Analyse des indicateurs de gouvernance en Algérie

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🏫 Université d’Oran 2 - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2017-2018
🎓 Auteur·trice·s
FARSI Nabila
FARSI Nabila

Les indicateurs de gouvernance en Algérie, selon Kaufmann et al., sont analysés pour évaluer leur impact sur l’attractivité des investissements directs étrangers entre 2000 et 2016. L’étude met en lumière le rôle des réformes institutionnelles dans l’amélioration du climat d’investissement.


Analyse descriptive des six indicateurs de Kaufmann et al en l’Algérie :

Les six indicateurs de la gouvernance est donnée par Kaufmann et al comme suit1:

  1. Voix citoyenne et responsabilité (être à l’écoute et rendre compte): mesure la manière dont les citoyens d’un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d’expression, d’association et de presse ;
  2. Instabilité politique et absence de violence: mesure la perception de la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme ;
  3. Efficacité des pouvoirs publics: mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son niveau d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques, la qualité de l’élaboration et de l’application des politiques, et la crédibilité de l’engagement des pouvoirs publics à l’égard de ces politiques ;
  4. Qualité de la réglementation: mesure la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé ;
  5. Etat de droit: mesure le degré de confiance qu’ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s’y conforment et, en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence ;
  6. Maîtrise de la corruption: mesure l’utilisation des pouvoirs publics à des fins d’enrichissement personnel, y compris la grande et la petite corruption, ainsi que « la prise en otage » de l’Etat par les élites et les intérêts privés.

Les deux premiers indicateurs représentent un indicateur de consensus social. Alors que, les quatre autres représentent d’une certaine manière ce que l’on peut désigner par « la bonne gouvernance politique ». Ces indicateurs sont obtenus par moyenne pondérée à partir de 35 sources de données, provenant de 32 organisations publiques ou non- gouvernementales. Les indicateurs prennent des valeurs allant de -2,5 à +2,5. Une valeur élevée pour un pays donné à une date donnée est un indice de bonne gouvernance.

Les valeurs des six indicateurs de gouvernance de l’Algérie :

Tous ces indicateurs se fondent sur des perceptions, c’est-à-dire sur l’opinion des experts concernant chaque aspects, d’où leur caractère subjectif qui provoque souvent des controverses autour de leur degré d’objectivité. Ces indicateurs sont exprimés par des chiffres allant de –2,5 à +2,5 (le chiffre le plus élevé étant le plus favorable) et sur une échelle comparative allant de 0 à 100. Si on se réfère donc à l’étude de la Banque mondiale, qui constitue une référence en la matière, on remarque la nette faiblesse de la gouvernance en Algérie :

Tableau N° 3-16 : Les valeurs des indicateurs de gouvernance de l’Algérie
Indicateur / pays2013201420152016
Voix et responsabilité-0.9-0.8-0.8-0.9
Instabilité politique et violence-1.2-1.2-1.1-1.1
Efficacité du gouvernement-0.5-0.5-0.5-0.5
Qualité de la régulation-1.2-1.3-1.2-1.2
Etat de droit-0.7-0.8-0.9-0.8
Contrôle de corruption-0.5-0.6-0.7-0.7

Source : Base de données de la Banque Mondiale de la période 2013-2016.

L’Algérie est ainsi classée dans le dernier camp du classement des 173 pays membres de l’ONU en matière d’efficacité du gouvernement, de qualité de la régulation et de l’Etat de droit, ainsi que du contrôle de la corruption. C’est beaucoup moins pour l’indicateur «voix et responsabilité ». Quant à l’indicateur « instabilité politique et violence », il situe l’Algérie parmi les pays les plus instables et où règne la violence.

Il est vrai que l’Algérie a traversé une période qui justifie incontestablement cette perception. Cependant la situation s’est nettement améliorée sur ce plan et cette perception n’est plus de mise2.

La situation de la gouvernance en Algérie éclaire parfaitement l’affirmation qu’il « existe un rapport étroit entre, d’une part, la nature et la qualité de la gouvernance d’un pays et, d’autre part, la réussite ou l’échec des efforts que celui-ci déploie pour promouvoir l’investissement direct étranger, à supposer même que ces efforts soient déployés »3.

Tableau N° 3- 17 : les scores des indicateurs de gouvernance des pays du Maghreb
Pays IndicateurL’AlgérieLe MarocLa Tunisie
200020142000201420002014
Participation et réédition de comptes12,9822,6633,6589,1628,3749,75
Stabilité institutionnelle9.1310.938.4659.2256.7315.05
Efficacité des gestionnaires publics14.1533.6554.6384.9471.2248.56
Qualité de la Règlementation23.049.6251.9682.2152.4540.87
Application de la législation12.4425.4855.9888.4647.3753.37
Contrôle de la corruption14.1531.7359.0287.9859.0255.77

Source : Base de données de la Banque Mondiale de la période

Le tableau ci-dessus indique que l’Algérie a vu ses indicateurs s’améliorer par pratiquement le double suite aux efforts déployés dans cette période, sauf la stabilité institutionnelle qui a stagné et la qualité de la réglementation qui a régressé. ; mais elle est considérée comme ayant une qualité générale de gouvernance publique inférieure à celle des pays concurrents à savoir le Maroc et la Tunisie pourtant les programmes des différents gouvernements qui se sont succédés ont accordé une grande place aux instruments et mécanismes utilisés pour la transition vers l’économie du marché ; mais aussi les dispositifs de promotion de l’investissement direct étranger et l’investissement privé national et ceci par la création des institutions spécialisées, une législation adoptée et des ressources allouées. Cependant, ces effets réels n’ont pas été couronnés d’un véritable succès en termes d’amélioration de l’attractivité des IDE4.

Indice de perception de la corruption :

L’indice de perception de la corruption « Corruption Perceptions Index (CPI)» est développé par l’Organisation Internationale de la Transparence «Transparency International (TI)» dès sa création en 1995, avec une fréquence d’édition annuelle, pour évaluer la transparence suivant le degré de corruption perçue dans les pays du monde. La méthodologie de construction de l’indice5 (Honlonkou 2003) est proposée par Johann Graf Lambsdorff de l’Université de Göttingen et repose sur un même questionnaire soumis à un échantillon d’interrogés pour le remplir selon leur propre connaissance au pays évalué.

La base de données de TI6, se nourrit à partir de sondages qui reflètent les perceptions des chefs d’entreprises et des analystes de risques-pays, des résidents et non résidents (Sondage des sondages). Durant la période (2015-2016), les scores de l’indice de la corruption perçue par les pays du Maghreb sont résumés dans le tableau cité ci-dessous :

Tableau N° 3-18 : Indice de perception de la corruption pour les pays maghrébins
Année Pays20152016
Rang (168 pays)Score (0-100)Rang (176 pays)Score (0-100)
L’Algérie883610834
La Tunisie88367541
Le Maroc76389037

Source : Base des données de « Transparency International ».

L’année 2016 a montré que, dans le monde entier, la corruption systémique et l’inégalité sociale se renforcent mutuellement, conduisant à une désillusion populaire vis-à-vis du monde politique et fournissant un terreau fertile à la montée des politiciens populistes7.

Tableau N° 3-19 : évolution du score de CPI en Algérie
20162015201420132012
L’Algérie3436363634
Rang108/17688/168100/17694/177105/174

Source : réaliser par l’étudiante suivant la base de données du TI2016.

________________________

1 http://www.govindicators.org

2 Kouider BOUTALEB ; Démocratie, État de droit et bonne gouvernance en Afrique : le cas de l’Algérie

3 Banque mondiale, « Governance and Development », Washington D.C., 2014

4 M.C Belmihoub(les rigidité institutionnelle face aux transformations économiques en Algrie : problème de gouvernance) ; special workshop on public administrtions in arab –Mediterrean countries, Madrid, INAP, 19-22, septembre 2007 ; p8

5 HONLONKOU Albert (2003), « Corruption, inflation, croissance et développement humain durable. Y a-t-il un lien ? », Monde en développement 2003/3 (no 123), p. 89-106.

6 OCDE, 2005, p. 87

7 1 www.heritage.org/index/country/algerie.

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