Le pilotage de la performance est analysé à travers le déploiement du Balanced Scorecard au sein du groupe Holmarcom. Cette étude met en lumière l’évolution du concept de performance et son application spécifique dans le contexte marocain.
Ce mémoire explore le pilotage multidimensionnel de la performance en utilisant le Balanced Scorecard dans le groupe Holmarcom. Il aborde l’évolution du concept de performance et son application dans un contexte marocain.
Iscae
Mastère spécialisé en contrôle de gestion
Thèse professionnelle
Vers un pilotage multidimensionnel de la performance : Cas du déploiement du Balanced Scorecard dans un Groupe
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Mariam Dahmane
Dirigé par: Abdelghani Bendriouch
Novembre 2006
Introduction générale
Depuis le début de l’ère industrielle, toute action menée dans l’entreprise est justifiée par une vocation ultime de pérennité. Dans ce sens, l’entreprise se fixe des objectifs, met en œuvre des plans d’action pour les atteindre et évalue la performance réalisée, c’est à dire le degré d’atteinte de ses objectifs.
Dans l’environnement économique actuel, caractérisé par l’intensification de la concurrence générée par l’ouverture des marchés, combinée à un degré croissant d’exigence des consommateurs, les objectifs des entreprises, tout d’abord financiers, s’étendent également à la qualité, le délai, la flexibilité, l’innovation, … En conséquence, le pilotage, qui n’agissait initialement que sur la productivité de la main d’œuvre au niveau opérationnel, s’est enrichi et agit désormais sur de multiples variables, du niveau stratégique au niveau opérationnel.
Dans ces conditions de globalité, l’entreprise devient complexe et les variables à gérer comme leviers essentiels de pilotage de la performance se multiplient et s’influencent réciproquement, parfois de manière contradictoire ; ainsi les conséquences pour les entreprises sont importantes. Alors qu’elles sont habituées à maximiser la performance sur une variable, il s’agit maintenant pour elles de l’optimiser en accroissant la performance sur un axe sans que cela se fasse au détriment de l’autre. Ainsi par exemple, l’entreprise doit accroître la qualité perçue sans que cela ne se traduise par une augmentation des coûts, ou réduire les coûts sans que la qualité perçue n’en souffre ou encore à la fois accroître la qualité perçue et réduire le coût.
Le concept de la performance a ainsi évolué d’une vision restrictive (performance financière évaluée sur la base d’indicateurs produits par les systèmes de comptabilité) vers une vision plus large (performances financière et non financière). Ainsi, dans le premier cas, le concept de performance se réduit à des considérations essentiellement financières visant à identifier la création nette de richesse de l’entreprise. Toutefois, si ces indicateurs financiers reflètent bien la performance économique passée, ils sont peu aptes à renseigner sur la capacité de l’entreprise à dégager des résultats dans l’avenir.
Cette démarche traditionnelle a ainsi progressivement fait place à une vision multidimensionnelle intégrant, outre les résultats financiers habituels, les déterminants de ces derniers, d’ordre qualitatif et qui sont plus difficilement mesurables.
De plus, au-delà du caractère multidimensionnel inhérent à la performance, il est une contrainte que les entreprises doivent satisfaire, l’amélioration permanente de cette performance. Ce n’est plus seulement d’être performante qu’il s’agit, mais d’être de plus en plus performante.
Il s’avère ainsi que la mise en œuvre du pilotage de la performance conduit les gestionnaires à piloter un changement permanent tant dans les produits, les activités que dans les structures, le management, les outils de gestion… soit des modifications profondes à tous les niveaux de l’entreprise.
En conséquence, le management doit réagir en mettant en œuvre de nouvelles stratégies, et assurer parallèlement le pilotage de l’entreprise en adéquation avec les nouveaux objectifs.
Le contrôle de gestion a pour fonction d’aider le management quant à la définition de nouveaux instruments de pilotage de la performance globale.
La performance globale en contrôle de gestion consiste donc à mettre à la disposition de la direction de l’entreprise un nombre suffisant d’indicateurs variés, financiers et non financiers, à court terme et à long terme, regroupés sous la forme d’un tableau de bord, de façon à aider les dirigeants dans leurs prises de décisions stratégiques.
J’occupe actuellement le poste de chef du département contrôle de gestion au sein d’un groupe national à fort potentiel, le groupe Holmarcom. Cette fonction est rattachée hiérarchiquement au Directeur Général du Groupe.
Ma mission consiste, entre autres, à challenger la performance à travers l’animation et le pilotage fonctionnel du réseau des contrôleurs de gestion des différentes filiales et veiller au renforcement de la transparence du processus prévisionnel.
Dans le cadre du mastère spécialisé en contrôle de gestion, j’ai choisi de travailler sur un projet en liaison directe avec les pratiques de performance au sein de l’entreprise ; la survie et la prospérité de toute organisation reposant, en partie, sur la qualité des outils de gestion dont elle dispose et la manière dont ils sont utilisés.
La démarche que je présente s’appuie sur la méthode du Balanced Scorecard, concept développé en 1992 par Robert Kaplan et David Norton et qui constitue un outil de pilotage et de suivi des performances à travers l’implication de toutes les parties prenantes dans l’entreprise pour l’atteinte des objectifs.
Cet outil de gestion est utilisé aujourd’hui avec beaucoup de succès par des organisations notamment dans les pays occidentaux. Or, il n’est pas encore développé dans les pratiques managériales marocaines où le contexte économique est marqué par une majorité de petites et moyennes entreprises et où l’évaluation de la performance se base plutôt sur des pratiques managériales conventionnelles.
Comme le Groupe Holmarcom fait figure de leader dans de nombreux secteurs à travers ses activités diversifiées ayant une assise nationale et internationale, j’estime que l’implémentation du Balanced Scorecard est une initiative intéressante pour le groupe. Vu l’acquisition de connaissances et de compétences stratégiques qui en résulte, j’ai trouvé un grand intérêt à mettre cet instrument de gestion à sa disposition.
Aussi, cette thèse professionnelle me donne l’opportunité de traiter le thème plus large du pilotage de la performance, et de présenter les moyens qui sont à la disposition du gestionnaire pour piloter son activité.
Ce mémoire se subdivise en trois parties.
La première partie sera consacrée au contexte et à l’environnement de la thèse, je présenterai le groupe Holmarcom qui sera pris pour cadre de cette étude, en faisant un tour d’horizon sur ses différentes activités, ses principes fondamentaux et son organisation.
Dans la seconde partie, j’aborderai la thématique de la performance sous ses différents angles, en balayant la définition, les critères de maîtrise de la performance et les outils de pilotage de cette dernière. Ces éléments permettront d’introduire la notion de Balanced Scorecard qui s’avère l’outil par excellence pour appréhender le caractère multidimensionnel de la performance.
Enfin, dans la troisième partie du mémoire, les propos de la partie précédente seront illustrés par la présentation d’une application de la démarche de conception du Balanced Scorecard établi pour le pilotage de la performance globale au sein du groupe.