Accueil / Economie et Gestion / L'utilité du rapport d'audit / Comment les défis du rapport d’audit révèlent des solutions innovantes ?

Comment les défis du rapport d’audit révèlent des solutions innovantes ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université de Sfax pour le Sud - École Supérieure de Commerce
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maîtrise - 2001
🎓 Auteur·trice·s
Yosra MNIF
Yosra MNIF

Les défis et solutions du rapport d’audit révèlent des insights surprenants sur la perception des banquiers et analystes financiers. Cette étude empirique tunisienne met en lumière l’impact crucial de l’audit sur les décisions de crédit, transformant ainsi notre compréhension des relations entre dirigeants, actionnaires et créanciers.


Chapitre II : Perception de l’utilité du Rapport d’audit par les banquiers et les analystes financiers

Introduction

L’utilité des données comptables pour la prise de décisions a donné naissance à une voie de recherche connue sous le nom de « comptabilité comportementale ».

Cette dernière qui a emprunté des théories à la psychologie et aux sciences de comportement est venue pour pallier aux insuffisances des études de réaction sur le marché financier notamment celle relative à la difficulté d’identification de la réaction des cours boursiers à la seule publication de l’information étudiée.

En effet, la réaction du marché peut être expliquée par d’autres sources informatives. La comptabilité comportementale va permettre d’étudier l’utilité d’une information comptable non pas vis à vis d’un groupe hétérogène d’utilisateurs comme c’est le cas pour les études sur le marché financier, mais plutôt vis à vis d’un utilisateur individuel (groupe homogène d’utilisateurs).

Dans ce chapitre, on exposera le courant de recherche consacré à l’étude du comportement des banquiers et des analystes financiers vis à vis des rapports des commissaires aux comptes parmi les diverses sources d’information utilisées lors de l’étude des dossiers qui leur sont soumis.

L’objectif de cette revue de littérature est d’acquérir davantage de connaissances sur la réaction de ces deux groupes d’utilisateurs potentiels, suite à la publication du rapport de l’auditeur, afin de déterminer l’importance de ce dernier dans le processus de prise de décision d’octroi de crédit ou d’investissement.

En effet, il est bien évident que les banquiers exigent des sociétés qui demandent des prêts bancaires de leur remettre des états financiers examinés et certifiés par des commissaires aux comptes confirmés et indépendants. Toutefois, dans le cas d’une opinion d’audit avec réserves, les responsables de crédit prennent-ils en considération ces mentions dans la décision de prêt en termes du montant et du taux d’intérêt ? ou bien ça n’engendre aucun effet sur la décision finale d’octroi de crédit.

D’un autre côté, il y a les analystes financiers qui constituent une catégorie d’informateurs des marchés financiers qui n’a cessé de se développer ces vingt-cinq dernières années. Leur rôle sur les marchés boursiers consiste notamment à produire de l’information à l’intention des investisseurs sur les perspectives d’évolution des titres émis et cotés sur les marchés financiers. Ce processus de production d’information exige la prise en compte d’une quantité importante de données de nature diverse.

Cependant, en plus des informations macro-économiques et sectorielles, le rapport du commissaire aux comptes permet-il de répondre aux interrogations des analystes, notamment lorsqu’il s’agit de vérifier la sincérité et la fiabilité des états financiers présentés par la société étudiée ? En d’autres termes, le rapport d’audit est-il existant et pris en compte parmi les autres types d’informations et documents consultés par les analystes financiers ? En plus, une opinion avec réserves exprimée par le commissaire aux comptes modifie-t-elle les prévisions des analystes financiers ?

Toutes ces questions ont été relevées par plusieurs études menées aussi bien dans les pays anglo-saxons que dans d’autres, et qu’on essayera de présenter dans ce chapitre.

Les études expérimentales portant sur la perception de l’utilité du rapport d’audit par les banquiers et les analystes financiers

Les méthodes expérimentales correspondent aux études de réaction de «laboratoire» envisagées dans la typologie de Holt et Moizer (1991). Leur principe est non plus d’observer les comportements réels des utilisateurs comme dans le cas des études empiriques, mais de susciter de leur part des réactions simulées.

Comme l’explique Libby (1979a), la méthodologie des études expérimentales consiste à soumettre à des participants sélectionnés une série de cas au sein desquels seul l’élément d’information étudié est systématiquement modulé. L’objectif est d’isoler et de mesurer l’impact des différentes données présentées sur le comportement des individus concernés.

Pour les études sur les rapports d’audit, les dossiers expérimentaux sont des jeux d’états financiers comportant tous les mêmes documents, mais associés à des rapports d’audit différents. Ils sont soumis à des professionnels habitués à consulter des rapports annuels dans le cadre de l’exercice de leur activité.

La majorité des études de ce type menées dans le domaine de l’audit a porté sur l’impact des réserves sur les décisions d’allocation de crédit des banquiers ou les décisions de placement et d’investissement des analystes financiers.

Cependant, quelles sont les questions auxquelles ces études tentent de répondre ?

Principes et problématiques

La plupart des chercheurs qui ont opté pour cette méthodologie ont concentré l’essentiel de leur réflexion sur la seule population des banquiers.

C’est le cas notamment de Estes et Reimer (1977), Libby (1979a), Johnson et Pany (1984), Bamber et Stratton (1997) et Randall, IasalIe et Anandarajan (1997) aux Etats Unis ainsi que Houghton (1983) et Gul (1987) en Australie.

Par contre, les études de Arnold et Moizer (1984), Day (1986), Robertson (1988) et Courtis (1992) se sont contentées de tester l’importance du rapport de l’auditeur pour les analystes financiers seulement. Seuls Firth (1980) en Grande Bretagne et Soltani (1996) en France, ont examiné à la fois la réaction des banquiers et celle des analystes financiers, sollicités pour leur part dans le cadre d’une situation fictive de décision d’investissement.

Comme dans le cas des études empiriques, certains auteurs concentrent toute leur attention sur une seule catégorie de rapport d’audit. C’est le cas de Estes et Reimer (1977) qui, s’interrogent à travers leur étude sur l’impact de l’émission de la réserve de type «except for » sur les décisions de prêt des banques. Cette réserve est émise pour informer les lecteurs sur la présence ou l’absence de telle ou telle information dans les états financiers.

De même, Libby (1979a), Houghton (1983) et Gul (1987) ont centré leur étude sur les seules réserves pour incertitudes «subject to» prévues dans les normes anglo-saxonnes, en essayant d’examiner l’effet de ce type de réserve sur la décision des responsables de crédit en matière de montant de prêt, taux d’intérêt….

Ainsi, Libby (1979a) et Gul (1987) ont essayé à travers leur travaux de comparer la réaction des utilisateurs concernés à l’examen d’états financiers comportant la réserve étudiée et leur attitude face à des rapports annuels certifiés sans réserves.

D’un autre côté, en Australie, Houghton (1983) a intégré à son étude trois groupes d’états financiers audités avec réserves, audités sans réserves et non audités, en apportant ainsi une mesure de l’impact de l’existence même des rapports d’audit.

Plus récemment, Bamber et Stratton (1997), après l’apparition de le SAS N079 (en 1988 et suivant le SAS N°58, L’AICPA a éliminé la mention de la réserve « subject to » dans le rapport d’audit, tout en gardant la possibilité de mentionner certaines incertitudes dans un paragraphe à part. Après, à travers la SAS N°79, l’AICPA a éliminé en 1995 ce paragraphe), ont tenté de voir si le rapport d’audit contenant un paragraphe explicatif (uncertainty explanatory paragraph) des incertitudes relevées des états financiers présente un contenu informationnel pour les banquiers ou non.

En d’autres termes, cette catégorie d’utilisateurs est-elle sensible aux incertitudes relevées dans le rapport ou ce dernier n’a aucun effet sur la décision finale d’octroi de prêt ?

D’autres chercheurs présentent une comparaison de plusieurs catégories de réserves.

Ainsi, l’étude de Firth (1980) a pour objet de mesurer l’influence des rapports britanniques les plus couramment utilisés sur la réaction des banquiers et analystes financiers.

Dans son travail, il intègre les formulations suivantes : certification sans réserves ; réserve portant sur la continuité d’exploitation «going concern»; réserve portant sur l’évaluation des actifs «asset realization» et une réserve concernant la non conformité avec certaines règles et pratiques comptables SSAP.

Robertson (1988) quant à lui, a conçu une enquête destinée aux analystes financiers uniquement, en vue de cerner leurs opinions face aux différents types de réserves qui peuvent être exprimées par le commissaire aux comptes. En fait, son travail s’organise autour des rapports d’audit suivants :

  • Rapport d’audit avec dénégation de responsabilité ou «disclaimer of opinion» en cas d’états financiers non audités.
  • Rapport d’audit avec dénégation de responsabilité ou «disclaimer of opinion» due à certaines incertitudes.
  • Rapport d’audit avec la réserve «except for».
  • Rapport d’audit avec la réserve «subject to».
  • Rapport d’audit certifié.

En plus, à travers cette recherche, l’auteur s’interroge sur les types de réserves qui suscitent une plus grande attention aux états financiers de la part des analystes financiers.

Dans un environnement différent, Soltani (1996) a mené une première étude dans le contexte français dont l’objectif est d’évaluer l’importance, aux yeux des banquiers et des analystes financiers, des informations contenues dans les rapports des commissaires aux comptes français, notamment lorsqu’ils contiennent des réserves.

L’auteur s’est aussi interrogé sur la place du rapport du commissaire aux comptes parmi les autres sources d’information comptable et financière.

Dans cette recherche, l’auteur a classé les opinions exprimées en quatre grands groupes :

  • Les rapports sans réserves et sans observations.
  • Les rapports avec réserves.
  • Les rapports avec observations, remarques et constatations.
  • Les rapports avec un refus de certification.

Dans le contexte anglo-saxon, Randall, Lasalle et Anandarajan (1997) ont posé la problématique suivante : les responsables de crédit réagissent-ils différemment en matière de décision d’octroi de crédit et de perception de risque en cas de divulgation de ces 4 formulations de rapports d’audit ?

  • Les rapports d’audit avec dénégation de responsabilité «disclaimer of opinion»

due à des litiges «litigation» à l’issue d’un procès.

  • Les rapports d’audit avec dénégation de responsabilité due à l’incertitude de la continuité d’exploitation de l’entreprise.
  • Les rapports d’audit avec un paragraphe mentionnant certaines incertitudes dues aux litiges.
  • Les rapports d’audit avec un paragraphe mentionnant certaines incertitudes relatives à la continuité d’exploitation de l’entreprise.

Dans une étude différente des études précédentes, Johnson et Pany (1984) sont intéressés au rôle de l’auditeur dans le processus d’octroi des prêts des banques. Leur objectif principal était de savoir si l’examen par l’auditeur des comptes prévisionnels était considéré par les banquiers comme une garantie de qualité et de fiabilité.

D’autres chercheurs ont choisi de déceler la place occupée par le rapport de l’auditeur parmi les autres sources d’information considérées intéressantes par les analystes financiers.

Ainsi, Arnold et Moizer (1984) ont mené des travaux dans le but de déceler les méthodes utilisées par les analystes financiers britanniques dans leurs procédures d’évaluation d’actions ordinaires.

Là, les auteurs ont proposé aux analystes financiers une multitude de sources d’informations dont ils doivent classer par ordre décroissant d’importance. Parmi ces sources, figurent aussi bien le rapport d’audit sans réserves et le rapport d’audit avec réserves.

Parallèlement, les études de Day (1986) et Courtis (1992) contribuent à la connaissance de l’utilisation faite par les analystes financiers britanniques de l’information publiée par les entreprises. Cette recherche est fondée sur les éléments cités par les analystes financiers comme étant : « utiles ». De même, les auteurs présentent le classement du rapport du commissaire aux comptes parmi les autres informations comptables.

Les auteurs qui recourent à ce mode d’investigation peuvent donc emprunter des voies de recherche assez variées. Une fois leur problématique définie, ils respectent ensuite les mêmes étapes méthodologiques.


Questions Fréquemment Posées

Quelle est l’importance du rapport d’audit pour les banquiers lors de l’octroi de crédits?

Les banquiers exigent des sociétés qui demandent des prêts bancaires de leur remettre des états financiers examinés et certifiés par des commissaires aux comptes confirmés et indépendants.

Comment les analystes financiers utilisent-ils le rapport d’audit?

Le rapport du commissaire aux comptes permet aux analystes de vérifier la sincérité et la fiabilité des états financiers présentés par la société étudiée.

Les opinions d’audit avec réserves influencent-elles les décisions de crédit?

Dans le cas d’une opinion d’audit avec réserves, les responsables de crédit prennent-ils en considération ces mentions dans la décision de prêt en termes du montant et du taux d’intérêt.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top