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Comment l’analyse de cas révèle l’importance de l’audit ?

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🏫 Université de Sfax pour le Sud - École Supérieure de Commerce
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maîtrise - 2001
🎓 Auteur·trice·s
Yosra MNIF
Yosra MNIF

L’analyse de cas sur l’audit révèle que 70 % des investisseurs estiment que le rapport d’audit est crucial pour réduire l’asymétrie d’information. Cette recherche met en lumière son rôle décisif dans les décisions de crédit, transformant ainsi la perception du marché financier et des acteurs économiques.


Chapitre II : La demande d’audit comme solution aux problèmes d’asymétrie d’information

Introduction

L’aspect essentiel de l’entreprise moderne est la séparation entre l’actionnariat et la direction de l’entreprise. Dans cette situation, le dirigeant sera mieux informé de la situation financière de l’entreprise. Donc les personnes ne possèdent pas toutes les mêmes renseignements, ce qui permet à certaines de tirer avantage de la situation. Ainsi, l’agent est supposé avoir des informations privées auxquelles le principal ne peut pas accéder sans engager un coût élevé.

Tremblay et al (1993) précisent, cependant, que jusqu’à la signature du contrat, le principal et l’agent possèdent tous les deux la même information et partagent les mêmes attentes.

C’est après l’établissement du contrat et devant la complexité des tâches managériales que le principal se trouve dans une situation où il ne peut plus avoir une observation directe des efforts déployés par l’agent dans l’accomplissement de ses obligations. Cette situation génère donc une asymétrie d’information entre le principal et l’agent.

En effet, la situation financière réelle de l’entreprise ne sera connue que par le dirigeant. L’actionnaire quant à lui ne sera en mesure de connaître la situation de son entreprise qu’à travers les états financiers qui lui seront préparés et présentés par le dirigeant. L’actionnaire base son évaluation de l’action du dirigeant en se basant sur cette information. La rémunération de ce dernier peut être aussi sur la base de cette information comptable.

Dans une situation caractérisée par une asymétrie d’information, il sera intéressant de savoir si le dirigeant va rendre compte de la situation réelle de l’entreprise sans falsifier les états financiers.

Ng (1978a) et Ng et Stoeckenius (1979a) démontrent que si le dirigeant est rémunéré sur la base des chiffres comptables, il a tout intérêt à rendre compte d’une situation financière incorrecte afin de maximiser l’utilité de ses revenus tout en minimisant ses efforts.

Aucun système d’incitation, à l’exception du contrat de travail, ne peut donc résoudre ce conflit entre le dirigeant et l’actionnaire. Mais, il faut noter que le contrat de travail entraîne des problèmes de motivation du dirigeant.

En effet, lorsque l’action du dirigeant, les revenus ne sont pas observables par l’actionnaire, le dirigeant adoptera une stratégie qui minimise son effort et qui maximise son utilité en falsifiant les états financiers.

Devant une telle situation, on peut s’étonner de la naïveté de l’actionnaire qui continue à l’accepter.

La théorie comptable positive stipule que les producteurs d’informations comptables sont opportunistes. Ils utilisent toutes les latitudes que leur offrent les règles comptables qui leur conviennent le mieux.

Les recherches en la matière considèrent que les manipulations comptables peuvent répondre à deux types exclusifs de motivations. Pour certains, l’information comptable est manipulée dans le but d’atténuer les effets dans les comptes d’une situation dégradée. Pour d’autres, les manipulations sont entreprises parce qu’elles maximisent la part de la rémunération des dirigeants indexée sur les résultats comptables, parce qu’elles entraînent des économies fiscales, parce qu’elles constituent le seul moyen dont dispose l’entreprise pour respecter les clauses restrictives de ses contrats de prêts ou, enfin, parce qu’elle atténuent la visibilité de la firme et diminuent les coûts politiques qu’elle supporte.

L’audit sera proposé par Ng (1978a) et Ng et Stoeckenius (1979) pour résoudre les conflits engendrés par le problème d’asymétrie d’information.

Antle (1982 et 1984) soulève une limite à cette solution qui est l’indépendance de l’auditeur.

Résolution du problème d’asymétrie d’information en présence d’audit

Nous avons indiqué que Ng et Stoeckenius (1979a) ont démontré que si le contrat d’incitation est basé uniquement sur les performances comptables de l’entreprise, le dirigeant sera tenté de se limiter à falsifier les résultats de l’entreprise pour maximiser son revenu. Le contrat de travail, quant à lui, entraîne des problèmes de motivation du dirigeant.

Devant une telle situation, le dirigeant aura recours aux services d’un auditeur. Il reste à savoir si cette technologie a une action convergente avec celle de la rémunération.

Ng et Stoeckenius (1979a) avancent que le dirigeant peut être intéressé à choisir une fonction de reporting1 compatible avec les intérêts de l’actionnaire dans les conditions suivantes :

    • Il faut qu’il existe un niveau d’audit capable de détecter les erreurs de reporting quelles qu’elles soient.
    • L’auditeur n’émet pas de réserves lorsque les rapports financiers ne le nécessitent pas.
    • Un meilleur niveau d’audit permet de détecter plus d’erreurs.
    • Le système de rémunération est basé sur les performances comptables.

L’existence de l’audit a été expliquée par Ng et Stoeckenius (1979a) non pas par les textes réglementaires, mais par le besoin ressenti par l’actionnaire victime d’une asymétrie d’information.

1 Qui est celle qui exprime les revenus de l’entreprise en termes financiers

La réussite de l’audit est intimement liée non pas seulement aux caractéristiques de l’audit mais au système de rémunération du dirigeant. Ce système doit non seulement prendre compte des performances comptables mais surtout prévoir une fonction de pénalité permettant de sanctionner le dirigeant qui prépare des états financiers non conformes à la réalité. Cette conformité à la réalité est définie par rapport aux principes comptables généralement admis.

Cependant même en respectant les principes comptables généralement admis, on peut toujours établir des états financiers qui favorisent les objectifs des dirigeants. La notion d’image fidèle soulève un débat entre les auditeurs (Dumontier et Raffournier 1989) surtout que la réglementation comptable laisse toujours des marges de manœuvres aux dirigeants leurs permettant de gérer leurs résultats.

Ce cadre théorique explique l’importance de l’audit même en l’absence d’un cadre réglementaire obligeant à y recourir. Cependant, Ng et Stoeckenius (1979a) expliquent que leur modèle souffre d’une insuffisance.

En effet, cette théorie explicitant la demande d’audit est incomplète parce qu’elle ignore le problème de motivation de l’auditeur afin de comprendre son comportement (voir aussi Gjesdal 1981; Antle 1982; Baiman 1979; Roberts 1979). L’auditeur doit être considéré comme étant un agent dont le but est la maximisation d’utilité. Dans ce cadre d’idées, un modèle englobant l’actionnaire, le dirigeant et l’auditeur a été développé par Antle (1982).

La mission de l’auditeur est d’émettre un avis sur les rapports financiers préparés par le dirigeant. En contrepartie, son but sera de maximiser l’utilité de ses revenus qui sont les honoraires qu’il perçoit suite à l’accomplissement de sa mission. Cette nouvelle situation aura deux implications :

  • Recourir aux services d’un auditeur peut créer de nouveaux problèmes de motivation que l’actionnaire doit prendre en considération lors de la prise de décision.
  • Il sera possible de faire supporter l’auditeur une partie du risque. En effet, les actionnaires peuvent demander l’auditeur en répartition des conséquences dommageables résultant des fautes ou des négligences commises par eux dans l’exercice de leurs fonctions. Pour accepter ce risque, l’auditeur demande des honoraires très élevés.

Le modèle présenté par Antle (1982) est développé dans le cadre d’une asymétrie d’information où l’actionnaire n’est pas en mesure de connaître les revenus réalisés par son entreprise. Il est, cependant, en mesure de connaître la valeur des revenus qui apparaît dans les états financiers préparés par le dirigeant.

L’auditeur en acceptant sa mission, se trouve face à un problème de reporting similaire à celui du dirigeant. L’auditeur choisit sa fonction. Cette dernière représente le rapport d’audit et sera observable par l’auditeur, le dirigeant et l’actionnaire.

Devant cette situation, chaque agent va essayer de maximiser l’espérance de son utilité et ceci peut influencer la formulation du problème d’agence. En effet, la prise en considération des motivations de l’auditeur a totalement changé la nature du problème. N’importe quel plan d’incitation adopté par l’actionnaire crée un jeu entre deux personnes : l’auditeur et le dirigeant. Ils auront à déterminer chacun d’eux son action et sa fonction de reporting compte tenue de la rémunération fixée par le dirigeant. Ce jeu est appelé le sous-jeu résultant du plan d’incitation.

L’auditeur et le dirigeant joueront un équilibre de Nash dans ce sous jeu. Plusieurs équilibres de Nash peuvent résulter du plan d’incitation. En d’autres termes, le dirigeant et l’auditeur peuvent avoir, compte tenu du plan d’incitation, plusieurs stratégies pouvant maximiser leurs utilités.

Parmi tous les équilibres de Nash, on suppose que le dirigeant et l’auditeur choisit l’équilibre le plus profitable pour l’actionnaire (maximisant son utilité).

Aucune raison ne peut motiver la généralisation de cette hypothèse. L’auditeur et le dirigeant peuvent très bien choisir d’autres stratégies autres que celle profitant à l’actionnaire.

Il ressort de ce qui précédent un raisonnement très important en matière d’audit. Il s’agit de l’indépendance de l’auditeur.


Questions Fréquemment Posées

Pourquoi l’audit est-il important dans la gestion des entreprises?

L’audit est proposé pour résoudre les conflits engendrés par le problème d’asymétrie d’information entre le dirigeant et l’actionnaire.

Comment l’asymétrie d’information affecte-t-elle les relations entre dirigeants et actionnaires?

L’asymétrie d’information permet à certaines personnes de tirer avantage de la situation, car le dirigeant est mieux informé de la situation financière de l’entreprise.

Quels sont les effets de l’audit sur les décisions d’octroi de crédit bancaire?

Une étude empirique réalisée dans le contexte tunisien évalue l’impact du rapport d’audit sur les décisions d’octroi de crédit bancaire.

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