Analyse des flux d’IDE en Algérie et leur impact sectoriel

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Le flux d’IDE en Algérie est analysé pour évaluer son impact limité sur l’économie nationale, en raison d’un climat des affaires défavorable et d’un cadre institutionnel inadapté. L’article propose des recommandations inspirées de modèles internationaux pour renforcer l’attractivité des investissements en Algérie.


La structure et orientation des flux d’IDE entrants

Il n’existe pas pour le moment de statistiques fiables concernant la répartition sectorielle des IDE en Algérie. Les trois sources disponibles ne seraient pas suffisamment élaborées, sont segmentées et partielles : les chiffres de la Banque d’Algérie concernent les flux d’IDE par volume et par pays d’origine(PO) (sans secteurs); ceux de l’ANDI indiquent la liste des intentions d’investissement (par secteurs d’activités) et non des réalisations (manque de suivi); quant aux statistiques des douanes, elles ne portent uniquement sur les flux physiques.

1 http://fr.africatime.com/articles/2280-milliards-deuros-dinvestissements-directs-etrangers-en-algerie-ils- atteindront-3#sthash.2QRXcMK4.dpuf

2 Mais, ne pas marginaliser les investissements des pays MED (Turquie, Maroc, Tunisie, Egypte et Jordanie), qui optent de plus en plus pour la destination Algérie, dans les médicaments, sidérurgie et boissons gazeuses.

Cependant, la tendance de fond à relever tout autant en Algérie qu’en d’autre pays africain serait, la nature des projets des IDE entrants, qui se traduit souvent par un certain nombre de déséquilibres dans les secteurs ciblés, certains secteurs en attirent plus que d’autres. En effet, si l’industrie extractives3, attiraient toujours les IDE, il n’en demeure pas moins d’ajouter la croissance économique et l’émergence d’une classe moyenne favorisent la croissance des investissements dans d’autres secteurs, dans les services et les industries de consommation (les télécommunications, les services bancaires, la grande distribution et l’agroalimentaire)4. Hélas, nonobstant le progrès connu en Algérie dans ce dernier domaine, à en croire cependant le document de CNUCED(2014), la tendance à la diversification sectorielle des investissements serait beaucoup plus sensible au Maroc et en Tunisie qu’en Algérie où les industries extractives continuent d’attirer la plus grande part des IDE.

Le tableau 16 montre l’évolution dans les différents secteurs sur la période 2002-2013.

Tableau16 : Répartition d’IDE dans les secteurs de tête (entre 2002-2014)

Tableau16 : Répartition d’IDE dans les secteurs de tête (entre 2002-2014)
Les secteurs investisNombre de projets (2002-2011)Nombre projet en %(2002-2011)Montant (M$) 2002-2011Nombre projet (2010-2014) en nombre et %
Industrie38755.76889 53214968.04
Construction et travail général(BTP)9914.274721633515.98
Tourisme152.1626 21662.74
Services (transport et télécom etc.)17925.80293 070249.13
Agriculture101.44202120.91
Santé40.575 98231.37
Total694100%1 688 985219100%

Source : établi par nous-mêmes, d’après les données de l’ANDI (www.andi.dz).

Le secteur des hydrocarbures a connu un important développement, après que la loi N°21-91 de 04/12/1991, vient amender la loi N°14-86, l’ouverture du secteur du pétrole aux IDE a été établie. C’est ce qui aurait motivé le partenariat, où plus de 60 contrats de découvertes ont été conclus, depuis 1992, entre la SONATRACH et les entreprises étrangères basé sur le partage de la production.

Par ailleurs, la loi N°07-07 de 28/04/2005, va élargir l’IDE aux autres activités pétrolières. En 2014(anima-mipo, 2015, p11), la nouvelle loi sur les hydrocarbures modifie la méthodologie utilisée pour déterminer le taux d’imposition sur les revenus pétroliers, calculé sur la base de la rentabilité du projet plutôt que le chiffre d’affaires, permettant ainsi de rééquilibrer les pertes potentiellement causées par des problèmes opérationnels.

La loi ouvre également la voie à l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels et à l’utilisation de la fracturation hydraulique pour le gaz de schiste.

5 Selon l’étude du cabinet international Freshfields Bruckhaus Deringer, les ressources naturelles ont attirés le plus grand nombre d’investissements entre 2003-2012, en Afrique, avec prés de 87.6MD$ investis, dont 33.9MD$ dans les métaux et mines et 29.6MD$ dans le secteur des hydrocarbures. Cependant, s’agissant de deuxième secteur, ce sont établies à au cours de la dernière décennie à 58MD$. http://www.freshfields.com/uploadedFiles/SiteWide/News_Room/Insight/Africa_MandA/A%20decade%20of%20growth%281%29.pdf.

Comme nous pouvons l’observer, à travers le tableau ci-dessus, les investissements se concentrent essentiellement dans l’industrie (notamment dans l’énergie)6, en enregistrant sur la période d’étude plus de 50% des montants entrants, et dans une moindre mesure, le secteur non-hydrocarbures, ce dont toutefois le cap a été enregistré entre 2002 et 2008, dans la sidérurgie (Arcelor a augmenté le capital de sa filiale locale de 1.6MD € en 2007, puis lancé en 2011, une première phase d’extension du complexe El hadjar en JV avec Sider, 297M€), dans la pétrochimie (l’investissement d’Orascom de 746M€ dans Sofert avec Sonatrach ), dans la pharmacie(revécue en 1999 par le partenariat entre SAIDAL et la Saui Pharmaceutical company(15M$) et avec l’américaine Pfizer, Bakistar and Lily(100M$), en que de gros projet du britannique GlaxoSmithKline espérant devenir leader dans plusieurs spécialités ainsi que la construction d’un laboratoire par les espagnoles(Asac Pharma) et la création d’une filiale du groupe français Hartman7.

En plus, enfin d’une percée d’annonces d’investissements, en 2012: dans l’Automobile, avec 7 projets, dont celui de l’usine Renault à Oran qui a déjà été concrétisé en novembre 2013. Vient ensuite, le secteur des services avec 19.73% des flux (2002-2008), mais surpassés en 2012 par le secteur de BTP/immobilier(soit 15% du total), suite aux vastes projets d’infrastructures prévus notamment dans le cadre des plans relance, qui a suscité l’intérêt des FMN (Autoroute Est-Ouest, logements, le mégaprojet de parc urbain Dounya par EIIC(EAU), 1900M €(2011), des projets immobiliers et le réaménagement de la baie d’Alger par des Emiratis(20MD$, 2007), la réalisation d’un projet El Hamed, d’un complexe touristique à Sidi Fredj(90M$), un projet SEDAR de construction de deux villages touristiques à Alger et Boumerdes (398M$))8). Cela pourrait dire, pour reprendre le directeur de l’ANDI(2014) que « les IDE semblent s’être adaptés au principe du 49/51 obligeant les investisseurs étrangers à inclure des partenaires dans leurs projets d’investissements à hauteur de 51%, qu’ils .ne l’étaient lors de son introduction en 2008 »9

Malgré les évolutions enregistrées, si appréciables soient-elles, il est néanmoins important de souligner, la forte spécialisation de l’Algérie dans des secteurs plus attractifs(énergie et même spéculatifs(immobilier)) que dans d’autres secteurs clés, à l’inverse, sont peu investis et même ignorés par les investisseurs étrangers à savoir, l’agriculture, la santé et le tourisme. Conjugué par ailleurs à un quasi absence de statistiques fiables sur la répartition sectorielle des IDE en Algérie. Les pouvoirs publics devraient revoir leur politique d’attractivité des IDE pour ces secteurs jugés stratégiques pour l’économie nationale.

IDE des FMN et types d’implantations en Algérie

S’agissant des types de FMN installées en Algérie qui, si l’on en compare aux types de firmes implantés, ici proche de pays voisins, enTunisie et le Maroc, on trouvera que le pays attirait plus les grandes multinationales , notamment, pétrolières et gazières, et relativement moins les PME et les petites entreprises à forte caractère commercial.

Pourtant, l’étude de types et de la nature des projets d’investissements des firmes ne témoignerait que sur leur diversité . Mais, comme le laisse apparaitre le tableau ci-contre (tableau 17), les FMN implantées en Algérie optent particulière ment sur deux types d’investissements ; la création (filiales) et le rachat d’entreprises algériennes10. Qui plus est, dans le cadre de processus de privatisation et d’ouverture du capital, l’Algérie a encouragé vivement ces deus types d’investissements, qui restent plus stables pour l’économie nationale.

Mais pour ne se limiter qu’à cet aspect, le vrai problème de ces deux modes d’implantation, de point de vue stratégique, serait leur caractère fortement commercial et la seule conquête de marché local. Ce qui ne l’est pas, à bien des égards, dans le cas du Maroc et la Tunisie, attirant davantage des investissements plus productifs, créateurs de richesses et d’emploi, sous formes le plus souvent, de délocalisations et d’investissements Greenfield.

Tableau 17:Nature et formes des implantations étrangères en Algérie, en 2012(en %)

A titre d’exemple: le rachat de SAIDAL par AIR LIQUIDE, de l’entreprise publique SOGETRAP par le groupe BOLLORE et le groupe DANONE a racheté l’entreprise DJURDJURA. Quand au choix de créations, nécessitent des déterminants spécifiques liés à l’industrie elle-même, notamment de l’AC des facteurs de production entre les pays. Dans cette perspective, le groupe Michelin semble trouver cette opportunité en Algérie en implantant une usine de pneumatiques, il ya aussi la création de DANONE Biscuiterie(LU) qui ensuite cédée, en 2010, au groupe américain CAFT FOODS, le groupe CASTEL(coca cola), en boissons alcoolisés(TANGO). Un accord de partenariat entre Renault Trucks et SNVI, entré en action 2005, pour le montage de camions. L’Algérie, le fonds d’investissements Emirati Aabar et Daimler ont, en 2011, signé un partenariat pour créer une société commune de fabrication des véhicules industriels. Récemment, la signature d’un protocole d’affaires (novembre 2013) pour la construction d’une usine d’assemblage et montage véhicule en Algérie, dans le cadre d’une JV (51/49) entre le Holding Arcofina et le constructeur étatique chinois FAW.

Le Soir d’Algérie, Quotidien indépendant, 10/11/2013, p.5.

Tableau 17:Nature et formes des implantations étrangères en Algérie, en 2012(en %)
Entreprises commercialesEntreprise de productionEntreprise de servicepartenariatacquisitionContrat de gestionJ.V
Filiales et succursales, 07(1.42%)08(1.62%)Filiales et succursales, 08(1.62%)03(0.6%)10(2.32%)01(0.2%)04(0.81%)
Agences commerciales et point de vente, 131(26.62%)Agence de services, 320(65.04%)
28.04%1.62%66.66%0.6%2.32%0.2%0.81%

Source : GRAICHE.L, « formes d’implantation des FMN en Algérie : objectifs et stratégies », mémoire de Magister, UMMTO, 2012, p191.

Nous constatons à travers ce tableau, comme il a été déjà signalé, que les entreprises crées sont à proportion de 96.32% du total d’implantations observées, toutes formes confondues. Conséquence, notamment d’un établissement par les pouvoirs publics d’une législation favorable à l’IDE durable. En revanche, les entreprises de production restent modestes avec 1.62%, contre 94.7% des entreprises de commerce et services. Force est en sus de constater que les délocalisations sont inexistantes en Algérie en comparaison aux pays voisins (Maroc et Tunisie), avec consécutivement, 9 et 2 délocalisations, sur la période entre 2003-2006, laissant de penser, au passage, sur les déterminants d’IDE en Algérie, orientés à la seule conquête de marché locale à forte demande de consommation et le commerce.

Cet apparent ostracisme des IDE eu égard de l’Algérie pourrait-il expliquer la relative inefficacité de l’investissement sur la performance de l’économie? Cela ne revient qu’à s’interroger sur le problème de l’impact réel des IDE sur l’économie algérienne. Il s’agit donc de confirmer ou d’infirmer les hypothèses déjà posées.

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1 http://fr.africatime.com/articles/2280-milliards-deuros-dinvestissements-directs-etrangers-en-algerie-ils- atteindront-3#sthash.2QRXcMK4.dpuf

2 Mais, ne pas marginaliser les investissements des pays MED (Turquie, Maroc, Tunisie, Egypte et Jordanie), qui optent de plus en plus pour la destination Algérie, dans les médicaments, sidérurgie et boissons gazeuses.

3 Le secteur des hydrocarbures a connu un important développement, après que la loi N°21-91 de 04/12/1991, vient amender la loi N°14-86, l’ouverture du secteur du pétrole aux IDE a été établie. C’est ce qui aurait motivé le partenariat, où plus de 60 contrats de découvertes ont été conclus, depuis 1992, entre la SONATRACH et les entreprises étrangères basé sur le partage de la production.

4 Selon l’étude du cabinet international Freshfields Bruckhaus Deringer, les ressources naturelles ont attirés le plus grand nombre d’investissements entre 2003-2012, en Afrique, avec prés de 87.6MD$ investis, dont 33.9MD$ dans les métaux et mines et 29.6MD$ dans le secteur des hydrocarbures. Cependant, s’agissant de deuxième secteur, ce sont établies à au cours de la dernière décennie à 58MD$. http://www.freshfields.com/uploadedFiles/SiteWide/News_Room/Insight/Africa_MandA/A%20decade%20of%20growth%281%29.pdf.

5 Ibid.

6 En plus des projets de 2009(un pic enregistré avec 6147M€), en 2011, l’américaine Hess double la production sur ses champs El Gassi, El Greb et Zotti situés au sud-est du pays à l’issue d’un programme d’investissements de 5 ans, avec un montant de 361M€, et le rachat, en 2012, pour un montant du 1.5MDeuro, des activités de ConoPhillips par l’indonésien Pertamina.

7 BOUADEM.K, « le climat des IDE en Algérie : tendances et perspectives », Revue des sciences humaines, Novembre 2007, Biskra, P25.

8 Anima-Mipo, « ensemble pour une méditerranée compétitive », étude N62, 2012, P39.

9 http://www.algerie-focus.com/blog/2014/07/le-directeur -de- l’ANDI.

10 A titre d’exemple: le rachat de SAIDAL par AIR LIQUIDE, de l’entreprise publique SOGETRAP par le groupe BOLLORE et le groupe DANONE a racheté l’entreprise DJURDJURA. Quand au choix de créations, nécessitent des déterminants spécifiques liés à l’industrie elle-même, notamment de l’AC des facteurs de production entre les pays. Dans cette perspective, le groupe Michelin semble trouver cette opportunité en Algérie en implantant une usine de pneumatiques, il ya aussi la création de DANONE Biscuiterie(LU) qui ensuite cédée, en 2010, au groupe américain CAFT FOODS, le groupe CASTEL(coca cola), en boissons alcoolisés(TANGO). Un accord de partenariat entre Renault Trucks et SNVI, entré en action 2005, pour le montage de camions. L’Algérie, le fonds d’investissements Emirati Aabar et Daimler ont, en 2011, signé un partenariat pour créer une société commune de fabrication des véhicules industriels. Récemment, la signature d’un protocole d’affaires (novembre 2013) pour la construction d’une usine d’assemblage et montage véhicule en Algérie, dans le cadre d’une JV (51/49) entre le Holding Arcofina et le constructeur étatique chinois FAW.

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