Analyse de l’attractivité des Investissements en Algérie

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

L’attractivité des Investissements en Algérie est entravée par un climat des affaires défavorable et l’absence d’un cadre institutionnel adéquat. Cet article propose des recommandations inspirées de modèles internationaux pour renforcer cette attractivité et optimiser la contribution des Investissements Directs Étrangers à l’économie algérienne.


Absence d’une stratégie de développement et d’ingénierie nationale

L’Algérie, tout comme beaucoup de PED, n’a pas saisi l’importance de son AC dans le choix des industries cibles. En fait, l’Algérie restait en grande mesure caractérisé par une main d’œuvre abondante. L’Algérie a en général, depuis l’ère des industries industrialisantes, mis en œuvre une stratégie de développement tourné vers l’industrie forte capitalistique et orientée exclusivement vers le marché interne, dont les entreprises sont majoritairement à caractère publique.

Ce qui a fait, en effet, à défaut de compétences managériales et de main d’œuvre qualifiée, que l’Algérie n’ait pas pu établi des entreprises capables de répondre aux demandes des firmes étrangères venant s’implanter1. L’Algérie a opté pour l’utilisation des techniques de pointe sans pour autant développer une ingénierie industriel national au préalable qui serait capable d’assister, de conseiller l’entreprise dans ses choix technologiques, ni d’adopter la technologie aux conditions endogènes de reproduction et d’accumulation intérieur de capital et de capitaliser progressivement le savoir-faire technologique.

La nature de combinaisons productives effectuées dans l’industrie nationale reposait depuis l’ère postindépendance sur l’importation, purement et simplement, des produits technologiques, qui se sont même ensuite élargie à d’autres secteurs.

En effet, les achats massifs de technologies, n’a pas toutefois permis la promotion des conditions endogènes de production et de reproduction de véritables capacités technologiques nationales. Se traduisant, jusqu’aujourd’hui par une dépendance technologique, qui a énormément pénalisé la politique de l’emploi et favorisé le recours aux compétences étrangères par le biais des sociétés d’ingénié-ring et de l’assistance techniques. Les projets conclus sont conçus depuis les études technico-économiques, jusqu’à leur réalisation par des entreprises la plupart de temps majoritairement, étrangères.

Instabilité juridique et hausse des coûts de transaction

L’action des gouvernements et leur objectifs sont peu lisibles dans leur portée et leur mise en œuvre, l’abondance des textes et les changements brusques de décisions constituent un élément d’incertitudes qui désoriente et dissuade les agents économiques. Dans ce sens, rappelons, à juste titre, qu’alors que le plan d’ajustement structurel (PAS) visait la stabilité macro-économique et des réformes structurelles susceptibles de créer des conditions favorables pour les entreprises étrangères, particulièrement en les protégeant par un droit de propriété et en garantissant le respect des contrats, aucune stratégie cohérente n’étant toutefois définie à présent, face aux défaillances de marché et les externalités qui pourraient restreindre l’activité économique, productive et à forte VA, en particulier.

Pour n’y évoquer à titre d’exemple que la célèbre règle 51/49 que les operateurs économiques, tant nationaux qu’étrangers, ont beau critiquée comme mesure inefficace et contre productive2. « N’étant pas ce qui peut être compris par une très grande entreprise du CAC 40 est plus difficile à faire comprendre à une entreprise de taille intermédiaire ou petite entreprise. C’est difficile de comprendre et de faire comprendre à une entreprise familiale cette dimension-là »3. Il faut dire que cette question a été déjà soulevée par les américains.

Ces changements récurrents des réglementations démobilisent les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers montrant clairement l’hégémonie de la démarche administrative et bureaucratique de l’Etat au détriment de la démarche opérationnelle économique assistant à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière et bloquant tout transfert de technologies. Car le blocage essentiel des investissements serait le terrorisme bureaucratique qui s’appuie sur le manque de visibilité et de cohérence dans les réformes globales.

ISI/ISE et restructuration industrielle : articulation ou désarticulation !

Il y a l’absence d’un schéma combinant les différents stades d’industrialisation et d’articulation entre l’industrialisation par substitution des importations (ISI) et l’industrialisation par substitution des exportations(ISE). Sachant que cette dernière, comme l’atteste si bien le cas asiatique analysé ultérieurement, avec ses nombreux avantages, constituait un contexte favorable renforçant les flux d’IDE dont les effets sont souvent favorables à la croissance. « Pourquoi le capital étranger s’aventurerait-il à investir dans la sphère de la production industrielle et les activités génératrices d’emplois qualifiants, quand les débouchés algériens lui sont acquis sans livrer la bataille depuis décennies ? » S’interroge-il l’économiste REBAH.A4, en faisant bien sûr allusion à l’accroissement astronomique des importations et la remarquable stabilité des PDM des PO des entreprises étrangères. En moyenne, 19% pour la France, 9% pour l’Italie et 7% pour les USA. Les entreprises françaises font 4 à 5 Mds € par an en Algérie(en termes d’exportation)5.

En parallèles, à l’échec des politiques de restructuration et de mise à niveau, l’absence de coordination entre le processus de la restructuration et de la mise à niveau de secteur industriel ayant pour incidence un recul important de ce dernier et l’hypertrophie d’autres secteurs, dans les services et les hydrocarbures, conjugué en sus à l’absence de politique de diversification et le peu d’efficacité de système bancaire algérien serait probablement l’un des facteurs importants expliquant la faiblesse de l’investissement des IDE dans l’industrie. Ce qui serait également important pour permettre de comprendre pourquoi la santé macroéconomique n’arrive à influencer de manière décisive sur la sphère réelle.

Ingérence politique et absence d’une véritable politique industrielle

Outre l’instabilité juridique et les réformes qui tardent à venir, un tout autre facteur et non des moindres constituant un frein à toute émergence de NSI de l’Algérie serait celui lié aux ingérences politiques dans la conception et la mise en œuvre de la politique industrielle nationale (y compris pour ce qui est notamment de choix de secteurs d’activités et des lieux d’implantation industrielle), conjugué à une sorte d’impunité et de non exigence des entreprises étrangères dans leur orientation(absence de cadre institutionnel interne approprié pour orienter l’action de l’IDE). En effet, il est important de souligner, au passage, que s’il en est ainsi, sans l’ombre de doute, c’est par ce que l’IDE en Algérie n’est pas soumis aux priorités nationales, comme semble nous l’enseigner l’expérience coréenne abordée ultérieurement6. En sus de l’absence par ailleurs de la régulation étatique, tant au niveau des orientations sectorielles des IDE qu’au niveau de régime des participations dans la propriété, expliqueraient indubitablement la prédominance du caractère essentiellement extractif et spéculatif des IDE reçus.

Il en a résulté des investissements industriels, en dehors de secteur de l’énergie, faibles et quasi inexistants (les chiffres de l’ANDI(2014) fait ainsi état de 748 installations entreprises spécialisées en revente en l’état, en 2008-2013) contre 320 IDE dans les activités de production et services entre 2002-2013). Par ailleurs, l’impact sur la balance des paiements, étant en effet un exemple déterminant.

Formes de présence des FMN et les objectifs escomptés

Un autre facteur limitant l’impact des IDE sur l’économie nationale, tiendrait par ailleurs aux formes d’implantation des IDE dont dans le domaine des partenariats et JV, notamment, où de nombreuses entreprises étrangères préfèrent le plus souvent d’investir seules ou, le cas échéant, avec un partenaire privé7. Celles-ci (partenariats privé-privé) sont, toutefois, rares dans les projets d’investissement, le cas échéant, des conflits sont le plus souvent signalés opposants les deux cultures d’entreprise. De plus, l’Etat en Algérie a souvent favorisé le secteur public en nouant des accords de partenariats de type publics-privés(PPP). En effet, même si, celles-ci sont plus nombreuses en Algérie, mais généralement demeurent de petite taille et ce, à l’exception dans le secteur des hydrocarbures et les mines.

Nombreuses sont les raisons de réticence des investisseurs étrangers. Néanmoins, comme l’illustre bien le cas de partenariat Danone-Djurdjura (en 2001)8, le but des entreprises étrangères serait, non seulement, le market seeking, mais aussi l’élimination de tout leadership sur le marché locale. En d’autres termes, leurs stratégies seraient de devenir leader sur chacun des marchés sur lesquels elles sont présentes et non encore plus, pour le supposé transfert technologique ou de nouveaux modes de gestion et organisationnels.

________________________

1 En cette période, les IDE prenaient souvent la forme d’investissements clés en main.

2 Notons au passage que l’Algérie est le seul pays d’un échantillon composé de 88 pays, à avoir imposé une restriction globale sur la propriété des IDE, pendant que d’autres pays tendant à avoir des provisions exclusivement sur les secteurs stratégiques. Voir le rapport de world bank «investing across borders», 2010.

3Le président de Sénat francais Gerard Larcher cité dans le quotidien Liberté de 12/09/2015.

4REBAH.A, « remettre à l’honneur le développement économique social national », la tribune de 05/07/2011,P7

5 REBAH.A, ibidem.

6Faut-il penser, au miracle asiatique (OCDE, 1994) dont la Corée du sud, dans les années 60, où les IDE y sont strictement contrôlés par le gouvernement, ils sont dirigés vers le secteur manufacturier en priorité, de types Greenfield et des avantages sont accordés selon la nature de l’IDE et son intérêt pour l’économie nationale. Ça serait une des expériences dont l’Algérie pourrait indubitablement s’inspirer.

7 REBAH.A, ibidem.

8Faut-il penser, au miracle asiatique (OCDE, 1994) dont la Corée du sud, dans les années 60, où les IDE y sont strictement contrôlés par le gouvernement, ils sont dirigés vers le secteur manufacturier en priorité, de types Greenfield et des avantages sont accordés selon la nature de l’IDE et son intérêt pour l’économie nationale. Ça serait une des expériences dont l’Algérie pourrait indubitablement s’inspirer.

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