couverture des égouts de 30%. C’est dans ce sens que dans le cadre de sa nouvelle politique, l’ONAS décide d’encourager les branchements sociaux pour les ménages situés à proximité du réseau en subventionnant le cout à hauteur de 50%.
Malgré leurs efforts, l’apport personnel demeure relativement élevé (125 000 FCFA) ce qui explique la faiblesse du nombre de familles touchées.
En 1978, l’ONAS a mis en place un premier plan d’assainissement subdivisé en parties pour trouver des financements. La première réalisation a été la collecte des eaux usées de Thiokhna avec la station d’aspiration de Touba Serrasse. La deuxième phase qui a été financée par la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) s’est déroulée en 2010 et concerne l’assainissement de Santhiaba et la délocalisation de la station d’aspiration auprès de l’ancienne carrière. En 2016, l’ONAS a reçu un financement de la BID pour la réalisation de l’assainissement de Keur Serigne Louga.
En ce qui concerne le réseau d’eau pluviale, seul le centre urbain est desservi. Dans les autres quartiers, en raison de la nature du sol, très perméable, les eaux de pluie s’infiltrent vite. Cependant après de très fortes précipitations, les eaux stagnantes gênent la circulation et peuvent être également sources de maladies. Pour répondre à ce problème, l’ONAS avait décidé de réduire les points bas les plus importants (niveau de l’avenue de la Gare et de l’avenue Bouna Ndiaye) de la voirie revêtue par la construction d’avaloirs15.
En outre, l’assainissement individuel pose également problème du fait de l’absence de système d’égout dans les autres quartiers de la ville et le non raccordement de certaines concessions dans les quartiers dotés d’un tel système. En raison de l’absence de puisards pour évacuer les eaux usées, certains ménages sont obligés d’épandre les eaux usées dans la rue ou mem au coin de la maison. En effet, cette situation est expliquée aussi par la cherté du prix de raccordement au système d’égout et celle de l’installation d’un puisard (54 000 francs CFA) pour des familles à revenus modestes. Par contre les habitants de Keur Serigne Louga Ouest ont bénéficié d’une large promotion avec l’installation de puisards par le projet ADEREL avec une subvention à hauteur de 75%.
14 Profil environnemental de la ville de Louga, 2002, p46. ↑
15 Ouverture le long d’un trottoir pour évacuer les eaux de ruissellement vers l’égout ↑
________________________
12 Profil environnemental de la ville de Louga, 2002. ↑
13 Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères ↑
14 Profil environnemental de la ville de Louga, 2002, p46. ↑
15 Ouverture le long d’un trottoir pour évacuer les eaux de ruissellement vers l’égout ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels types de déchets sont présents à Louga?
Les déchets solides de la commune de Louga sont constitués des ordures ménagères, des déchets industriels, des déchets commerciaux et d’hôpitaux.
Comment est organisée la collecte des ordures ménagères à Louga?
L’organisation du ramassage et nettoiement se fait par un système de rotation (en moyenne deux ou trois fois par jour) dans les grands quartiers, et des petits tracteurs desservent les petits quartiers.
Quels défis la municipalité de Louga rencontre-t-elle dans la gestion des déchets?
La gestion des déchets ménagers solides constitue un défi majeur pour la municipalité qui rencontre beaucoup de difficultés pour assurer correctement ce service face à l’extension rapide de la ville.