Analyse des effets macro-économiques de la politique monétaire en RDC

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION - DEPARTEMENT D’ECONOMIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d’études approfondies en sciences économiques - 2018-2019
🎓 Auteur·trice·s
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco
KAOMBA MUTUMBA Jean Bosco

Les effets macro-économiques de la politique monétaire en République Démocratique du Congo révèlent un faible impact des canaux du taux d’intérêt, du taux de change et du crédit sur l’économie réelle, remettant en question l’efficacité des interventions monétaires dans ce contexte spécifique.


SECTION 4 : EFFETS MACRO-ECONOMIQUES DE LA POLITIQUE MONETAIRE

CHAINE CAUSALE DU MODELE MUNDELL-FLEMING

Dans les années soixante, Mercus Fleming et Robert Mundell ont élargi indépendamment, le modèle keynésien de politique macroéconomique en économie ouverte, par la prise en compte des mouvements des capitaux. Les fondements théoriques du modèle de macroéconomie internationale connu sous le vocable „‟modèle Mundell-Fleming‟‟ (Boughton, 2003) ont été développés par Mundell (1960 et par Fleming(1962).

Ce vocable qui a été utilisé pour la première fois dans une série d‟articles sur la politique du taux de change, Dornbusch (1976a et b), Dornbusch et Krugman(1976). Cherneff (1986) soutient que Mundell a introduit la courbe de la balance des paiements, tandis que Fleming est le premier à déduire les effets de la politique budgétaire sur le solde extérieur.

Ce modèle est considéré par théoriciens néokeynésiens de prolongement du modèle keynésien d‟économie fermée, où l‟ouverture économique est représentée par l‟intégration de la balance des paiements. Ainsi, l‟équilibre de la balance des paiements se situe sur la droite tracée à partir des combinaisons du taux d‟intérêts (i) et du revenu (y) qui satisfont BP = 0 (figure n°1 ci-dessous). Dans le plan (i, y), la pente de la droite BP est positive. Cette pente est forte, moyenne ou faible, élevée ou très élevée. Le compte courant et le compte capital sont les principaux soldes de la balance des paiements.

Lorsque le revenu augmente, les importations augmentent et engendrent un déficit du compte courant par un surplus de capital (et maintenir BP = 0), le taux d‟intérêts devrait croitre afin d‟attirer des capitaux. Le déficit budgétaire (politique budgétaire expansive et ou la baisse des recettes fiscales) entraine une hausse du taux d‟intérêts et du revenu.

La hausse du taux d‟intérêts entraine un afflux des capitaux à court terme. Ceci engendre une appréciation du taux de change. Il s‟ensuit une appréciation de la monnaie entrainant une baisse des exportations et une augmentation des importations, et donc une détérioration du compte courant. Par la suite à cette appréciation du change, il s‟ensuivra une fuite des capitaux.

Ainsi, le déficit budgétaire n‟aura affecté ni le revenu, ni l‟épargne ou encore l‟investissement.

En revanche, il aura été entièrement financé par l‟épargne étrangère. Il s‟agit donc d‟une situation des déficits jumeaux au sens fort, car le compte courant réagit entièrement au déficit budgétaire. Partant de la figure n°1, la situation d‟équilibre où Is0 coupe LM0 en un point d‟équilibre (a) entre les deux courbes (LM0 et IS1) constitue le nouvel équilibre de l‟économie correspondant à un taux d‟intérêts (i1) et un revenu (Yi).

La hausse du taux d‟intérêts entraine une entrée des capitaux à court terme. Il va s‟ensuivre une appréciation de la monnaie nationale. L‟appréciation de cette dernière engendrera une baisse des exportations et une hausse des importations et donc, une détérioration du compte courant. Une fuite des capitaux s‟ensuivra en entrainant un retour de la courbe SI1 à sa position initiale c‟est-à-dire à IS0 ; les taux d‟intérêts prennent leurs valeurs initiales.

Fig. n°6 : Le modèle Mundell-Fleming à taux de change flexible, avec mobilité parfaite des capitaux, petit pays à prix fixes (Krugman, 2009).

BP=0

i

LM0

b

i1

i0

a

IS1

IS0

Y

Y0

Y1

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Sources : Abraham-Frois (2005)

FACE A UN PAYS EN TAUX DE CHANGE FIXE AVEC MOBILITE PARFAITE DES CAPITAUX

L‟augmentation du déficit budgétaire entraine une augmentation du revenu et du taux d‟intérêts. Il s‟ensuivra une augmentation des importations et une entrée des capitaux. L‟afflux des capitaux engendre une demande excédentaire de la monnaie nationale. Par conséquent, la monnaie nationale tend à s‟apprécier. Or, étant en change fixe, les autorités monétaires se doivent d‟acheter l‟excédent des devises avec la monnaie nationale (cette analyse se vérifie dans une petite économie ouverte).

D‟où une augmentation de l‟offre de monnaie et donc un déplacement de l‟équilibre monétaire. Ceci ramène le taux d‟intérêts à sa valeur initiale ; alors que le revenu continuera d‟augmenter. A ce niveau, l‟augmentation du revenu aura pour conséquence d‟augmenter à la fois les importations et l‟épargne privée.

Quoique l‟augmentation des importations entraine une détérioration du compte courant (est plus grande à long terme qu‟à court terme), le lien entre le déficit budgétaire et le déficit du compte courant n‟est ici que partiel puisque l‟augmentation du revenu aura entrainé également, une augmentation de l‟épargne privée. De manière schématique cette analyse peut se résumer de la sorte :

Figure n°7 : Politique budgétaire avec forte mobilité des capitaux

Effetmultiplicateur

dépenses de l’Etat

 du PIB

des importations

CC < 0

MM constante

BG >0

 de r

Forte de BK

Appréciation Du CDF

Effet d’éviction par le taux d’intérêt

Pertes de compétivité

jusqu’àce que la baisse de CC = la hausse de BK

 du PIB

 des exportations

 du PIB

Source : Economie internationale et Financière (Lemiale, 2009, cité par Mwania, 2013)

1. En change flexible avec mobilité imparfaite des capitaux.

faible de BK

Dépréciation Du CDF

 de r

Une hausse du déficit budgétaire entraine une augmentation du revenu et du taux d‟intérêts. Cette augmentation du revenu engendre une détérioration du compte courant via l‟augmentation systématique des importations. Cependant, le compte courant connaitra un excédent plus important en valeur absolue que le déficit du compte courant.

Ainsi, la balance des paiements deviendra excédentaire et la monnaie nationale tendra à s‟apprécier (Thibault, 2008). Cette appréciation du change détériore davantage le compte courant. L‟équilibre global s‟établit à des niveaux de revenu et de taux d‟intérêts plus élevé. Le lien entre les déficits est néanmoins partiel puisqu‟il existe un léger effet d‟éviction sur l‟investissement. Schématiquement, l‟analyse se synthétise de la manière suivante :

Figure n°8 : Politique budgétaire avec faible mobilité des capitaux

BG < 0

faiblemobilté des capitau

MM constante

Effetmultiplicateur

dépenses de l’Etat

 du PIB

 des importations

CC < 0

x

Effet d’éviction par le taux d’intérêt

Source : Economie internationale et Financière (Lemiale, 2009, cité par Mwania, 2013)

 du PIB

 des exportations

 du PIB

Amelioration de la competitive

 de CC, jusqu’à ce que la faible baisse de CC = faiblehausse de BK

2. Pour une mobilité élevée, mais imparfaite des capitaux à change fixe.

Toute hausse du déficit budgétaire entraine une augmentation du revenu et du taux d‟intérêts. Cette augmentation du revenu engendre une détérioration du compte courant via l‟augmentation des importations. Cependant, le compte capital connaitra un excèdent par rapport au compte courant en raison de la relative mobilité des capitaux et de la hausse du taux d‟intérêts (Krugman, 2009). Ainsi, la balance des paiements excédentaire et la monnaie nationale tendra à s‟apprécier, à court terme.

Puisque le taux de change est fixe, les autorités augmenteront l‟offre monétaire en achetant le supplément de devises, source de l‟appréciation de la monnaie. Cette augmentation de l‟offre de monnaie déplace l‟équilibre sur le marché monétaire. L‟équilibre global s‟établira à un niveau du revenu ou le taux d‟intérêts sera plus élevé par rapport au niveau initial (Mehoumoud, 2007). Le mécanisme de la politique budgétaire suite à une augmentation de la masse monétaire se résume comme suit :

Figure n°9 : L‟inefficacité de la Politique monétaire quel que soit le type de mobilité des capitaux

BG < 0

 du PIB

CC < 0

Effetmultiplicateur

 de MM

 de r

 du PIB

 des importations

Jusqu’à retour à l’équ initial ibre et  de MM

Source : Economie internationale et Financière (Lemiale, 2009)

F Tendance à la dépréciation du CD BC achète des$ vend des CDF  de r

Le déficit budgétaire et celui du compte courant se trouvent ainsi liés, tout au moins partiellement. Car il y a un effet d‟éviction sur l‟investissement au travers de la hausse du taux d‟intérêts, ainsi qu‟une augmentation de l‟épargne du fait de l‟augmentation du revenu.

AUTRE MODELE NEOKEYNESIEN (ABSENCE DE TRANSMISSION DES DEFICITS)

1. Dans un régime de change fixe et à immobilité parfaite des capitaux.

Tout déficit budgétaire entraine une augmentation du revenu via l‟augmentation des importations. Le déficit budgétaire et le déficit courant auraient pu être égaux à court terme, n‟eut été l‟éviction partielle de l‟investissement (Bénassy-Quéré et al, 2009). La monnaie locale va se déprécier, compte tenu de la dépréciation du compte courant. En change fixe, les autorités monétaires puiseront dans leurs réserves de devises pour les vendre en échange de la monnaie locale, afin d‟empêcher la dépréciation de celle-ci. Il s‟affichera une réduction de l‟offre monétaire.

Ainsi, l‟équilibre sur le marché monétaire va se déplacer. Le nouvel équilibre global s‟établira à un niveau où le revenu revient à son niveau initial et où le taux d‟intérêt est encore plus élevé. En conséquence, à long terme, l‟équilibre global sera rétabli puisque le revenu revient à son niveau initial. Le déficit budgétaire n‟est financé, ni par l‟éviction de l‟investissement (taux d‟intérêts demeurant élevé), il n‟existe donc pas, de lien entre les deux déficits tout au moins à long terme (Clarida, et Gertler, 1998).

2. Modèle néokeynésien à change flexible et immobilité parfaite des capitaux

L‟analyse de ce modèle stipule qu‟un déficit budgétaire entraine une augmentation du revenu et du taux d‟intérêts. A court terme, la hausse du revenu engendre une hausse des importations, laquelle entrainera à son tour une dépréciation de la monnaie locale (Krugman et Obstfeld 2009). Cette dépréciation encouragera les exportations avec une réaction négative sur les importations, si celle-ci perdure elle créera les déséquilibres à la fois du compte courant et du solde budgétaire par l‟alourdissement de la charge de la dette, car il faudra plus de monnaie locale pour avoir la devise (Lindert et Pugel, 1996).

Le déficit naissant serait aussitôt éliminé et le compte courant reviendrait à un niveau de revenu et de taux d‟intérêts supérieur ; la dépréciation ayant eu des effets positifs sur le revenu. L‟augmentation du revenu entraine une augmentation de l‟épargne. Ainsi, aucun lien n‟existera entre les deux déficits à long terme. Le déficit budgétaire sera financé ici par l‟épargne privée et par un effet d‟éviction sur l‟investissement (Pisani-Ferry et al 2001).

CONCLUSION PARTIELLE

Le chapitre qui s‟achève nous a permis de retracer l‟évolution théorique sur l‟économie monétaire, la politique monétaire et du débat sur l‟inexistence d‟un effet de la monnaie sur l‟activité économique. Il nous permet de faire ressortir par le biais de cette controverse tout l‟enjeu que représente cette question pour la politique monétaire face aux variables macro-économiques.

Tout d‟abord dichotomique, l‟analyse théorique s‟est progressivement orienté vers une analyse intégrée de la monnaie. Le pas décisif fut l‟analyse Keynésienne de 1936. Les critique portées à cette dernière et les améliorations apportées à d‟autres théories, achèverons la construction théorique de l‟analyse des effets de la monnaie sur l‟activité économique. De nos jours, les autorités monétaires sont au centre de nombreuses préoccupations concernant notamment le soutient de la politique monétaire à l‟activité et à l‟emploi.

Les réponses auxdites préoccupations passent inéluctablement par la maitrise de fondements théoriques de chaque doctrine. La République Démocratique du Congo, est donc interpellée par ce grand débat autour de la monnaie des Etats Européens et des Etats-Unis d‟Amériques dans la conduite de leur politique monétaire, d‟où l‟importance de tiré des enseignements à la lumière de l‟expérience économique et monétaire nationale.

Ceci, nous permettra de faire l‟analyse de la politique monétaire congolaise

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