Les stratégies d’implémentation éducative révèlent les défis majeurs de la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo. Découvrez comment les obstacles politiques et économiques impactent la qualité de l’éducation à Matete et ce que cela signifie pour l’avenir des élèves.
Question n°8. Comment appréciez-vous les conditions d’apprentissages en général dans votre classe?
Tableau 32: Appréciation sur les conditions d’apprentissage
Réactions | Fréquence | Pourcentage |
Très bonnes | 4 | 4,44 |
Bonnes | 22 | 24,44 |
Assez bonnes | 23 | 25,56 |
Insuffisantes | 36 | 40 |
Médiocre | 5 | 5,56 |
Total | 90 | 100 |
De ces résultats, il est à constater que 4 enseignants soit 4,44% soutiennent, très bonnes sont les conditions d’apprentissages dans leurs salles de classes ; 22 enseignants soit 24,44% indiquent que les conditions sont plutôt bonnes ; 23 enseignants soit 25,56% donnent l’appréciation assez bonnes ; 36 enseignants soit 40% partagent l’avis selon laquelle les conditions sont alarmantes, donc insuffisantes ; et enfin, 5 enseignants soit 5,56% les qualifient de médiocre.
En général, les conditions d’apprentissages sont insuffisantes par ce que la gratuité s’est fait sans planification.
Non seulement les réponses sorties des items, notre propre expérience sur terrain peut bien confirmer la pénurie des conditions d’apprentissages viables dans la plupart des écoles que nous avons enquêté. Il n’est pas étonnant de dévoiler ici l’insuffisance en bancs, pupitres et autres mobiliers scolaires. Les élèves s’assoient à même le sol.
Question n°9. Pensez-vous que le moment était indiqué pour la proclamation officielle de la gratuité de l’enseignement élémentaire dans notre pays ?
Tableau 33: Analyse critique de la période où la gratuité a été proclamée
Réaction | Fréquence | Pourcentage |
Oui | 29 | 32,22 |
Non | 60 | 66,67 |
Sans réaction | 1 | 1,11 |
Total | 90 | 100 |
Ce tableau démontre ce qui suit : 29 enseignants soit 32,22% estiment que, malgré les différentes contraintes, l’heure était venue pour promouvoir l’égalité de chances à tous les enfants congolais d’avoir accès à l’éducation de base; 60 sujets soit 66,67% supputent que, du point de vue des indicateurs, le moment n’était pas encore indiqué pour se lancer dans une telle aventure ; 1 enseignant soit 11,1% n’a pas fourni un quelconque avis.
L’acception, le chef de l’Etat a mis la charrue devant le bœuf revient ici au cours d’un entretien avec un instituteur de l’EP MAINDOMBE. Techniquement, le président de la République devait charger au MINEPST la mise en œuvre de l’intention compte tenu de la maitrise du secteur par ses différents services techniques et structures d’appui.
Le ministère à son tour favoriserait une approche participative en vue d’obtenir l’adhésion de toutes les parties prenantes à la vision gouvernementale et aux réformes à entreprendre, ainsi que leur implication effective dans l’élaboration des mesures d’accompagnement.
Les pressions qui rongent la gratuité de l’enseignement aujourd’hui découlent autrement d’une absence presque totale du processus de planification. Un nombre important des sujets concernés par cette étude ont indiqué que l’heure n’était pas au rendez-vous pour appliquer une gratuité qui soit totale.
Il fallait évoluer progressivement selon le contexte et le cadre économique du pays. Présentement, les mécanismes institutionnels et techniques conçus pour la mise en œuvre des objectifs stratégiques surtout la gratuité manquent d’efficacité et de pertinence.
Dans cette recherche d’équilibre entre action immédiate et analyse prospective, entre créativité et planification, il convient de considérer la situation actuelle dans la perspective de la reconstruction afin que les actions d’aujourd’hui préparent les réformes nécessaires à un avenir de progrès.
Au regard des changements inscrits à l’ordre du jour, la planification stratégique reste le moyen le plus efficace pour le MEPST de clarifier sa vision et sa mission. Elle est aussi l’occasion pour lui de définir ses objectifs stratégiques et de choisir les priorités en matière de développement du sous-secteur.
Elle offre également un cadre référentiel que les acteurs situés aux différents niveaux du système peuvent s’approprier et qui sert de base commune pour faire converger les actions individuelles et collectives en direction des changements majeurs à entreprendre.
En même temps, elle dote le MEPST d’un cadre de mesure de performances lui permettant de suivre et d’évaluer régulièrement les progrès accomplis dans la réalisation de sa mission sur la base de critères et d’indicateurs préalablement définis.
Le renforcement des capacités locales de gestion, entre autres, par la formation des « gestionnaires » au niveau de l’administration et de l’école et par la mise en place de procédures permettant la traçabilité serviraient d’un véritable passeport pour réussir à faire asseoir la gratuité.
Le MINEPST doit renforcer sa mission de développer un leadership participatif et partenarial pour construire avec les acteurs éducatifs et les autres partenaires un système éducatif inclusif, diversifié, pertinent et de qualité.
Question n°10. Qu’est-ce que, selon vous, le gouvernement devrait préalablement faire pour institutionnaliser la gratuité de l’enseignement primaire?
Tableau 34: Ce que le gouvernement devait faire en avant-plan
N° | Avis des enquêtés : contradictoires mais complémentaires | F | % |
1 | Un nombre d’enseignants estiment qu’il était nécessaire de commencer par revaloriser la fonction enseignante par l’amélioration des conditions de vie; un salaire décent avec autres allocations et doter les écoles des moyens financiers suffisants. | 43 | 34,4 |
2 | Pour cette catégorie des enquêtés, le gouvernement devait commencer par la construction des nouvelles écoles pour rationaliser l’offre éducative face à l’explosion démographique. Mais aussi le recrutement et payement des nouvelles unités à tous les niveaux. | 40 | 32 |
3 | Une partie fait remarquer que l’appel au dialogue consensuel avec les enseignants et tous les acteurs éducatifs servirait d’un sauf-conduit à l’appropriation de la vision du Chef de l’Etat qui vient réveiller les dispositions légales consacrant la gratuité de l’éducation. Ce groupe de sujets réfléchissent que le gouvernement devait commencer par préparer les acteurs éducatifs, discuter avec les praticiens et dégager un consensus sur l’opérationnalisation ; tenir compte de la mise en place des dispositifs de première nécessité pour réussir le pari de la gratuité ; les péripéties de résolution des préalables ; Tenir compte des critères de recrutement des nouveaux élèves dans les établissements. | 37 | 29,6 |
4 | Certains d’autres pensent que le gouvernement ne devait rien faire, il a fait ce qu’il fallait faire. Proclamer la mise en œuvre de la gratuité de l’éducation de base suffit. Ils soutiennent qu’il ne manquait presque rien, la question était liée au manque de volonté politique. Quels que soient les défis, la gratuité de l’enseignement a allégé les ménages du paiement des frais de scolarité de leurs enfants et beaucoup d’enfants jadis non scolarisés ont rejoint le chemin de l’école. | 5 | 4 |
Question°11. Pensez-vous que, l’école congolaise, dans les conditions actuelles, plus particulièrement dans la classe où vous enseignez, la gratuité de l’enseignement puisse y avoir quel impact sur la qualité de l’enseignement ? Si positif, démontrez ! Si négatif, pourquoi?
Tableau n°35: Impact de cette première phase de la gratuité sur la qualité de l’enseignement
Réaction | Fréquence | Pourcentage | Justification | Fréquence | Pourcentage |
Positif | 18 | 20 | Ont justifié | 88 | 97,78 |
Négatif | 70 | 77,78 | N’ont pas justifié | 2 | 2,22 |
Sans réaction | 2 | 2,22 | |||
Total | 90 | 100 | Total | 90 | 100 |
Le tableau ci-dessus démontre brièvement que 18 sujets, soit 20 % projettent que, même dans les conditions actuelles, la gratuité de l’école primaire impactera positivement sur la qualité de l’enseignement.
Ils arborent ensuite, accorder l’égalité de chance à tous les enfants congolais d’avoir accès à l’éducation de base, est un signal fort et un tournant décisif qui traduit la volonté de l’Etat congolais à redynamiser son système éducatif. Pour eux, le quantitatif va faire un vibrant appel au qualitatif.
En désaccord, 70 sujets soit 77,78% considèrent que, lancée dans les conditions actuelles, la gratuité de l’école primaire impactera négativement sur la qualité de l’enseignement.
Les partisans de cette opinion supputent que la réussite des objectifs éducatifs est liée à plusieurs facteurs sans lesquels les résultats seraient virtuels. Ils citent ici parmi ces facteurs, la motivation du personnel enseignant, l’aménagement des moyens pédagogiques et didactiques, etc.
Selon eux, notre gouvernement a couru très vite en besogne, puisque, sur terrain, les enseignants sont démotivés et que les matériels les plus élémentaires pour un encadrement pédagogique optimal font cruellement défaut.
Les enseignants révèlent qu’ils font face aux multiples défis dans leurs salles de classes.
Les chefs d’établissements ont recruté les nouveaux élèves, non selon les critères de l’administration scolaire, mais suivant l’ordre du gouvernement qui somma les bourgmestres d’instruire aux gestionnaires d’écoles de recruter sans trop d’exigences ; dévoile un enseignant de l’EP1 BAHUMBU.
Ce qui a fait que soient recrutés, de manière désordonnée, et les réintégrés du système, les réintégrés hors système sans aucun test de réintégration encore moins le recours au taux d’encadrement et de la disponibilité des places dans les classes sollicitées.
Maintenant les écarts entre le développement cognitif des élèves s’avèrent très significatifs. La situation suscite des doutes et les enseignants demeurent sceptiques à l’incidence de la gratuité sur la qualité dans les conditions actuelles.
Ensuite, 2 sujets soit 2% n’ont pas réagi à la question.
Question n°12. Que faut-il faire, selon vous, pour stabiliser le pari gagné de la gratuité de l’enseignement et y parvenir à l’adéquation gratuité-qualité ?
Du moins à cette question, nous avons dégagé l’unanimité des sujets, rarement dans les recherches en sciences humaines. C’est-à-dire tous les enquêtés ont reconnu la nécessité de concevoir des bonnes politiques pour baliser le chemin de réussite à l’initiative salutaire que fructueuse prônée par l’Etat Congolais.
Après compilation des différents items et analyse des avis tirés des entretiens, nous avons regroupés les éléments de réponse dûment complémentaires qui se résument en ces termes :
Tableau 36: Propositions des enseignants pour stabiliser le pari gagné de la gratuité de l’enseignement et parvenir à l’adéquation gratuité-qualité
N° | Propositions | F | % |
1 | Améliorer les conditions de vie des enseignants et revaloriser la fonction enseignante, allouer un budget conséquent à l’éducation. | 49 | 28,82 |
3 | Outiller les écoles de bonnes infrastructures, construire les nouvelles écoles, réhabiliter les anciennes en état de dépréciation et ajouter des locaux dans l’enceinte des écoles où il y a encore de l’espace pour contenir l’afflux d’élèves provoqués par la gratuité. | 43 | 25,29 |
4 | Améliorer les conditions d’apprentissages sur tous les plans y compris les bancs et pupitres. | 32 | 18,82 |
5 | Initier des nouvelles approches pédagogiques et méthodologiques pour relever la qualité de l’enseignement. | 32 | 18,82 |
6 | Assurez la formation des enseignants. | 10 | 5,88 |
7 | Repenser les programmes de formation en les adaptant l’enseignement aux besoins de la société, aménager aussi l’emploi du temps pour la leçon et les horaires de cours. | 4 | 1,35 |
Nous voudrions argumenter l’acception la « revalorisation de la fonction enseignante et du renforcement des capacités des éducateurs. » Cette notion revient plusieurs fois aux différents entretiens que nous avons eu avec les enseignants du secteur, (voir les résultats de nos items).
En dépit des avancés, les plaintes sont unanimes pour larmoyer la modicité de l’enveloppe salariale des enseignants face à la détérioration de la vie sociale, et surtout, la tentative d’ablation du protocole d’accord portant augmentation de salaire palier connu sous le nom de l’accord de Bibwa.
Nous pouvons noter, tant que les principaux artisans de l’école resteront insatisfaits, il sera aussi illusoire et fallacieux d’imaginer la stabilisation de la gratuité.
Dit-on si l’on veut que le maître soit utile, il faut qu’il soit respecté et jouir d’une vie qui lui assure un certain prestige. La mission de l’enseignant devient particulièrement complexe lorsque l’efficacité de l’école devient une exigence première.
Bien payer l’enseignant a une dimension psychosociale très claire qui a des effets visibles sur le rendement de ce dernier. Par ailleurs, la démotivation et le mauvais moral des enseignants peu rémunérés sont autant de facteurs qui affectent négativement leur rendement.
S’y ajoutent la faible attractivité de la profession et les difficultés de renouvellement du corps enseignant.
A en croire, malgré l’éventuelle augmentation des recettes de l’État au cours de la période en termes de chiffres, les dépenses publiques en faveur de l’EPSP n’ont cessé de décroître.
L’Etat n’a pas été à mesure de concilier le catalogue d’intentions à la réalité. Cette situation a pour conséquence le délabrement des infrastructures scolaires et l’insuffisance des équipements et des matériels pédagogiques.
La part de budget allouée à l’éducation et dans le primaire en particulier stagne ou diminue en raison du manque de liquidités, de l’apparition de nouvelles priorités budgétaires et d’un faible engagement politique.
Le développement et la mise en œuvre d’une stratégie nationale permettront de répondre de manière complète aux problèmes concernant le statut social, la motivation, la rémunération, la formation, le déploiement et la gestion de l’enseignant.
Cette stratégie visera essentiellement à améliorer les conditions de travail et la maîtrise du métier d’enseignant.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les conditions d’apprentissage dans les écoles de Matete?
Les conditions d’apprentissage sont généralement insuffisantes, avec 40% des enseignants considérant qu’elles sont alarmantes et 5,56% les qualifiant de médiocre.
Les enseignants pensent-ils que le moment était approprié pour la gratuité de l’enseignement élémentaire?
66,67% des enseignants estiment que le moment n’était pas indiqué pour la proclamation de la gratuité de l’enseignement élémentaire.
Quels obstacles entravent la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement en RDC?
Les obstacles incluent l’absence de planification, des mécanismes institutionnels inefficaces, et un contexte économique défavorable.