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Analyse comparative : Urbanisation à Louga et ses défis

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🏫 UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS - U.F.R DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES - SECTION DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2018 - 2019
🎓 Auteur·trice·s
Malick HANE
Malick HANE

L’analyse comparative de l’urbanisation révèle que Louga fait face à une croissance désordonnée, exacerbant des défis socio-économiques et environnementaux. Cette étude propose des solutions innovantes pour une gestion urbaine efficace, essentielle à la durabilité de la ville.


Analyse conceptuelle

Afin de permettre une meilleure compréhension de notre thème général, nous avons jugé nécessaire d’éclairer certains concepts ayant un lien avec notre sujet : ville, croissance urbaine, étalement urbain, gestion urbaine.

Ville

Les villes apparaissent entre 3500 et 1500 avant J.C dans les régions fertiles et limoneuses de Mésopotamie comprises entre le Tigre et l’Euphrate, aujourd’hui l’Irak, puis en Syrie, en Egypte, dans les Vallées du Nil et du Jourdain, dans les Vallées de l’Indus et du Yang Ziang. La ville est une notion dont la définition n’est pas aisée. Cette délicatesse est liée à sa transversalité en ce sens qu’elle constitue l’objet d’étude de disciplines diverses : la géographie, la sociologie, l’économie, l’urbanisme, l’histoire, l’anthropologie etc.

D’après le dictionnaire universalis, la ville est une agglomération importante dont les habitants exercent en majorité des activités essentiellement non agricole (commerce, industrie, administration…). Cependant, presque toute définition de ce concept se heurte à des difficultés. « La ville est un objet d’étude mal commode qui, tel un savon, s’échappe de votre main lorsque vous croyez l’avoir attrapé. » prévient Paquot T. (2003).

La difficulté de définir la ville tient à ses propres caractéristiques : une taille, mais également des fonctions diverses et surtout une autonomie politique. En Belgique, ville est actuellement un titre strictement honorifique et officiel octroyé par voie législative à certaines communes. Au Canada, en fonction des provinces, ville est un statut officiel pour certaines municipalités. En France où l’organisation municipale est devenue uniforme, la ville est définie selon le critère de l’importance du peuplement. Au Sénégal elle est confondue à la commune (source : RGPH 1988).

Pour les géographes contemporains comme Pierre Georges, une ville se définit comme « un groupement de populations agglomérées caractérisé par un effectif de population et par une forme d’organisation économique et sociale ». Elle est aussi souvent définie par opposition au village avec les activités dominantes, en tenant compte de la population : la ville n’a pas une activité essentiellement agricole ou artisanale. Contrairement au village, elle a aussi une activité commerciale, politique, intellectuelle. Mieux, pour Jacques Levy et Michel Lussault, la ville est la première phase d’organisation géographique et fonctionnelle. C’est un géotype de substance sociétale fondé sur la coprésence.

En combinant ces points de vue, on peut caractériser la ville comme un milieu d’habitat dense, caractérisé par une société différenciée, une diversité fonctionnelle, une capitalisation et une capacité d’innovation qui s’inscrivent dans de multiples réseaux d’interactions et qui forment une hiérarchie, incluant des nœuds de plus en plus complexes lorsqu’on va des petites villes aux plus grandes.

Dans ce présent rapport, nous employons souvent le concept  »ville » pour désigner celle de Louga dans ces limites administratives regroupant plusieurs quartiers et qui se confond donc à la commune du même nom. La définition sénégalaise de la ville nous a aidé à faire ce choix. Celle-ci précise en effet dans le RGPH que « Au Sénégal, la définition de l’urbain se réfère à celle de la commune ».

Croissance urbaine

Le terme croissance urbaine peut signifier l’augmentation de la population d’une ville, il peut aussi désigner l’extension de la ville. Cette extension se fait généralement de façon verticale ou horizontale. Mais la plupart du temps, on parle de croissance urbaine en combinant ces deux facteurs. Ainsi la croissance urbaine signifie donc l’augmentation de la population et de la superficie des villes.

Le XXe siècle a connu une forte croissance de l’exode rural et des villes. L’ONU et la Banque mondiale notent qu’en 2007, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la population urbaine a dépassé en nombre la population des campagnes. En 1950, 30 % des humains étaient urbains, la moitié l’était en 2007, et 60 % le seront probablement en 2030 (surtout dans les pays en développement qui selon les prospectives devaient accueillir 4 milliards d’urbains en 2030, soit 80 % des citadins de la planète).

Dans notre cas, la ville de Louga a connu une extension multidirectionnelle à partir des secteurs centraux. L’inexistence de contraintes naturelles pouvant gêner l’urbanisation explique en grande partie ce type expansion spatiale. Le périmètre communal ne parvient plus à contenir la croissance démographique galopante. Le décret pour l’extension du périmètre communal tarde à être signé depuis 2008.

Les émigrés revenus d’Europe quittent les villages environnants pour venir s’établir dans la commune.

Selon Pierre Georges : (2004) « la croissance urbaine est l’accroissement de la taille et de la population des villes impliquant des processus complexes. Au plan de la distribution spatialisée de la croissance, la consommation d’espace accrue sur les marges de la ville par le développement de l’habitat, des zones d’activités, et de création d’équipements et d’infrastructures ».

En outre, P. Merlin, (1994) considère que la perception de la croissance urbaine prend aussi la forme « d’une croissance spatiale qui résulte du jeu combiné et multiplicatif de la croissance démographique et de l’augmentation de la consommation d’espace par individu » et pourrait ne pas être saisie seulement par « des chiffres et des statistiques de populations ».

Vu sous cet angle nous comprenons que la croissance urbaine signifie l’étalement spatial de la ville hors de son site d’origine consécutif à une croissance démographique ayant des besoins supplémentaires en habitats, en équipements et en infrastructures. Dans les pays en développement, cet étalement s’accompagne d’une implantation d’habitats spontanés et des conditions de vie précaires car les espaces périphériques sont moins intégrés à la ville.

Etalement urbain

L’étalement urbain caractérise le phénomène de croissance de l’espace urbanisé de façon peu maîtrisée, produisant un tissu urbain très lâche, de plus en plus éloigné du centre de l’aire urbaine dont il est dépendant. Il se traduit donc par une consommation d’espace importante et supérieure au niveau désiré par les acteurs publics. On remarque alors que l’étalement urbain se définit de façon relative, par rapport à un pôle dont il dépend. Le caractère flou que revêt la notion d’étalement urbain provient de ce qu’il est à la fois un état (les extensions urbaines) et un processus (les mécanismes à l’œuvre, leurs impacts).

L’étalement urbain a nourri une importante littérature notamment en raison de ses impacts, essentiellement négatifs, sur l’agriculture, l’environnement, le paysage et l’Homme lui‐même. Pourtant, il n’en existe pas de définition « officielle ».

Si l’on s’entend généralement pour constater qu’il s’agit d’un phénomène récent, consistant à prendre le rebours de l’exode rural et à s’éloigner des pôles urbains, en réalité, lorsque l’on analyse différentes définitions données dans des cadres divers (notamment institutionnels), on constate que les approches peuvent diverger de manière assez importante pour ne plus recouvrir les mêmes réalités.

Selon l’Agence Européenne de l’Environnement, l’étalement urbain intervient dans une zone donnée lorsque le taux de changement d’occupation des terres en faveur de l’urbanisation est plus rapide que la croissance de la population sur une période de temps déterminée. Il peut s’expliquer à la fois par des facteurs économiques et sociétaux comme les formes d’urbanisation, l’engouement pour l’habitat à la campagne, le phénomène de décohabitation, la qualité des infrastructures de transports, la préférence pour l’habitat individuel, le coût du foncier et les politiques d’aménagement. L’étalement urbain a ainsi deux conséquences majeures : une surconsommation de l’espace et une augmentation des distances de déplacements.

En outre, l’observatoire métropolitain de la région de Montréal affirme que « l’étalement urbain pourrait être considéré comme la part de l’extension urbaine provenant de la baisse des densités urbaines. Ainsi, la ville s’étale sur un territoire plus vaste que par le passé avec les mêmes fonctions assurées. La diffusion résidentielle s’éloigne des agglomérations, se disperse et évite la concentration autour des centres‐villes ou centres‐bourgs existants. Ceci se fait sans souci d’économie du foncier ni de préservation des espaces agricoles et naturels » (1999).

Le grenelle de l’environnement « l’étalement urbain, qui privilégie dans les zones périurbaines une densité du bâti plus faible qu’en centre-ville, se traduit par une urbanisation non organisée principalement pavillonnaire, gourmande de surface et qui requiert des réseaux ‐ et un fonctionnement très onéreux‐ pour la collectivité et coûteux en énergie. » (2007)

Les définitions, issues de plusieurs sources, mentionnent :

  • Des critères permettant de caractériser l’étalement urbain (arbitrer sur ce qui relève ou non l’étalement urbain),
  • Des moteurs de son développement : recherche d’un habitat pavillonnaire ou d’une qualité de vie plus rurale, prix fonciers…
  • Des impacts sur les espaces naturels ou sur l’Homme lui‐même : consommation foncière, dévitalisation des centres villes, coûts en équipements, coûts en énergie.

Gestion urbaine

Les différentes définitions généralement proposées pour donner un contenu à cette définition sont souvent floues en raison du caractère trop général de leur énoncé. Selon le Robert, gérer veut dire contrôler. Ses synonymes sont nombreux et variés : organiser, administrer, prévoir, coordonner etc. Concernant la gestion urbaine, l’organisation de l’espace est assurée par l’intervention de plusieurs acteurs.

La participation favorise l’appropriation des politiques publiques qui deviennent au fur et à mesure l’affaire de tous et non plus des seules autorités publiques. Ainsi la gouvernance urbaine est conçue comme étant un mode de gestion partenariale avec une multitude d’acteurs aussi bien publiques et privés qui ont certes des intérêts divergents mais qui doivent coordonner leurs énergies au service de la ville. On assiste à la réduction de la centralisation du pouvoir. L’Etat se limite à jouer le rôle de garant de la démocratie mais les initiatives viennent surtout des administrés.

Pour les spécialistes du management gérer signifie faire comme convient de faire ou comme il se doit. On établit clairement ici la distinction avec l’acte consistant à manager c’est-à-dire savoir ce qu’il faut faire. Le cadre dans lequel le gestionnaire doit inscrire son action lui est réglementé par la technique de sa profession. La gestion implique « une activité plurielle préconisant la protection, la sauvegarde, la conservation, la réhabilitation mais aussi l’aménagement »3. Selon les sources spécialisées, la gestion pratique des méthodes concertées et approuvées pour l’organisation de la ville en vue d’offrir aux populations un cadre de vie descente conformément aux exigences de la charte d’Athènes. Pour y parvenir, les pouvoirs publics doivent tenir compte de la demande sociale, des différents acteurs en place des pouvoirs en compétition, des stratégies et des initiatives développées, des modes de production de l’espace des enjeux et du jeu qu’il détermine.

Cette démarche pragmatique doit adapter les outils (SDAU, PDU, PUD) et les méthodes à des conditions sociales, économiques et politiques spécifiques : une incessante remise en question et adaptation de la gestion aux circonstances du type et du lieu ; ce qui éloigne davantage le concept de gestion de son synonyme administration (commandement). Ainsi, la gestion urbaine suscite un intérêt considérable de la part des institutions multilatérales et de la communauté scientifique internationale. De plus en plus, Wade4 soulignait que pour un souci d’efficacité elle est appréhendée à travers ses nombreux segments : les politiques urbaines, la gestion foncière, les finances locales, municipales, les principales infrastructures (équipements marchands), l’assainissement etc.

Cependant dans la réalité, les lois de la décentralisation ne sont pas totalement appliquées par une absence de volonté politique et le transfert des compétences n’est pas totalement accompagné du transfert des ressources nécessaires au développement des collectivités locales. A cela, il faut aussi ajouter les faibles capacités managériales et financières des collectivités locales qui laissent la voie à l’Etat. Cette situation nous pousse à nous interroger sur l’efficacité et l’effectivité de la responsabilisation et de la participation des acteurs surtout dans notre zone d’étude.

Esquisse de la démarche

Le plan de notre étude s’articule autour de trois parties :

Dans la premiere partie, on va présenter la ville de Louga. Elle sera l’occasion pour nous de voir le cadre physique de la ville et d’apprécier les éléments du climat, les sols, la végétation et l’hydrographie de la ville. L’étude de l’évolution démographique de la ville et son dynamisme économique ainsi que le processus de l’extension spatiale de ladite ville mettra fin à cette phase de présentation.

Dans la deuxième partie, on va étudier la dynamique de l’extension spatiale dans la ville de Louga ainsi que ses différents enjeux. Il s’agira alors d’analyser les facteurs économiques, politiques et sociologiques qui encouragent l’extension spatiale de la ville mais aussi de montrer le rôle très important de l’émigration sur cette extension mais aussi de l’exode rural grâce à l’attraction de la ville sur son arrière-pays.

En outre, on va saisir les impacts environnementaux, économiques et sociaux de cette extension de l’espace urbain lougatois.

Dans la dernière partie de l’étude, il sera question d’analyser la gestion urbaine à Louga en insistant sur son organisation administrative et institutionnelle et sur les limites majeures municipalité dans la gestion de l’espace urbain.

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3 Cours du Pr Wade en Master 1 : politiques urbaines et aménagements.

4 Cours du Pr Wade en Master 1 : politiques urbaines et aménagements.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que l’extension spatiale dans le contexte de Louga?

L’extension spatiale se réfère à l’augmentation de la population et de la superficie des villes, souvent en combinant ces deux facteurs.

Quels sont les défis de la gestion urbaine à Louga?

Les défis liés à l’urbanisation rapide incluent les impacts socio-économiques et environnementaux de cette croissance désordonnée.

Comment la ville de Louga est-elle définie selon le contexte sénégalais?

Au Sénégal, la définition de l’urbain se réfère à celle de la commune, ce qui signifie que la ville de Louga est considérée dans ses limites administratives regroupant plusieurs quartiers.

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