Le cadre théorique de l’innovation bancaire révèle que 70 % des banques tunisiennes ont adopté des pratiques novatrices entre 1993 et 2010, transformant ainsi leur performance. Cette étude met en lumière des résultats surprenants, essentiels pour comprendre l’évolution du secteur financier en Tunisie.
Les variables de contrôle
- Taille de la banque
Comme pour de nombreuses autres variables, l’impact de la taille sur la performance bancaire est discuté par plusieurs chercheurs, voir De Jonghe (2010), Barros et al. (2007)… Les résultats obtenus à ce stade peuvent être divisés en trois groupes :
- Certains considèrent que la taille a un impact positif sur la performance, Beck et al. (2006), et Pasiouras et al. (2007).
- D’autres pensent que la taille a un impact négatif, Kasman (2010), et De Jonghe (2010).
- Enfin, un dernier groupe considère que l’impact est non significatif, Goddard et al. (2004), Micco et al. (2007) et Athanasoglou et al. (2008).
Les travaux empiriques émanent du premier groupe montrent la présence d’une relation positive et statistiquement significative entre les innovations financières et la performance bancaire. A titre d’illustration on peut citer les travaux de Beck et al. (2006) et Pasiouras et al. (2007).
Les arguments souvent avancés pour justifier cet impact positif sont :
- Une taille importante permet de réduire les coûts en raison de la présence des économies d’échelle.
- Les banques de taille importante peuvent dégager du capital à moindre coût.
Dans le second groupe, les résultats obtenus montrent la présence d’un impact significatif des innovations financières sur la performance des banques, mais cet impact est négatif. Stiroh et al. (2006) montrent la présence des effets négatifs de la taille et soulignent que plus une banque est grande, plus elle est difficile à gérer.
En outre, les auteurs rappellent que la taille peut résulter d’une stratégie de croissance agressive, obtenue au détriment des marges et de la performance. Dans cette même logique, Kasman (2010) trouve un impact statistiquement significatif et négatif de la taille sur la marge nette et sur les intérêts (Net interest margin) en regardant un panel de 431 institutions bancaires dans 39 pays.
De Jonghe (2010) conclut que les petites banques sont davantage capable de résister à des conditions économiques difficiles, tandis que Barros et al. (2007) affirment que les petites banques ont plus de chance d’obtenir de bonnes performances et moins de chances d’obtenir des performances mauvaises.
Inversement, les grandes banques ont moins de chance d’obtenir de bonnes performances et plus de chance d’obtenir de mauvais résultats.
Ferrier et Lovell (1990) ont réalisé une étude portant sur un échantillon de 575 banques commerciales américaines, ils ont trouvé que 88% de ces banques sont exposées à un rendement d’échelle croissant. Ils ont également établi que les économies d’échelle ne confèrent aux grandes banques qu’un petit avantage de coût.
Aussi, ils ont montré que l’inefficience allocutive résulte essentiellement de l’utilisation excessive de la main d’œuvre et la mauvaise utilisation du capital.
C’était en quelque sorte un peu surprenant que les banques les plus efficientes de l’échantillon appartenant à la classe des banques de petites tailles. Ce qui est expliqué par la bonne application de la technologie, laquelle a permis aux petites banques de vaincre les inconvénients de coûts de capitaux ainsi de distribuer leurs productions plus efficacement.
Enfin, les auteurs du troisième groupe ne relèvent pas d’impact statistiquement significatif de la taille des banques sur leurs performances, voir Goddard et al. (2004), Micco et al. (2007) et Athanasoglou et al. (2008).
Dans cette même perspective, on fait référence à la taille d’une institution bancaire dans le cas où le volume de ses activités influence sa performance, Akhigbe et McNulty (2003). Ces derniers résument l’effet de la taille sur le profit des petites banques en trois points: L’avantage structurel (AS), l’avantage informationnel (AI) et l’avantage relationnel (AR).
- L’AS permet aux petites banques, par rapport aux grandes, de présenter des marges financières relativement importantes surtout si elles évoluent dans un système bancaire faiblement développé et peu compétitif.
- Sur la base de l’AI et de l’AR, les petites banques sont supposées avoir l’avantage de gérer les problèmes d’agence du fait de leurs liens de proximité et des relations conviviales qu’elles entretiennent avec les petites et moyennes entreprises, Peterson et Rajan (1995).
En se basant sur ces résultats, on suppose dans cette étude que la taille de la banque influence positivement sa performance.
Nous nous attendions à une relation positive et significative entre cette variable et la rentabilité des banques tunisiennes. Cette hypothèse découle de l’observation que les banques tunisiennes sont considérées comme de petites banques.
Hypothèse 1 : La taille de la banque a un effet positif sur la performance bancaire
- Ressources financières
Peu de travaux ont, jusqu’à présent, tenté d’étudier l’effet des ressources financières sur la performance bancaire mais nous pouvons néanmoins citer Laporta et al. (2002), Nana (2009) et Mabrouk et Mamoghli (2010).
Grosskopf, Hayes et Yaisawarng (1993) se proposent de vérifier s’il y a eu une amélioration significative de la performance des banques américaines à la suite des changements importants dans le système bancaire au cours des années 90.
Les résultats obtenus montrent qu’en moyenne les banques de leur échantillon améliorent significativement la performance bancaire suite à l’amélioration des ressources financières.
Nous pouvons aussi nous référer à Laporta et al. (2002) qui montrent qu’une allocation des ressources financières peut avoir des effets préjudiciables sur la productivité et sur la croissance économique.
De Jonghe (2010) souligne que les banques les plus performantes sont celles qui parviennent à maintenir un niveau élevé de ressources financières. Il a trouvé comme résultat qu’un niveau élevé de capitaux propres réduit le risque (de faillite) encouru par les banques.
Elles peuvent donc se permettre, en maintenant un niveau de risque constant, d’investir dans des actifs plus risqués et dont la rentabilité attendue est bien sûr supérieure. Il en découle une meilleure performance.
Quant à Mabrouk et Mamoghli (2010), ont trouvé comme résultat que l’investissement dans les innovations de processus affecte positivement la performance de la banque et ce en raison des ressources financières élevées.
Par ailleurs, Nana (2009) précise lors de l’étude de l’effet de la réglementation prudentielle sur les performances du système bancaire au Cameroun, que le renforcement de la politique de crédit augmente les profits bancaires.
Autrement dit, plus la banque octroie des crédits, plus les revenus augmentent et par conséquent le profit aussi. Toutefois il faut signaler que la politique de crédit peut parfois entraver la profitabilité bancaire, en particulier lorsqu’une politique expansionniste de crédit est incompatible avec la stratégie poursuivie en matière de recherche de ressources financières.
En se basant sur les résultats des travaux précédents, on avance notre second hypothèse selon laquelle les ressources financières de la banque influence positivement sa performance.
Nous nous attendions à une relation positive et significative entre cette variable et la performance des banques tunisiennes.
Hypothèse 2 : Les ressources financières ont un impact positif sur la performance bancaire.
Hypothèses à tester
Pour étudier l’effet de l’innovation financière sur la performance des banques tunisiennes on doit examiner les quatre hypothèses suivantes :
H1 : La taille est une variable significativement positive de la performance des banques tunisiennes.
H2 : Les ressources financières affectent positivement la performance des banques tunisiennes.
H3 : La diversification améliore la performance des banques tunisiennes.
H4 : La concurrence a un effet positif sur la performance des banques tunisiennes.
Après l’énumération des hypothèses à tester, passant maintenant à préciser les divers éléments méthodologiques utiles aux différents tests empiriques que l’on va réaliser à propos des différentes hypothèses émises.
Ces divers éléments portent sur l’échantillon de l’étude, les bases de données disponibles utilisées ainsi que la mesure des différents variables nécessaires dans notre étude empirique.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de la taille des banques sur leur performance selon les chercheurs?
Les résultats obtenus peuvent être divisés en trois groupes : certains considèrent que la taille a un impact positif sur la performance, d’autres un impact négatif, et enfin, un dernier groupe considère que l’impact est non significatif.
Pourquoi certaines études montrent-elles un impact positif de la taille sur la performance bancaire?
Les arguments avancés incluent que la taille importante permet de réduire les coûts grâce aux économies d’échelle et que les banques de taille importante peuvent dégager du capital à moindre coût.
Quelles conclusions tirent les chercheurs sur les petites banques par rapport aux grandes?
Les petites banques sont souvent considérées comme plus capables de résister à des conditions économiques difficiles et ont plus de chances d’obtenir de bonnes performances, tandis que les grandes banques ont plus de chances d’obtenir de mauvais résultats.