Quelles sont les perspectives futures pour l’entomofaune du tournesol à Ngaoundéré ?

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🏫 UNIVERSITE DE NGAOUNDERE - FACULTE DES SCIENCES - Département des Sciences Biologiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2023
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Les perspectives futures en entomologie sont révélées à travers l’analyse des effets des extraits aqueux de plantes sur l’entomofaune de Helianthus annuus. Découvrez comment ces interactions influencent la pollinisation et les rendements, et pourquoi elles pourraient transformer les pratiques agricoles à Ngaoundéré.


Ethologie de butinage

Durant la période d’observation, le comportement des insectes sur les fleurons épanouis du tournesol variait d’un insecte à un autre.

Sur un capitule de H. annuus, les ouvrières de A. mellifera visitaient sélectivement les fleurons épanouis. Elles atterrissent sur les fleurons par le dessus et leur comportement de butinage varie en fonction du produit floral prélevé.

Pour la récolte du nectar, elle engage la trompe et le thorax entre les étamines et le style puis vers le centre du fleuron afin de sucer le nectar.

Pour prélever le pollen, la butineuse gratte les anthères à l’aide de ses pattes. Le pollen récolté est par la suite rassemblé et accumulé dans les corbeilles des pattes métathoraciques, généralement au cours d’un vol stationnaire au-dessus des fleurons ainsi visités comme l’avait observé Tchuenguem (2005) chez Syzygium guineense var. macrocarpum et chez Callistemon rigidus. La vitesse moyenne de butinage est de 2,66 fleurons par minute (n = 579 ; s = 0,04).

Le tableau 11 montre la variation moyenne de butinage de A. mellifera selon les différents traitements.

Tableau 11: Vitesse de butinage de Apis mellifera selon les différents traitements

Tableau 11: Vitesse de butinage de Apis mellifera selon les différents traitements
InsecticidesnT. diversifoliaTémaA. indicaE. camaldulensisTémoin
Vitesse (af/min)m±es2,67±0,072,69±0,142,74±0,082,56±0,092,62±0,07

Chaque valeur représente la moyenne ± ESM. ns = différence non significative (P > 0,05).

Comparaison des vitesses moyennes de butinage de Apis mellifera, af / min: Globalement : F = 0,49 (ddl1 = 4 ; ddl2 = 574 ; P > 0,05 ; NS).

Comparaison deux à deux : Td/Is : t = 1,09 (ddl = 232 ; P > 0,05 ; NS) ; Td/Az : t = 7,28 (ddl = 272 ; P < 0,01 ; HS) ; Td/Ec : t = 9,63 (ddl = 221 ; P < 0,01 ; HS) ; Td/Tem : t = 5,68 (ddl = 254 ; P < 0,05 ; S) ; Is/Az : t = 3,17 (ddl = 234 ; P < 0,05 ; S) ; Is/Ec : t = 7,55 (ddl = 183 ; P < 0,01 ; HS) ; Is/tem : t = 4,49 (ddl = 216; P < 0,05 ; S) ; Az/Ec : t = 15,16 (ddl = 223 ; P < 0,001 ; THS) ; Az/Tem : t = 12,80 (ddl = 256 ; P < 0,001 ; THS) ; Ec/tem : t = 5,16 (ddl = 205 ; P < 0,01 ; HS). Az : Azadirachta indica, Ec : Eucalyptus camaldulensis, Tithonia diversifolia, Is : Téma, Tem : témoin.

Globalement, les différences entre les vitesses moyennes de butinage sont non significatives (F = 0,49 ; ddl1 = 4 ; ddl2 = 574) entre les différents traitements

La visite moyenne de butinage a été de 2,74 fleurons par min (n = 138 ; s = 0,08) dans les sous – parcelles traitées à A. indica et 2,56 fleurons par min (n = 87 ; s = 0,09) dans les sous – parcelles traitées à E. camaldulensis. La différence entre ces deux moyennes est très hautement significative (t = 15,16 ; ddl = 223 ; P < 0,001 ; THS).

La visite moyenne de butinage est de 2,69 fleurons par min (n = 98 ; s = 0,14) dans les sous-parcelles traitées à Téma et 2,74 fleurons par min (n = 138; s = 0,08) dans les sous-parcelles traitées à A. indica. La différence entre les deux moyennes est non significative (t = 3,17 ; ddl = 234 ; P > 0,05).

En résumé, la visite moyenne de butinage varie en fonction des différents traitements aux insecticides. En outre, les abeilles ont été plus attirées dans les sous-parcelles traitées à A. indica et T. diversifolia que dans les sous-parcelles traitées aux autres extraits aqueux des plantes. Les variations observées au niveau des vitesses de butinage pourraient se justifier par l’accessibilité, la disponibilité des produits floraux, les distances séparant les fleurs exploitées lors des différents voyages de butinage mais aussi à l’influence des extraits aqueux des plantes sous investigation.

Ecologie de butinage

Influence de la faune

Les visites de A. mellifera étaient interrompues par d’autres ouvrières de Apis mellifera qui étaient des concurrentes pour le nectar ou le pollen. Les interruptions de visites avaient lieu à la suite des collisions entre visiteurs ou de l’approche d’un fleuron déjà occupée par un autre visiteur. Ainsi, sur 1171 visites étudiées, 182 (soit 15,54%) étaient interrompues par A. mellifera. Ces perturbations avaient pour conséquence la réduction de la durée de certaines visites ; ceci obligeait les butineuses à visiter un plus grand nombre de fleurons lors d’un voyage de butinage pour obtenir leur charge optimale de pollen (Tchuenguem et al., 2001).

Influence de la flore avoisinante

Au cours de la période de floraison, d’autres espèces végétales situées à proximité du champ expérimental étaient visitées par A. mellifera pour leur nectar et/ou leur pollen. Le tableau 12 présente quelques-unes de ces plantes et l’intensité de récolte de chacun de ces produits floraux. Tableau 12: Produits floraux récoltés par Apis mellifera sur les fleurs de quelques plantes avoisinant Helianthus annuus à Ngaoundaye en 2023.

Tableau 12: Produits floraux récoltés par Apis mellifera sur les fleurs de quelques plantes avoisinant Helianthus annuus à Ngaoundaye en 2023.
Espèces végétalesNectarPollen
Phaseolus vulgaris+++
Ipomea batatas++++
Bidens pilosa++
Tithonia diversifolia+++++
Arachis hypogaea+++++
Manihot esculenta++++

− : pas de récolte ; + : très faible récolte ; ++ : forte récolte ; +++ : très forte récolte

La figure 28 ci-dessous presente les ouvrieres de Apis mellifera en activité sur les fleurs de quelques especes vegetales avoisinant Helianthus annuus à Ngaoundaye en 2023.

Perspectives futures sur l'entomofaune du tournesol

Quelles sont les perspectives futures pour l'entomofaune du tournesol à Ngaoundéré ?

A B

perspectives futures en entomologie

Image 4 - perspectives-futures-sur-entomofaune-du-tournesol

C D

Figure 28 : Ouvrières de Apis mellifera en activité sur les fleurs de quatre espèces végétales avoisinant Helianthus annuus à Ngaoundaye en 2023.

A : Apis mellifera prélevant le pollen sur les fleurs de Bidens pilosa ; B : Apis mellifera prélevant du nectar sur le capitule de Tithonia diversifolia ; C : Apis mellifera prélevant du pollen sur les fleurs de Ipomea batatas ; D : Apis mellifera prélevant du nectar sur les fleurs de Manihot esculenta.

Influence de quelques facteurs climatiques

Durant notre période d’investigation, quelques facteurs climatiques ont plus ou moins influencé l’activité de A. mellifera. Sur 1171 visites de A. mellifera, 221 (soit 18,87%) ont été interrompues par des vents. Ceci est en rapport avec les travaux de Egono et al. (2018), qui ont également noté des interruptions de visites de A. mellifera sur les capitules de H. annuus par des vents violents.

Pour les 8 journées d’observation sur cette Astéracée, 4 étaient très faiblement ensoleillées avec ciel couvert, 4 faiblement ensoleillées, 5 faiblement brumeuses et 4 faiblement pluvieuses. Pendant les journées ensoleillées, l’activité de ces Hyménoptères sur les fleurons du tournesol était élevée. Tandis que lors des journées brumeuses et pluvieuses, l’activité de ces insectes était faible.

Les travaux de Pesson & Louveaux (1984) ont démontré la réduction des activités de butinage de A. mellifera sur les fleurons en temps de pluie.

La figure 29 montre les variations de la température et de l’hygrométrie de la station d’étude selon le nombre de visites de A. mellifera sur les fleurs de H. annuus selon les tranches horaires d’investigation. Il ressort de cette figure qu’il n’existe pas de corrélation entre la température et le nombre de visites de A. mellifera d’une part (r = – 0,05 ; ddl = 5 ; P > 0,05) et d’autre part entre l’hygrométrie et ce même nombre de visites (r = 0,24 ; ddl = 5 ; P > 0,05).

100,00

90,00

Temperature (°C) et hygronometrie (%)

80,00

70,00

60,00

50,00

40,00

30,00

20,00

10,00

0,00

7_8 9_10 11_12 13_14 15_16 17_18

350

300

250

Nombre de visites

200

150

100

50

0

Tranches horaires (Heures)

température hygrométrie Azadirachta indica

Eucalyptus camaldulensis Tithonia diversifolia Téma Témoin visites

Figure 29: Variations journalières de la température, de l’humidité relative de l’air et du nombre de visites de Apis mellifera sur les capitules de Helianthus annuus selon les tranches horaires journalières

Valeur apicole de Helianthus annuus

Pendant la période de floraison de H. annuus, nous avons noté une activité très élaborée des ouvrières de A. mellifera aux niveaux de ses capitules. En particulier, il y avait une grande fréquence des visites accompagnée d’une très bonne récolte du nectar, d’une très bonne récolte de pollen et de la fidélité des butineuses aux capitules. Ces données mettent en évidence la grande attractivité du nectar et du pollen de H. annuus vis-à-vis de A. mellifera. Elles permettent de classer ainsi H. annuus parmi les plantes apicoles fortement nectarifères et fortement pollinifères. Nos observations corroborent celles de Tchuenguem et al. (2009a) et celles de Egono et al. (2018) faites à Dang.

Impact de Apis mellifera sur la pollinisation de Helianthus annuus

Au cours de nos observations, lors de la récolte du pollen et/ou du nectar sur les fleurons de H. annuus, les butineuses de A. mellifera se trouvaient fréquemment en contact avec les anthères (100%) et le stigmate (100%). Ils pouvaient donc intervenir directement sur l’autopollinisation en mettant le pollen d’un fleuron sur le stigmate de celui-ci. Par conséquent, A. mellifera augmente les possibilités de pollinisation de H. annuus.

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