Analyse du processus de transmission de la politique monétaire en RDC

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION - DEPARTEMENT D’ECONOMIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d’études approfondies en sciences économiques - 2018-2019
🎓 Auteur·trice·s
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco

La transmission politique monétaire RDC est analysée à travers les canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit, révélant un impact limité sur l’économie réelle. Cette étude remet en question l’efficacité des politiques monétaires dans le contexte congolais.


ANALYSE EMPIRIQUE DU PROCESSUS DE TRANSMISSION DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE CONGOLAISE

Le processus de transmission de la politique monétaire est entendu comme le mécanisme par lequel les effets des variations du taux directeur de la Banque Centrale se font sentir dans toute l‟économie et jusque sur le taux d‟inflation. Il s‟agit d‟un processus complexe et il existe un élément d‟incertitude quant au moment où cette influence s‟exerce et quant à l‟importance relative de certaines relations d‟influence (l‟ampleur de l‟impact).

Prenant en compte la particularité de la République Démocratique du Congo, cette étude s‟est focalisée sur l‟analyse de l‟influence du taux d‟intérêt directeur de la Banque Centrale du Congo sur l‟inflation (saisie par l‟Indice des Prix à la Consommation), le taux débiteur des banques et le taux de change indicatif.

Pour parvenir à une réponse appropriée à nos hypothèses, l‟approche économétrique basée sur un modèle VAR était utilisée. L‟analyse des causalités ainsi que des réponses impulsionnelles ont permis une meilleure compréhension de certains phénomènes (voir la tableau n°… en annexe).

1. Analyses des résultats

Les résultats obtenus sont intéressants et traduisent la réalité de l‟économie congolaise. En effet, la variation du taux directeur agit significativement sur l‟inflation (au seuil de 5 %) et sur le taux débiteur des banques commerciales (au seuil de 10 %). En dépit de cette influence, son ampleur reste très faible (les coefficients s‟établissent à 0.014948 et à 0.056934, respectivement pour l‟inflation et pour le taux débiteur).

Cependant, les variations du taux de change indicatif ne sont nullement influencées par le taux directeur de la Banque Centrale (t-statistique égale à 1.31729). Les comportements de ces variables face à l‟action de la politique monétaire se justifient pour des raisons suivantes :

Premièrement, cette situation s‟explique par la dollarisation de l‟économie congolaise laquelle réduit l‟efficacité des instruments de la politique monétaire. Ainsi, les besoins de financement des banques sont exprimés en devises.

Deuxièmement, le caractère surliquide des banques commerciales fait que ces dernières ne recourent pas aux refinancements auprès de la Banque Centrale. Cette situation fait que les variations du taux directeur ne se traduisent pas directement et de façon significative sur le taux d‟intérêt débiteur des banques.

Troisièmement, la stabilité du taux de change observé en République Démocratique du Congo est beaucoup plus attribuée aux actions de politique de change qu‟à la politique monétaire. En effet, le taux de change étant un canal important de transmission des actions de l‟Institut d‟Emission sur l‟inflation (coefficient = 0.288254 et t-statistique = 4.23513), la Banque Centrale intervient directement sur le marché de change en tant qu‟acquéreur ou offreur des devises en cas des chocs importants sur le cours de change afin de prévenir toute perturbation de la stabilité des prix (objectif final de la politique monétaire).

Il convient de relever également le fait que les variations de la masse monétaire sans provision et dépôts en devises n‟impactent pas sur le niveau général des prix (t-statistique = 1.16377).

Ces résultats confirment le fait que la Banque Centrale du Congo dispose d‟un dispositif de prévision ponctuelle de la liquidité. En effet, de manière ponctuelle (hebdomadaire), la Banque Centrale procède par la prévision du niveau de liquidité compatible au niveau de l‟inflation attendu. En cas de dépassement ou d‟insuffisance de la base monétaire, elle actionne son instrument Bons BCC afin de réguler la liquidité.

Analyse des réponses impulsionnelles de l’inflation suite aux chocs sur le taux directeur

Comme l‟indique le Graphique 1 ci-dessous, les effets de la variation du taux directeur sur l‟inflation sont ressentis immédiatement sur les prix, et son influence est permanente. Mais, au regard des résultats d‟estimation obtenus ci-haut, ce caractère permanent n‟inquiète pas la stabilité conjoncturelle des prix du fait de la faiblesse de l‟ampleur de l‟influence de la variation du taux directeur sur l‟inflation (coefficient = 0.014948).

Ce caractère permanent est également traduit par le fait que pour un choc positif perçu sur le taux directeur, on observe une réaction instantanée de l‟inflation dès le premier mois, et les effets persistent jusqu‟à plus de 36 mois qui suivent.

DISCUSSION DES RESULTATS

Les résultats apparaissent intéressants et montrent l‟existence d‟une relation stable autour de deux phases. A savoir le court terme et le long terme.

  • S‟agissant du court terme : La dépréciation du taux d‟échange influe négativement sur les encaisses réelles en RD. Congo. Cette influence significative se justifie dans un environnement économique marqué par la dollarisation et dans un contexte de régime de change flottant.
  • En ce qui concerne le long terme : la relation entre la demande des encaisses réelles, les revenus réels et les autres variables du coût d‟opportunité de la demande de monnaie est équivoque. Les différents tests de diagnostic à la lumière de la valeur statistique conjointe du khi-carré indiquent une probabilité limite de 47,5% qui est supérieur au seuil de significativité de 5,0%.

Par ailleurs un accroissement de 1% du revenu réel impact positivement les encaisses réelles de 4,6%. L‟élasticité de M2 par rapport au revenu réel est supérieure à l‟unité (4,6). Ce constat dans le modèle de long terme, traduit à la fois une croissance plus importante de la masse monétaire par rapport au revenu est une prévalence du sous-développement du secteur financier dans l‟économie congolaise.

Ceci va à l‟encontre des résultats de ROMER (2009) qui souligne d‟une politique monétaire restrictive déprime l‟activité économique ; de SARR et DINGUI (2010) qui montrent que les impulsions monétaires sont transmissent à la sphère réelle par le taux débiteur des banques. Mais ces résultats vont dans le même sens que ceux de King (2010), qui aboutit à l‟existence d‟une corrélation entre la croissance de la quantité de monnaie et l‟inflation et l‟inexistence d‟un lien entre la croissance monétaire et la croissance du produit réel.

  • En outre la variation du taux directeur agit significativement sur l‟inflation (au seuil de 5%) et sur le taux débiteur des banques commerciales (au seuil de 10%). En dépit de cette influence sont ampleur reste très faible (les coefficients s‟établissent à 0,014948 et à 0,056934, respectivement pour l‟inflation et pour le taux débiteur).

Ce résultat rejoint ceux de DEBOISSIEU (2012) et NUBUKPO (2012), selon eux, le canal du crédit n‟est en général pas indépendant du canal du taux d‟intérêt et tous les deux jouent dans le même sens pour renforcer l‟impact de la politique monétaire, une modification du taux d‟intérêt directeur engendre une variation des taux bancaires qui influe sur la demande des biens.

  • A l‟inverse les variations du taux de change indicatif ne sont nullement influencées par le taux directeur de la banque centrale du Congo (t – statistique égale à 1,31729).

Cette indication rejoint les études de BYNOE (2004) DORNOBUSH (1995) et MUNDEL (1962), pour eux la politique monétaire devient mécaniquement expansionniste provoque une démarcation entre le taux d‟intérêt et le taux de change. Cette situation conditionne la relance de la production et la variation du taux de change.

Ce qui précède nous conduit à dire que la relation théorique entre la politique monétaire et le secteur réel (inflation) soutenue par la théorie quantitative de la monnaie et la relation empirique confirmée par nos prédécesseurs aux niveaux de la revue de la littérature et nos résultats existe.

Et comme FREDMAN (1950), nos résultats nous conduisent également à dire que les déterminants de la politique monétaire congolaise sont inefficaces, seul le canal du taux de change influe sur le secteur réel. Cette situation s‟explique par la forte dollarisation qui caractérise l‟économie nationale obligeant ainsi les opérateurs économiques à exprimer leurs besoins en devises, et ceux-ci nous amène à déduire la thèse selon laquelle le canal du taux de change demeure aux jours d‟aujourd‟hui le déterminant le plus efficace de la politique monétaire congolaise au détriment des autres canaux (canal du taux d‟intérêt et canal du taux de crédit des banques commerciales).

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